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23 janvier 2017 1 23 /01 /janvier /2017 17:25

Selon des informations provenant de l'armée sud-coréenne, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a installé sur des pas de tir mobiles deux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM, qui appartiendraient à la classe KN-08, selon l'appellation américaine et sud-coréenne) d'une portée de 13 000 kilomètres, susceptibles d'atteindre le territoire américain. Si un tir intervenait, il serait dans la continuité des déclarations faites par le Président Kim Jong-un dans son discours de Nouvel An 2017, selon lesquelles « tant que les États-Unis et leurs suiveurs n'abandonneront pas leurs exercices de guerre », la RPDC « continuera de renforcer son potentiel d'autodéfense et sa capacité à mener une attaque préventive avec comme pivot ses forces nucléaires », tout en ayant alors précisé que « les tests d'un missile balistique intercontinental [étaient] en phase finale ».

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en inspection militaire

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en inspection militaire

Après avoir rendu compte en termes factuels de l'investiture du Président américain Donald Trump le 20 janvier 2017, le quotidien du Parti du travail de Corée (le Rodong Sinmun) a réaffirmé, ce 23 janvier, la ligne diplomatique nord-coréenne fondée sur le renforcement des capacités d'autodéfense afin de maintenir la pix et la sécurité dans la péninsule et en Asie du Nord-Est, faisant ainsi leurs le proverbe latin si vis pacem, para bellum ("si tu veux la paix, prépare la guerre") :

Notre politique étrangère constante pour sauvegarder la paix tant dans le monde que sur la péninsule coréenne est de renforcer de manière continue notre potentiel d'autodéfense et des frappes préventives basées sur la puissance nucléaire.

Dans ce contexte, la RPDC considère que le changement de présidence aux Etats-Unis ne change en rien son approche des questions de défense, marquées par la poursuite des manoeuvres militaires américano - sud-coréennes, la mise en place du système de missiles THAAD en Corée du Sud, ainsi que le déploiement par Séoul d'une unité spéciale, qui comptera 2 000 hommes en 2019, chargée de mener des opérations clandestines au Nord, notamment pour éliminer le dirigeant nord-coréen.

Le président américain Donald Trump avait déclaré, suite au discours de Nouvel An de Kim Jong-un, que jamais des ICBM nord-coréens n'atteindraient le territoire américain. En déclarant depuis qu'il entendait développer un bouclier antimissile (pour se prémunir, prétendument, d'initiatives de pays tels que la Corée du Nord et l'Iran), Donald Trump a, semble-t-il, précisé ses intentions en la matière, qui ne sont en fait que le recyclage de vieilles lunes de l'administration Obama.

Il y a en revanche une rupture avec l'administration démocrate sortante dans le rôle que le nouveau Président américain entend faire jouer à ses alliés, et en l'occurrence la Corée du Sud, pour qu'ils bénéficient du parapluie nucléaire et balistique américain. Comme l'a observé le Professeur émérite Moon Chung-in de l'Université Yonsei, dans un entretien donné au quotidien progressiste sud-coréen Hankyoreh, alors que Donald Trump est plus intéressé par la géo-économie (notamment en ce qui concerne les relations Chine-Etats-Unis) que par la géopolitique, le nouveau Président entend que la Corée du Sud renforce son effort de défense pour partager ce fardeau :

[Donald Trump] a un sens aigu que les Etats-Unis seraient le bienfaiteur et ses alliés les bénéficiaires. La question primordiale est dans quelle mesure l'ajustement du coût supporté conjointement par l'alliance américano-sud-coréenne doit être assuré par les deux parties. Il y a tout d'abord la question du partage du fardeau de la défense. La Corée du Sud consacre 2,4 % de son PIB aux dépenses militaires, et Trump pourrait demander de l'augmenter au niveau américain de 4,3 %. Se pose ensuite la question du partage du coût de la défense lié aux forces américaines [stationnées en Corée du Sud]. La Corée du Sud en prend en charge environ la moitié et Trump pourrait demander de porter cette part à 100 %. Ces ajustements pourraient être rendus plus difficiles par une résistance en Corée du Sud.

Le pari nord-coréen est visiblement de pousser Donald Trump à négocier, comme Pyongyang l'a fait précédemment avec d'autres administrations américaines. Ce pari est audacieux, sinon risqué, puisque si la Corée du Nord a pu poursuivre son programme nucléaire et balistique en dépit des sanctions internationales, celles-ci pèsent fortement sur l'économie nationale, tout en ayant évité jusqu'à présent que les tensions inhérentes au cycle des sanctions et des initiatives militaires nord-coréennes ne conduisent à un affrontement direct. La conviction des dirigeants nord-coréens est cependant qu'il n'y a pas d'autre possibilité, face aux Etats-Unis qui n'ont manifesté aucune volonté sincère de dialogue, pour dissuader d'une attaque militaire telle qu'elle a été menée par les Américains et leurs alliés dans d'autres parties du monde, et rouvrir un cycle de dialogue dans une position plus favorable - ce qui est en soi cohérent avec la logique de poursuite de l'effort militaire dans un conflit lorsque s'ouvrent des perspectives de dialogue, afin d'ouvrir ces négociations dans la situation la plus favorable sur le terrain militaire.

Sources :

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