Le 3 octobre 2017, Mme Perrine Goulet, députée (LREM) de la majorité, interrogeait le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères en faisant notamment part de son souhait d'un renforcement des relations bilatérales entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Pour la députée, ce renforcement des relations serait de nature à apaiser les tensions en Corée tout en accroissant « la légitimité et le poids de la France dans les négociations [sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne] », négociations dont la France et l'Union européenne sont, pour le moment, totalement absentes. Mais quand Mme Goulet rappelle dans sa question que la plupart des pays européens ont des relations diplomatiques avec la RPDC, le ministère préfère, lui, souligner dans sa réponse que la France partage avec l'Estonie la caractéristique de pas en avoir ni en vouloir, « les conditions [n'étant] toujours pas réunies ». Quelles sont ces conditions? La réponse du ministère ne le dit pas, à la différence de celles apportées au cours des dernières années, notamment aux questions posées par le député Jean-Jacques Candelier. Etaient alors évoqués des motifs aussi divers que les relations intercoréennes, la question nucléaire et les droits de l'homme. Aujourd'hui, le gouvernement français entend suivre une « politique de fermeté » ayant « pour objectif la dénucléarisation de la péninsule coréenne en vue d'empêcher l'escalade et de ramener Pyongyang à la table des négociations » : application des sanctions existantes et soutien à de nouvelles sanctions. Une politique de fermeté qui, comme tout le monde a pu le constater, a démontré son efficacité et continue d'ignorer délibérément un autre grand facteur d'escalade : les exercices militaires des Etats-Unis dirigés contre la Corée du Nord et accompagnés de menaces d'anéantissement.
Question de Mme Perrine Goulet, députée de la Nièvre (La République en Marche), n°1669 publiée au Journal officiel le 3 octobre 2017
Mme Perrine Goulet attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la nécessité d'un renforcement des relations diplomatiques bilatérales avec la République populaire démocratique de Corée. La plupart des pays européens ont renoué des liens diplomatiques avec la Corée du Nord. Certains (Allemagne, Royaume-Uni, Pologne et Bulgarie) y ont même implanté des représentations diplomatiques. Les échanges commerciaux entre la France et la Corée du Nord ont représenté, en 2016, plus de 8,2 millions d'euros. De plus, la France mène deux projets de coopération en Corée du Nord, le premier visant à promouvoir la langue française et le second, d'ordre archéologique, à la recherche et à l'expertise de biens culturels. Le contexte géopolitique actuel, sur fond de tensions très fortes entre la Corée du Nord et les États-Unis en matière de nucléaire militaire, appelle une réponse décisive de la communauté internationale. La France peut prétendre être l'un des acteurs majeurs de ce dialogue pour la paix, en se posant notamment en arbitre de ces tensions. Une politique d'apaisement sur fond de coopération diplomatique et économique avec la Corée du Nord pourrait ainsi accroître la légitimité et le poids de la France dans les négociations. C'est pourquoi elle lui demande les mesures qu'il compte mettre en œuvre afin d'encourager un rapprochement diplomatique entre la France et la République populaire démocratique de Corée.
Réponse du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères publiée au Journal officiel le 14 novembre 2017
La Corée du Nord poursuit le développement de ses programmes nucléaire et balistique en violation répétée des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, la France travaille avec ses partenaires à une mise en œuvre rigoureuse des sanctions actuelles, et soutient l'adoption de nouvelles sanctions, notamment au niveau de l'Union européenne. Cette politique de fermeté a pour objectif la dénucléarisation de la péninsule coréenne en vue d'empêcher l'escalade et de ramener Pyongyang à la table des négociations. Dans ce contexte, la France, qui est, avec l'Estonie, le seul Etat de l'Union européenne qui n'entretient pas de relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée, considère que les conditions ne sont toujours pas réunies pour les établir. Un Bureau de coopération a été ouvert à Pyongyang le 10 octobre 2011. Ses missions sont essentiellement d'ordre humanitaire et culturel. Les échanges commerciaux entre la France et la Corée du Nord sont limités (8,2 M€ en 2016), notamment du fait du régime de sanctions imposé par le Conseil de sécurité des Nations unies. La France est pleinement mobilisée pour répondre à la crise nord-coréenne.
Source : Assemblée nationale
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