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7 novembre 2015 6 07 /11 /novembre /2015 23:06

Alors que François Hollande a visité la République de Corée (Corée du Sud) en vantant l'engagement de Séoul dans la lutte contre le changement climatique à l'approche de la conférence Paris Climat 2015 (COP21), l'écart est réel entre le discours des autorités sud-coréennes et leur engagement réel. "Des objectifs en trompe-l'oeil" pour Lina Sankari dans L'Humanité, "un double langage" pour Simon Roger et Philippe Mesmer du Monde : si la Corée du Sud joue effectivement un rôle d'intermédiaire entre les pays industrialisés et les pays en développement dans les négociations internationales sur le climat (jusqu'à abriter le Fonds vert qui draine les flux financiers Nord-Sud dans la lutte contre le changement climatique), et si l'économiste sud-coréen Lee Hoesung a effectivement été élu le 6 octobre 2015 président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), en réalité la République de Corée - sous la pression des industriels - tente vaille que vaille de limiter sa contribution à la lutte contre le changement climatique, alors même que son niveau de développement est désormais comparable à celui des pays industrialisés d'Europe occidentale.  

La centrale nucléaire sud-coréenne de Shin Kori

La centrale nucléaire sud-coréenne de Shin Kori

Alors qu'un des objectifs de la "COP21", le 2 décembre 2015, est de parvenir à un accord pour limiter le réchauffement climatique à 2°C, la République de Corée peut difficilement apparaître comme un bon élève, prenant des engagements à la hauteur du haut niveau de développement industriel qu'elle a atteint : elle est le onzième consommateur mondial d’énergie, le septième émetteur de gaz carbonique et le quatrième importateur mondial de charbon (après la Chine, l’Inde et le Japon). Pis, après avoir été un des pays les plus engagés dans la production d'életricité nucléaire, elle fait désormais à nouveau le choix du charbon, très polluant : la consommation de charbon a augmenté de 54 % entre 2005 et 2014.

Face à ces données de départ peu flatteuses, quels efforts sont promis ? Sous la pression notamment des Etats-Unis, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a annoncé, en juin 2015, qu'elle entendait réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 37 % d’ici à 2030 en activités constantes. Mais un tiers de cet objectif serait atteint par l'achat de permis d'émission, et cela n'effacera pas la hausse massive enregistrée depuis 1990 (même si cette date doit être à relativiser pour le cas sud-coréen, puisque le pays enregistrait alors encore une très forte croissance) : selon Climate Action Tracker (CAT), la hausse des émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030 serait de 81 % pour la Corée du Sud, selon les engagements pris en juin 2015.

En d'autres termes, face notamment au poids du lobby industriel des conglomérats (les chaebols) très influent sur les décisions politiques prises par la droite sud-coréenne au pouvoir à Séoul, la Corée du Sud n'est pas prête à tourner le dos à un modèle de développement industriel et de consommation non respectueux de l'environnement. Mais que pouvait-on espérer d'autre d'une administration conservatrice qui, pendant le mandat du Président Lee Myung-bak (2008-2013), a causé des dommages majeurs sur l'environnement  par le projet d'aménagement des quatre fleuves, et qui détruit aujourd'hui l'environnement exceptionnel de l'île de Jeju en y construisant une base militaire à marche forcée ?

Sources :

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