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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 17:38

Le 18 novembre 2014, l'Organisation des Nations-Unies a adopté une résolution demandant à la justice internationale de se pencher sur la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). La RPDC a fermement rejeté cette résolution, ajoutant que, loin d'inciter à des échanges constructifs à propos des droits de l'homme, elle ne ferait que l'encourager à développer sa force de dissuasion pour faire aux menaces américaines symbolisées par la résolution du 18 novembre. 

Réunion de la Troisième commission de la 69eme Assemblée générale des Nations Unies, 18 novembre 2014

Réunion de la Troisième commission de la 69eme Assemblée générale des Nations Unies, 18 novembre 2014

Le 18 novembre 2014, la Troisième commission de la 69ème Assemblée générale des Nations Unies, qui traite de la question des droits humains, a adopté par 111 voix pour, 19 contre et 55 abstentions, le projet de résolution qui avait été déposé conjointement par 60 pays membres, dont ceux de l'Union européenne, appelant le Conseil de sécurité des Nations Unies à saisir la Cour pénale internationale au sujet des violations des droits de l'homme qui seraient commises en RPD de Corée. 

 

En réaction, le ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée a publié le 20 novembre un communiqué dénonçant cette résolution adoptée grâce aux "pressions politiques et économiques" exercées par les Etats-Unis sur certains pays et "parsemée d'accusations malveillantes".

 

De fait, la résolution du 18 novembre s'appuie essentiellement sur les conclusions du rapport d'une "commission d'enquête sur les droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée", rendues publiques le 17 février 2014, commission qui est une émanation directe des cercles néoconservateurs américains les plus hostiles à la RPDC, en particulier le Committee for Human Rights in North Korea (HRNK).

 

Pour ces cercles, il s'agit d'utiliser la RPDC comme prétexte à l'encerclement de la Chine, identifiée au moins depuis le début des années 2000, comme le grand adversaire stratégique des Etats-Unis. 

 

Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a regretté que la volonté de la RPDC d’avoir une "coopération étendue dans le domaine des droits de l'homme" a été ignorée, "les forces hostiles  [ayant] finalement refusé la coopération et choisi la voie de la confrontation". "Ce comportement a révélé que l'appel des supporters des Etats-Unis pour un dialogue sur les droits de l'homme était hypocrite et ils ont fermé eux-mêmes la porte à ce qui concerne le dialogue sur les droits de l'homme mais aussi à d'autres dialogues, échanges et coopérations", a déclaré le porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.

 

Le même jour, à l'issue de sa rencontre avec Choe Ryong-hae, envoyé spécial du dirigeant de la RPDC Kim Jong-un, le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov a lui-même estimé "contre-productive" la résolution "conflictuelle" des Nations Unies. "Nous sommes convaincus que les structures de l'ONU consacrées aux droits de l'homme ne doivent pas être transformées en instrument judiciaire ou de poursuite", a ajouté le ministre russe, affirmant qu'une telle résolution était destinée à "punir publiquement" des pays, et non à chercher une solution.

 

La Fédération de Russie et la République populaire de Chine ont voté contre la résolution du 20 novembre.

 

Faisant référence à "la guerre en Yougoslavie déclenchée par les Etats-Unis en 1999 sous le prétexte 'de protection des droits de l’homme et d’une minorité'", le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a souligné que "la grave situation qui prévaut et voit la loi internationale violée par des pratiques autoritaires justifie davantage la position constante de la RPDC selon laquelle les droits de l'homme signifient précisément la souveraineté nationale", voyant dans la résolution du 18 novembre une "tentative de renverser le système social [de la RPDC]" et "la manifestation la plus flagrante de la politique hostile [des Etats-Unis] à l'égard de la RPDC". 

 

En conséquence, "maintenant que la politique hostile des Etats-Unis à l'égard de la RPDC contraint celle-ci à ne plus se restreindre dans la conduite d'un nouvel essai nucléaire, ses moyens de dissuasion se renforceront de manière illimitée afin de faire face à l'intervention armée des Etats-Unis."

 

Après sa réunion du 20 novembre avec l'envoyé spécial du Dirigeant Kim Jong-un, le ministre russe des Affaires étrangères a néanmoins déclaré que la RPDC était prête à relancer  "sans conditions préalables" les pourparlers à six pays (deux Corée, Etats-Unis, Chine, Russie, Japon) sur le programme nucléaire nord-coréen, interrompus depuis 2009.

 

En Corée, les questions de la paix et des droits de l'homme sont étroitement liées. Ainsi, une amélioration de la sécurité dans la péninsule coréenne et davantage de confiance entre les parties en présence, ce qui passe par la signature d'un véritable traité de paix - toujours refusé par les Etats-Unis - ne peuvent qu'être bénéfiques à la situation des droits de l'homme, auxquels semblent tant attachés les Etats-Unis et leurs alliés.

 

Or, les Etats-Unis stationnent près de 30 000 soldats en Corée du Sud, maintiennent tout un réseau de bases militaires en Extrême-Orient, déploient des moyens aéronavals, y compris nucléaires, et disposent de missiles intercontinentaux, tout en menaçant la RPDC d'attaques préventives

 

Ceux qui, à Washington, ont tellement à cœur la défense des droits de l'homme en Corée du Nord sont pourtant censés avoir lu les Pères fondateurs des Etats-Unis d'Amérique, pour lesquels la guerre et la menace de guerre constituent toujours le plus grave obstacle à la liberté : 

 

"La protection contre le danger extérieur est ce qui détermine le plus puissamment la conduite. Même l'amour ardent de la liberté cèdera, au bout d'un temps, face à ce qu'elle ordonne. La destruction violente de vies et de biens qui découle de la guerre, l'alerte et les efforts permanents inhérents à un état de danger permanent obligeront les nations les plus attachées à la liberté à recourir pour leur quiétude et leur prospérité à des institutions qui ont tendance à supprimer leurs droits civils et politiques."

(Alexander Hamilton, "The Effects of Internal War in Producing Standing Armies, and Other Institutions Unfriendly to Liberty", 17 septembre 1787)


Sources : 

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