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29 août 2013 4 29 /08 /août /2013 23:01

Choe Byeong-seung Cheon-Ui-bongComme l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) l'a signalé à plusieurs reprises, la lutte contre le travail précaire en Corée du Sud constitue aujourd'hui l'un des principaux combats sociaux au Sud de la péninsule pour assurer l'égalité des droits. Cette lutte est menée avec opiniâtreté par des groupes de militants - comme Choe Byeong-seung et Cheon Ui-bong d'Ulsan (photo à gauche), rencontrés par Irina Malenko, écrivain, présidente de l'Association d'amitié Irlande-Corée, membre de l'AAFC, dont nous publions ci-après du russe le compte tendu de la rencontre diffusé le 20 août 2013.  Née en Union Soviétique, Irina Malenko vit actuellement en Irlande du Nord. Elle est l'auteur de Soviética, témoignage vivant  sur la vie en URSS et sur la période de la perestroïka, publié en russe et en anglais. Nous avons joint, sous forme de post scriptum, une éclairante réaction d'humeur de notre amie Irina Malenko sur un reportage qu'a diffusé la BBC à propos de la lutte des travailleurs d'Ulsan. 

 

Enfin, je suis à Ulsan - le but de tout mon voyage en Corée du Sud. Je me tiens debout avec les camarades qui m'accompagnent sous cette même tour, en haut de laquelle depuis neuf mois se trouvent deux personnes courageuses, des défenseurs des droits de tous les travailleurs de Corée du Sud, Choe Byeong-seung et Cheon Ui-bong, qui protestent contre la politique insolente et inhumaine de la direction de Hyundai.

 

Grimper à leur hauteur apparaissait impossible. Ils ne pouvaient pas non plus descendre pour me parler en face à face. C’est pourquoi que nous avons dû communiquer avec eux par téléphone avec l’aide d’un interprète, car Choe et Cheon ne maîtrisent pas de langues étrangères et que, malheureusement, je ne parle pas coréen. Je leur ai posé des questions, que j'avais spécialement préparées avant le voyage, auxquelles ils ont répondu. En les écoutant mon cœur se serrait, et mes yeux s’assombrissaient de larmes de colère, tant était effrayante la situation des travailleurs sud-coréens, et leur exploitation brutale dont j'avais déjà beaucoup entendu parler.

Je ne vais pas reformuler, lisez vous-même. Notre camarade de Norvège, Vladimir Tikhonov, du département des langues orientales de l’université d’Oslo, vient de traduire en russe ce que m'a dit le camarade Choe Byeong-seung, répondant à mes questions pour lui-même et pour son camarade.

 

 1. Votre action de protestation a continué pendant près d'un an. Comment vous sentez-vous ?


Nos muscles se sont souvent compressés en raison du long séjour, 280 jours, dans un petit espace restreint.Mon camarade Cheon Ui-bong, qui dirige les actions du syndicat des travailleurs précaires du constructeur automobile Hyundai, et qui, proteste en hauteur avec moi, quand sont arrivés les «Autocars de l'espoir» amenant des milliers de nos camarades de toute la Corée pour nous soutenir le 20 juillet, avait tellement mal qu’il n'a même pas pu se lever pour les saluer. Les médecins ont diagnostiqué chez moi un manque de mouvement entraînant des problèmes au foie et aux reins, mais pour le moment je ne ressens pas de douleurs particulières et me sens bien portant.

 

 2. Comment la direction de Hyundai réagit-elle à votre action ?

 

Les classes dirigeantes utilisent partout la violence à notre égard, nous, les travailleurs, et pas seulement en Corée. Le ministère du Travail de Corée du Sud, qui est un organe gouvernementale, a établi que l'utilisation d'une force de travail précaire sur la chaîne de montage automobile était illégale, mais il ne remue pas le petit doigt pour corriger cette situation, que lui-même définit comme contraire à la loi. Ce même ministère et le service du procureur - en dépit du fait que la Cour suprême et le Comité pour les travailleurs (organisme relevant du ministère du Travail chargé, notamment, de vérifier la légalité des licenciements) ont identifié l'utilisation du travail précaire ici chez Hyundai comme illégale, depuis trois ans "mènent une enquête" sur la société, mais sans soulever la question d’une inculpation. Naturellement ,durant ces trois années la firme détruit tranquillement les témoignages sur sa conduite illégale, et quand notre syndicat de travailleurs précaires élève la voix à ce sujet personne ne l'écoute. L'année dernière et cette année déjà trois travailleurs se sont suicidé de désespoir. Et alors ? L'Etat ne s’émeut pas pour autant.

 

La compagnie a refusé d'appliquer les décisions de la Cour suprême et du Comité pour les travailleurs. Tout d'abord, ils ont déposé un recours devant la Cour constitutionnelle, et maintenant ils mènent une procédure administrative (c'est-à-dire auprès de la Cour d'arbitrage - note du traducteur). Ainsi, ils gagnent du temps, parce que les décisions rendues dans toutes ces actions juridiques peuvent prendre des années. Et pendant ce temps ils écrasent tranquillement notre mouvement syndical.
 

Notre syndicat, celui des travailleurs précaires (non permanents) de Hyundai automobile, a subi de lourdes pertes dans la lutte contre l’arbitraire et l'oppression contre l'employeur. En 2004, le ministère du Travail a reconnu comme étant illégale l'utilisation de la force de travail précaire sur la chaîne de montage automobile, mais depuis plus de 160 travailleurs supplémentaires pour la seule usine d'Ulsan ont été licenciés. Plus de 600 travailleurs ont subi une autre forme de répression, comme la suspension du travail pour une durée déterminée. 20 travailleurs ont été arrêtés pour activité syndicale, deux sont maintenant officiellement recherchés (ils se trouvent sur le pylône de ligne à haute tension - Choe Byeong-seung est sur la liste des personnes recherchées depuis 2010, et Cheon Ui-bong - depuis 2012). En outre la firme inflige à l’ensemble des syndicalistes une sanction financière de 17 milliards 800 millions de won pour soi-disant compenser les « dommages » résultant de leurs actions. Les comptes bancaires servant à la paie des militants syndicaux arrêtés ont été mis sous séquestre et leurs biens saisis. Dans les usines Hyundai des villes d'Asan et Jeonju, 80 travailleurs ont été licenciés et plus de 400 autres ont subi une autre forme de répression. (1)

3. Comment est perçue votre action en Corée du Sud ? Les médias officiels Sud-Coréens s'expriment-ils à ce sujet ?


Le début de notre action a coïncidé avec l'élection présidentielle, et c’est pourquoi nous avons retenu l'attention de certains médias, alors que nous protestions en hauteur. En outre, cinq candidats à la présidentielle (des partis libéraux et sociaux-démocrates - Ahn Cheol-soo, Lee Jung-hee, Sim Sang-jeong, Kim So-yeon et Kim Soon-ja) nous ont même rendu visite, et cela a été rapporté dans les journaux et à la télévision. Et puis l'intérêt est retombé, à l'exception des deux journaux de gauche Hankyoreh et Kyunghyang et des médias progressistes sur Internet. Mais les médias conservateurs ne disent pas ce qui nous a contraints à conduire une telle action et ils mentionnent uniquement des détails qui peuvent être déformés et présentés sous un jour favorable pour eux. En général ils citent les documents élaborés par le service de presse de Hyundai.

4. Que pensent de votre protestation les travailleurs et les syndicats de Corée du Sud ? Ont-ils mené des actions pour vous soutenir ?

 

Il n’y jamais assez de solidarité, même si il y en a beaucoup…Les collègues et militants syndicaux se solidarisent avec nous. Nous, travailleurs précaires de Hyundai, voulons une solidarité plus active, mais les organisations syndicales nationales, dont nous sommes membres (l’Union Coréenne des Métallurgistes, et au plus haut niveau - la Fédération des Syndicats Démocratiques de Corée) ont des intérêts un peu différents, et ils insistent sur le «réalisme ». Dans les ateliers les simples travailleurs nous soutiennent, mais personne n’a organisé de grèves de soutien ou de grèves générales en lien avec notre action. C’est seulement maintenant que l’Union coréenne des métallurgistes organise un comité pour une lutte commune avec les syndicats de travailleurs temporaires de Hyundai et Kia, ce qui mène à des pourparlers avec ces compagnies quant à l'utilisation illégale du travail précaire. La branche régionale d'Ulsan de la Fédération des Syndicats Démocratique de Corée a aussi organisé une grève élargie de militants syndicaux, ainsi qu'un meeting pour nous.

