Le 10 novembre 2009, des affrontements armés intercoréens se sont produits en mer de l'Ouest, pour la première fois depuis sept ans, après les précédents de 1999 et 2002. Alors que les deux gouvernements coréens donnent des interprétations contradictoires sur l'origine des combats et leur bilan, l'AAFC avait déjà souligné que, en l'absence de traité de paix dans la péninsule depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, la situation de tension permanente entre les deux Corée comporte des risques réels d'escalade, pouvant déboucher sur un conflit ouvert. Le dialogue est la seule solution viable pour parvenir à une paix durable dans cette partie du monde et que, plus jamais, des Coréens n'ouvrent le feu sur d'autres Coréens.
Ce mardi 10 novembre, des affrontements armés ont eu lieu entre des patrouilleurs nord et sud-coréens en mer de l'Ouest, pour la première fois depuis 2002. Ces événements sont intervenus une semaine avant la venue à Séoul du président américain Barack Obama. Le mercredi 11 novembre, la secrétaire d'Etat américaine, Mme Hillary Clinton, a par ailleurs déclaré que n'était pas remise en cause la décision américaine d'envoyer à Pyongyang M. Stephen Bosworth, ambassadeur en charge des pourparlers à six sur la question nucléaire.
Comme c'est généralement le cas dans les situations de conflit, les deux parties donnent des versions contradictoires des faits. Pour le ministre de la Défense sud-coréen Kim Tae-young, le navire nord-coréen aurait pénétré intentionnellement à 1,6 km au Sud dans les eaux sud-coréennes. Après des signaux d'avertissement, les Sud-Coréens auraient procédé à des tirs d'avertissement et le bâtiment du Nord aurait ouvert le feu avant de se replier, en flammes. Toujours selon Séoul, les seules pertes seraient nord-coréennes (un mort et trois blessés).
Pour le ministère nord-coréen de la Défense, il s'agirait d'une "grave provocation armée du Sud" et les navires sud-coréens auraient ouvert le feu alors que le bâtiment du Nord se trouvait au Nord de la ligne de séparation maritime entre les deux Corée. Selon les médias officiels nord-coréens, le navire du Nord "n'aurait pas perdu de temps pour asséner en représailles un coup rapide aux provocateurs".
Si l'on compare les deux versions, la Corée du Sud ne semble pas nier avoir tiré la première, même si - selon Séoul - il s'agissait de "tirs d'avertissement", après les sommations d'usage. La nature et le contexte de ces tirs est contestée par Pyongyang, qui n'a par ailleurs pas donné d'informations quant à d'éventuelles pertes.
L'absence d'accord sur la ligne de démarcation Nord entre les deux Corée (Northern Limitary Line, NLL), frontière de fait définie par les seuls Américains à la fin de la guerre de Corée à la faveur de la supériorité de leurs forces navales en 1953, est de nature à occasionner de telles escalades meurtrières entre les deux Corée, qui sont heureusement restées circonscrites. Après l'essai nucléaire nord-coréen du 25 mai 2009, la Corée du Sud avait rejoint l'Initiative de sécurité contre la prolifération (acronyme anglais, PSI), attisant les tensions intercoréennes, l'AAFC avait analysé différents scénarios possibles d'affrontement, y compris les accrochages en mer de l'Ouest qui viennent de se produire à nouveau, en exhortant toutes les parties à la retenue pour éviter que des Coréens n'attaquent militairement d'autres Coréens. Il y a ainsi lieu de s'interroger sur la décision de Séoul d'envoyer deux nouveaux navires de patrouille de 1.800 tonnes après les affrontements de mardi : regrouper des forces de guerre risque d'être perçu comme le signal à de possibles nouveaux accrochages.
Car il n'est pas d'engrenage irrésistible de la violence. Le troisième point de la déclaration commune intercoréenne Nord-Sud du 4 octobre 2007 spécifiait ainsi : "[le Nord et le Sud] ont décidé d'ouvrir à Pyongyang dans le courant du mois de novembre de cette année des pourparlers entre le ministre des Forces armées populaires du Nord et le ministre de la Défense du Sud pour délibérer sur les mesures à prendre pour instaurer la confiance militaire dont le projet consistant à fixer un secteur de pêche commun pour la prévention de conflits inopinés sur la mer de l'Ouest et à en faire un secteur de paix et les mesures d'assurance militaire en faveur de toutes sortes de collaboration".
L'AAFC espère que les leçons du récent affrontement permettront - enfin - de mettre en oeuvre les accords nécessaires à la prévention d'autres conflits, pour une paix durable dans la péninsule coréenne.
Sources : AFP, AP. Carte Gene Thorn, The Washington Post
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