La mise en place d'un comité conjoint américano-sud-coréen concernant les relations économiques avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a entraîné une réaction courroucée de Pyongyang, comme une tentative d'ingérence dans les relations Nord-Sud. De fait, les approches américaine et sud-coréenne concernant les sanctions à l'égard de la RPD de Corée divergent de plus en plus fortement, et un tel comité apparaît comme une forme de tutelle américaine, ainsi que l'a observé Oleg Kiryanov , correspondant à Séoul du journal Rossiyskaïa Gazeta, et par ailleurs diplômé de l’Université nationale de Séoul où il a étudié pendant six ans. Nous publions ci-après du russe (traduction YB) un article publié le 4 novembre 2018 dans Rossiyskaïa Gazeta, intitulé "Les Etats-Unis ont intimidé des hommes d'affaires sud-coréens qui sont allés en République populaire démocratique de Corée" (traduction AAFC-YB).
Les autorités des États-Unis continuent à exercer une pression directe sur les milieux d'affaires de la Corée du Sud, en les menaçant de sanctions en cas de tentatives de coopération économique avec Pyongyang. Après les coups de téléphone directs des collaborateurs du ministère des Finances des États-Unis aux banques sud-coréennes, qui ont commencé à manifester un intérêt au développement des liens avec la République populaire démocratique de Corée, les grands conglomérats locaux ont été visés par les représentants de l'ambassade des États-Unis à Séoul qui leur ont dit "de se préparer à un entretien avec les représentants du ministère des Finances".
Nous rappellerons que ces derniers temps les divergences entre les approches des États-Unis et de la Corée du Sud concernant la RPDC sont devenues évidentes. Si Washington continue à insister sur l'intensification de la pression sur Pyongyang, le gouvernement du Sud souligne la nécessité de lever certaines sanctions, en estimant que ce n'est que par la voie de concessions mutuelles qu'on peut encourager la RPDC à renoncer à l'arme nucléaire et réduire les tensions. L’écart de son allié "de la ligne générale" a fortement fâché Washington. Plus d'une fois les États-Unis ont déjà clairement adressé des avertissements à la République de Corée. Dans la même période les émissaires américains sont souvent venus à Séoul pour exercer des pressions sur le gouvernement. Bien qu'à Séoul on tente de ne pas étaler tout cela au grand jour c’est devenu tellement évident que le ministre de la Réunification de la Corée du Sud a reconnu des divergences d’approche avec les États-Unis.
Les États-Unis ont continué la tactique de la pression non seulement sur le gouvernement du Sud, mais aussi directement "avec des menaces ciblées" sur les personnes susceptibles de mener des coopérations avec le Nord. Les fonctionnaire du ministère des Finances des États-Unis ont téléphoné à toutes les grandes banques de la Corée du Sud qui, sous une forme ou une autre, ont déclaré être prêtes à une coopération avec la RPDC, et les ont mises en garde sur "la nécessité de respecter le régime de sanctions contre la RPDC", en faisant remarquer que, si les banques désobéissaient, les États-Unis pourraient également leur appliquer des sanctions. Il est évident que Washington a commencé à étudier les mesures à prendre si le gouvernement du Sud manifeste une "indépendance excessive" et donne aux banques l'ordre de commencer l'instruction des projets avec la RPDC.
C'est maintenant le tour des conglomérats sud-coréens. Les diplomates des États-Unis travaillant à l'ambassade de Séoul sont venus voir les directions de ces compagnies qui ont accompagné le président Moon Jae-in à Pyongyang en septembre, et ils ont dit aux hommes d'affaires "de se préparer à des appels téléphoniques du ministère des Finances des États-Unis". Selon les propos des diplomates le ministère américain voudrait entendre leurs explications au sujet des promesses faites à Pyongyang de développer la coopération avec la RPDC qu'envisagent les conglomérats sud-coréens avec le Nord. Moon Jae-in était accompagné d’une grande délégation économique, comprenant des représentants de la direction des principales entreprises de Corée dont Samsung, Hyundai, SK et LG.
Selon le journal sud-coréen Chosun Ilbo, les compagnies ont confirmé que l'ambassade des États-Unis leur a dit de s'attendre à des coups de téléphone du ministère des Finances américain et que de plus ceux-ci seraient uniquement adressés aux directeurs des compagnies.
Les experts sud-coréens ont fait à la fois le parallèle avec "les coups de téléphone directs" aux banques toujours par ce ministère des États-Unis et ont supposé raisonnablement que l'essentiel des conversations serait analogue : des avertissements sur "la nécessité de respecter les sanctions" et des menaces explicites de "prendre des mesures" si d'aventure les hommes d'affaires s'avisaient de désobéir.
Pourtant, très récemment, les États-Unis auraient changé d'avis sur le fait de téléphoner. "Nous avons entendu dire que les représentants des États-Unis ont renoncé, on ne sait pourquoi, à l'idée de nous téléphoner … Mais aucune explication n'a été donnée", a déclaré un représentant du conglomérat Hyundai. Ces propos ont été confirmés par Samsung, SK et LG.
Selon les politologues, tout s’est joué lors de la visite récente à Séoul du représentant spécial des États-Unis spécial pour la RPDC Stephen Biegun. En une semaine il n’a pas hésité à venir deux fois en Corée du Sud, et, en outre, lors de sa deuxième visite il a insisté pour que participent à la rencontre avec lui des personnes haut placées dans l'administration du président, et qui sont considérées comme les principaux partisans du développement de la coopération et de la réconciliation avec la RPDC. Après le départ de Biegun les États-Unis ont déclaré aussitôt qu'ils se sont mis d'accord pour créer avec la Corée du Sud un comité commun, qui s'occupera de la coordination de la politique en ce qui concerne la RPDC. Selon des sources internes aux cercles politiques de la Corée du Sud, cette structure réalisera des fonctions de surveillance et de contrôle quant à "le penchant excessif" de Séoul en ce qui concerne l'amitié avec Pyongyang. "Je ne peux pas dire précisément ce qu’a déclaré Biegun mais il a fait savoir que les États-Unis n’approuvent pas l'approche de la Corée du Sud et que Séoul doit modérer son ardeur et soutenir la ligne américaine. Ce nouveau comité s’est vu doter de grandes responsabilités, ce qui a satisfait Washington et garanti que les États-Unis cibleront et contrôleront toutes les actions du Sud concernant le Nord. C’est probablement pourquoi les États-Unis ont décidé qu'ils n'avaient plus de besoin de prévenir les compagnies directement", a expliqué une source sud-coréenne bien placée et voulant rester anonyme. Elle a reconnu aussi que "les coups de téléphone directs "des États-Unis" ont étonné fortement les banquiers locaux et les hommes d'affaires. Toujours selon la même source, "c'est une pratique réellement extraordinaire. Je ne cacherai pas que cela a blessé plusieurs Coréens que Washington tente de leur dire directement ce qu’ils doivent faire". Mais les Etats-Unis estiment visiblement qu’il est temps de passer à une plus pression plus forte.
Article original en russe :
США запугали поехавших в КНДР южнокорейских бизнесменов
Напомним, что в последнее время стали очевидны расхождения в подходах США и Южной Кореи к КНДР. Если Вашингт...
https://rg.ru/2018/11/04/ssha-zapugali-poehavshih-v-kndr-iuzhnokorejskih-biznesmenov.html
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