Soumise à la domination japonaise pendant plus d'une génération, de 1910 à 1945, la Corée a combattu l'impérialisme nippon au sein d'unités de guérilla, jusqu'à la libération de la péninsule en 1945. Il y a soixante-quinze ans, le 4 juin 1937, la bataille de Pochonbo, près de la frontière sino-coréenne, marquait une victoire des guérilleros conduits par Kim Il-sung, futur président de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
Le 4 juin 1937, à 22h, un coup de fusil se fit entendre à Pochonbo : il marquait le début de la bataille engagée dans la commune de Pochon, alors située dans l' arrondissement de Kapsan de la province de Hamgyong du Sud. Le gros des troupes de l'Armée populaire révolutionnaire de Corée (APRC), sous le commandement du camarade Kim Il-sung, se lançait dans une attaque surprise contre l'occupant japonais.
Près de la frontière avec la Chine, le Japon impérial avait établi une vingtaine de postes de police, en ayant dressé une batterie de commandement tous les deux kilomètres.
Le site de Pochonbo, situé dans une région de forêts vierges, avait également été choisi pour sa proximité avec les bases militaires de la guérilla du Mont Paektu, et donné lieu à des missions de reconnaissance préalables.
L'armée de guérilla franchit le fleuve Amnok, marquant la frontière entre la Chine et la Corée, dans la nuit du 3 juin.
Les guérilleros s'emparèrent du poste de police de Pochonbo, tuant les occupants japonais et libérant les prisonniers. Ils investirent ou incendièrent les bureaux de l'administration cantonale et de l'administration des forêts, la poste, la caserne de sapeurs-pompiers et le centre d'expérimentation agricole. Les biens des magasins et restaurants gérés par les occupants japonais furent saisis et redistribués à la population coréenne.
Le programme en 10 points de l'Association pour la restauration de la patrie fut placardé sur les murs de la ville et affiché sur les arbres. Kim Il-sung prononça le discours "Menons une lutte énergique pour la restauration de la patrie", où il souligna la portée de la bataille de Pochonbo qui, au-delà de son résultat militaire immédiat, témoignait de la capacité de résistance du peuple coréen. Les flammes de la ville libérée s'inscrivent dans la mémoire des combats pour l'indépendance.
L'ARPC poursuivit l'ennemi, en l'emportant dans une embuscade tendue le 5 juin dans la vallée de Kouyushan, où furent saisis des mitrailleuses, des lance-grenades et de nombreux autres matériels de guerre. Ces armes jouèrent un rôle déterminant dans le succès remporté le 30 juin, à Jiansanfeng, sur une contre-expédition de 2.000 soldats japonais dépêchés d'urgence.
Au plan stratégique, la bataille de Pochonbo, puis celles de Kouyushan et Jiansanfeng, témoignèrent de la capacité de détachements de guérilla, inférieurs en nombre, à l'emporter sur des troupes d'occupation en jouant sur l'effet de surprise, la proximité avec les populations locales, une plus grande mobilité et une meilleure connaissance du terrain.
La bataille de Pochonbo représenta aussi un tournant psychologique dans la lutte pour l'indépendance, en témoignant de la capacité à faire reculer des troupes d'occupation plus nombreuses et mieux armées. Pour la République populaire démocratique de Corée, dont la légitimité est fondée sur la résistance à l'occupation japonaise, elle joue un rôle analogue à la bataille de Stalingrad qui devait, quelques années plus tard, signer le premier échec militaire des soldats nazis face à l'Armée rouge de l'Union soviétique.
Un ensemble de musique électronique nord-coréen, l'ensemble Pochonbo, a tiré son nom de la bataille du 4 juin 1937. Elle a aussi donné son nom à une compétition sportive organisée chaque année au mois de juin.
Sources : AAFC, KCNA (dépêche du 3 juin 2012, dont peinture et photo de rassemblement commémoratif), Naenara (dont photo : monument à la victoire de Pochonbo).