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21 décembre 2014 7 21 /12 /décembre /2014 00:01

Après la vaste opération de piratage qui a touché l'entreprise Sony Pictures, et qui l'a conduite à déprogrammer la sortie en salles (prévue pour Noël) du film The Interview, racontant un complot de la CIA pour assassiner le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, les Etats-Unis, par la voix du Président Barack Obama, ont accusé le 19 décembre 2014 la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) d'être à l'origine d'un des piratages les plus spectaculaires de l'histoire américaine (le manque à gagner a été estimé à un demi-milliard de dollars par Sony), et qui  selon eux a mis en danger la sécurité nationale. Dès le lendemain, le ministère des Affaires étrangères de la RPD de Corée a répondu que Pyongyang "sans aller jusqu'à recourir à la torture comme l'a fait la CIA américaine, a les moyens de prouver qu'il n'a rien à voir avec cet incident". Les autorités nord-coréennes ont ajouté que les Etats-Unis devaient apporter des preuves à l'appui de leurs graves accusations, et qu'elles étaient prêtes à participer à une enquête conjointe - ce qu'a immédiatement rejeté Washington - faute de quoi les Etats-Unis s'exposeraient à "de graves conséquences". L'"affaire Sony" illustre une nouvelle fois la puissance de l'antagonisme entre la RPD de Corée et les Etats-Unis, ces derniers ayant menacé de répliquer contre Pyongyang tout en précisant qu'ils ne dévoileraient pas les méthodes qu'ils emploieraient : pour la superpuissance américaine, dans la cyberguerre, tous les coups semblent bel et bien permis.

La Corée du Nord (à gauche, le Maréchal Kim Jong-un) dément. Les Etats-Unis (à droite, le Président Barack Obama) menacent de riposter. Dans le domaine de l'informatique militaire (et notamment du piratage), les deux pays figurent parmi les cinq acteurs les plus puissants au monde.La Corée du Nord (à gauche, le Maréchal Kim Jong-un) dément. Les Etats-Unis (à droite, le Président Barack Obama) menacent de riposter. Dans le domaine de l'informatique militaire (et notamment du piratage), les deux pays figurent parmi les cinq acteurs les plus puissants au monde.

La Corée du Nord (à gauche, le Maréchal Kim Jong-un) dément. Les Etats-Unis (à droite, le Président Barack Obama) menacent de riposter. Dans le domaine de l'informatique militaire (et notamment du piratage), les deux pays figurent parmi les cinq acteurs les plus puissants au monde.

Mais que sait-on au juste des pirates (hackers) de Sony Pictures ? Se faisant appeler "les gardiens de la paix", s'exprimant dans un anglais qui n'est pas leur langue maternelle, ils dénoncent non seulement la menace que représente selon eux le film The Interview pour la paix régionale, mais aussi la cupidité du groupe américain qui avait bénéficié d'une exceptionnelle couverture médiatique - promesse de juteuses rentrées d'argent par la vente des places - grâce à la polémique née (et recherchée) autour du film. Dans d'autres messages, les pirates réclament une rançon... ce qui est le principe historique même de la piraterie. Ils sont en tout état de cause organisés et professionnels, et auraient pu opérer depuis un hôtel de luxe en Thaïlande ou encore depuis un serveur basé en Bolivie.

La piste nord-coréenne, selon le FBI, se fonde donc essentiellement sur le mobile des hackers, faute de preuves matérielles - les similitudes, selon Séoul, avec des attaques passées contre des entreprises et des institutions sud-coréennes restant à étayer. Au demeurant, la Corée du Nord avait elle aussi subi, notamment en 2013, des attaques informatiques sophistiquées de grande ampleur revendiquées par des groupes d'"Anonymous", où d'aucuns auraient pu aussi voir la main de Washington ou de Séoul... En matière de cyberguerre nul ne doit être naïf, et quand Barack Obama a promis des représailles dont il a refusé de préciser la forme, il s'est délibérement placé sur un terrain qui n'est en aucune façon juridique : se faire justice soi-même ne relève d'aucun système de droit accepté et reconnu.

Au demeurant, les Nord-Coréens ne sont pas les seuls à avoir des griefs contre le film The Interview. En Chine, le Quotidien du peuple, organe officiel du Parti communiste, a mis en cause ce qu'il a dénoncé comme l'arrogance culturelle américaine en estimant que les Etats-Unis avaient eu tort de mettre en scène la mort du dirigeant nord-coréen suite à un complot de  la CIA - prouvant ainsi, si besoin était, que ce serait une erreur de considérer que les normes culturelles occidentales seraient (forcément) universelles. La compréhension du monde actuel, pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent réellement avancer vers un ordre international plus juste et plus pacifique, exige de savoir sortir des ornières de l'occidentalo-centrisme.

Sources :  

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