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14 octobre 2022 5 14 /10 /octobre /2022 09:40

Dans le bras-de-fer qui l'oppose aux Etats-Unis et à leurs alliés sud-coréens et japonais, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a poursuivi ses tirs de missile, en les intensifiant. Le 12 octobre 2022, selon l'agence nord-coréenne KCNA le dirigeant Kim Jong-un aurait personnellement supervisé les lancements de deux missiles de croisière stratégiques - c'est-à-dire pouvant transporter des armes nucléaires tactiques - ayant parcouru 2000 kilomètres à des altitudes plus basses que les missiles balistiques - rendant ainsi plus difficile leur détection et leur interception. Le développement d'armes nucléaires tactiques avait ainsi été défini comme une priorité par Pyongyang lors du Congrès du Parti du travail de Corée de janvier 2021.

Pyongyang a lancé des missiles de croisière stratégiques à longue portée

Dans un communiqué publié le 10 octobre 2022, l'agence nord-coréenne KCNA avait présenté ces tirs de missile conduits du 25 septembre au 9 octobre comme s'inscrivant dans une logique de dissuasion face aux menaces que font peser sur la RPD de Corée les Etats-Unis et leurs alliés : le 23 septembre, le porte-avions à propulsion nucléaire USS Ronald Reagan était au large de la péninsule coréenne, et des manoeuvres militaires ont été menées par les Etats-Unis conjointement avec la Corée du Sud du 26 au 29 septembre, puis avec le Japon et la Corée du Sud le 30 septembre, avant de nouveaux exercices militaires le 6 octobre puis les 7 et 8 octobre. Dans ce même communiqué, l'agence KCNA a déploré "une attitude regrettable tendant à une escalade continue des tensions dans la région tout en faisant peser une menace militaire sur la RPDC". Dans ces circonstances, la RPD de Corée estime n'avoir eu d'autre choix que de mener des exercices pour pouvoir réagir en cas de guerre, simulant des manoeuvres de "guerre réelle" impliquant des frappes sur des cibles situées dans le sud de la péninsule coréenne. 

Manifestation pour la paix en Corée, organisée à Paris le 24 septembre 2022

Manifestation pour la paix en Corée, organisée à Paris le 24 septembre 2022

Comme l'a observé Le Monde dans un article publié avec l'AFP, "les tests de missiles de croisière ne sont pas interdits par les Nations unies (ONU), contrairement aux tirs de missile balistiques". Plus précisément, les sanctions prises par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) visent à interdire les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques intercontinentaux. Dans le contexte diplomatique actuel, il apparaît toutefois improbable que la Russie et la Chine n'opposent pas leur veto à une nouvelle résolution du CSNU qui viserait à accroître les sanctions contre la Corée du Nord - une tentative de renforcement des sanctions par le CSNU, en mai 2022, avait ainsi déjà échoué. 

En septembre 2022, la RPD de Corée avait réaffirmé que son statut de puissance nucléaire était "irréversible", et donc non négociable, tout en rappelant que la force de dissuasion nucléaire ne serait pas utilisée contre un Etat non doté de l'arme nucléaire - ce qui vise donc les Etats-Unis, en excluant la République de Corée et le Japon. En tant que force de dissuasion, l'arme nucléaire permet à la RPDC de compenser un très net déséquilibre en sa défaveur des forces militaires, conventionnelles mais aussi nucléaires, selon le principe de dissuasion du faible au fort qui est aussi au coeur de la doctrine nucléaire française.

Alors que les négociations sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne sont au point mort, la réouverture de discussions sur un moratoire concernant le nucléaire et les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) - comme cela avait été le cas à partir de 2018, en contrepartie de la fin des manoeuvres américano-sud-coréennes de grande ampleur - permettrait d'abord de diminuer le niveau des tensions et de créer les conditions d'une confiance mutuelle pour aller ensuite plus loin sur le long chemin menant à la paix et au désarmement. Mais il est probable que si Pyongyang s'engage sur cette voie, elle exigera des contreparties en termes de levée partielle des sanctions qui la frappent - ce que Washington et ses alliés n'ont pas accepté jusqu'à présent.

Sources :

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