Le lundi 9 mars 2009, les armées américaine et sud-coréenne ont entamé leurs exercices annuels conjoints, baptisés Key Resolve et Foal Eagle, prévus pour durer jusqu'au 20 mars. La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a fermement condamné ces exercices qu’elle considère comme un prélude à l’invasion de son territoire. Il est vrai que le maintien de telles manoeuvres ne marque pas la rupture espérée avec la politique de l'administration américaine précédente dans la péninsule coréenne.
Cette année, les exercices Key Resolve et Foal Eagle mobilisent 26.000 soldats américains aux côtés de 30.000 soldats sud-coréens. Sur ces 26.000 soldats, 12.000 appartiennent au contingent américain stationné en Corée du Sud (28 500 soldats), alors que les 14.000 autres viennent de l’étranger. Le porte-avions à propulsion nucléaire John Stennis, son groupe de soutien, et plusieurs navires de la marine américaine dotés du système anti-aérien Aegis participent aux manœuvres. Le commandement des forces américano-sud-coréennes "a informé la Corée du Nord de la durée de l’exercice [qui s’achèvera le 20 mars 2009], de son caractère défensif et de sa mission : améliorer la préparation au combat des troupes." En même temps, Séoul a souligné que ces exercices militaires "interviennent alors que des préparatifs sont en cours pour le lancement d’un missile balistique par la Corée du Nord."
La République populaire démocratique de Corée a qualifié ces manœuvres militaires américano-sud-coréennes de "préparatifs déguisés d’une agression". L’agence officielle de presse nord-coréenne KCNA a aussi diffusé un communiqué de l’état-major général de l’Armée populaire de Corée avertissant les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon que toute tentative d’empêcher le lancement d’un satellite fera l’objet d’une riposte immédiate. "Nous répliquerons immédiatement, en utilisant les armes les plus puissantes, à toute tentative d’intercepter notre satellite destiné à un usage pacifique", dit le communiqué. "L’ouverture du feu sur notre satellite pacifique sera certainement considéré comme un acte de guerre." La RPDC a mis son armée en état d’alerte pendant toute la durée des manœuvres américano-sud-coréennes et ne garantit plus la sécurité des avions qui survoleront son territoire, alors que les avions militaires américains et sud-coréens ont violé au moins 180 fois l'espace aérien nord-coréen sur le seul mois de février.
La RPDC avait encore protesté auprès de l’armée américaine contre l’organisation des exercices Key Resolve/Foal Eagle lors de deux réunions tenues, à la demande de la partie nord-coréenne, les 2 et 6 mars 2009 au niveau des officiers généraux avec le commandement des Nations Unies - dirigé par les Etats-Unis - à Panmunjom, au cœur de la zone démilitarisée séparant les deux Corée.
Selon l’agence nord-coréenne KCNA, le chef de la délégation de l’Armée populaire de Corée, le major-général Kwak Chol-hui, a dès le 2 mars exposé la nature agressive et dangereuse des manœuvres Key Resolve et Foal Eagle, en rappelant le renforcement militaire et les exercices déjà menés par l’armée américaine dans la région.
Pour la RPDC, ces exercices militaires conjoints sont d’autant plus dangereux qu’ils coïncident avec une série de remarques belliqueuses faites par les forces conservatrices américaines et sud-coréennes au sujet du prochain lancement d’un satellite par la RPDC. Le major-général Kwak a donc vivement exhorté les forces américaines à annuler immédiatement leurs plans de manœuvres visant à une guerre d'agression.
"Les bruits de bottes que veulent faire entendre les forces des Etats-Unis en mobilisant massivement des troupes et des matériels de guerre modernes, comme elles l'ont fait dans le passé, prouvent que les promesses de chercher à négocier un accord dans la péninsule coréenne, faites par la nouvelle administration américaine, ne sont rien d’autre que de la rhétorique flamboyante", poursuit l’agence KCNA rapportant les propos du chef de la délégation nord-coréenne. "L’acceptation ou le refus par les forces des Etats-Unis de la demande formulée par la RPDC d’un arrêt des exercices conjoints à grande échelle servira de baromètre indiquant si la nouvelle administration américaine est prête à suivre les pas de l'administration précédente qui menait une politique hostile à l'égard de la RPDC."
Au cours de la réunion du 6 mars, la délégation emmenée par les Etats-Unis s'est contentée de justifier les manoeuvres militaires américano-sud-coréennes et a une nouvelle fois accusé la RPDC de préparer le lancement d'un missile à longue portée et non d'un satellite civil. La délégation nord-coréenne a quant à elle réaffirmé le droit souverain de la RPDC à conduire un programme spatial à des fins pacifiques et à renforcer sa propre défense face à l'accroissement des forces militaires américaines dans la région, en mer de l'Est notamment.
Pour sa part, l'Association d'amitié franco-coréenne ne peut que regretter l'organisation des exercices conjoints Key Resolve/Foal Eagle. Alors que l'annulation de ces manoeuvres militaires auraient constitué un signal fort, propre à diminuer les tensions et à vraiment marquer l'ouverture d'une nouvelle ère de dialogue dans la péninsule coréenne, ces exercices sont plus longs que ceux organisés en mars 2008 sous l'administration Bush – 11 jours contre 5. Au-delà des discours et des tournées diplomatiques, l'administration Obama semble donc vouloir continuer à "mettre la pression" sur la RPDC, une tactique digne du très moyennageux John Bolton, le "Monsieur Anti-Corée du Nord" des cercles néo-conservateurs US qui veut asphyxier la République populaire démocratique de Corée pour la pousser à la reddition. Première occasion manquée en Corée pour l'administration Obama. (sources : AAFC, ITAR-TASS, KCNA)
Manifestation le 9 mars 2009 à Seongnam, au sud-est de Séoul,
contre les manoeuvres américano-sud-coréennes Key Resolve/Foal Eagle (photo : Reuters)
commenter cet article …