A l'occasion du 13ème anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000, adoptée lors de la première rencontre au sommet entre les dirigeants des deux Etats coréens, trois membres du bureau de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) - Benoît Quennedey, Patrick Kuentzmann et Maurice Cukierman - ont donné le 11 juin 2013 un entretien sur la situation en Corée à l'Alliance coréenne pour la réunification et la démocratie. Ils ont exprimé leur espoir que l'avenir du peuple coréen soit placé sous le sceau de la paix et de la réunification.
La métaphore de l'arbre est riche de symboles, puisqu'il puise ses racines dans un avenir partagé par tous les Coréens et que, au fur et à mesure de sa croissance et de son développement, ses branches expriment les promesses fructueuses de futures coopérations intercoréennes, fondées sur la déclaration historique du 15 juin 2000. L'arbre est aussi un symbole de paix, dans la mesure où il représente la nature reprenant ses droits sur des territoires naguère meurtris par la guerre.
C'est devant un arbre de la paix rappelant que la Corée est une, et sur lequel ils avaient placé des messages de prospérité pour le peuple coréen, que trois membres du bureau de l'AAFC ont déployé des banderoles en coréen et en anglais où étaient inscrits des messages en faveur de la paix dans cette région du monde durement touchée par les conflits de l'époque contemporaine : plusieurs millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont péri lors de la guerre de Corée (1950-1953). Celle-ci s'est conclue par un simple accord d'armistice, rendant urgente la signature d'un traité de paix pour que, à l'avenir, plus jamais des Coréens n'affrontent d'autres Coréens.
Donnant une interview qui sera diffusée sur Internet à l'occasion du 13ème anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000, Benoît Quennedey, Patrick Kuentzmann et Maurice Cukierman ont rappelé les espoirs soulevés par une décennie de "politique du rayon de soleil", de 1998 à 2008, ensuite mise à mal par la politique nord-coréenne du Président conservateur Lee Myung-bak (2008-2013). Sa successeur, Mme Park Geun-hye, était face à un dilemme, affichant sa volonté de renouer avec le dialogue intercoréen mais sans se départir de l'équipe politique de son prédécesseur, dont elle avait reconduit plusieurs des ministres. Le 11 juin 2013, l'échec au dernier moment de la reprise des pourparlers interministériels Nord-Sud, en raison de divergences sur le niveau de représentation jugé insuffisant par chacune des deux parties, témoignait de l'ampleur de la tâche à accomplir pour restaurer un climat de confiance et d'échanges - Pyongyang ayant accusé Séoul, le 13 juin, d'un manque de sincérité dans sa réponse à son offre de dialogue.
Les Coréens du Nord, du Sud et de la diaspora partagent une histoire, une langue et une culture communes anciennes de plus de 4.000 ans, la péninsule coréenne ayant réalisé son unité politique dès le 7ème siècle de notre ère. En 1991-1992, l'entrée conjointe des deux Corée aux Nations Unies et la signature du traité de base intercoréen avait ouvert la voie à des échanges économiques, culturels et humains accrus, dont la zone industrielle de Kaesong, jusqu'à la suspension récente de ses activités, était l'un des symboles les plus marquants. Après 2008, la fin du tourisme des Monts Kumgang, la suspension des réunions de familles séparées par la guerre et la division du pays ainsi que la fin des échanges intercoréens (à l'exception de la zone de Kaesong), suite au dramatique incident du Cheonan (imputé, sans preuves matérielles satisfaisantes, à la RPDC par la Corée du Sud), avaient toutefois signalé le naufrage des coopérations nouées pendant la politique du rayon de soleil, sous les présidences démocrates, à Séoul, de Kim Dae-jung (1998-2003) et Roh Moo-hyun (2003-2008). Les deux chefs d'Etat avaient rencontré à Pyongyang Kim Jong-il, président de la commission de la défense nationale de la RPD de Corée, permettant la signature des déclarations communes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007. En liant dialogue intercoréen et question nucléaire (laquelle concerne en fait les relation nord-coréano - américaines), et en proposant un "plan 3 000" perçu comme une aumône par les autorités nord-coréennes et une ingérence dans leur politique économique,le Président Lee Myung-bak avait aussi tenté, sans succès, de modifier les paradigmes des relations intercoréennes.
Pour l'avenir, les relations intercoréennes dépendront des Coréens eux-mêmes, qui sauront certainement faire preuve de créativité, alors que les expériences récentes de réunification d'Etats divisés - au Vietnam, en Allemagne ou au Yémen - ne correspondent pas aux modèles les plus prévisibles, ni nécessairement les plus souhaitables.
Photos Alain Noguès