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9 août 2014 6 09 /08 /août /2014 14:54

Madame Hyun Jeong-eun, actuelle présidente du groupe sud-Coréen Hyundai, s’est rendue le 4 août 2014 en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour assister à la cérémonie de commémoration donnée en l’honneur de son époux, Chung Mong-hun (décédé en 2003), après en avoir reçu l’autorisation du gouvernement sud-coréen. La RPDC honore chaque année la mémoire de l’ancien président de Hyundai Asan, continuateur de l’œuvre de rapprochement entreprise par son père Chung Ju-yung.

La présidente du groupe sud-coréen Hyundai en visite en RPDC

De tous les chaebols (conglomérats) sud-coréens, le groupe Hyundai fondé en 1947 par Chung Ju-yung est indubitablement celui qui a le plus pris à cœur la division de la nation coréenne et a inlassablement travaillé à améliorer les relations entre les deux Corée. Le président Chung Ju-yung, lui-même originaire d’un village de la province du Kwangon du Nord, a personnellement pris part à cet engagement transcendant les divergences politiques : en 1998, à l’âge de 82 ans, il traverse la frontière accompagné de 500 « vaches de l’unification », en cadeau au peuple nord-coréen pour rembourser la dette qu’il avait contracté en vendant la vache familiale pour permettre son installation à Séoul. Ce geste a amplement contribué à la renommée de Chung et à l’implantation du groupe précurseur Hyundai au Nord, au travers de la filiale Asan. Cette dernière gère toutes les activités du groupe en RPDC, notamment le circuit touristique des monts Kumgang jusqu’à sa fermeture en 2008 après la mort d’une touriste sud-coréenne. La mort du fondateur en 2001 a entrainé la division du chaebol en plusieurs entreprises indépendantes. Le groupe s’est ensuite recomposé mais l’organisation diffère aujourd’hui de celle qui prévalait durant la présidence du fondateur.

 

Chung Ju-yung a partagé la présidence du groupe avec son cinquième fils Chung Mong-hun en 1997. Cependant, des rivalités familiales avec le frère aîné, Chung Mong-koo, entrainent des complications dans la gestion des affaires et une chute importante de popularité dans l’opinion sud-coréenne pour le groupe qui souffre déjà de dettes importantes. En 2000, Kim Jae-soo - vice-président et président de l’unité de restructuration du groupe - lit une lettre du fondateur dans laquelle celui-ci annonce sa démission de toutes les fonctions managériales ainsi que celles de ses fils pour mettre fin aux pressions médiatiques, gouvernementales et de l’opinion publique. Chung Mong-koo se refuse à abandonner la présidence de Hyundai Motors Co. et Kia Motors Corp mais Chung Mong-hun accepte de bonne grâce, ne conservant la tête de la filiale nord-coréenne Hyundai-Asan que sur décision expresse de son père.

 

En juin 2003, un choc financier puissant ébranle la filiale : celle-ci est suspectée d’avoir trempé dans le scandale nommé « de l’argent pour le sommet », la société étant accusée d'avoir servi d’écran au gouvernement sud-coréen pour verser d’importantes sommes d’argent pour permettre le sommet intercoréen historique de juin 2000. Risquant trois ans de prison et pour avoir été contraint de témoigner dans cette affaire, Chung Mong-hun s’est suicidé en se défenestrant.

 

Président de Hyundai Asan, Chung Mong-hun a développé le commerce Nord-Sud mais aussi les retrouvailles entre familles séparées, organisées dans les locaux des monts Kumgang. Les autorités nord-coréennes ont convié l’année dernière sa veuve, Mme Hyun Jeong-eun - devenue PDG du groupe Hyundai et présidente de Hyundai Asan - et des représentants du groupe pour commémorer les dix ans de la mort de Chung. L’invitation ayant été renouvelée cette année, elle a obtenu le 31 juillet 2014 la permission de se rendre en RPDC pour y participer, avec 22 membres du groupe, à une cérémonie de commémoration le 4 août. Outre la cérémonie, la délégation sud-coréenne devait visiter les bâtiments lui appartenant aux monts Kumgang, le circuit touristique étant toujours à l’arrêt en raison de l’incident de 2008.

 

Ce voyage laisse espérer un regain d’effort pour relancer la coopération et les échanges économiques entre les deux parties de la péninsule mais les autorités sud-coréennes ont demandé aux médias de ne pas faire preuve d’un optimiste démesuré. La présidente Hyun n’a pas prévu de rencontrer d’officiels nord-coréens cette fois alors qu’elle avait rencontré le dirigeant Kim Jong-il lors d’un séjour à Pyongyang en 2009. S’il a annoncé qu’il n’allait pas transmettre de message à la RPDC par l’intermédiaire de la présidente de Hyundai, le gouvernement sud-coréen a cependant fait preuve de bonne volonté en autorisant ce voyage, laissant présager une amélioration des relations intercoréennes alors que les rituels exercices conjoints entre Etats-Unis et Corée du Sud, simulant une attaque contre RPDC, se poursuivent.

 

Sources :

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