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2 avril 2017 7 02 /04 /avril /2017 18:02

Le 30 mars 2017, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé que le Maréchal Kim Jong-un avait envoyé une couronne de fleurs après la disparition, la veille à Pyongyang, de Kim Ki-ryong. Figure moins médiatisée que d'autres dirigeants nord-coréens, occasionnellement cité dans les dépêches de KCNA, Kim Ki-ryong avait néanmoins joué un rôle clé dans le monde de l'information en RPDC pendant plus de deux décennies, ayant occupé toutes les fonctions majeures en ce domaine (notamment, président de l'agence KCNA, rédacteur en chef du Rodong Sinmun, quotidien du Parti du travail de Corée, président du Comité de l'information publique), et aussi initié des coopérations intercoréennes et internationales. L'Association d'amitié franco-coréenne revient sur son parcours, en présentant ses condoléances à sa famille et à ses proches.

Disparition de Kim Ki-ryong, un géant des médias en Corée du Nord

Kim Ki-ryong était né dans la province de Ryanggang en 1940, sous l'occupation japonaise. Diplômé de la prestigieuse Université Kim Il-sung, il avait commencé à travailler comme journaliste au Rodong Sinmun en 1965, grimpant dans la hiérarchie du quotidien jusqu'à assumer des responsabilités de rédacteur en chef en 1985.

Les fonctions qu'il exerça alors successivement témoignent qu'il était devenu une des personnalités les plus influences des médias en RPD de Corée : en 1988, il est nommé directeur du Bureau d'orientation des publications (organisme qui veille à leur ligne éditoriale, conformément à la politique du Parti du travail) ; en 1989, il devient président de l'agence KCNA (jusqu'en 1996, et à nouveau de 2000 à 2010) et parallèlement président du Comité de l'information publique, fonction équivalente à celle, en Occident, de ministre de l'Information. Kim Ki-ryong est aussi devenu député de l'Assemblée populaire suprême (en 1990), membre (suppléant, en 1991, puis titulaire, en 1992) du Comité central du Parti du travail de Corée (PTC). Lors de sa disparition en 2017, il appartenait toujours au Comité central du PTC.

En 2010, il avait abandonné la présidence de l'agence KCNA pour redevenir rédacteur en chef du Rodong Sinmun, avant d'être remplacé à ce poste en 2013 par Yun U-chol et faire valoir ses droits à la retraite à la faveur d'un changement de génération après la disparition du Dirigeant Kim Jong-il, en décembre 2011. Quarante-troisième dans l'ordre protocolaire lors des funérailles de l'ancien Président de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée, Kim Ki-ryong a été parmi les premiers récipiendaires, en février 2012, de l'Ordre de Kim Jong-il. La dépêche de KCNA ayant annoncé que le Maréchal Kim Jong-un adressait une couronne de fleurs et présentait ses condoléances à la famille du défunt a d'ailleurs fait mention, non de ses fonctions passées comme homme des médias ni comme homme politique (membre du Comité central du Parti), mais de sa double qualité de titulaire de l'Ordre de Kim Il-sung et de l'Ordre de Kim Jong-il - soulignant ainsi qu'il avait été un des grands serviteurs de l'Etat.

Sa longévité dans le monde des médias nord-coréens en avait fait une personnalité de confiance du centre du Parti, impliquée dans les échanges non seulement avec ses homologues étrangers (en mai 2004, il avait rencontré à Pyongyang le vice-président de l'agence chinoise Xinhua, Xu Xian, se félicitant de la coopération entre leurs deux agences), mais aussi dans la promotion des relations intercoréennes. En août 2000, il avait rencontré l'ancien ministre sud-coréen de la Culture et du Tourisme Park Jie-won, et exprimé le souhait d'accueillir son homologue de l'agence Yonhap de la République de Corée (du Sud). Ce sera chose faite le 12 octobre 2007, à Pyongyang, comme l'a relevé Aidan Foster-Carter de l'Université britannique de Leeds, dans un article consacré aux relations Nord-Sud :

Les chefs des agences d'information des deux Corée se sont rencontrés pour la première fois à Pyongyang. Kim Ki-seo, président de l'agence Yonhap de la République de Corée, propose des "échanges actifs" ; Kim Ki-ryong de KCNA a dit que "nous l'étudions sérieusement", ce que Yonhap a interprété comme un geste tiède. L'un et l'autre ont co-organisé une exposition de photos des peintures murales du royaume de Koguryo avec l'agence japonaise Kyodo News Service, qui a été inaugurée le 11 octobre.

https://csis-prod.s3.amazonaws.com/s3fs-public/legacy_files/files/media/csis/pubs/0704qnk_sk.pdf

En fait, la fin de la politique du "rayon de soleil" à partir de 2008 allait ruiner les progrès du dialogue intercoréen, alors que, comme nous l'avons vu, Kim Ki-ryong avait été initiateur d'échanges Nord-Sud - dès 2000 - qui auraient également pu concerner les sujets sensibles des médias et de l'échange d'informations si la politique du "rayon de soleil" s'était poursuivie.

Avec la disparition de Kim Ki-ryong, les Coréens, du Nord, du Sud et de la diaspora, perdent aussi un homme qui était sincèrement attaché à la réunification.

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