Né le 7 janvier 1982 à Osaka, Ryang Yong-gi est un Coréen du Japon, dont les grands-parents ont dû émigrer dans l'archipel pendant la colonisation japonaise (1910-1945) et qui, après l'indépendance, sont restés au Japon et ont pris la nationalité de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). A 31 ans, l'international de football a disputé de nombreux matchs sous les couleurs du Cheollima nord-coréen. Il joue actuellement dans le club de première division japonaise Vegalta Sendai, qu'il a mené à la deuxième place de la J-League, surclassé seulement par le Sanfrecce Hiroshima. Il s'est livré dans un entretien accordé à CNN, dont nous reproduisons ci-après des extraits.
Le capitaine du Vegalta Sendai l'affirme d'emblée : "mon plus grand espoir est que la Corée du Nord et du Sud soit réunifiée", en exprimant sa conviction que le football, et le sport en général, permettent de faire tomber les barrières. Revenant sur ses échanges avec ses compatriotes de la RPD de Corée au sein de la sélection nationale nord-coréenne, il précise toutefois qu'ils parlent d'abord ensemble de voitures (une des passions de Ryang Yong-gi, qui confesse avoir une conduite un peu trop rapide) et de magazines de football, et pas de politique. Il a d'ailleurs été surpris de leur très bonne connaissance des résultats de la première ligue en Angleterre et en Espagne... ce qui n'est d'ailleurs pas propre aux footballeurs professionnels (en 2006, un étudiant coréen de Pyongyang avait demandé à une délégation de l'AAFC en visite dans le pays les raisons du coup de boule de Zidane !).
Ayant permis à son club, où il joue depuis 2004, d'accéder au championnat de première division au pays du Soleil-Levant, Ryang Yong-gi, homme d'affaires et supporter du Vegalta Sendai Shuichi Kanno confie à CNN : "nous sentons qu'il aime l'équipe. C'est une légende et on se souviendra de son histoire, même après son départ en retraite". Ramenant à ses justes proportions le poids politique des ultranationalistes japonais, très hostiles à la RPDC, le même affirme encore : "je pense que 90 % des supporters du Vegalta se fichent de savoir s'il est Nord-Coréen ou Japonais".
Ancien élève des écoles coréennes du Japon, Ryang Yong-gi a toutefois pu dans ce cadre pratiquer le football - un des sports vedettes - du matin au soir, grâce également à son père qui lui a fait découvrir le football alors qu'il avait moins de trois ans. Comme il le reconnaît lui-même, "en un sens, je pense que j'ai été béni". Et c'est sa sélection au sein du Cheollima de la RPD de Corée qui lui a permis de faire montre de son talent et d'accéder à une notoriété internationale : aux Jeux d'Asie de l'Est, organisés à Macao en 2005, il marque deux buts en demi-finale face à la Corée du Sud, avant que la Corée du Nord ne s'incline face à la Chine en finale. En 2010, il marque encore 3 buts en 8 matchs internationaux, en faisant partie de la sélection ayant permis la qualification en phase finale de la compétition en Afrique du Sud, puis en marquant dans le cadre de l'AFC Challenge Cup.
Le milieu de terrain, qui a conduit le club dont il est devenu le capitaine à la seconde place du championnat japonais, a puisé une rage de vaincre accrue dans le désastre causé par le tsunami le 11 mars 2011. Sendai se trouvait à proximité de l'épicentre, et Ryang Yong-gi, qui était au volant, a accouru à sa maison pour rejoindre sa femme enceinte. Dans un univers urbain détruit, le couple a passé la nuit suivante dans sa voiture, pour éviter les conséquences des répliques. Avec les autres joueurs de l'équipe, il s'est fortement mobilisé dans les secours aux victimes avec une volonté renforcée de gagner : cette année-là, le club a terminé quatrième du championnat. Kanno, le propriétaire d'un restaurant de la ville côtière de Kesennuma, fortement touchée par le tsunami, a déclaré que "pendant l'année du tsunami, Vegalta et son jeu nous ont insufflé de l'énergie, qu'ils gagnent ou qu'ils perdent". La reconnaissance des fans va aussi au choix de Ryang Yong-gi de rester avec son équipe, malgré des offres plus élevées d'autres clubs de la J-League.
L'idole de jeunesse de Ryang Yong-gi était le Serbe Dragan Stojkovic, qui a terminé sa carrière à Nagoya (1994-2001) dont il est maintenant l'entraîneur. Un autre de ses modèles est l'Espagnol Andres Iniesta.
L'AAFC souhaite encore de nombreux succès à Ryang Yong-gi, un joueur attachant et plein de panache, dans les matchs qu'il jouera, que ce soit au sein de la Vegalta Sendai ou du Cheollima.
Source principale : CNN.