 

5. La situation en Corée du Sud concernant le travail précaire a-t-elle changé d'une manière ou d'une autre depuis le début de votre action?

 

L'utilisation illégale du travail précaire a commencé à attirer l'attention en Corée au début des années 2000. De nombreux syndicats ont essayé de lutter contre. En dehors de nous, dans les usines d'automobiles Hyundai, les syndicats ont mené de longues grèves contre l'utilisation illégale des travailleurs temporaires des compagnies SK (dans la filiale "Inside Corea"), Carrier (fabricant d'équipements de chauffage et de refroidissement), Kymho (fabrication de pneus), Kia (Automobiles), dans la branche coréenne de General Motors (à Changwon, au Sud-Est de la Corée), sur le chantier naval Hyundai de Mipham (du nom d'un des quartiers d'Ulsan), dans la société de chemin de fer de l'Etat et le syndicat des hôtesses de l'air...

 

La Fédération des Syndicats Démocratiques de Corée continue de se battre pour l'abolition de la loi actuelle sur l'utilisation du travail précaire. C'est seulement après que la Cour suprême a finalement statué sur l'utilisation illégale du travail précaire dans les usines automobiles Hyundai que ce problème a retenu l’attention de larges couches de la société coréenne. Cependant, je ne sais pas pourquoi aujourd'hui le gouvernement sud-coréen ne fait rien dans ce sens. La société civile et les organisations syndicales mènent un combat commun contre l'exploitation du travail précaire, mais sans succès particulier jusqu'ici... Une consolation - pendant ces 285 jours où nous sommes restés sur le pylône électrique, la lutte contre l'exploitation des précaires est sortie des limites de notre secteur d’activité. Les précaires dans le secteur des services, dans le réseau des supermarchés Imart, dans les centres de services de la société Samsung, ont également rejoint le combat. 

 

Travailleurs-precaires_Coree-du-Sud.jpgLes ouvriers réalisent le même travail, mais les précaires vêtus d'un uniforme distinctif perçoivent un salaire inférieur de 40 %

 

6. Quel est le but principal de votre action ? Quelles sont vos exigences aujourd'hui et ont-elles changé depuis le début de votre action ? Attendez-vous des réformes du Gouvernement ou votre action concerne-t-elle uniquement la direction de Hyundai ?

 

Nous demandons que l'utilisation du travail temporaire soit reconnue illégale, qu'il soit mis fin à l’embauche de travailleurs pour remplacer ceux qui ont été licenciés et que Chung Mong-koo,  Président de Hyundai Motors, soit inculpé. L'utilisation de la main-d'œuvre précaire dans les usines automobiles Hyundai a été déclarée illégale par la Cour suprême de Corée, mais la compagnie elle-même ne le reconnaît pas.

 
L’arrêt de l'embauche de nouveaux travailleurs découle de la loi coréenne sur la protection des travailleurs précaires. En vertu de cette loi, si le recours au travail précaire n'est pas licite, l'employeur doit offrir au travailleur une place permanente à titre de compensation. Jusqu’à la révision de cette loi le 2 août 2012, le travailleur devait travailler pendant plus de 2 ans pour bénéficier de ce droit, mais depuis la révision qui est intervenue il suffit d’avoir travaillé un seul jour.

 

Mais que fait l'entreprise plutôt que de donner un emploi permanent à tous ceux qu'elle a exploités illégalement ? Elle choisit une partie d'entre eux qui, seuls, reçoivent un poste permanent, dissimulant en même temps les traces de l'utilisation illégale d'autres travailleurs précaires (par la réduction de plusieurs opérations en une seule unité, le transfert forcé d'un emploi à un autre, etc). Par conséquent, nous exigeons la fin de l'embauche de nouveaux travailleurs précaires. En effet l'entreprise, lors du transfert d'une partie des précaires sur des poste permanents, ne prend pas en compte leur temps de travail précaire dans leur ancienneté, elle refuse de leur appliquer les dispositions de la convention collective et de leur rembourser les salaires en retard. Autrement dit, ceux qui sont nouvellement embauchés sont recrutés dans des conditions dégradées.

 

L'inculpation de Chung Mong-koo découlerait du fait que, comme indiqué dans la définition de la Cour suprême de Corée, il nous a engagés sur une base précaire de manière illégale depuis 2002. Sept personnes dans l'usine automobile d'Asan ont par ailleurs porté plainte pour être reconnus travailleurs permanents et que leur statut d'emploi temporaire soit déclaré illégal. Les procès sont en cours actuellement. La plainte porte sur l'exploitation illégale du travail précaire depuis 2000. Il s’agit donc de dizaines de milliers de victimes du travail précaire exploitées illégalement depuis au moins 10 ans, et cela continue aujourd'hui. Chung Mong-koo est Président de la compagnie et actionnaire majoritaire . Il doit rendre des comptes en vertu des dispositions du Code pénal. 


Nous n'avons pas d’exigences spécifiques concernant la politique du gouvernement. Nous estimons seulement qu'il est nécessaire d'interdire par principe le travail précaire et, plus généralemnt, le travail temporaire, sauf dans des cas particuliers. Si nous gagnons, notre victoire aura probablement une influence sur la politique du Gouvernement, dans la mesure où les usines automobiles Hyundai sont une entreprise d'importance nationale. Vous pouvez comparer la situation avec celle du chantier naval Lénine, où est né l’organisation polonaise «Solidarnosc», mais ce n’est peut-être une pas une comparaison très adéquate.


Si tous les travailleurs temporaires des usines d'automobiles Hyundai étaient placés sur des emplois permanents, il y aurait une réaction en chaîne : dans tout le pays les travailleurs précaires ne voudraient pas attendre plus longtemps. En outre, le Gouvernement devrait changer le système dit de "sous-traitance interne" (le transfert d’ateliers séparés en location à de petites entreprises-fournisseurs qui utilisent le travail intérimaire, de sorte que les travailleurs, bien que travaillant dans les ateliers Hyundai, n’ont formellement pas de rapport avec la société Hyundai - note du traducteur) Dans le cadre de notre lutte quelques députés de la commission parlementaire sur le travail et l'environnement ont déjà fait des propositions d'amendements aux lois régissant le travail de précaire.    

 

7. Pourquoi avez-vous choisi une forme aussi inhabituelle de protestation, très dure pour l’organisme humain ?


Nous nous battons depuis 10 ans déjà contre la compagnie Hyundai, et les membres de notre syndicat ont subi beaucoup de pertes pendant cette période. Nous avons montré à la société coréenne quelles sont les contradictions fondamentales de notre époque. Mais pendant tout ce temps nous avons lutté presque seuls. Au nom du prolétariat de toute la Corée nous nous sommes opposés au capital. Mais quand tout est devenu calme et qu’il n’y avait plus de grèves et de manifestations, on a préféré nous oublier. Bien que limité aux périodes de grèves et de manifestations, un soutien existait pourtant.     Lorsque nous avons décidé de monter sur un pylône électrique, notre lutte passait par une période de stagnation. La société a annoncé l'embauche de nouveaux travailleurs sur des postes permanents, de manière à diviser nos rangs, et beaucoup ont même mordu à l'appât qui leur était jeté. De plus, le syndicat des travailleurs permanents de Hyundai a battu froid la lutte des travailleurs précaires. Nous étions isolés, et pour sortir de notre isolement nous choisi de grimper sur un pylône dans l'espoir d'attirer l'attention des gens.
 

Il y a différentes façons de faire appel aux masses, et nous avons jugé que la protestation en hauteur serait la plus efficace. Quelles étaient les autres possibilités ? Vous pouvez déclencher une grève de la faim, mais cela passe souvent inaperçu. Mais monter sur un pylône de ligne électrique, non - d'autant qu'ici il est directement à la porte de l'usine.

8. D’autres travailleurs en Corée du Sud ont-ils suivi votre exemple ou bien recourent-ils à d’autres formes de lutte ?

En dehors de notre cas, il y a maintenant deux autres endroits où se tiennent des protestations en hauteur. Sur le clocher de la cathédrale de Séoul, dans le quartier de Ehwa, des travailleurs licenciés protestent contre une compagnie privée de formation. Les travailleurs licenciés, en tant que précaires, donnaient des cours supplémentaires à de jeunes écoliers en utilisant les manuels et les programmes de l'entreprise. Et sur un pylône d’éclairage du stade de Namwon, dans le sud du pays, une action est menée par le personnel de l'hôpital public, qui va être fermé pour laisser la place aux seules cliniques privées.

