Après être devenue membre du Comité international paralympique, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a participé pour la première fois aux Jeux paralympiques, dont la quatorzième édition s'est tenue à Londres du 29 août au 9 septembre 2012. En raison des délais - l'inscription à la plupart des épreuves était close lorsque la RPDC a accédé au statut de membre du Comité international paralympique - la RPDC n'a pu envoyer qu'un seul athlète aux Jeux paralympiques de Londres, avant d'envisager l'envoi d'une délégation plus importante aux Jeux paralympiques de Rio de Janeiro en 2016. L'athlète Rim Ju-song (ci-dessous au centre, dans un fauteuil roulant) est devenu un symbole, témoignant de la place nouvelle qu'occupent les handicapés dans la société nord-coréenne.
Né le 31 octobre 1995, Rim Ju-song est devenu le premier athlète paralympique nord-coréen, à seulement 16 ans. Suite à un grave accident sur un site de construction, qu'il a subi alors qu'il n'avait que cinq ans, Rim Ju-song a été amputé de son bras gauche et de sa jambe gauche, et souffre également de handicaps à la jambe droite et au pied droit. Malgré ces lourds handicaps, sa participation aux épreuves de natation, après avoir obtenu des résultats suffisants en phase de qualification pour pouvoir concourir aux Jeux de Londres, témoigne d'une opiniâtreté qui force l'admiration.
Membre du Comité paralympique nord-coréen, Kim Sung-chol a résumé d'un mot les efforts accomplis par Rim Ju-song, après qu'il eut coulé "comme une pierre" lors de sa première séance d'entraînement. Améliorant sa pratique en un temps record, il a dû apprendre la brasse en quelques semaines, les athlètes ayant besoin de pratiquer deux styles de nage.
Le 4 septembre, à l'épreuve de 50 mètres nage libre (catégorie S6), lors des éliminatoires, Rim Ju-song s'est classé 17ème (47 secondes 87).
C'est l'ancienne championne du monde 1991 de tennis de table par équipes Ri Pun-hui, alors membre d'une équipe unifiée représentant l'ensemble de la Corée, qui dirige le Comité national paralympique de la République populaire démocratique de Corée. Ri Pun-hui est directement concernée par la question des personnes handicapées, en étant la mère d'un fils atteint de paralysie cérébrale, aujourd'hui âgé de quinze ans. Elle s'est dévouée à l'intégration sociale des personnes handicapées, notamment par le sport. Elle-même mariée à un ancien champion de tennis de table, elle a organisé en 2010 le premier tournoi de ping-pong réservé aux handicapés, et l'événement a été largement couvert par les médias nord-coréens.
En 2003, la RPD de Corée a adopté une loi sur la gratuité des soins médicaux et l'éducation spécialisée pour les personnes handicapées.
Le Centre culturel Taedonggang, visité par les journalistes étrangers en juin 2012, comporte des équipements sportifs adaptés aux personnes handicapées.
En dehors de la RPD de Corée, plusieurs ONG et personnalités soutiennent matériellement les centres sportifs pour les handicapés nord-coréens, comme la fondation Green Tree ou l'Américaine coréenne Sue Kinsler. L'ambassade britannique en RPDC a soutenu l'entraînement et la participation de Rim Ju-song aux Jeux paralympiques de Londres. Pour sa part, Sue Kinsler est responsable d'une école spécialisée à Pyongyang ainsi que d'un programme alimentaire. Citoyenne d'honneur de la RPD de Corée, arborant le drapeau nord-coréen (concurremment à ceux de la Corée du Sud et des Etats-Unis) dans l'équipe de soutien du Comité paralympique de la RPDC, Sue Kinsler avait écrit au dirigeant Kim Jong-il pour que la RPDC participe aux Jeux paralympiques, avant de recevoir une réponse positive du Premier secrétaire du Parti du travail de Corée Kim Jong-un. Les valeurs universelles du sport permettent de faire tomber les murs entre les peuples.
Sources :
- AAFC ;
- Associated Press, "Paralympics : Rim Ju-song taking North Korea in a new direction", dépêche publiée dans The National ;
- Rod Gilmour, "Paralympics 2012 : the 'Nelson Mandela of North Korea' unites bitter enemies at opening ceremony", article publié dans The Telegraph (dont photo).