Dans un pays où le sport est érigé en mode de vie (trait par ailleurs à la fois caractéristique des démocraties populaires et des pays asiatiques), on ne s’étonnera pas que de très importants moyens soient mis en place pour animer un tissu sportif dense et connecté au reste du monde. Si l’Association d'amitié franco-coréenne relate souvent les performances des footballeurs nord et sud-coréens (voir le cas tout à fait particulier de Jong Tae-se, doté de la triple nationalité japonaise, nord et sud-coréenne), les articles traitant de basketball se font plus rares. L’arrivée à Pyongyang, le 26 février 2013, d’une délégation américaine de la très prestigieuse National Basketball Association (NBA) vient rappeler que le basketball a aussi droit aux honneurs en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
Dennis Rodman à son arrivée à l'aéroport de Pyongyang le 26 février 2013 (photo : KCNA)
Immense star du basketball américain, Dennis Rodman est au moins autant connu pour sa personnalité extravertie que pour son jeu si caractéristique. En effet, celui qui est considéré comme un enfant terrible de la NBA arbore un look de bad boy (cheveux teints, nombreux piercing faciaux) ne manquera certainement pas de faire forte impression dans les rues de Pyongyang où il a atterri le 26 février 2013 à la tête d’une délégation de treize entraineurs et joueurs pour une visite d’une semaine. Au programme de cette visite, plusieurs rencontres sportives évidemment mais aussi des entretiens avec des officiels nord-coréens intéressés par les politiques du sport. Si le détail de ces rencontres ne peut évidemment être connu à l’heure actuelle, il y a fort à parier que le géant du basketball nord-coréen Ri Myung-hun (il demeure encore actuellement le plus grand joueur du monde avec ses 2,35m) en fasse partie. Ironie de l’histoire, Ri Myung-hun, né en 1967, avait été interdit de jeu dans la ligue NBA à cause de l’embargo commercial américain sur la RPDC. Cette rencontre est peut être l’occasion pour les deux géants de finalement se croiser sur un parquet.
Evidemment, cette rencontre n’est pas dénuée d’un certain sens de la diplomatie au lendemain de fortes tensions dans la péninsule et dans toute la zone Asie-Pacifique. En effet, le sport est très souvent un canal de diplomatie parallèle (« paradiplomatie ») pour les Etats-Unis qui, comme la France, n’ont toujours pas établi de relations diplomatiques complètes avec la Corée du Nord. Outre les multiples échanges sportifs, on peut aussi mentionner, pour l’anecdote, le fameux cadeau fait par la secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright : lors de la venue à Pyongyang de cette dernière, en octobre 2000, elle avait offert au Dirigeant Kim Jong-il un ballon de basket dédicacé par Michael Jordan, qui trône aujourd’hui à l'Exposition de l’amitié internationale en RPDC.
Si l’Association d'amitié franco-coréenne se réjouit d’une telle initiative, elle demeure consciente que des manifestations de ce genre ne sauraient remplacer l’instauration de relations diplomatiques normales. En effet, l’ouverture d’un dialogue diplomatique « classique » semble être le meilleur moyen pour aborder des négociations qui désamorceraient les tensions dans la péninsule.
Sources : KCNA, Associated Press
Un terrain de basketball à Pyongyang (photo : AAFC, octobre 2010)