 

En tout, durant ces 290 jours en haut de notre pylône, il ya eu des tentatives à dix endroits pour mener des protestations en hauteur : à Séoul, en deux endroits différents ; à Dongducheon au Nord de Séoul ; à deux endroits à Pyeongtaek, au Sud de Séoul ; en un seul endroit, les travailleurs licenciés de l'usine automobile Ssangyong ont vécu 179 jours en hauteur. A Asan les camarades de la société Yuson qui fabrique des pièces pour automobiles ont protesté pendant 151 jours, de même qu'à Dangjin sur la côte Ouest, et dans deux endroits à Jeonju, à Changwon, dans deux endroits à Ulsan – en dehors de nous il y a aussi eu des utilisateurs de bétonnières…

Les travailleurs licenciés de l'entreprise Ssangyong ont également protesté devant la porte Daehanmun du palais Deoksugung, une ancienne résidence royale située dans le centre Séoul, en face de la mairie. Là, pendant les années qu'a duré la lutte pour la réintégration dans leur emploi, 24 travailleurs sont morts de suicide, étant en état de  dépression ou suite à une aggravation de maladies chroniques touchant le système nerveux. Les survivants ne veulent pas que d’autres meurent. Leur délégué syndical, Kim Jon, a mené une  grève de la faim pendant 41 jours. Seulement voilà, le gouvernement a utilisé la force pour les disperser et le camarade Kim a été placé derrière les barreaux...

Et c'est en face de la mairie de Seoul, près du gratte-ciel où se trouve le siège de la compagnie privée de formation dont nous avons parlé, que les travailleuses qui en ont été chassées ont dressé un piquet de protestation en plein air.  

 

Des licenciès de trois usines automobiles Hyundai (à Asan, Ulsan et Jeonju) organisent depuis déjà 75 jours un piquet de protestation en face du siège social dans le quartier Yangje à Séoul.

Depuis le 29 juillet est menée une action en mémoire du camarade Ban Chonsik, travailleur précaire et militant syndical de l’usine Hyundai de Asan qui s'est récemment suicidé. Il n'avait que 35 ans.

9. Ne craignez-vous que les protestations individuelles soient inefficaces, après tant de mois de luttes ? Cela ne ferait-il pas sens d'envisager d'autres formes de lutte pour faire valoir vos droits ?

Cette lutte, ce n'est pas seulement nous deux qui la menons. Comme je le disais, chez nous la lutte contre l'utilisation illégale du travail précaire a commencé en 2004. Nous luttons depuis déjà 10 ans. En 2005, en 2006, en 2010 et en 2011-2012 nous avons mené des grèves y compris avec occupation. En même temps nous menons le combat contre la compagnie dans les salles d'audience des tribunaux. La Cour suprême, après 6 années de luttes, a jugé que l'utilisation du travail précaire ici était illégale, et il a fallu attendre encore 2 ans pour que la cour d'appel confirme cette décision en dernière instance. Ce n'est que maintenant que nous pouvons exiger l’application de la décision de justice par l'entreprise. Celle-ci ne met en œuvre aucune mesure positive. Nous avons déjà arrêté la chaîne de montage. За это вот фирма сейчас взыскивает 17 миллиардов 800 миллионов вон с нас и у 500 членов нашего профсоюза зарплатные счета арестованы, а у руководства профсоюза еще и имущество под арестом. C'est pourquoi l'entreprise nous inflige une sanction financière de 17 milliards  800 millions de wons, à nous et à  500 membres de notre syndicat, nos comptes bancaires ont été mis sous séquestre, la direction du syndicat a été arrêtée et ses biens également mis sous séquestre. Только на Ульсанском заводе незаконно уволено 160 наших товарищей, а более 700 получили наказание выше временного отстранения от работы (без выплаты жалованья – прим. перев.) . Dans la seule usine d'Ulsan 160 de nos camarades ont été licenciés et plus de 700 autres sanctionnés par des mises à pied  (ils n’ont pas de salaires - Note du traducteur).

Если бы только такие репрессии


A plusieurs dizaines de reprises des syndicalistes ont été battus, et parfois enlevés et enfermés pendant de longues périodes. De colère et de désespoir, deux de nos camarades se sont immolés par le feu et un autre s'est suicidé. Nous qualifions notre camarade Ryu Kihyok de héros de travail.

 

Un autre travailleur a été réduit en 2010 à tenter de s'immoler par le feu (il a été sauvé, et sur la photo, je suis avec lui près du pylône).

Travailleurs-precaires_immolation.jpg

 

Travailleurs-precaires_Ulsan_Irina.jpg
Bref, nous avons tout essayé. Et maintenant, nous conduisons une action en hauteur pour la deuxième fois.

En 2010, nous avons mené une grève avec occupation pendant 25 jours. Tout a fini par une répression impitoyable.

Nous luttons au péril de notre vie, en sachant que nous pouvons être attaqués et battus à tout moment. Et c’est ainsi non seulement ici, dans l'usine d'Ulsan, mais dans celles d'Asan et de Jeonju. Voici comment à Asan on a traité le syndicat des travailleurs précaires. Un camarade a demandé, en se fondant sur la loi, un congé supplémentaire d'un mois. Il a été tellement battu qu'il s’est retrouvé à l'hôpital. A l'hôpital, il a reçu la visite d’un homme de main de la direction qui lui a sectionné le tendon d'Achille avec un couteau. Dans une usine de Cheongju, un des syndicalistes a été frappé avec une bouteille de bière. Et bien sûr personne n’est inquiété pour les travailleurs estropiés. Nous seuls faisons l’objet de poursuites, tandis que pour les patrons cela glisse comme de l'eau sur les plumes d'un canard. Les travailleurs de l'usine d'Ulsan ont été arrêtés 20 fois, ceux d'Asan 10 fois et ceux de Jeonju une fois. Hier, le 1er août, le vice-président du syndicat des travailleurs précaires de l’usine d'Ulsan a aussi été arrêté. Ce camarade s’appelle Kang Sonyon.

Passage à tabac des ouvriers par la milice privée de Hyundai, ci-dessous avec un bleu sur son visage le camarade Cheon Ui-bong, l'un des deux travailleurs participant actuellement à l'action de protestation en hauteur.

 

Travailleurs-precaires_Passage-a-tabac.jpg


Travailleurs-precaires_Passage-a-tabac_3.jpg

 

Travailleurs-precaires_Passage-a-tabac_4.jpg

 

Travailleurs-precaires_Passage-a-tabac_5.jpg 

10. Avez-vous étudié l'expérience du mouvement ouvrier mondial avant de décider de votre action ? Êtes-vous familiers de l'expérience révolutionnaire russe de la classe ouvrière au début du 20e siècle qui a réalisé la Révolution socialiste d'Octobre et libéré du joug insatiable du capital tous les travailleurs de Russie ? Pensez-vous que cette expérience hisorique des luttes peut être transposée dans le contexte actuel de la Corée du Sud ?

Nous étudions l'histoire du mouvement révolutionnaire mondial de diverses façons, mais je ne connais pas grand-chose, seulement les faits qui sont connus de tous. Bien sûr, la Révolution d'Octobre en Russie a inspiré tous les travailleurs qui combattent réellement le capital. Je pense que les Soviets de députés ouvriers paysans et soldats étaient l'avant-garde de la construction d'une société nouvelle. La question est la suivante : comment faire pour que empêcher la bureaucratisation des Soviets et s'assurer qu’ils reflètent nos intérêts de classe ? Je pense que nous devrions étudier la possibilité de faire prendre en charge par des conseils de type Soviets certains services publics. Je ne connais pas grand-chose, c’est pourquoi ma réponse est courte.

11. Votre action a-t-elle des soutiens dans d’autres pays du monde ? Si oui, de quelle manière ?  Y a-t-il eu dans le monde des actions organisées pour vous soutenir ?

