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7 mai 2018 1 07 /05 /mai /2018 19:55

La dénucléarisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) devrait être le principal thème du sommet entre les Présidents Kim Jong-un et Donald Trump, prévu en mai ou juin. A cet égard, entre les positions de la déclaration de Panmunjom adoptée lors du sommet intercoréen du 27 avril 2018 et les attentes américaines, un certain nombre de questions restent en suspens - comme le rappelle le fait que les termes de "dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible" (correspondant à la position de Washington) ne figureront pas dans le communiqué devant être publié ce 9 mai 2018, à l'issue du sommet entre la République de Corée (Corée du Sud), la République populaire de Chine et le Japon. 

Le site nucléaire du village (ri) de Punggye, en Corée du Nord

Le site nucléaire du village (ri) de Punggye, en Corée du Nord

Affirmée à trois reprises au paragraphe 4 de la déclaration de Panmunjom, la "dénucléarisation complète" de la péninsule coréenne est présentée comme un "objectif" à atteindre : 

Le Nord et le Sud ont confirmé l’objectif commun d’aboutir à une péninsule coréenne sans armes nucléaire grâce à une dénucléarisation complète.

On notera que, corollairement à la dénucléarisation à terme (il s'agit d'un "objectif") de la RPDC, le but poursuivi est que toute la péninsule coréenne - donc y compris le Sud, aujourd'hui sous le "parapluie" nucléaire américain - devienne une zone exempte d'armes nucléaires.

De leur côté, les autorités américaines précisent que la dénucléarisation doit non seulement être "complète", mais également "vérifiable" et "irréversible". 

Actuellement, et en amont du sommet intercoréen, la RPD de Corée a suspendu ses essais nucléaires (après en avoir mené six, entre octobre 2006 et septembre 2017), mais n'a pas (encore) pris l'engagement de ne plus en mener - alors que la fin des essais nucléaires nord-coréens devrait aller de pair avec son adhésion au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), dont les inspecteurs seraient ainsi en mesure de vérifier les engagements de Pyongyang. En particulier, dans le cadre du TICEN sont mis en place des détecteurs sismiques et acoustiques d'essais nucléaires.

La fin des essais ne signifie pas non plus la fin des programmes nucléaires. Enfin, la dénucléarisation ne deviendra effective qu'à l'issue d'une troisième étape : après la fin des essais nucléaires puis des programmes nucléaires, le démantèlement de l'arsenal nucléaire (le nombre d'ogives nucléaires détenues par la RPD de Corée étant par ailleurs inconnu).

Dans une manifestation supplémentaire de bonne volonté, les autorités nord-coréennes ont également annoncé la fermeture du site d'essais nucléaires de Punggye - qui, contrairement à des informations erronées diffusées dans plusieurs médias - est dans un état qui le rend aujourd'hui parfaitement utilisable, comme l'ont montré les experts du site 38 North, aujourd'hui le site public le mieux informé sur les questions militaires liées à la Corée du Nord. Toujours sur le site 38 North, pour passer d'abord de la phase de la suspension à celle de l'arrêt des essais nucléaires, Jon Wolfsthal souligne l'utilité de combiner les engagements de dénucléarisation de la RPDC avec son adhésion au TICEN, ainsi que la nécessité que la fermeture du site de Punggye fasse l'objectif de vérifications par les équipes d'inspection du TICEN, qui devront également pouvoir accéder à d'autres sites.

Le chemin sera donc long vers la dénucléarisation "complète, vérifiable et irréversible" de la Corée du Nord, dont il est difficile d'envisager qu'elle avance sur cette voie sans bénéficier de contreparties tout au long du processus (conformément au principe "action pour action", qui a rendu possible les précédentes phases de négociations sur le nucléaire nord-coréen). Si officiellement l'administration américaine - notamment par la voix du "faucon" John Bolton, conseiller à la sécurité nationale du Président Donald Trump - exclut tout geste des Etats-Unis avant la phase de démantèlement des armes nucléaires, le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, qui a rencontré le Président Kim Jong-un, évite ostensiblement d'adopter publiquement une position aussi maximaliste, conscient qu'aucun pays au monde n'a jamais désarmé de son plein gré, unilatéralement et sans contreparties. Tôt ou tard, les préoccupations légitimes de sécurité de la RPD de Corée et un calendrier de levée des sanctions devront être mis sur la table des négociations, si l'on veut que celles-ci aboutissent.

Sources : 

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