Le 4 juillet 2008, la police sud-coréenne a déclaré avoir mis sous scellés plusieurs documents prouvant que le Conseil du peuple contre la maladie de la vache folle et l'Alliance coréenne des mouvements progressistes ont minutieusement planifié des rassemblements illégaux. La police a obtenu ces documents au cours de perquisitions menées le 30 juin dans les locaux des deux organisations. D'après la police, les documents contiennent les preuves que ces deux groupes ont organisé des "manifestations de rue illégales" et fourni un plan d'action détaillé aux personnes participant aux rassemblements aux chandelles qui ont lieu depuis le 18 avril en Corée du Sud.
Mais les documents confisqués par la police, parmi lesquels de simples communiqués de presse, sont déjà connus du grand public car largement diffusés par les deux organisations sur le réseau internet et lors des rassemblements.
La police tente également de s'en prendre aux dirigeants des deux organisations, en mettant leur idéologie en question. Le 30 juin, la police s'est ainsi rendue au domicile de Hwang Sun-won, membre de l'Alliance coréenne des mouvements progressistes, soupçonné de détenir des publications contenant des "expressions en faveur de l'ennemi". Un des documents découverts par la police contenait en effet la phrase "Une république est une société dans laquelle les droits de l'homme sont réellement garantis." Un mandat d'arrêt a été demandé à l'encontre de M. Hwang.
Sur le site internet de l'Agence nationale de la police sud-coréenne, de nombreux citoyens ont posté des commentaires critiquant la police. Une personne va jusqu'à écrire "Nous nous qualifions nous-mêmes de république démocratique. Qu'est-ce que cela peut signifier quand on enquête sur les gens pour possession de publications contenant des 'expressions en faveur de l'ennemi'?"
Utilisation de canons à eau contre les manifestants le 28 juin 2008 à Séoul (photo : dolb.tistory.com)
Pour protester contre une répression excessive et contre le caractère "illégal" attribué aux rassemblements aux chandelles, tous les membres du comité des droits de l'homme de l'Agence nationale de la police ont décidé de démissionner dès le 19 juin. Ce comité consultatif composé de 14 personnes, professeurs et représentants d'associations de tous les horizons politiques, a été créé en 2005 pour améliorer les procédures policière et protéger les droits du public.
Brutalité policière contre les participants aux rassemblements d'opposition à l'importation de boeuf américain en Corée du Sud
La police a mené plusieurs actions violentes contre les participants aux rassemblements tenus en Corée du Sud en opposition à l'importation de boeuf américain dans le pays. Le week-end dernier [dans la nuit du 28 au 29 juin 2008], environ 100.000 personnes se sont réunies dans le centre de Séoul pour une manifestation aux chandelles demandant la renégociation de l'accord américano-coréen sur le boeuf. En réponse, l'administration Lee a ordonné une sévère répression policière contre les manifestants et plus de 400 participants ont subi des dommages corporels.
A l'aube du 30 juin, la police a effectué un raid dans les locaux du Conseil du peuple contre la maladie de la vache folle et de l'Alliance coréenne des mouvements progressistes. Le Conseil du peuple contre la maladie de la vache folle est une organisation regroupant quelque 1.700 organisations de citoyens à travers le pays et qui fonctionne par le consensus de ses membres. L'administration Lee a pourtant pointé l'Alliance coréenne des mouvements progressistes (ACMP) comme la tête pensante des manifestations liées à l'accord américano-coréen sur le boeuf. La police a saisi 22 ordinateurs dans les bureaux de l'ACMP et a arrêté M. Hwang Sun-won au cours de la nuit. La police a émis des mandats de perquisition à l'encontre de huit activistes et arrêté, en plus de M. Hwang, M. Ahn Jin-geol et Mme Yun Hee-suk.
SPDP publiera aujourd'hui [2 juillet 2008] une lettre commune de protestation adressée au président Lee Myung-bak pour que soit mis fin à la répression s'abattant sur des manifestants pacifiques, que soit respecté leur droit à la liberté d'expression et de rassemblement, et que soient libérés sans condition tous ceux qui ont été arrêtés.
Nous vous appelons à vous joindre à cette protestation en solidarité avec les personnes et les groupes de la société civile en Corée du Sud en envoyant une lettre au président Lee Myung-bak.
Nous vous invitons à consulter les sites internet suivants pour être les témoins de la répression policière:
http://dolb.tistory.com/325
http://www.hani.co.kr/arti/society/society_general/295971.html
http://bbs1.agora.media.daum.net/gaia/do/debate/read?bbsId=D003&articleId=1464719
http://www.hani.co.kr/arti/society/society_general/296110.html
Lettre à envoyer directement par courriel à l'adresse suivante: foreign@president.go.kr
[Voir le texte original de cette lettre sur le site de Solidarité populaire pour une démocratie participative]
1er juillet 2008
L'Honorable Lee Myung-bak
Président de la République de Corée
Monsieur le Président,
Nous sommes profondément déçus et troublés par la répression et les violences de la police contre les manifestations pacifiques qui ont actuellement lieu et par l'arrestation de trois défenseurs des droits de l'homme appartenant au Conseil du peuple contre la maladie de la vache folle.
Nous écrivons cette lettre dans l'urgence afin de demander la libération immédiate de M. Ahn Jin-geol, Mme Yun Hee-suk et M. Hwang Sun-won, et l'arrêt immédiat de la répression policière des manifestations pacifiques.
En premier lieu, l'arrestation de trois défenseurs des droits de l'homme constitue une violation directe des principes démocratiques et des droits constitutionnels élémentaires. Nous croyons que la Corée du Sud est un pays démocratique qui, selon sa constitution, garantit le droit de s'associer et de s'opposer aux pratiques injustes du pouvoir. Ces droits sont les fondements de toute nation démocratique, et nous ressentons fortement les arrestations d'aujourd'hui comme de nature à faire régresser le statut de la Corée en tant que pays démocratique.
En second lieu, les répressions sont une violation du droit élémentaire à la liberté d'expression tel qu'inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans l'article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques auxquels adhère la Corée du Sud.
La Corée du Sud a connu des avancées démocratiques importantes depuis les années 1970 et nous avons été les témoins de cette transformation. Nous vous exhortons donc à ne pas oublier l'histoire de la Corée et à promouvoir ces principes démocratiques et internationaux. Le droit du peuple à se rassembler et à exprimer son opinion doit être préservé.
Nous croyons fermement que les actions du peuple coréen ne sont en aucune manière illégales et violentes. Elles sont, au contraire, très justes et méritent d'être applaudies pour la démocratie et les droits en matière de santé.
Nous vous pressons donc de libérer sans délai M. Ahn Jin-geol, Mme Yun Hee-suk et M. Hwang Sun-won et de mettre fin immédiatement à la répression et aux violences policières contre les manifestations pacifiques.
Sincèrement,
[Nom]
[Adresse]
"Un autre Kwangju", dessin paru le 30 juin 2008 dans le journal Hankyoreh.
Les violences de ces dernières semaines sont ici comparées à la répression du soulèvement de Kwangju qui, en 1980,
fit des milliers de morts et de blessés chez les opposants au régime militaire du président Chun Doo-hwan.
(sur le brassard, est inscrit "Police de Lee Myung-bak")
Sources :
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