Alors que les Etats-Unis font pression sur la Chine et la Russie pour l'adoption d'une résolution par le Conseil de sécurité des Nations unies qui aurait des conséquences catastrophiques sur la vie des populations, un article de Iouri Selivanov pour l'agence russe News Front (intitulé "La politique d'apaisement avec l'agresseur, c'est la voie directe vers une nouvelle guerre"), publié le 5 août 2017, soulignait le danger pour la Russie de céder face aux exigences américaines. Nous publions ci-après une traduction du russe (par YB) de cet article, qui reflète également les réticences de l'opinion publique russe vis-à-vis de la politique américaine en Corée - alors que le président Vladimir Poutine a exprimé publiquement son refus de nouvelles sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
Ce graphique, intitulé "Un embargo sur le pétrole nord-coréen rajouterait de l'huile sur le feu", montre que la Chine est le principal exportateur de pétrole vers la Corée du Nord (source : "The Korea Herald", http://www.koreaherald.com/view.php?ud=20170910000225)
La politique d’apaisement avec l’agresseur c’est la voie directe vers une nouvelle guerre
Une certaine « source dans le conseil de sécurité de l'ONU », dont l’opinion a été instantanément reprise par la partie politiquement correcte de la presse russe, a communiqué à l'agence Reuter qu'il y a « une haute assurance » à ce que Moscou et Pékin votent pour de nouvelles sanctions contre Pyongyang.
Le caractère provocateur et spéculatif de cette « information », qui est évidemment dirigée vers la création de motivations psychologiques supplémentaires pour Moscou et Pékin à ne pas s'opposer à « l'opinion publique mondiale », déjà formée par la machine médiatique occidentale, est tout à fait évident.
J'espère sincèrement que cette provocation médiatique ne correspond pas du tout à la réalité. Premièrement parce que proposée par un pays "impartial", comme les États-Unis la nouvelle résolution proposée au conseil de sécurité de l’ONU concernant la RPDC n’est rien d’autre qu’un plan d’asphyxie économique complète de cet État. il suffit de mentionner le point qui interdit aux ports de tous les pays du monde l’accès de tout navire sous pavillon de la RPDC ! Ce qui est équivaut au blocus commercial complet de ce pays, le tout appuyé par les marines militaires.
Deuxièmement, il serait extrêmement peu pratique, en tout cas pour Moscou, de soutenir une telle résolution juste après que les autorités américaines ont introduit de nouvelles sanctions économiques draconiennes contre la Russie. Et en outre ils ont fait cela dans un paquet commun concernant aussi la RPDC et l’Iran. Le soutien dans de telles conditions du blocus américain de la Corée du Nord serait équivalent au signal de divergences profondes entre des adversaires les plus rigides des États-Unis les obligeant à s’étouffer entre eux dans les conditions d’une menace commune américaine.
Un tel soutien naturellement, pourrait inspirer aux Américains de nouveaux "exploits" agressifs. En réalité, maintenant à l'exemple de la Corée du Nord le système sera rodé et on approuvera la stratégie américaine de l'isolement international complet d’un autre pays avec son asphyxie économique et sa soumission militaire et politique.
Et si Washington réussi cette manoeuvre avec Pyongyang il tentera de l'appliquer de nouveau. Y compris par rapport à la Russie. Et même, probablement, par rapport à elle, en prenant en considération le degré élevé de la tension dans ses relations avec les États-Unis.
Dans tous les cas l'acceptation d'une telle résolution clairement agressive en ce qui concerne la RPDC est absolument impossible sans le soutien de la Fédération de Russie et de la République Populaire de Chine, devenant une grande victoire géopolitique des États-Unis et une puissante motivation pour l'accroissement ultérieur des appétits globaux de ce pays et de ses ambitions militaristes.
Si nous voulons obtenir un tel résultat, alors il faut absolument voter pour cette résolution au conseil de sécurité de l'ONU !
Mais il est peu probable que nous voulions cela. Parce que nous comprenons parfaitement à quoi cela ressemble. Ceci ramène tristement à la mémoire « la politique d’apaisement » des puissances occidentales, qui dans les années 30, cédaient l'Europe par morceaux à Hitler à la mesure de l'accroissement de ses appétits. Notamment la politique de non résistance de l’occident, même liée à ses propres intérêts géopolitiques, a amené à ce que l'Allemagne nazie a perdu définitivement toute mesure et s'est assurée de son invincibilité. Et finalement le monde est tombé dans la deuxième Guerre mondiale.
