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21 avril 2025 1 21 /04 /avril /2025 18:07

Après la destitution du président Yoon Seok-yeol (Parti du pouvoir au peuple, PPP, conservateur) le 4 avril 2025, à la suite de sa tentative de coup d'Etat le 3 décembre 2024, la date de l'élection présidentielle anticipée en République de Corée (Corée du Sud) a été fixée au 3 juin 2025. Le nouveau chef de l'Etat sera désigné au suffrage universel direct par un scrutin uninominal majoritaire à un tour qui devrait une nouvelle fois favoriser les deux principales formations politiques, le Parti démocrate (centre-gauche) et le PPP. Les processus de désignation des candidats ont débuté : le premier tour de l'élection primaire du PPP a ainsi commencé ce lundi 21 avril 2025.

Le palais présidentiel, appelé la Maison bleue, a été inauguré à Séoul en 1991

Le palais présidentiel, appelé la Maison bleue, a été inauguré à Séoul en 1991

Le PPP du président sortant aborde ce scrutin en d'autant plus mauvaise posture qu'il ne s'est pas vraiment désolidarisé de l'ancien chef d'Etat Yoon Seok-yeol, alors que se tient son procès pénal pour insurrection. Les électeurs démocrates et indépendants étaient massivement favorables à la destitution du Président Yoon, et les intentions de vote cumulées des candidats potentiels du PPP (testés séparément) atteignent, au mieux, 32 %, en-deçà des intentions de vote pour le PPP en cas d'élections générales.

Comme pour le Parti démocrate, la primaire pour désigner le candidat combine le vote des membres du parti et des sondages auprès de l'ensemble de l'opinion publique. Il doit se dérouler en plusieurs étapes parmi les huit candidats déclarés, pour n'en retenir plus que quatre, avant de départager les deux finalistes le 29 avril. Les favoris sont l'ancien ministre de l'emploi et du travail Kim Moon-soo, l"ancien maire de Daegu Hong Joon-pyo et l'ancien président du PPP Han Dong-hoon, Kim Moon-soo tend à se détacher de ses rivaux dans les sondages.

De l'autre côté de l'échiquier politique, l'ancien challenger du précédent scrutin présidentiel en 2022, Lee Jae-myung, qui avait été battu sur le fil par Yoon Seok-yeol (48,56 % contre 47,83 %), fait figure de grand favori : les sondages le créditent de 37 % à 50 % des voix. Avocat de formation, ancien gouverneur de la province de Gyeonggi entre 2018 et 2021, Lee Jae-myung a été victime d'une tentative d'assassinat en janvier 2024. Il a été au premier plan pour s'opposer à la tentative de coup d'Etat de Yoon Seok-yeol et dénoncer la dérive autoritaire des conservateurs au pouvoir, déjà lourdement défaits lors des législatives du 10 avril 2024. Au sein du Parti démocrate, Lee Jae-myung est concurrencé par Kim Dong-yeon, actuel gouverneur de la province de Gyeonggi, et Kim Kyoung-soo, ancien gouverneur de la province du Gyeongsang du Sud.

Parmi les autres candidats attendus sur la ligne de départ, l'ancien Premier ministre de 2017 à 2020 (démocrate) Lee Nak-yon devrait représenter le Parti démocratique du nouveau futur, et l'ancien dirigeant du PPP Lee Jun-seok, le Parti de la réforme (conservateur). L'un et l'autre sont crédités d'environ 3 % dans les sondages, avec un avantage pour Lee Jun-seok, chassé de la direction du PPP à la suite d'un scandale sexuel pour lequel il a été innocenté, et qui peut espérer émerger comme le "troisième homme" de cette élection.

Les partis de gauche devraient aussi avoir leurs propres candidats : le Parti progressiste doit organiser une primaire pour départager les anciens députés Kim Jae-yeon et Kang Seong-hee, tandis que plusieurs formations non représentées au Parlement (Parti de la justice, Parti vert, Parti du travail) et des syndicats ont engagé une procédure pour désigner un ou une candidat(e) commun(e) sous la bannière de Transformation sociale. La candidate du Parti de la justice, Sim Sang-jung (2,38 % en 2022), avait été accusée d'avoir divisé le vote progressiste et permis l'élection de Yoon Seok-yeol ; depuis, le Parti de la justice a perdu sa représentation parlementaire lors des élections générales d'avril 2024, après une alliance inédite avec le Parti vert qui s'est révélée infructueuse.

L'ancien Premier ministre conservateur Hwang Kyo-ahn, qui avait été président par intérim après la destitution de Park Geun-hye, entend aussi concourir comme indépendant. Il avait auparavant rejoint le Parti de la liberté de la Corée (PLC), qui se situe à la droite du PPP, en s'appuyant notamment sur certains milieux évangéliques et anticommunistes qui ont été très en pointe dans le soutien au président Yoon Seok-yeol. L'élection anticipée du 3 juin 2025 permettra d'observer si ce courant se réorganise en dehors du PPP, alors que le pasteur ultra-conservateur Jeon Kwang-hoon, ancien président du Conseil chrétien de Corée, a aussi fait part de son intention d'être candidat.

Le mode de scrutin, majoritaire à un tour, devrait toutefois entraîner le retrait de candidats au profit notamment de ceux qui seront désignés par le PPP et le Parti démocrate.

Les enjeux de politique intérieure portent notamment sur la réforme des retraites et une révision de la Constitution qui pourrait, entre autres, limiter le pouvoir de veto du Président de la République, dont Yoon Seok-yeol avait fait un large usage face à une Assemblée qui, dès le premier jour de son élection, avait été dominée par l'opposition démocrate. En politique étrangère, la République de Corée est confrontée à l'augmentation des droits de douane décidée par l'administration Trump, ainsi qu'à la demande répétée du président américain que Séoul finance davantage la présence de soldats et d'équipements américains sur le sol coréen - le locataire de la Maison Blanche ayant sinon menacé d'un retrait américain. Par ailleurs, les démocrates sont favorables à la reprise du dialogue avec Pyongyang, dans la continuité de la politique du rayon de soleil des précédentes administrations démocrates, alors que la détérioration des relations intercoréennes sous le mandat de Yoon a conduit les Nord-Coréens à abandonner, en janvier 2024, l'objectif de réunification du pays. A cet égard, Lee Jae-myung a accueilli favorablement une possible réouverture du dialogue entre Donald Trump et Kim Jong-un, comme le premier en a évoqué la possibilité.

Principales sources : 

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