Je n’ai pas beaucoup d’éléments sur le mouvement de solidarité internationale. Je ne parle pas de langues étrangères, et c’est pourquoi je n'ai jamais eu de relations particulières avec des camarades étrangers. Je ne sais pas ce qui s'est fait à l’ étranger nous concernant. Je ne sais pas comment ni quoi demander, et c’est pourquoi pour le moment je n’ai pas rien fait. Mais ce serait bien que les camarades étrangers, à travers le monde, fassent connaître la façon dont on nous exploite et dont on nous écrase.On dit que Hyundai et Kia occupent la cinquième place mondiale pour la production d’automobiles. Mais si ces machines sont produites par des travailleurs précaires exploités et sans droits, l'acheteur qui accepte d'acheter les produits ne porte-t-il pas une part de responsabilité ? Faites savoir aux gens à l'étranger ce qui se passe ici, cela devrait contribuer à mettre la pression sur la compagnie, et qu'elle assume au moins une part de sa responsabilité envers à la société.

Traduit du coréen en russe par Vladimir Tikhonov


Post-Scriptum d'Irina Malenko

Cette semaine, les syndicats des travailleurs permanents de Hyundai Motors et de son partenaire Kia (qui emploient 45.000 personnes dans leurs usines sud-coréennes) ont l'intention de lancer une grève générale. La chaîne de télévision britannique "objective" et "impartiale" qu'est la BBC a plaint la "pauvre" compagnie Hyundai, en rappelant que, l'année dernière, l'arrêt de travail des ouvriers sud-coréens de la société pendant 4 mois,  entraîné "des dommages d’un montant de 1,5 milliard de dollars" (2). Les journalistes britanniques ont affirmé devant des millions de téléspectateurs à travers le monde que, dans l'industrie automobile sud-coréenne, "des grèves se produisent régulièrement en raison de la présence de syndicats puissants" (bbc.co.uk/news/business-23691284). Cette présentation déformée de la réalité passe complètement sous silence le traitement des travailleurs par les entreprises sud-coréennes. 

Dans ce qui n'est pas un lapsus, la BBC veut faire accroire l'idée que les travailleurs sud-coréens ont "les yeux plus gros que le ventre", en rendant compte de manière erronnée des exigences de base des grévistes. Так, на первое место журналисты Би-Би-Си «выпячивают» требование рабочих «выдавать золотые медали весом в 54.25 грамм отработавшим на фирму 40 лет» — по словам наших корейских источников, » золотые медали, видимо, в Лондоне просто и придумали. Ainsi, les journalistes mettent tout d'abord en avant une demande qu'auraient les travailleurs "de recevoir des médailles d'or pesant 54,25 grammes au titre de 40 ans passés au service de la firme". Selon nos sources coréennes, il s'agirait d'une pure invention. En réalité, les travailleurs demandent surtout de porter le salaire mensuel de base à 130.498 won (contre 120.498 won aujourd'hui), soit environ 120 dollars (!) (à comparer avec le salaire des journalistes de la BBC pour le prix de leur reportage), une augmentation des primes à hauteur de 800 % (contre 750 % actuellement) et le recul de l'âge de la retraite de 59 à 61 ans (pour compenser le fait que, dans la réputée riche Corée du Sud, les pensions de retraite sont trop faibles pour subvenir aux besoins, ce point étant une fois encore occulté par la BBC).

Nos journalistes britanniques, réputés impartiaux, déforment encore délibérément la nature des exigences des travailleurs coréens - en particulier, s'agissant du paiement par l'entreprise des frais de formation professionnelle pour les enfants des travailleurs qui ne vont pas à l'université. et se préparent à chercher un emploi. La BBC s'émeut que, pour les enfants des travailleurs qui fréquentent l'université l'entreprise paie la formation, mais sans dire un mot que l’éducation professionnelle en Corée du Sud est loin d’être gratuite et que, même pour devenir ouvriers et poursuivre la carrière de leurs parents, les enfants ont besoin d’argent. Les travailleurs ne veulent pas que ceux qui n'entrent pas à l’université - les moins nombreux - soient victimes de discrimination. "Tout est cher, la famille souvent ne s’en sort pas" nous ont déclaré les Coréens. En ajoutant : "je savais qu’il y a des idiots à la BBC, mais pas à ce point..."
   
Non, camarades, les scribouillards bourgeois ne pas des idiots. Comme des idiots, ils font mine de penser que leur auditeurs ne parlent pas coréen et les gens d'autres pays les croiront sur parole, sans chercher à connaître la vérité. Les demandes des travailleurs sont publiées sur le site de gauche sud-coréen (http://www.redian.org/archive/58806) : "toutes les exigences sont concrètes et importantes" - dit cette source sud-coréenne, "nous affirmons que le relèvement du salaire de base à 130.498 won (environ 120 dollars) est vraiment nécessaire, les salaires de base étant très faibles, si bien que nous ne pouvons vivre qu’avec le paiement des heures supplémentaires". 

 

A la fin du mois d’août, "les autobus de l'espoir" des syndicats coréens se rendront une nouvelle fois à Ulsan. De toute évidence, les forces de sécurité dépêchées par Hyundai provoqueront une fois encore des bagarres, comme fin juillet.   
   

Nous suivrons la lutte des travailleurs de Hyundai et KIA pour leurs droits et informerons nos lecteurs à ce sujet.

Irina Malenko

Notes

(1) Hyundai dispose de trois usines automobiles, à Ulsan, Asan et Jeonju. Dans ces trois usines agissent trois branches distinctes du syndicat des travailleurs précaires de Hyundai automobile. A Ulsan, le syndicat des travailleurs précaires des usines automobiles Hyundai  est  affilié à l'Union nationale des travailleurs de la métallurgie, siège du syndicat). A Asan, le syndicat de travailleurs précaires est affilié à la branche de l’Union nationale des travailleurs de la métallurgie de la province de Chungcheong du Sud. Enfin, à Jeonju, le syndicat des travailleurs précaires est affilié à la branche de l’Union nationale des travailleurs  de la métallurgie de la province du Jeolla du Nord.

(2) Une vidéo en coréen "la lutte des travailleurs en Corée du Sud pour leurs droits » a été réalisée par les syndicats sud-coréens, présentant la lutte des travailleurs et leur traitement par les employeurs.

 

Lorsque l’entreprise a appris que les travailleurs avaient décidé de monter sur un pylône de ligne à haute tension, elle a essayé de les empêcher : le pylône a été ceinturé de barbelés. Mais les ouvriers ont coupé les barbelés et ont grimpé sur le pylône de nuit.

 

Travailleurs-precaires_manif-soutien.jpg
 

Dans un premier temps, les ouvriers ne disposaient que de quelques plaques de contreplaqué pour rester sur le  pylône, puis ils ont progressivement mis en place une sorte de « plate-forme ».  

 

Au cours des actions qui ont suivi en faveur des manifestants, la milice patronale a cherché à dissimuler ces actions des regards. Un autobus avec des gardes stationne en permanence sous le pylône, comme j’ai pu le voir quand j'étais là-bas.

Travailleurs-precaires_manifestant-au-sol.jpg

 

Travailleurs-précaires Corée-du-Sud Ulsan 1 

Un médecin passe parfois, invité et rémunéré par le syndicat.

 

Travailleurs-precaires_Coree-du-Sud_Ulsan_2-copie-1.jpg

 

Ci-dessous ma photo lors l'échange de cadeaux avec le leader syndical qui était recherché par la police quand il a nous rencontrés. Il a nous a montré une vidéo sur la vie et la lutte des travailleurs de Hyundai. Photo de groupe sous la tour.

 

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Il y a des installations sous des tentes, comme dans une mini-ville, et quatre travailleurs veillent en permanence. Ils préparent aussi la nourriture pour les manifestants (nous avons pris avec eux  un repas à base de riz et de chou), ils évacuent les déchets et surveillent l'état général de santé des deux protestataires. A côté de la tour passe une voie de chemin de fer et les conducteurs des trains qui passent manifestent leur soutien aux travailleurs en faisant siffler leur locomotive.

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Traduction du russe : AAFC-YB.

 

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 16:18

Dans notre édition du 11 février 2013, nous rendions compte du combat de deux travailleurs du groupe Hyundai, Choe Byeong-seung et Cheon Ui-bong. L'AAFC reproduit ci-après un nouvel article, toujours traduit du russe, de Vladimir Tikhonov, du département des langues orientales de l’université d’Oslo, en Norvège. Nous appelons toutes et tous à soutenir la lutte exemplaire de Choe Byeong-seung et Cheon Ui-bong, jusqu'à la victoire pour mettre fin au travail précaire en Corée du Sud.

