Un communiqué de l'Elysée, en date du 1er octobre 2009, l'a annoncé officiellement : "le Président de la République a chargé M. Jack Lang d’entreprendre une mission d'information sur la Corée du Nord en qualité d'Envoyé spécial". L'AAFC se félicite de cette nomination qui devrait permettre d'envisager, notamment, l'établissement de relations diplomatiques entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Notre pays est l'un des deux derniers Etats de l'Union européenne - avec l'Estonie - à ne pas avoir encore établi de relations diplomatiques complètes avec Pyongyang, après avoir été pourtant l'un des plus ouverts au dialogue avec la Corée du Nord au sein du bloc occidental. C'était il y a plus de 20 ans...
En février dernier, le magazine Challenges avait annoncé que l'Elysée envisageait de confier à l'ancien ministre socialiste Jack Lang une mission en direction de différents pays, dont l'Iran, la Corée du Nord et Cuba. De fait, après avoir été chargé de mission en début d'année "pour explorer avec les autorités cubaines les modalités d'une reprise du dialogue politique et de la coopération", Jack Lang vient de se voir confier, par le Président de la République Nicolas Sarkozy, une mission d'information sur la Corée du Nord, en qualité d'envoyé spécial.
Selon le communiqué de l'Elysée en date du 1er octobre 2009, "M. Lang a été invité à présenter au Chef de l'Etat et au ministre des Affaires étrangères et européennes à l'issue de cette mission, les initiatives que la France pourrait utilement entreprendre pour contribuer au règlement de la crise nord-coréenne, ainsi qu'une analyse sur les circonstances qui pourraient conduire la France à envisager l'établissement de relations diplomatiques avec la République Populaire Démocratique de Corée en tenant compte de la nécessité de progrès sur la question nucléaire, les relations intercoréennes et la situation humanitaire et des droits de l'Homme."
Alors que l'absence de relations diplomatiques entre la France et la République populaire démocratique de Corée ne facilite pas, pour l'heure, le rôle que pourrait jouer Paris dans les pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne (dont est aujourd'hui absente l'Union européenne), les trois critères cités pour l'établissement de relations diplomatiques complètes entre Paris et Pyongyang - le nucléaire, les relations intercoréennes et les droits de l'homme - sont ceux qui, invariablement, ont justifié le maintien du statu quo, notamment dans les réponses à l'AAFC du ministère français des Affaires étrangères et européennes. Notre dernière lettre en date du 17 mars 2009, posant à nouveau la question des relations diplomatiques entre la France et la RPDC, n'a pas reçu de réponse.
La situation actuelle autorise cependant un plus grand optimisme. D'une part, Jack Lang avait indiqué au magazine Challenges, en février dernier, être favorable, "sur un plan personnel", à l'ouverture de relations diplomatiques avec Pyongyang et, selon le magazine financier, son point de vue ne serait "pas très éloigné de celui de l'Elysée". De fait, rien n'interdit de penser que l'Elysée ait, sur le sujet, une approche plus ouverte que le ministère des Affaires étrangères et européennes. L'AAFC se tient ainsi à l'entière disposition du nouvel envoyé spécial de l'Elysée pour présenter ses positions sur ce dossier.
Depuis février, Jack Lang a manifesté en d'autres occasions son intérêt pour la péninsule coréenne plus généralement, notamment le 16 juillet 2009 dans un discours remarqué, à Séoul, en ouverture des travaux de révision de la constitution sud-coréenne. Il s'est alors prononcé pour la restitution par la France des archives royales coréennes pillées en 1866. Le député du Pas-de-Calais s'était ainsi démarqué, une première fois, des positions officielles du ministère français des Affaires et étrangères sur la Corée.
D'autre part, le contexte international a évolué. Pyongyang a multiplié les geste d'ouverture depuis la visite de Bill Clinton à Pyongyang en août 2009. Enfin, de la même façon que les Etats-Unis et le Japon - qui n'ont pas encore établi de relations diplomatiques complètes avec Pyongyang - ont nommé des représentants pour la Corée du Nord, il était attendu que la France désigne également un envoyé spécial, au risque sinon d'être marginalisée dans cette partie du monde. Depuis début août, l'ambassade de France à Séoul - également en charge des dossiers relatifs au Nord de la péninsule - a d'ailleurs renforcé sa chancellerie diplomatique, en affectant un nouveau conseiller spécialement sur les questions concernant la Corée du Nord.
Enfin, d'autres voix que celle de l'AAFC sont favorables à l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la République populaire démocratique de Corée. Dans une tribune publiée dans le quotidien Libération le 16 juillet 2008, Barthélémy Courmont, chercheur au Centre d'études transatlantiques, a pris position pour "une ambassade de France à Pyongyang". Le Sénat s'est également prononcé en faveur de l'établissement de relations diplomatiques complètes, notamment dans un rapport d'information publié la veille de la nomination de Jack Lang.
Sources : AAFC, Le Monde, site de la présidence de la République française.
Photo : AFP
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