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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 23:01

Le 2 juin 2010, le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama a annoncé sa démission devant les députés de sa formation, le Parti démocrate (centriste), huit mois seulement après avoir conduit l'opposition à un succès électoral inédit, le 30 août 2009, qui avait mis fin à plus de soixante ans de pouvoir quasi-ininterrompu du Parti libéral-démocrate. Cette démission vise à sauver la majorité au Sénat où des élections sont prévues le 11 juillet. Si les scandales de financement occulte et les promesses déçues dans le domaine économique et social ont terni l'image du Premier ministre démissionnaire, confronté à une impopularité record (21 % de bonnes opinions), l'AAFC a souhaité revenir sur le revirement de la politique coréenne, et plus largement internationale, de Yukio Hatoyama, à l'origine immédiate de la chute de son gouvernement.

 

Yukio_Hatoyama_-VOA_Photo-.jpg

Il avait promis de changer le cours pro-américain de la diplomatie nippone, avec notamment le déménagement en dehors du Japon de la base américaine de Futenma, à Okinawa. Il avait promis de revoir les relations du Japon avec ses voisins, notamment la République de Corée (du Sud) et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), en réservant à la Corée du Sud sa première visite à l'étranger en tant que Premier ministre. Song Il-ho, ambassadeur nord-coréen pour la normalisation des relations avec le Japon, n'avait-il pas déclaré à l'agence Kyodo "Avec une administration dirigée par le Parti démocrate du Japon, nous avons besoin d'avoir un nouveau départ (dans les discussions bilatérales pour un nouvel accord) basé sur l'esprit de la Déclaration de Pyongyang", signée en 2002 lors de la visite en RPDC du Premier ministre japonais Jun'ichirō Koizumi, laquelle prévoyait la normalisation des relations diplomatiques entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée ?

 

Là, aucun des changements attendus dans les relations nippo-coréennes n'a eu lieu, qu'il s'agisse de la remise en cause des manuels d'histoire japonais révisionnistes ou encore du statut de la minorité coréenne du Japon, notamment l'égalité en droit des écoles coréennes, seules à se voir refuser les subventions publiques.

 

La crise intercoréenne née du naufrage du Cheonan a précipité la chute du gouvernement Hatoyama, qui a emboîté le pas de Lee Myung-bak dans la mise en cause, sans nuance, de la Corée du Nord. Elle a été aussi l'occasion d'annoncer de nouvelles sanctions contre la RPD de Corée visant, en fait, les Coréens du Japon (en particulier, l'abaissement du plafond des sommes pouvant être transférées du Japon vers la Corée du Nord). Surtout, le naufrage du Cheonan a justifié un revirement quant à la base de Futenma. En visite sur place le 23 mai dernier, à peine connus les résultats de l'enquête officielle sur le Cheonan rendus publics trois jours plus tôt, Yukio Hatoyama avait demandé pardon aux habitants "pour avoir semé la confusion" : "Je m'excuse du fond du coeur de ne pas avoir été capable de respecter mes engagements", invoquant la situation dans la péninsule coréenne laquelle montrait, selon lui, "qu'il y a toujours des incertitudes considérables en termes de sécurité". Il avait ajouté: "si nous séparions les unités d'hélicoptères en déménageant les fonctions (de la base aérienne de Futenma), nous porterions sérieusement atteinte au fonctionnement des Marines". Le maire de la ville de Nago, à Okinawa, avait alors parlé de "trahison", tandis qu'une des formations de la coalition majoritaire, le Parti social-démocrate, retirait son soutien au gouvernement.

 

Les noms des successeurs de Yukio Hatoyama circulent déjà. Naoto Kan, ministre des finances, est favori. Mais un changement de nom suffira-t-il à réorienter le cours de la diplomatie japonaise, alors que le Parti démocrate reste tiraillé entre une aile droite, volontiers pro-américaine et plus hostile à la Corée du Nord, et une aile gauche minoritaire ? Les contradictions qui ont miné le gouvernement Hatoyama ne seront que ravivées par un éventuel revers aux élections sénatoriales du 11 juillet.

 

Sources : AAFC, aujourdhuilejapon

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