 

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Cela fait plus de 160 jours que se prolonge le combat des deux travailleurs précaires, Choe Byeong-seung et Cheon Ui-bong,   de la compagnie Hyundai  Motors (usine numéro 1 de Ulsan). Ils refusent de descendre d’un  pylone de ligne à haute tension tant que la compagnie n’exécutera pas la décision judiciaire d’engager les travailleurs précaires comme collaborateurs permanents. La compagnie emploie prés de 9000 précaires. Des milliers de travailleurs permanents ont été licenciés par la firme durant la période de la crise financière asiatique et ensuite petit à petit, avec la nouvelle croissance des ventes après 1999-2000, ils ont été remplacés par une «  commode »  force de travail précaire. « Commode » avant tout au sens de son exploitation, les travailleurs précaires reçoivent seulement de 40 à 60 % du salaire de leurs collègues ayant un emploi fixe. C’est pourquoi, en complément de leurs journées de dix heures, il leur faut faire beaucoup d’heures supplémentaires, en tout jusqu’à 60-65 heures par semaine.

 

 Même si en Corée du Sud les journées de travail à rallonge et la mort sur le lieu de travail de fatigue, d’épuisement physique et nerveux sont une chose ordinaire, le procureur a néanmoins engagé des poursuites contre le directeur adjoint de Hyundai Motors pour violation préméditée de la norme maximum d’heures supplémentaires de 12 heures par semaine. Est-il besoin d’ajouter quoi que ce soit ? Même selon les normes sud-coréennes ce qui se passe dans les usines Hyundai constitue une exploitation préméditée et inhumaine du travail de gens sans droits.

 

 Afin de se défendre, d’acquérir des droits élémentaires, les travailleurs précaires ont créé le 2 mai 2003 leur propre organisation syndicale car le syndicat officiel pour les travailleurs permanents refuse d’accepter les précaires dans ses rangs. Actuellement il ne fait rien pour soutenir leur lutte et en pratique se tient aux côtés de l’administration. Déjà en 2003-2004 le syndicat des précaires avait obtenu des avancées déterminantes. Puis ils ont été autorisés  à s’absenter pour aller aux toilettes pendant le temps de travail (auparavant, il leur fallait attendre l'heure de la pause). Mais les manifestations et rassemblements des travailleurs précaires ont donné lieu à des poursuites administratives et criminelles, des arrestations, des actions judiciaires et des licenciements. Le 4 septembre 2005 l’un des licenciés, le camarade You Ki-yok, âge de 31 ans, s’est suicidé en se pendant au toit du bâtiment où se trouve le bureau du syndicat. Bien entendu aucun journal n’a communiqué à ce sujet. La mort d’un militant ouvrier (et dont la famille se trouvait dans une situation économique désespérée avec la disparition de son seul soutien) ne constitue pas un événement en Corée du sud. A ce propos, remarquons que le « tigre économique » sud-coréen occupe l’une des premières places au pour le taux de suicides (31 suicides par an  pour 100 000 personnes – en Russie  on compte 21 suicides par an pour 100 000 habitants). Mais ce désespoir a finalement poussé la lutte des militants syndicaux à un important succès. Le 22 juin 2010 la Cour Suprême de Corée a prononcé un arrêt qui stipule que l’utilisation massive de main-d’œuvre précaire dans la production permanente de l’usine Hyundai était illégale. Il semblait que l’on voyait la lumière au bout du tunnel.

 

Malheureusement, tel n’était pas le cas. La compagnie, s’accrochant à des arguties juridiques, refusa tout simplement d’exécuter la décision du tribunal. Les travailleurs indignés déclenchèrent une grève le 15 novembre 2010, arrêtant la production de l’un des ateliers de l’usine pendant 10 jours. Mais le syndicat officiel resta du côté des employeurs, qui avec l’aide de la police bloquèrent les grévistes et les eurent à l’usure. A nouveau suivirent les répressions et d'abord le licenciement des militants syndicaux les plus actifs. Nombre d’entre eux eurent gain de cause devant les tribunaux et au bout d’un an furent réintégrés dans l’usine. Mais le mal était fait, les privations qu’endurèrent leurs familles qui avaient, avant le licenciement, déjà du mal à joindre les deux bouts, a montré aux autres ce qui arrivait lorsque l’on « s’exprime trop ». Même pour défendre une décision du tribunal. La loi dans une société capitaliste est une chose très relative. Le 12 mars 2012 le Conseil Central d’arbitrage du Travail de Corée a pris une décision quant à la demande des 423 travailleurs précaires licenciés ou punis par d’autres moyens avant et après la grève de novembre 2010. 274 d’entre eux furent reconnus « employés illégalement de façon précaire  », c’est-à-dire qu’il était reconnu que la firme violait la loi en ne leur fournissant pas un emploi permanent. Mais 148 des plaignants furent reconnus employés légalement sous contrats temporaires, vraisemblablement sur la base d’informations incomplètes et ne correspondant pas à la réalité, fournies par la compagnie. Mais tout cela a-t-il un sens ? De toutes façons la direction n’entendait reprendre aucun des militants précédemment réprimés.

 

En fin de compte, ne supportant plus les outrages, les prétextes et le fait que Hyundai foulait aux pieds toutes les normes pensables et imaginables des relations de travail, deux militants du syndicat des précaires, Choe Byeong-seung et Cheon Ui-bong, sont grimpés le 17 octobre 2012 sur un pylone de ligne à haute tension et ont déclaré refuser d'en descendre tant que la compagnie n’appliquerait pas la décision de la Cour Suprême de transformer le statut des travailleurs précaires en collaborateurs permanents. La firme, cependant, refuse toute négociation avec l’organisation syndicale des précaires en tant que telle. Visiblement elle compte gagner la victoire sur les « révoltés » à l’usure. Il est vrai que leur santé après plus de 5 mois à une hauteur de plusieurs dizaine de mètres commence à se détériorer. Choe souffre d’un début de méningite et Cheon a, de façon chronique, mal aux reins. Ils ont tous les deux de sérieux troubles de la digestion. Ce n’est pas étonnant, essayez de vous imaginer ce que peut être une telle  «  vie en hauteur » pendant une demi-année. Il est clair que la compagnie espère que cela se termine par la perte de conscience des deux « protestataires » et qu'on les descende du pylone.

 

Ainsi l’exploitation des travailleurs précaires se poursuivra comme auparavant...

 

La question se pose ainsi : avons-nous besoin d’acheter des automobiles qui sont assemblées sur des chaînes de montage par des ouvriers sans droits travaillant 60 heures par semaine, à la limite de l’épuisement complet ?  Exploités et rabaissés avec un cynisme rare même dans la jungle capitaliste de la Corée du Sud. Ne faut-il pas soutenir nos frères de classe dans ce pays et dire non à des automobiles pour lesquels des travailleurs paient de leur santé et parfois de leur vie ? Peut-être que notre refus d’acheter les produits Hyundai aiderait à ramener la direction à de meilleurs sentiments, et à entamer enfin des négociations avec l’organisation syndicale des travailleurs précaires pour satisfaire leurs exigences légales.

 

Source : site personnel de Vladimir Tikhonov. Traduction du russe par l'AAFC (YB). Photos.

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 00:32

Dans notre édition du 13 janvier 2013, nous rendions compte des luttes en cours contre le travail précaire en Corée du Sud. A cet égard, le combat des travailleurs du groupe Hyundai a valeur d'exemple : l'AAFC reproduit ci-après un article, traduit du russe, de Vladimir Tikhonov, du département des langues orientales de l’université d’Oslo, en Norvège. Alors que la Corée du Sud a atteint un niveau de développement économique comparable à celui des pays occidentaux, il y a urgence à mettre en place un système de protection sociale à la hauteur de ceux de la France, de l'Allemagne ou de l'Italie. L'Association d'amitié franco-coréenne est pleinement solidaire du combat des travailleurs précaires de Hyundai, en appelant à signer et faire signer la pétition en faveur de Choe Byeong-seung et Cheon Ui-bong.

 

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Cela fait plus de 100 jours que dure le combat tendu de deux ouvriers de la compagnie de fabrication d’automobiles de Hyundai, Choe Byeong-seung (38 ans) et Cheon Ui-bong (33 ans) pour la justice et les droits des travailleurs. Choe et Cheon protestent contre l’exploitation du travail précaire par la société Hyundai. Ils sont perchés sur un pylône de ligne électrique à haute tension non loin de la ville coréenne de Ulsan où se trouve l’usine principale de cette entreprise. La nuit, la température dans les environs de Ulsan descend jusqu’à moins vingt degrés et cette protestation « en hauteur » de plus de cent jours menace sérieusement la santé des deux travailleurs.

