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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 22:55

La République de Corée (du Sud) poursuit sa dérive autoritaire : prétextant l'interdiction du Parti progressiste unifié, selon une procédure contraire aux standards démocratiques internationaux qu'elles ont elles-mêmes initiée, les autorités du pays préparent l'adoption d'un nouvel arsenal sécuritaire pour réprimer l'opposition de gauche -  y compris par un élargissement des dispositions de la loi de sécurité nationale (LSN). La LSN est un legs des régimes autoritaires, maintenue après le rétablissement d'un régime parlementaire suite au mouvement démocratique de 1987. Le renforcement de la LSN est un symbole puissant, puisqu'avant même le retour récent, à Séoul, aux méthodes du passé, la LSN avait toujours été considérée par les organisations de défense des droits de l'homme, comme par le Département d'Etat américain, comme un des obstacles majeurs à un régime pleinement démocratique. Revue de détail de ce qui se prépare à présent au Sud du 38e parallèle, dans des références apparemment explicites pour de nombreux observateurs occidentaux mais qui s'inscrivent plus sûrement dans une tradition politique sud-coréenne dont Mme Park Geun-hye se place comme l'héritière.

Manifestation aux chandelles à Séoul, le 19 décembre 2014, à l'appel d'organisations sociales et syndicales, pour protester contre la Présidente Mme Park Geun-hye et l'interdiction du Parti progressiste unifié

Manifestation aux chandelles à Séoul, le 19 décembre 2014, à l'appel d'organisations sociales et syndicales, pour protester contre la Présidente Mme Park Geun-hye et l'interdiction du Parti progressiste unifié

Les nouvelles mesures politiques envisagées, et leur contenu idéologique, ont été présentés dans un rapport du ministère de la Justice le 21 janvier 2015 au siège de la présidence sud-coréenne, et devant huit agences publiques, suite à la demande de la Présidente Mme Park Geun-hye d'assurer le respect des "valeurs constitutionnelles" et "l'application stricte de la loi".

Dans la poursuite de leur acharnement judiciaire contre les membres du Parti progressiste unifié, les autorités sud-coréennes prévoient désormais la "possibilité préventive" (sic) de bloquer les activités ou d'empêcher la formation de groupes reconnus par les tribunaux comme "aidant l'ennemi" ou "anti-Etat". Après les mesures répressives a posteriori, il s'agit maintenant d'empêcher en amont l'expression d'opinions d'opposition. Plus précisément, il s'agirait manifestement d'empêcher les anciens membres du PPU de se réorganiser sous une forme ou une autre, en violation manifeste des règles de base inhérentes à la liberté d'association et à la liberté d'expression. Rappelons en outre que, quand des pays démocratiques occidentaux interdisent une formation politique, c'est au regard de son recours à des procédés extra-légaux (qui restent à démontrer dans le cas du PPU), et que ces mesures exceptionnelles ne privent jamais les anciens membres de ces partis de tout moyen d'action politique dans un cadre légal. La loi de sécurité nationale pourrait ainsi être amendée pour prévoir le cas où des organisations interdites ne respecteraient pas l'ordre de dissolution. 

Le contrôle accru des activités dites "pro-Corée du Nord" passerait par une surveillance plus étroite d'Internet et des pouvoirs renforcés de contrôle des forces de sécurité, parallèlement à une augmentation du nombre de fonctionnaires.

Dans un glissement sémantique significatif de la "sécurité nationale" à "l'établissement" d'une "identité nationale", selon les termes mêmes du ministère de la Justice, l'arsenal sécuritaire serait complété par une formation des fonctionnaires aux valeurs qu'ils doivent servir.

Après avoir entendu ce rapport, la Présidente Park Geun-hye a vu ses paroles reprises par les médias officiels, s'affirmant ainsi comme le guide traçant la voie à suivre pour le peuple sud-coréen : 

"Le soutien institutionnel est important pour que l'opinion comprenne l'importance de la loi et de l'ordre et que les valeurs constitutionnelles sont fermement établies (...) Il doit y a avoir une stricte application de la loi et ses principes quand les gens défient la loi."

 

 

Ordre, autorité, nation : tel pourrait être le triptyque qui résume les valeurs de l'Etat nouveau sud-coréen qu'entend bâtir Mme Park Geun-hye, dans des références idéologiques à peine voilées aux valeurs du régime Yushin (littéralement : "régénération") établi par feu son père le général Park Chung-hee. Le régime le plus autoritaire qu'ait jamais connu la République de Corée.


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