Ministre déléguée chargée des PME et de l'économie numérique dans le premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault du Président François Hollande, Fleur Pellerin est la nouvelle égérie des médias sud-coréens : née dans le Sud de la péninsule en 1974, adoptée à Séoul par une famille française à l'âge de six mois, elle est la première ministre française d'origine coréenne. Son parcours est représentatif de l'ascension sociale en France de représentants des minorités visibles, et apparaît en contrepoint de la très conservatrice société sud-coréenne où l'élection d'une députée d'origine étrangère a soulevé une tempête de réactions racistes dans un pays où la conception de la nationalité est fondée sur le droit du sang.
A seulement 38 ans, Fleur Pellerin est passée très vite du statut de haut fonctionnaire - conseillère référendaire à la Cour des comptes, elle est ancienne diplômée de l'Ecole nationale d'administration (ENA) - à celui de femme politique, en ayant été nommée Ministre déléguée chargée des PME et de l'économie numérique dans le premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
Pour les Coréens, qui l'appellent volontiers de son nom coréen Kim Jong-suk, elle est déjà - et avant tout - la première ministre française d'origine coréenne, étant née à Séoul où, abandonnée, elle a été adoptée par des parents français à l'âge de six mois. Si ses liens culturels avec la Corée sont ténus (bien qu'elle cultive une élégance toute coréenne) - elle n'est jamais retournée dans son pays natal, mais elle s'est engagée à le faire à présent d'autant plus que son champ de compétences correspond aux points forts de la Corée du Sud - Fleur Pellerin a été présidente (de 2010 à 2011) du "Club XXIe siècle", dont elle est toujours membre du bureau, cercle réunissant l'élite des minorités visibles dont la vocation est de promouvoir la diversité. Comme elle l'a déclaré à l'AFP, elle ne se "perçoit pas comme asiatique" et elle se défend de correspondre aux labels "femme", "jeune", "diversité", tout en reconnaissant que "cocher" toutes ces cases a accru ses "chances de faire partie de l'équipe" gouvernementale.
Si les médias sud-coréens insistent sur une enfance difficile, son parcours social est plus complexe, les parents adoptifs d'enfants coréens appartenant presque toujours à des familles aisées. Si son père entrepreneur et sa mère, sans profession, ont vécu un temps en HLM à Montreuil, ils se sont ensuite établis à Versailles. Comme l'écrasante majorité des élèves de l'Essec, de Sciences Po et de l'ENA, elle est issue des classes moyennes supérieures et fortunées.
Membre des équipes de campagne présidentielles socialistes, dès 2002 et à nouveau en 2007 et 2012, elle cultive des compétences techniques avant de jouer la carte de la diversité pour entrer en politique, après avoir reçu une formation de technocrate. Elle est d'ailleurs remariée à un conseiller d'Etat, lui aussi ancien élève de l'ENA et membre de cabinets ministériels, Laurent Olléon. L'exception de Fleur Pellerin n'est pas tant que des fonctionnaires brillants entrent en politique - François Hollande et Jacques Chirac en sont des exemples - mais plutôt que son ascension soit aussi rapide, sans qu'elle n'ait été élue députée auparavant. Elle a d'ailleurs dit vouloir se consacrer pleinement à ses fonctions ministérielles, plutôt que de briguer un siège de député dans une des circonscriptions faciles à gagner qui lui avaient été proposées.
Sources : AAFC, Le Parisien, voila.fr.
commenter cet article …