 

 Mais ils n’ont pas d’autres moyens pour attirer l’attention des médias et de l’opinion publique en Corée du Sud. Les medias ne communiquent pratiquement jamais sur les grèves et les piquets. Il leur faut donc risquer leur santé et en fin de compte peut-être leur vie.

 

 La raison d'une protestation aussi désespérée des travailleurs est simple.  Plus de neuf mille travailleurs précaires de l’usine automobile Hyundai sont soumis à une discrimination systématique et sont cruellement exploités. La discrimination commence au niveau des symboles : les précaires reçoivent une tenue particulière permettant au premier coup d’œil de les différencier des autres travailleurs. N’importe quel collaborateur permanent de la firme  les tutoie de manière habituelle, indépendamment de leur âge. Les travailleurs précaires sont placés  dans les secteurs les plus durs des chaînes de montage et pourtant leur salaire est seulement de 40 à 60 % de celui des employés permanents. Le salaire de base mensuel est compris en moyenne entre un million et un million deux cent mille wons ( 900 à 1000 dollars américains, le salaire horaire est de 4 580 wons soit moins de 4 dollars américains). Mais il ne suffit pas pour nourrir la famille, éduquer les enfants et se soigner (ne parlons pas d’acheter un logement). Aussi il leur faut chaque jour  effectuer 3 ou 4 heures supplémentaires, travailler également le samedi et parfois le dimanche. Ce qui fait de 60 à 65 heures par semaine. De plus, à la différence des employés permanents, les travailleurs précaires ne reçoivent pas de primes, qui, dans les revenus en Corée, occupent une place significative (les primes de fin d’année vont fréquemment jusqu’à l’équivalent de deux mois de salaire). Précisément  la surexploitation de  la force de travail des précaires est l’un des facteurs principaux qui permettent à la firme Hyundai de vendre ses automobiles à des prix inférieurs à ceux de Toyota et d’autres concurrents américains et européens et donc d’accroître sa part sur le marché mondial.

 

L’histoire du combat des travailleurs précaires est typique de la Corée du Sud de nos jours. D’abord parce que la compagnie peut ne pas respecter la loi et ensuite parce que « l’état de droit démocratique » inflige des sanctions dures aux travailleurs. Choe Byeong-seung a été renvoyé de son travail déjà en 2005 pour activité syndicale. En 2006 et 2009 il a été deux fois arrêté pour piquet « illégal » devant cette usine dont il a été licencié. En février 2012 le tribunal de la cour suprême de Corée, après 7 ans (!)  de débats judiciaires dans toutes les instances possibles, a statué que le licenciement était illégal et illégal également le contrat de travail de  Choe passé par l’intermédiaire d’un fournisseur de main d’œuvre. En substance, le tribunal a reconnu que la compagnie Hyundai réalisait un profit important par la surexploitation des travailleurs précaires, ce qui est illégal selon les propres lois sud-coréennes. La firme, cependant, a tout d’abord refusé de réintégrer Choe à son poste de travail.et ensuite, alors que la protestation sur le pylône électrique avait déjà commencé, a accepté de le prendre comme employé permanent … mais seulement Choe. Cependant Choe et Cheon ne se battent pas seulement pour eux mais pour les droits de leurs 9.000 camarades d'infortune. La compagnie refuse carrément d’en parler avec Choe et Cheon et par principe ne reconnaît pas le syndicat des travailleurs précaires en qualité de partenaire pour les négociations. Comme alternative la firme propose d’embaucher d'ici 2016 3.500 personnes comme travailleurs permanents, voulant ainsi diviser le syndicat des travailleurs précaires et continuer à exploiter la sueur de ceux qui n’obtiendront pas ce statut et qui seront la majorité.

 

Malheureusement le syndicat des travailleurs permanents soutient la proposition de la firme et n’apporte aucun soutien à leurs collègues précaires. Ceci est typique de la Corée du Sud avec son mouvement ouvrier divisé et où une partie significative des travailleurs syndiqués et bien payés s’inscrivent dans le système et s’expriment à partir du point de vue du trade-unionisme conservateur. Maintenant le tribunal local de Ulsan prescrit à Choe et Cheon de quitter la ligne à haute tension mais ils n’entendent pas céder. Seulement la solidarité et en particulier la solidarité internationale peut forcer Hyundai à faire des concessions, à accepter les demandes légales des travailleurs et à sauver Choe et Cheon d’une mort lente sous la ligne à haute tension. Pour ceux qui veulent exprimer leur solidarité avec le combat des travailleurs précaires de Hyundai voici l’adresse électronique de leur syndicat : hjbtw@jinbo.net  et la page d’accueil de leur site internet : http://hjbtw.jinbo.net.

 

Source : site personnel de Vladimir Tikhonov. Traduction du russe par l'AAFC (YB). Photos.

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 12:50

Elue le 19 décembre 2012, la nouvelle présidente sud-coréenne Park Geun-hye (Parti Saenuri, conservateur) a affirmé que la lutte contre le travail précaire serait l'une de ses priorités. De fait, un membre de l'équipe de transition qu'elle a nommée dans l'attente de son entrée en fonctions, le 25 février, a déclaré le 7 janvier qu'un mouvement de titularisation serait engagé, en commençant par le secteur public qui aurait ainsi valeur d'exemple. Alors que la protection sociale et le droit du travail en Corée du Sud sont aujourd'hui parmi les moins étendus des pays membres de l'OCDE, les luttes actuelles montrant qu'il y a urgence à agir pour assurer une protection des travailleurs à la hauteur du niveau de développement atteint par la République de Corée.

La rengaine est connue : pour les employeurs, la concurrence internationale ne leur laisserait pas d'autre choix que de toujours diminuer les salaires et la protection sociale et d'embaucher sous contrat précaire (CDD, intérim, temps partiel). C'est précisément cette logique que refuse la Confédération coréenne des syndicats (Korean Confederation of Trade Unions, KCTU) en appuyant la demande de titularisation de 7.700 travailleurs précaires du constructeur automobile Hyundai Motors, soit 20 % des effectifs de l'entreprise. Et les ouvriers de Hyundai Motors - filiale du conglomérat Hyundai - peuvent s'appuyer sur un jugement rendu en février 2012 par la Cour suprême sud-coréenne, qui avait fait droit à un ouvrier, Choi Byung-seung, d'obtenir un emploi en CDI après avoir enchaîné les contrats pendant deux ans et été mis à la porte de l'entreprise en 2005. Restées sans lendemain, les promesses de Hyundai de "prendre les mesures appropriées" après le jugement de la Cour suprême apparaissent n'avoir été qu'un moyen de gagner du temps.

Si la précarité et la sous-traitance sont des modes habituels de gestion du personnel dans les entreprises automobiles des pays capitalistes développés compte tenu de la forte fluctuation de l'activité de production, les constructeurs coréens sont dans une situation nettement plus enviable que leurs concurrents européens. Hyundai et sa filiale Kia ont vendu 6,6 millions dans le monde en 2011, en hausse de 15 % par rapport à 2010, et les dernières prévisions de ventes mondiales pour 2012 s'établissent à 7 millions de véhicules. Le recours aux contrats précaires est donc bien un mode de gestion délibéré propre aux grandes entreprises sud-coréennes, indépendamment de la conjoncture économique. En 2010, une enquête du ministère du Travail sud-coréen avait révélé que 25 % des salariés sud-coréens occupaient un emploi précaire (16,3 % dans l'industrie automobile), cette proportion atteignant 61,3 % dans la construction navale - secteur où la Corée du Sud se situe dans les deux premiers rangs mondiaux, avec la Chine.

La mise en place d'une protection sociale à la hauteur du niveau de développement atteint par la Corée du Sud mobilise les syndicats et les travailleurs. Ils ont réactivé la chaîne des "bus de l'espoir", apparus pour soutenir la syndicaliste Kim Jin-suk - qui avait passé 309 jours en haut d'une grue pour protester contre les conditions de son licenciement par Hanjin Heavy Industries (HHI). L'aboutissement des revendications avait montré qu'un rapport de forces pouvait être créé avec les conglomérats sud-coréens qui dominent la scène économique du pays, nés sous la colonisation japonaise puis favorisés sous le régime du très autoritaire général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente Park Geun-hye, élue le 19 décembre 2012.

