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20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 13:27

La politique coréenne de la Chine, sur les questions stratégiques, est guidée par des principes constants : assurer la stabilité de la péninsule en évitant que ses partenaires (notamment, Corée du Nord, Etats-Unis, Corée du Sud, Japon) prennent des initiatives qui aggravent les tensions ; régler par la voie du dialogue les différends en suspens. Dans ce contexte, deux décisions ont été prises quasi-simultanément, qui témoignent des tensions pesant sur la politique coréenne de la Chine : l'expulsion de plusieurs dizaines de missionnaires sud-coréens actifs dans le Nord-Est de la Chine où sont présents illégalement des milliers de Nord-Coréens ; la suspension jusqu'à la fin de l'année 2017 des importations de charbon nord-coréen par la Chine.

Centrale à charbon chinoise

Centrale à charbon chinoise

Aucune des deux initiatives prises récemment par la Chine ne semble être le fruit du hasard. S'agissant de la suspension des importations de charbon nord-coréen, à compter du 19 février 2017 et jusqu'au 31 décembre 2017 (y compris pour les cargaisons en attente d'examen par les douanes), les autorités chinoises ont affirmé qu'il ne s'agissait que de l'application des sanctions prises par le Conseil de sécurité des Nations unies, la résolution 2321 plafonnant les ventes nord-coréennes de charbon à 400,9 millions de dollars (ou 7,5 millions de tonnes) par an à partir de 2017 - pour mémoire, en 2016 la Chine a importé 22,5 millions de tonnes de charbon de la République populaire démocratique de Corée (soit une hausse de 15 % par rapport à 2015), pour une valeur de 1,19 milliard de dollars, selon les statistiques des douanes chinoises. L'impact sur l'économie nord-coréenne est donc réel, cette annonce coïncidant avec le lancement d'un missile de moyenne portée par la RPD de Corée le 12 février 2017. D'aucuns analystes y voient le signe que Pékin entendrait punir Pyongyang en utilisant l'arme économique. En tout cas, la Chine dément de fait les critiques américaines de l'administration Donald Trump sur son manque supposé d'application des sanctions internationales contre la RPD de Corée. 

Il serait cependant hasardeux d'en déduire une simple volonté des autorités chinoises de se rapprocher des Etats-Unis sur la question coréenne. Dans le même temps, les autorités chinoises ont expulsé plusieurs dizaines de missionnaires sud-coréens qui, sous couvert d'assistance humanitaire, cherchent à convertir les dizaines de milliers de Nord-Coréens présents en Chine - le plus souvent, pour des raisons économiques et de manière temporaire, avant de retourner en RPD de Corée. Il n'est pas nouveau que la Chine, en application de ses accords de coopération avec Pyongyang (qui impliquent l'expulsion vers la RPD de Corée des Nord-Coréens présents illégalement sur le territoire chinois) et pour des raisons de maintien de l'ordre public, voit d'un mauvais oeil le prosélytisme des missionnaires sud-coréens dans le Nord-Est du pays (qui implique le passage des Nord-Coréens en Corée du Sud) et n'hésite pas à expulser des Sud-Coréens participant à des activités illicites en droit chinois. Toutefois, cette décision coïncide avec une expression accrue du mécontentement chinois sur le déploiement en Corée du Sud du bouclier de missiles américain THAAD qui, officiellement dirigé contre la Corée du Nord, vise en pratique la Russie et la Chine.

En prenant des initiatives sur la question coréenne qui ne rompent pas avec ses engagements antérieurs, la Chine envoie donc des signaux à l'administration Trump : mais celle-ci acceptera-t-elle de discuter avec Pékin des questions stratégiques liés à la péninsule coréenne ?

Sources :

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commentaires

A
Il s'agit d'un article de l'équipe de rédaction de l'Association d'amitié franco-coréenne.
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P
Qui est l'auteur de cet article ?
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