Après son élection à la présidence de la République en Corée du Sud le 19 décembre 2007, le conservateur Lee Myung-bak s'était fait fort de modifier les relations intercoréennes en adoptant une ligne de plus grande fermeté vis-à-vis du Nord. Six mois plus tard, l'impasse dans les relations intercoréennes a amené Séoul à changer de ton.
Une politique de concessions sans contreparties : c'est en ces termes peu amènes que le Sud- Coréen Lee Myung-bak, avant son élection à la présidence de la République, critiquait la politique du rayon de soleil, de coopération avec le Nord, de ses prédécesseurs centristes Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun.
Moins de six mois plus tard, le dialogue intercoréen est rompu au niveau intergouvernemental, sans aucune concession de Pyongyang vis-à-vis du Sud. Du coup, le pouvoir sud-coréen multiplie les volte-faces : après avoir fait part de sa volonté de conditionner la poursuite de la politique de coopération intercoréenne à des progrès dans d'autres domaines, notamment sur le dossier nucléaire, le ministre de la réunification Kim Ha-joong a annoncé, mercredi 5 juin 2008, l'intention de livrer 50.000 tonnes de céréales au Nord sans demande de Pyongyang. Auparavant, l'administration Lee Myung-bak avait répété urbi et orbi attendre une telle demande de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), confrontée à des risques de pénurie alimentaire sévères après les inondations catastrophiques de l'été 2007.
Sans doute ce geste de Séoul pour rétablir le dialogue intercoréen serait-il plus efficace s'il était relativisé, et resitué dans la tradition historique de coopération intercoréenne face aux catastrophes affectant l'ensemble de la nation coréenne. D'une part, les volumes proposés sont dix fois inférieurs à ceux fournis par les précédents gouvernements sud-coréens. D'autre part, la Corée du Nord avait approvisionné sa voisine du Sud en électricité après la guerre de Corée, ou offert une aide de 12 millions de dollars aux victimes des inondations en Corée du Sud en 1984, mais ces éléments de contexte historique semblent systématiquement oubliés.
Lee Myung-bak s'est également félicité des progrès dans le dialogue international sur le nucléaire nord-coréen, et formulé des demandes pour des progrès sur les échanges de prisonniers de guerre restés au Nord après 1953 ainsi que sur la restitution des corps des soldats tombés de l'autre côté du 53ème parallèle. Encore faudrait-il que, à présent, Séoul honore ses engagements de livraison d'énergie prévus par l'accord de Pékin du 13 février 2007.
Le changement de ton à Séoul ne semble par ailleurs pas étranger à la chute, à 20%, de la cote de popularité de Lee Myung-bak. En 1972, le général Park Chung-hee avait déjà opéré une volte-face dans les relations intercoréennes pour remédier à une impopularité record. Ayant subi des revers lors d'élections locales, confronté aux plus importantes manifestations en Corée depuis de nombreuses années, suite à la décision de réouverture du marché sud-coréen aux importations de boeuf américain. L'administration Lee Myung-bak a souhaité exclure les animaux âgés de plus de 30 mois du champ des importations américaines. Mais sans pouvoir de formuler autre chose que des voeux vis-à-vis de Washington, alors que les protestations continuent. (sources : International Herald Tribune, Korea Times, AAFC)
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