L'entreprise HHI est à nouveau mise en cause, après le suicide de deux de ses salariés - Choi Kang-seo, qui a mis fin à ses jours le 21 décembre 2012 après avoir été licencié alors qu'il était sous contrat précaire, et Lee Un-nam, mort le 22 décembre 2012. Après ces deux événements qui ont choqué l'opinion publique, les "bus de l'espoir" ont repris la route et ce sont 2.000 personnes qui ont manifesté dans le port de Pusan, au Sud du pays, le 5 janvier 2013, devant les chantiers navals de Hyundai.

    A_Single_Spark.jpgAlors qu'après la Libération la Corée du Sud est tombée sous le joug d'un des régimes les plus répressifs d'Asie au vingtième siècle, celui de Syngman Rhee, dont l'accession au pouvoir s'est soldée par la purge de 70.000 opposants pour la seule année 1947, le peuple sud-coréen a réussi, par la persévérance de ses luttes, à faire reculer les gouvernements autoritaires : en 1997, pour la première fois l'alternance démocratique se produisait en Corée du Sud, avec l'élection de l'ancien opposant Kim Dae-jung, condamné à mort par la junte militaire mais sauvé grâce à une mobilisation internationale à laquelle l'Association d'amitié franco-coréenne avait pris toute sa part. Le combat n'était pas seulement politique : le 13 novembre 1970, un jeune ouvrier du textile âgé de 22 ans, Jeon Tae-il (photo à gauche), s'était immolé par le feu pour dénoncer - déjà - les conditions de travail en Corée du Sud. La croissance économique spectaculaire s'accompagnait alors d'un taux d'exploitation record des travailleurs, soumis aux horaires de travail parmi les plus longs au monde et interdits de s'organiser en syndicats indépendants.

Aujourd'hui, l'AAFC salue le courage de ces hommes et de ces femmes sud-coréens qu'elle soutient pleinement dans leur lutte pour les droits sociaux, et qui ont réussi à créer un rapport de forces plaçant la nouvelle administration sud-coréenne face à ses responsabilités.

Sources :
- AAFC ;
- Philippe Mesmer, "Les conflits sociaux pour protester contre la précarité se multiplient en Corée du Sud", in Le Monde, 9 janvier 2012, p. 11 ;
- sur la mise en place du régime autoritaire de Syngman Rhee après 1945 en Corée du Sud, on pourra se référer à l'ouvrage de Pascal Dayez-Burgeon, ancien diplomate français en poste à Séoul entre 2001 et 2006, Histoire de la Corée. Des origines à nos jours (Tallandier, Paris, 2012), qui observe, pour la seule année 1947 : "Tout progressiste est désormais suspect. La répression redouble, menée tant par la police, réputée pour sa brutalité, que par l'armée, équipée par les Etats-Unis, ainsi que par des ligues de jeunes activistes d'extrême-droite, souvent émigrés du Nord, qui recourent à la terreur et au meurtre. En juillet 1947, par exemple, Yuh Woon-hyung est assassiné par un jeune extrémiste âgé d'à peine dix-neuf ans. Durant cette période de chaos, les victimes des arrestations et des purges sont estimées à près de soixante-dix mille personnes" (op. cit., p. 169).

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 18:31

Alors que la célébration de la fête des travailleurs, le Premier Mai, a été liée en Corée aux combats pour la libération de la péninsule, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a commémoré dans une ambiance festive, ce 1er mai 2012, le 122ème Premier Mai de l'histoire du mouvement ouvrier.

 

choe yong rim 1 mai 2012Un rassemblement national s'est tenu au complexe de ciment de Sangwon, en République populaire démocratique de Corée, à l'occasion du 1er mai 2012. Le Premier ministre Choe Yong-rim a déclaré que la fête du travail permettait de démontrer pleinement l'esprit et la force révolutionnaires du peuple travailleur de la RPD de Corée, en appelant à renforcer également la solidarité internationale avec les peuples du monde en lutte pour conquérir les libertés démocratiques, garantir leurs droits et jouir d'une vie indépendante. Il a ajouté que, sous la conduite du Président Kim Il-sung, du dirigeant Kim Jong-il et aujourd'hui du respecté camarade Kim Jong-un, le peuple travailleur de la RPD de Corée s'était affirmé comme le maître du pays et de la révolution, dans la construction d'une nation socialiste puissante et prospère.

 

complexe de ciment sangwon

Dans une dépêche publiée à l'occasion du 1er Mai, l'Agence centrale d'information de la Corée (acronyme anglais : KCNA) a souligné que, même aux temps les plus difficiles de la lutte antijaponaise, la Fête du Travail avait été célébrée en Corée. Le premier 1er Mai après la libération de la patrie, en 1946, avait été l'occasion d'un rassemblement de masse à Pyongyang, au cours duquel le Président Kim Il-sung avait félicité les travailleurs et les avait exhortés à être l'avant-garde de la construction d'un nouveau pays socialiste.

 

A l'occasion de la fête du Premier Mai, Kim Jong-un, Premier Secrétaire du Parti du Travail de Corée (PTC), a visité l'usine de verre Taegwan et l'usine de machines-outils dirigée par Ho Chol-yong. Il a félicité les travailleurs, avant de se rendre au complexe sanitaire de Kangsong.

 

Des banquets en l'honneur des auteurs de découvertes, des chercheurs et des scientifiques ont eu lieu à la Maison Mokran et au Palais de la culture du peuple, à Pyongyang. 

 

Des représentations artistiques se sont également tenues à travers le pays. A Pyongyang, la troupe nationale d'art folklorique s'est produite à Mangyongdae et la troupe artistique Mansudae au parc de loisirs Taesongsan, tandis que la troupe de l'opéra Pibada a donné une représentation sur la place de l'Arc de Triomphe. Des jeux collectifs ont été organisés.

 

 

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Un concert de musique classique donné par l'Orchestre Unhasu a notamment interprété "Mai, mois de la victoire".

 

Le 1er mai, férié en Corée du Nord, a aussi été l'occasion de loisirs en famille, notamment sur la colline de Moran, au Mont Taesong et sur l'île Rungna à Pyongyang, dans les parcs de loisirs Waudo à Nampo et Songdowon à Wonsan.

 

Article mis à jour le 2 mai 2012

 

Sources : dépêches KCNA.

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 16:59

Le 10 novembre 2011, la syndicaliste sud-coréenne Kim Jin-suk a décidé de mettre fin à la grève qu'elle avait engagée le 6 janvier, pour protester contre le licenciement de 400 travailleurs de l'industrie navale à Pusan. Elle avait choisi, de manière spectaculaire, de monter sur une grue de chantier, attirant l'attention des médias du monde entier. Suite à l'accord intervenu entre Hanjin Heavy Industries and Construction (HHIC) et la Confédération coréenne des syndicats (Korean Confederation of Trade Unions, KCTU), le conflit a pris fin et Kim Jin-suk est descendue de sa grue. L'AAFC salue le courage de Kim Jin-suk et l'accord finalement trouvé avec la KCTU, qui revient sur l'ensemble des licenciements, tout en appelant à la vigilance sur la mise en oeuvre effective de cet accord et la nécessité d'empêcher les poursuites qui pourraient être engagées par HHIC à l'encontre de Kim Jin-suk.

 

kim_jin_suk.jpgAgée de 52 ans, Kim Jin-suk est une figure connue et reconnue du monde des ouvriers sud-coréens de la métallurgie : en 1981, elle a été la première femme soudeuse engagée sur un chantier naval. Ayant rejoint le syndicat KCTU, elle a choisi d'engager une grève pendant 309 jours, dans la cabine de la grue numéro 85, quand l'entreprise de construction navale Hanjin Heavy Industries and Construction (HHIC) a annoncé, en fin d'année 2010, le licenciement de 400 travailleurs, dans le cadre d'un plan de mesures d'économie comportant, notamment, une délocalisation de la production aux Philippines. Kim Jin-suk a rejoint la terre ferme après un accord conclu entre HHIC et le syndicat KCTU, étant accueillie par ses camarades avec une couronne de fleurs.

