Rien ne va plus dans la péninsule coréenne. Alors que l'intransigeance de l'administration Obama a conduit la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a procédé à son second essai nucléaire le 25 mai 2009, dans le pari de créer un nouveau rapport de forces plus favorable, la République de Corée (Corée du Sud) s'est inscrite dans une logique d'escalade en annonçant qu'elle rejoignait l'Initiative de sécurité contre la prolifération des armes de destruction massive (Proliferation Security Initiative, PSI).
Une impression de déjà-vu. Dans le bras-de-fer qui oppose d'abord les Etats-Unis et la Corée du Nord dans la péninsule coréenne, l'essai nucléaire auquel a procédé Pyongyang le 25 mai dernier n'est, comme lors du premier essai nucléaire nord-coréen en octobre 2006, qu'une étape dans un processus d'escalade... mais y aura-t-il également in fine, comme trois ans plus tôt, une reprise des discussions, qui avaient alors abouti à l'accord de Pékin du 13 février 2007 ? Dans le contexte actuel, la clé d'une éventuelle négociation réside dans des discussions bilatérales directes entre Washington et Pyongyang. Pour l'heure, Pyongyang apparaît déterminée à créer un rapport de forces plus favorable, y compris en vue d'éventuelles négociations ultérieures, suivant une tactique éprouvée par la RPD de Corée de la diplomatie non conventionnelle.
Réuni d'urgence, le Conseil de sécurité des Nations-Unies a condamné le test du 25 mai comme contraire à la résolution 1718 d'octobre 2006 qui, prise au lendemain du premier essai nucléaire nord-coréen, avait entraîné un premier train de sanctions. Le Conseil de sécurité doit se réunir à nouveau pour décider de nouvelles sanctions. La Chine et la Russie se sont jointes cette fois aux Etats-Unis dans la condamnation de Pyongyang, contrairement à la position qu'avaient adoptée ces puissances dans les jours après le lancement de la fusée Unha-2 par la Corée du Nord, le 5 avril dernier.
Pour sa part, la RPDC a effectué, le 26 mai, deux tirs de missile de courte portée sur sa côte est (après trois précédents tirs la veille). Pyongyang procède régulièrement à de tels tirs de missile, mais la concomitance avec l'essai nucléaire indique que la Corée du Nord n'entend pas se laisser intimider par les grandes puissances.
Par rapport au précédent de 2006, un élément nouveau est toutefois l'attitude des autorités sud-coréennes. Le président Lee Myung-bak, rompant avec la politique d'ouverture au Nord de ses prédécesseurs démocrates, a annoncé que la Corée du Sud rejoignait l'Initiative de sécurité contre la prolifération des armes de destruction massive (Proliferation Security Initiative, PSI), lancée en 2003 par l'administration Bush pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive, de leurs vecteurs et des matériels connexes.
Jusqu'à présent, la Corée du Sud n'avait qu'un statut d'observateur au dispositif PSI, auquel participent désormais 94 pays*, alors que Pyongyang avait fait savoir de longue date qu'elle considèrerait une telle décision comme une "déclaration de guerre".
Le choix opportuniste de Séoul de rejoindre la PSI montre la volonté du président Lee Myung-bak de s'inscrire dans une logique de confrontation, dans le sillage de Washington. Elle éclaire aussi le lien qu'établit Séoul entre la PSI et les relations intercoréennes, alors que la Corée du Sud avait prétendu que PSI n'était pas dirigée contre la Corée du Nord.
* Les participants à la PSI sont : Afghanistan, Albanie, Allemagne, Andorre, Angola, Arabie saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Autriche, Azerbaïdjan, Bahamas, Bahreïn, Belgique, Bélize, Biélorussie, Bosnie, Brunei, Bulgarie, Cambodge, Canada, Chili, Corée du Sud, Croatie, Chypre, Danemark, Djibouti, Émirats arabes unis, Espagne, Estonie, États-Unis, Fiji, Finlande, France, Géorgie, Grèce, Honduras, Hongrie, îles Marshall, Irak, Irlande, Islande, Israël, Italie, Japon, Jordanie, Kazakhstan, Kirghizistan, Koweït, Lettonie, Libéria, Libye, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Mongolie, Monténégro, Maroc, Nouvelle-Zélande, Norvège, Oman, Ouzbékistan, Panama, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Pays-Bas, Philippines, Pologne, Portugal, Qatar, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Siège, Salvador, Samoa occidentales, Saint-Marin, Serbie, Singapour, Slovaquie, Slovénie, Sri Lanka, Suède, Suisse, Tadjikistan, Tunisie, Turquie, Turkménistan, Ukraine, Vanuatu et Yémen.
Sources principales : AAFC, Daily Times, Département d'Etat US
Qui prolifère vraiment?
Nombre d'essais nucléaires effectués dans le monde entre 1945 et 2009
Israël et l'Afrique du Sud auraient effectué un essai en commun en 1979
(source : Wikipedia - photo : test atomique XX-12 GRABLE effectué le 25 mai 1953 dans le Nevada)
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