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30 janvier 2018 2 30 /01 /janvier /2018 18:38

Le 30 janvier 2018, l'UNICEF a tiré la sonnette d'alarme : les sanctions internationales contre la République populaire démocratique de Corée frappent de plein fouet les populations, et ce sont déjà 60 000 enfants pris en charge par ses services qui vont souffrir de malnutrition sévère et qui sont menacés de mort. Quelques jours plus tôt, Philippe Pons, correspondant du quotidien Le Monde à Tokyo, avait souligné qu' "il est un domaine où les sanctions internationales visant la Corée du Nord font sentir leur effet, c’est l’action humanitaire. Difficultés pour obtenir du matériel ou des médicaments bloqués en douanes, transporteurs chinois qui se dérobent pour ne pas être dans le collimateur des autorités, complications pour les transferts des fonds destinés à financer les programmes… Autant de contraintes qui retardent la mise en œuvre de projets et conduisent parfois à leur suspension." Autant de découvertes qui n'en sont pas pour l'AAFC : dès cet automne, nous avions souligné que les sanctions contre la RPDC (les plus sévères jamais mises en place par les Nations unies depuis leur création) étaient à proprement parler criminelles car elles tueraient potentiellement des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants. Les gouvernements occidentaux, qui sont à l'origine de ces sanctions, vont-ils enfin revenir à des sentiments plus humains ?

Les sanctions tuent les enfants

En principe, les opérations humanitaires ne devraient pas relever des sanctions des Nations unies. Sauf qu'en réalité les sanctions contre la RPD de Corée sont tellement draconiennes qu'elles empêchent de facto le travail des organisations internationales et des ONG, comme l'a souligné Omar Abdi, directeur adjoint de l'UNICEF, lors d'une conférence de presse :

Mais ce qui arrive, c'est que les banques, les entreprises qui fournissent les fournitures ou les expédient deviennent évidemment très prudentes. Elles ne veulent pas prendre le risque d'être accusées plus tard d'avoir violé des sanctions.

Ces difficultés de travail des organisations humanitaires sont confirmées par Philippe Pons du Monde, qui a aussi souligné le départ d'ores et déjà de l'une d'entre elles : Save the Children, également active dans la protection de l'enfance. En général, ce sont les conditions mises par les gouvernements au travail des ONG qui entraînent leur départ : cette fois, c'est bien la seule "communauté internationale" - telle qu'elle s'exprime au Conseil de sécurité des Nations unies, et notamment par la voix de ses cinq membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie), qui doit être tenue pour responsable.

Manuel Fontaine, directeur des programmes d'urgence de l'UNICEF dans le monde, a souligné les conséquences humaines qui découlent des sanctions uniquement pour les actions de l'UNICEF :

Nous prévoyons qu'à un moment ou l'autre, durant l'année, 60.000 enfants risquent de souffrir de malnutrition sévère. Une malnutrition qui risque d'entraîner la mort. La carence en protéines et en calories.

En extrapolant, ce sont bien des centaines de milliers de morts que devraient entraîner les sanctions de l'ONU - et ce, pour les seules organisations humanitaires.

Dès octobre 2017, le rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’homme, Tomas Ojea Quintana, avait demandé une évaluation de "l’impact négatif involontaire" des sanctions sur la population. Il avait parfaitement raison, sauf sur un point : peut-on vraiment décemment parler d'impact "involontaire", comme naguère des dommages "collatéraux" dans une expression qui déshumanisait les victimes des guerres occidentales ?

En effet, le comité des sanctions des Nations unies, et les représentants des Etats membres des Nations unies, pouvaient-ils ignorer les conséquences des résolutions du Conseil de sécurité ? L'arme de guerre que constituent bel et bien les sanctions a une longue histoire, et ses conséquences sont parfaitement connues. Il importe, désormais, de cesser d'instrumentaliser les sanctions pour les intérêts de politique étrangère de certains Etats en prenant en otage les populations civiles, en Corée du Nord et partout ailleurs dans le monde.

Sources :

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