La même chose peut se passer aujourd'hui. Sûr de lui jusqu'à perdre toute conscience de la réalité, le monstre géopolitique s’enflera de la conscience de sa grandeur personnelle au fur et à mesure qu'on lui jettera de nouvelles proies, et son appétit grandira.
On peut certes amener un tas "d'arguments" au profit de la nécessité d’une certaine « flexibilité tactique » en vue de trouver des décisions mutuellement acceptables. D'autant plus qu'en faveur d'une telle "flexibilité" travaillent des intérêts commerciaux considérables, y compris ceux des élites russes. Mais je crains qu'à l'étape actuelle ce soit déjà des illusions mal fondées.
De façon évidente n'importe quelles concessions ultérieures à l'Occident seront perçues par celui-ci que comme une manifestation de faiblesse de ses adversaires, comme leur non préparation à une opposition ferme et, par conséquent, comme une invitation à l'intensification ultérieure de ses prétentions et de la pression en vue de l'extorsion de plus larges concessions. Et ainsi à l'infini. Et en effet pourquoi l’Occident changerait-il de tactique, s'il est persuadé qu'elle fonctionne ?
Il y a de plus en plus de signes permettant une telle interprétation de la position occidentale dans le monde. Et cela se manifeste le plus clairement dans les lieux périphériques, où les roquets locaux ont constamment le nez en l’air, saisissent les moindres changements dans l'humeur de leur maître et commencent de plus en plus à aboyer sur ses adversaires.
Un exemple typique, une sorte de girouette géopolitique est constituée par la Roumanie proaméricaine. Ces derniers temps, elle devient chaque jour de plus en plus insolente par rapport à la Russie. Auparavant les Roumains, même en rêve, n’auraient pu imaginer ce qu'ils font aujourd'hui en plein jour. L'interception de l'avion avec une délégation russe gouvernementale à bord est un fait extraordinaire dans les relations entre Moscou et Bucarest. Mais comme si cela ne suffisait pas, le jour suivant le gouvernement de la Moldavie, qui danse sur la partition de Bucarest, a déclaré "persona non grata" le vice-premier ministre de la Fédération de Russie Dimitri Rogozine, représentant russe pour la Transnistrie. Et, ainsi, on a fait dérailler les négociations et tout le processus de paix sur les bords du Dniestr !
Que tout soit dirigé entièrement de Bucarest, est confirmé par les demandes récentes du Ministre des Affaires étrangères Melechkanu, qui sur un ton extrêmement impertinent a conseillé au représentant autorisé russe pour les pourparlers de la paix sur la Transnistrie d’ «exprimer ses points de vue à Moscou ou quelque part ailleurs», mais non en Moldavie. Ainsi que le ministre roumain le dise d'une façon directe et sans la moindre réserve diplomatique et commande la politique d’un autre État, la Moldavie, en lui indiquant qui on peut admettre chez lui, et qui on ne peut pas, est, premièrement, une indication singulièrement claire qu'à Bucarest on a effacé depuis longtemps la Moldavie de la carte politique, comme État indépendant. Et deuxièmement, avec un tel degré d'audace et d’assurance, le fait que les Roumains ne font que le retransmettre directement des bords de la rivière de Potomak.
C’est seulement un cas, mais très typique de la conduite d’un roquet géopolitique des États-Unis, qui, par son degré extrême d’excitation révèle l'état d'esprit agressif de son maître transocéanique. Et de tels cas aujourd'hui il y en a quantité. Montrer de la faiblesse face à une telle meute c’est la dernière chose à faire. C’est le pire modèle de conduite. Parce qu'il suffit que cette meute sente chez l’autre la peur ou l'indécision, et c’est la fin. Elle se jettera sur vous sans cérémonie. En tout cas je ne donnerai pas un sou de l’intégrité de vos pantalons et de l’inviolabilité de votre derrière.
Iouri Selivanov, spécialement pour News Front
Article original en russe :
Когда "борзометр" зашкаливает. Юрий Селиванов
Некий "источник в совете безопасности ООН", мнение которого было моментально растиражировано политкоррект...
https://news-front.info/2017/08/05/yurij-selivanov-kogda-borzometr-zashkalivaet/
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