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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 16:45

C'est devant un public de 200 personnes, principalement composé d'étudiants en coréen, que Benoît Quennedey, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) chargé des actions de coopération, a présenté à l'INALCO, le 19 mars 2014, l'économie de la Corée du Nord, à l'invitation du professeur Patrick Maurus. La conférence s'est basée sur son ouvrage publié l'an dernier aux Indes Savantes, après une première présentation sur ce même thème le 7 février 2014 au Centre d'études Corée de l'Ecole des hautes études en science sociales (EHESS). Après un exposé liminaire, Benoît Quennedey et Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, ont répondu aux questions de la salle, en se fondant notamment sur l'expérience de leurs voyages en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et de leurs échanges avec des responsables nord-coréens en charge des questions économiques.

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Evaluer la situation de l'économie nord-coréenne et dresser des perspectives peut sembler a priori malaisé, compte tenu du petit nombre d'études occidentales sur le sujet, du manque de statistiques nord-coréennes et des biais que peuvent présenter les sources sud-coréennes.

Dans ce ce contexte, l'exposé de Benoît Quennedey à l'INALCO sur l'économie nord-coréenne, le 19 mars 2014, a cherché à répondre à trois questions fondamentales. Quelle est l'organisation économique actuelle ? Quel est le niveau de développement économique et social ? Quelles sont les perspectives d'évolution, tant en ce qui concerne la croissance du PIB que l'organisation économique ?

conference_inalco_coree_economie-de-la-coree-du-nord.png
S'agissant de son organisation économique, la RPD de Corée correspond aujourd'hui à une économie planifiée sur laquelle se sont ajoutés des éléments de marché "de fait". Plusieurs "strates" économiques se sont en effet superposées :

- une économie planifiée traditionnelle, caractérisée par la propriété collective des moyens de production, et marquée par les mesures économiques du 1er juillet 2002 ayant accru l'autonomie de gestion des entreprises ;
- les marchés généraux de biens et de services, légalisés en juin 2003 et officialisés en janvier 2004 ;
- les zones économiques spéciales, dont la plus développée est celle de Kaesong.

Par ailleurs, l'ouverture économique se caractérise par une place prépondérante de la Chine pour les investissements étrangers et le commerce extérieur, l'ouverture internationale étant entravée par les sanctions internationales.

Le niveau de développement est aujourd'hui celui d'un pays à revenus intermédiaires. Le PIB/habitant en parité de pouvoir d'achat, estimée entre 1 200 et 2 500 dollars, apparaît sous-évalué au regard d'autres indicateurs, comme la production d'électricité. La structure économique est celle d'un pays industrialisée (l'agriculture ne représente que 23 % du PIB), et le potentiel minier offre d'importantes perspectives de croissance. Enfin, les autres indicateurs de développement placent la Corée du Nord à un niveau plus élevé que le seul PIB/habitant : l'espérance de vie à la naissance (69 ans) est supérieure à la moyenne mondiale (67 ans) et le taux d'alphabétisation (supérieure à 99 %) de la population est comparable à celle de la Corée du Sud et des pays occidentaux.

Les perspectives d'évolution sont marquées par un retour à la croissance depuis 1999, après le très fort recul pendant la "dure marche" des années 1990. Les taux de croissance évalués par la Banque de Corée (du Sud) depuis 2007 apparaissent sous-évalués au regard des observations de terrain recueillis par des observateurs indépendants : bien que marquée par d'importantes disparités régionales, la croissance est réelle (de l'ordre de 3 % à 4 % par an ?). La situation alimentaire s'est améliorée, la production céréalière de 2013 (estimée à 5 millions de tonnes) se rapprochant de l'autosuffisance alimentaire (5,5 millions de tonnes).

Enfin, un nouveau train de "mesures économiques", depuis 2012, laisse une place plus importante aux autres acteurs économiques que l'Etat. Une des priorités actuelles des autorités nord-coréennes est d'accueillir davantage d'investissements étrangers, notamment pour moderniser des infrastructures souvent vétustes, en diversifiant les partenariats économiques avec d'autres pays que la Chine.


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Photos :
 
Alain Noguès  
 

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