Au cours de la visite effectuée par le président sud-coréen Lee Myung-bak à Moscou du 28 au 30 septembre 2008, la compagnie d'Etat sud-coréenne Korea Gas a signé un accord préliminaire avec Gazprom, la plus grande société gazière de Russie, pour l'importation de gaz russe. La route pour l'acheminement de ce gaz reste néanmoins à déterminer. La solution la plus économique serait de faire passer un gazoduc par le territoire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
A partir de 2015, et pendant trente ans, la Corée du Sud prévoit d'importer 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel (valeur : 90 milliards de dollars) à partir de la Russie. Afin de réduire le coût de ses importations, qui pour l'essentiel arrivent par la mer, la Corée du Sud veut faire venir ce gaz en passant par le nord de la péninsule coréenne.
Le président-directeur général de Gazprom, Alexei Miller, a déclaré que, à l'issue d'une rencontre entre les présidents russe Medvedev et sud-coréen Lee Myung-bak, le 29 septembre 2008 à Moscou, les deux parties avaient convenu de "commencer à travailler sur la route à emprunter pour les livraisons de gaz destinées à la Corée du Sud" et que "ce travail consistera essentiellement à poser les principes de base de livraisons à long terme."
Les routes du pétrole et du gaz russes (source : Philippe Rekacewicz, Cartographier le présent, 2007)
"Transporter du gaz à travers le territoire nord-coréen peut représenter un risque pour la Corée du Sud", avertit Kim Jin-woo, chercheur au Korea Energy Economics Institute, basé à Séoul. "Mais ce projet contribuera aussi à apaiser les tensions dans la péninsule coréenne si la Russie parvient à persuader la Corée du Nord" d'accepter ce plan.
Un tel gazoduc pourrait rapporter jusqu'à 100 millions de dollars par an à la République populaire démocratique de Corée, selon une estimation du ministère sud-coréen de l'Economie de la connaissance.
D'une manière plus large, les présidents Medvedev et Lee ont déclaré vouloir mettre en oeuvre des projets de coopération économique impliquant les deux Corée et la Russie, à l'instar de la connexion du chemin de fer transcoréen avec le chemin de fer transsibérien, permise par la réhabilitation de la liaison entre le port nord-coréen de Rajin et la ville russe de Khasan.
Pour l'AAFC, de tels engagements de la part de la Russie et de la Corée du Sud, à cet instant précis, révèlent au moins deux évolutions importantes :
- après la crise du mois d'août dans le Caucase, et les tensions avec l'Europe occidentale qui ont suivi, la Russie comptera de plus en plus sur l'Asie orientale, et donc sur la péninsule coréenne, pour trouver des débouchés à ses ressources naturelles ;
- le blocage actuel des négociations à six sur le programme nucléaire nord-coréen affecte peu les projets de coopération économique intercoréens à moyen et long terme. Une délégation de l'AAFC a d'ailleurs pu le constater elle-même en visitant la zone industrielle intercoréenne de Kaesong au mois de septembre. Il est utile de rappeler que le blocage des négociations est dû au non-respect de leurs engagements par les Etats-Unis et à leurs exigences exorbitantes non comprises dans l'accord initial.
(sources : Bloomberg, Choson Ilbo )
commenter cet article …