Dans Rescapé du camp 14, le journaliste Blaine Harden a décrit le récit de Shin Dong-hyuk qui est devenu l'un des best-sellers de la littérature mondiale sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Par ses récits à glacer le sang, Shin Dong-hyuk est ainsi devenu le plus célébre des réfugiés nord-coréens, et son témoignage a pesé dans la commission d'enquête des Nations Unies en RPDC. Mais comme pour une autre célèbre réfugiée nord-coréenne au récit époustouflant, Park Yeon-mi, le "réfugié du camp 14" a pris des libertés avec la vérité - comme il a dû le reconnaître.
Shin Dong-hyuk l'a finalement admis sur sa page Facebook : son récit de réfugié nord-coréen comporte des "imprécisions", et dans une attitude très coréenne il a présenté des excuses publiques tout en envisageant de mettre fin à ses activités de militant des droits de l'homme.
"On se dit qu'il est acceptable de ne pas révéler le moindre petit détail, et que cela ne fait rien si certaines parties ne sont pas claires. A ceux qui m'ont soutenu, qui m'ont fait confiance et qui m'ont cru pendant tout ce temps, je suis tellement reconnaissant et en même temps tellement désolé."
Mais de quelles "imprécisions" s'agit-il ? Il se serait enfui du camp 18 et non du camp 14, d'où il aurait été transféré ; il aurait perdu un doigt après avoir tenté de s'échapper, et non suite à une punition après avoir fait tomber une machine à coudre ; il aurait été torturé vers 20 ans et non plus à l’âge de 13 ans...
Ces changements interviennent alors que plusieurs spécialistes nord-coréens s'étaient interrogés sur la véracité de son récit, et avant qu'un site nord-coréen ne publie, dans un reportage dédié à Shin Dong-hyuk, des témoignages de sa famille et de ses proches - déclarant notamment qu'il n'aurait jamais vécu en camp et qu'il aurait commis un viol sur mineure. Il semblerait que ce soit suite à ce reportage, publié il y a déjà quelques mois, que Shin Dong-hyuk (dont ce ne serait pas le vrai nom) ait reconnu ses erreurs. La quasi-totalité des médias occidentaux n'avaient alors pas jugé d'interroger Shin Dong-hyuk, qui avait alors seulement affirmé que son père aurait parlé contre lui sous la contrainte.
Le journaliste Blaine Harden a estimé avoir été induit en erreur par Shin Dong-hyuk, à qui il a demandé des explications sur les différences entre le récit qu'il avait donné à des amis et celui livré dans le livre-choc publié par le journaliste américain. C'est ensuite que Shin Dong-hyuk a publié un message sur sa page Facebook, le dimanche 18 janvier 2015.
La commission d'enquête sur les droits de l'homme en Corée du Nord a été conduite dans des conditions peu conformes aux principes du droit international. Les imprécisions de taille entourant le récit de Shin Dong-hyuk ne sont qu'une des failles de ces travaux, sur la base desquels les Etats-Unis et leurs alliés veulent pourtant traduire les dirigeants nord-coréens devant la Cour pénale internationale.
Sources :
Un survivant d'un camp nord-coréen revient sur son témoignage
Le Monde | * Mis à jour le Lire aussi (édition abonnés) : Témoignages-chocs de réfugiés nord-coréens Mais récemment, ce survivant du goulag a modifié certains détails de son récit, a exp...
Rescapé du camp 14 en Corée du Nord, il revient sur son témoignage - Asie-Pacifique - RFI
Un aveu vient relancer le débat autour de la parole des réfugiés nord-coréens. Shin Dong-hyuk fait volte-face. "Rescapé du camp 14", c'est le titre de son ouvrage dans lequel il revenait sur s...
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