Le 13 juin 2012, le ministère américain de la Défense a annoncé l'organisation de manoeuvres navales tripartites avec le Japon et la République de Corée (du Sud) les 21 et 22 juin prochains. S'il est habituel que Washington et Séoul organisent des exercices conjoints, il est peu banal que s'y joignent des troupes japonaises - officiellement des "forces d'autodéfense", qui ne devraient pas s'engager sur un terrain de batailles extérieur à l'archipel, aux termes de la Constitution pacifique japonaise. L'Association d'amitié franco-coréenne déplore vivement une initiative qui s'inscrit dans la poursuite de la course aux armements en Asie du Nord-Est, et constitue un mauvais signal pour la paix dans cette partie du monde.
Afin de sauvegarder les apparences, il n'y a officiellement pas d'objectifs militaires dans les exercices tripartites que doivent conduire prochainement les troupes américaines, japonaises et sud-coréennes les 21 et 22 juin. Selon les termes du ministère américain de la Défense qui pilote les opérations, il s'agit "d'améliorer l'interopéralibité et les communications avec la marine sud-coréenne et les forces d'auto-défense maritimes du Japon", afin de faciliter la coopération dans les opérations de secours en cas de désastre et les activités de sécurité maritime. Le Pentagone a précisé que les manoeuvres seraient menées "en dehors des eaux territoriales de tout pays côtier".
La Chine semble toutefois réservée sur cette interprétation, en ayant appelé, aussitôt après l'annonce américaine, son souci constant d'éviter toute initiative qui ne contribuerait pas au maintien de la paix et de la stabilité dans la région. Si l'objectif est bien une coopération dans le domaine de la sécurité civile, comme l'affirme le Pentagone, pourquoi n'avoir alors pas associé tous les pays riverains concernés, y compris la Chine et la Russie ?
Par ailleurs, par une coïncidence fâcheuse ces exercices interviendront à la veille de nouvelles manoeuvres conjointes qui seront ensuite menées pendant trois jours entre les Etats-Unis et la Corée du Sud. Elles succèdent aussi à la formulation d'une demande par le commandant des forces américaines stationnées en Corée du Sud de disposer de missiles et d'hélicoptères d'attaque supplémentaires.
Dans une déclaration rendue publique le 18 juin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a réagi très vivement à ce qu'il a qualifié de "provocation ouverte", en dénonçant le "prélude à une guerre dans la région visant non seulement la Corée du Nord mais aussi plusieurs pays d'Asie du Nord-Est" - faisant allusion au fait que la Chine est implicitement la cible des exercices conjoints qu'organisent avec une fréquence accrue dans la région, depuis 2009, les Etats-Unis et leurs alliés. Ce sont d'ailleurs ces manoeuvres à répétitions - et qui cette fois-ci incluent aussi le Japon - qui ont favorisé le resserrement des liens entre Pékin et Pyongyang, alors que Washington cherche toujours à isoler la Corée du Nord de son traditionnel allié chinois.
En concluant sur la nécessité pour la RPDC de renforcer ses capacités d'autodéfense, le ministère des Affaires étrangères nord-coréen fait planer le risque d'une relance de la course aux armements en Asie du Nord-Est.
Pour l'AAFC, il n'y a pas d'autre voie pour maintenir la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne que de reprendre sincèrement le dialogue multilatéral, afin de dissiper les risques de guerre que font peser de coûteux exercices qui dissimulent leur vrai caractère militaire.
Sources : KCNA (dépêche du 18 juin) et Xinhua (dépêche du 14 juin)
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