Il y a 51 ans, le 25 août 1960, commençait la direction de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) par Kim Jong-il suivant les principes de la politique de Songun. La politique de Songun, qui donne la priorité aux affaires militaires, apparaît comme une réponse adaptée à la situation de la Corée, depuis la lutte de libération nationale contre le Japon jusqu'à l'époque contemporaine : en l'absence de traité de paix avec les Etats-Unis depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, la RPDC a développé ses propres capacités militaires pour faire face à un contexte toujours tendu.
Le dirigeant Kim jong-il visitant le commandement de la Marine de l'Armée populaire de Corée,
le 25 juillet 2011, jour anniversaire de l'armistice de la guerre de Corée (source : KCNA).
Le 25 août 1960, le dirigeant Kim Jong-il inspectait la 105ème division de chars Ryu Kyong Su Séoul qui, pour sa participation aux combats de la guerre de Corée lors desquels elle avait pris Séoul seulement trois jours après le déclenchement du conflit, avait été lauréate du titre Kunwi de l'Armée populaire de Corée. En RPDC, la date du 25 août 1960 marque ainsi le commencement de la direction de la révolution par Kim Jong-il fondée sur l'idée de Songun.
Comme le précise le site officiel de la RPDC Naenara, "la politique de Songun est un mode politique qui fait des affaires militaires les tâches prioritaires de l’Etat et permet de défendre la patrie, la révolution et le socialisme et de pousser avec force l’édification socialiste dans son ensemble en s’appuyant sur la nature révolutionnaire et la combativité de l’Armée populaire". La politique de Songun a donc pour principe l'union des forces civiles et militaires dans la conduite de la révolution socialiste. L'armée est issue du peuple, elle représente et défend le peuple, le Parti et le socialisme.
La lutte d'indépendance nationale de la Corée menée par le Président Kim Il-sung, les combats de la guerre de Corée puis le rôle de l'Armée populaire de Corée dans la reconstruction du pays et, aujourd'hui "l'édification d'un pays puissant et prospère", témoignent qu'en Corée "la révolution est impulsée et parachevée par le fusil" selon le site Naenara.
La politique de Songun a d'abord été éprouvée par les combats de la lutte de libération nationale.
Kim Hyong-jik a légué deux pistolets à son fils aîné, le futur président Kim Il-sung, qui s'est engagé dans la résistance antijaponaise en fondant en 1926 l'Union pour abattre l'impérialisme. Lors de la conférence de Kalun en 1930, il a défini la lutte armée comme le principe fondamental pour libérer la Corée de l'occupation japonaise : l'Armée populaire de Corée est fondée le 25 avril 1932 et les gouvernements populaires révolutionnaires, dans les régions libérées par l'armée de guérilla, ont été les précurseurs des réformes conduites dans le Nord de la Corée après la libération en 1945.
Après la fondation de la République populaire démocratique de Corée en 1948, soldats, ouvriers et paysans ont tenu tête pendant trois ans, de 1950 à 1953, aux troupes des Nations-Unies sous commandement américain.
La reconstruction du pays après 1953, l'industrialisation et la modernisation accélérées des années d'après-guerre et aujourd'hui l'objectif de bâtir un pays puissant et prospère à l'horizon 2012 ont conféré une place déterminante à l'Armée populaire de Corée. Celle-ci participe non seulement aux tâches de défense nationale mais également aux travaux de modernisation du pays, comme la réalisation du barrage-écluse de la mer de l'Ouest.
Après 1995, le dirigeant Kim Jong-il a mis l'accent sur le développement de la politique de Songun, dans le prolongement des idées du Juche développées par le Président Kim Il-sung.
Les idées du Juche développées par le Président Kim Il-sung ont souligné, notamment, l'importance de disposer de capacités suffisantes d'autodéfense comme garantie de l'indépendance militaire et fondement de la souveraineté nationale. Refusant la présence de troupes soviétiques sur son territoire, constatant lors de la crise des fusées de Cuba que son allié soviétique pourrait ne pas garantir sa défense en cas de conflit avec les Etats-Unis, la République populaire démocratique de Corée s'est dotée d'une puissance militaire destinée à prévenir toute agression par une puissance étrangère. La constitution d'une force nucléaire d'autodéfense, basée sur le principe de dissuasion du faible au fort, qui fonde aussi la doctrine nucléaire française définie par le général de Gaulle, s'est ainsi accélérée après l'attaque américaine contre l'Irak en 2003.
Sources :
- définition de la politique de Songun sur le site Naenara ;
- "La première trace au nom de Songun", sur le site La Voix de la Corée ;
- "Les principes de la révolution de Songun", sur le site Naenara ;