 

Le mode original de contestation choisie par Kim Jin-suk lui a assuré une large médiatisation, bien relayée sur les réseaux sociaux, très influents en Corée du Sud. Par milliers, les Coréens ont emprunté les "Bus de l'espoir" jusqu'à Pusan pour soutenir la syndicaliste, comptant parmi eux des célébrités comme l'actrice engagée Kim Yeo-jin. Les députés ont pressé le patron du HHIC de s'expliquer devant le Parlement. Embarrassé, le Grand parti national (GPN, conservateur, au pouvoir) a vivement incité la direction de HHIC à trouver une solution négociée au conflit, qui aura duré dix mois.

 

Ce n'était  pas la première fois que les méthodes de HHIC étaient ainsi condamnées et émouvaient l'opinion publique. En 2003, deux syndicalistes, Kim Ju-ik et Kwak Jae-kyu s'étaient suicidés lors d'un mouvement de protestation visant, déjà, des licenciements de la firme. 

 

Selon l'accord conclu entre HHIC et la KCTU, 94 employés seront à nouveau embauchés, tout en bénéficiant d'une indemnisation. 306 autres quitteront l'entreprise après avoir accepté un plan de départ en retraite. Il n'est donc prévu ni licenciements, ni reclassements.

 

Mais la vigilance est de mise : Kim Jin-suk pourrait être à nouveau poursuivie, après avoir été condamnée en janvier pour violation de propriété privée : il lui est reproché d'avoir bloqué la production de l'entreprise. Par ailleurs, les employeurs sud-coréens sont trop souvent coutumiers de ne pas respecter leurs accords : deux ans après l'accord conclu en août 2009, les ouvriers licenciés de Ssangyong Motor attendent toujours la réintégration qui leur était promise.

 

Sources : Philippe Mesmer, "Après 309 jours, une gréviste sud-coréenne descend de sa grue", in Le Monde, 11 novembre 2011 ; Frédéric Ojardias, "Corée du Sud : combat gagné pour Kin Jin-suk, la syndicaliste perchée sur sa grue", article publié sur RFI, 10 novembre 2011 (dont photo).

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12 juin 2011 7 12 /06 /juin /2011 15:32

Le montant des frais de scolarité à l'université, en hausse constante, est l'une des principales sources de reproduction des inégalités sociales en Corée du Sud. Début juin 2011, des dizaines de milliers de Coréens ont manifesté à l'appel des organisations civiques pour exiger une baisse de moitié des frais de scolarité. L'AAFC rend compte de ce qui devrait être l'un des thèmes principaux des débats lors des prochaines échéances électorales en Corée du Sud (présidentielle fin 2012 et législatives au printemps 2013), en  affirmant son entier soutien à la demande de diminution des frais de scolarité dès à présent.

 

+ 76,8 % : tel est le pourcentage d'augmentation des frais d'inscription dans les universités sud-coréennes en cinq ans, sur la période 2005-2010, selon les données de  l’Agence nationale de statistiques coréenne (KOSTAT) de Corée du Sud.

 

Ces dépenses pèsent de plus en plus lourdement sur le budget des ménages dont le chef de famille a généralement entre 50 et 60 ans et qui doivent aussi souvent faire face aux dépenses de soins de leurs parents âgés. En moyenne, les frais de scolarité universitaires atteignent 2,34 millions de won par an et par famille (soit 2.000 dollars américains par mois), soit 6,4 % des dépenses de chaque famille en moyenne en 2010 (contre 4,4 % en 2005).

 

Ces coûts explosent en cas d'inscription d'un enfant à l'université. Toujours selon la KOSTAT, une année universitaire coûte en moyenne 8 à 10 millions de won (soit plus de 7.000 à 9.000 dollars). Le taux d'entrée à l'université en Corée du Sud, supérieur à 80 %, est le plus élevé parmi les Etats membres de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

 

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En décembre 2007, le candidat conservateur Lee Myung-bak avait été élu notamment sur la promesse d'une diminution de moitié des frais de scolarité, comme le lui ont rappelé des dizaines de milliers de manifestants à Séoul, qui se relaient maintenant depuis plus de dix jours.

 

La manifestation du 10 juin a été la plus importante, ayant été rejointe non seulement par des députés d'opposition, mais aussi par des étudiants des plus grandes universités privées de Séoul qui ont appelé au boycott des cours. Une manifestation aux chandelles s'est tenue place Cheonggye.

 

La privatisation des universités dans les années 1990 a été encouragée par les gouvernements sud-coréens, afin notamment d'affaiblir les mouvements protestataires étudiants qui ont été le fer de lance de la révolution d'avril 1960 et du soulèvement démocratique de juin 1987.

 

Sources : Le Quotidien du peuple, Yonhap (dont photo).

 

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 12:30

Le 26 octobre 2009, Valeo Compressor Korea (VCK) a décidé de fermer son usine de Cheonan et, quatre jours plus tard, les 186 ouvriers coréens ont appris par  une simple lettre qu’ils étaient licenciés, sans aucune discussion ni négociation. Le licenciement a entraîné des conséquences désastreuses pour les ouvriers coréens licenciés et leurs familles (soit plus de 500 personnes). Ils travaillaient dans l’usine depuis plus de quinze ans, en moyenne, de jour et de nuit. Une délégation du comité national de l'AAFC a rencontré les ouvriers coréens à Paris, le vendredi 26 novembre 2010, et exprimé sa solidarité avec les travailleurs en lutte.

 

Valeo 0272En 2005, la société française Valeo, tout en prétendant appliquer une gestion « éthique et environnementale », a acheté Valeo-Corée, une entreprise qui s'était développée grâce au travail, au savoir-faire et aux efforts de ses ouvriers coréens pendant vingt ans sans jamais réinvestir dans les équipements. En 2009, la décision unilatérale de fermer l’usine Valeo Compressor Korea de Cheonan, une usine rentable et dégageant des bénéfices, et donc de licencier tous les ouvriers est tombée brutalement, sans avertissement préalable. Depuis plus d’un an, les travailleurs soutenus par le syndicat Korean Metal Workers’ Union - Korean Confederation of Trade Unions (KMWU-KCTU) revendiquent des négociations directes avec le groupe Valeo. Ils luttent et manifestent en Corée et en France, se rassemblant chaque jour sur les différents sites de Valeo-Corée. Depuis le 26 octobre 2010, ils campaient devant l’ambassade de France à Séoul, ayant remis une lettre le 18 novembre 2010 au conseiller politique de l'Ambassade de France à Séoul, M. Moussy, pour protester contre la décision de Valeo, demander l'ouverture d'un dialogue et pour que le gouvernement français intervienne en faveur de négociations, afin de maintenir les emplois sur le site de Cheonan et permettre le versement d'indemnités aux ouvriers licenciés.

 

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Par ailleurs, le groupe Valeo, sous la marque Valeo Thermal System Korea (VTSK), poursuit ses activités en achetant des compresseurs au Japon et en Chine. De plus, il a comme objectif de relancer la production de compresseurs à VTSK en Corée avec des travailleurs précaires, au détriment des anciens salariés. Non seulement les salariés de Valeo et leur syndicat n’ont obtenu aucune réponse quant à l'ouverture de négociations avec l’entreprise française, mais les grévistes coréens ont été agressés le 21 août 2010 par de véritables milices patronales, lesquelles ont blessé 16 personnes tandis qu'un gréviste ayant perdu connaissance a dû être hospitalisé. La direction de Valeo a refusé systématiquement les négociations directes.

 

Le 30 novembre 2010, une délégation de travailleurs et de syndiqués coréens a quitté la France après avoir manifesté pendant soixante jours devant le siège de VALEO, dans le 17eme arrondissement de Paris. La multinationale française a méprisé leurs revendications et ignoré leurs demandes.

 

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Sources : AAFC, KMWU-KCTU

 

Autres articles sur la lutte des ouvriers de Valeo, sur le blog du comité régional Nord de l'AAFC :

- Question de M. le député Jean-Jacques Candelier relative à l'avenir de l'usine Valéo

- Les travailleurs de Valéo en lutte !

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 09:46

La Fédération internationale des travailleurs de la métallurgie a initié une campagne de pétitions par mél auprès du Président de la République de Corée (du Sud), afin d'assurer le plein respect des droits des travailleurs conformément aux engagements internationaux de la Corée du Sud. L'Association d'amitié franco-coréenne relaie cette pétition en ligne à adresser (en anglais) à :

President of the Republic of South Korea |Président de la République de Corée du Sud]
president@president.go.kr 

 

Ce texte, dont le modèle en anglais est reproduit et traduit ci-après, peut être adapté, dans la limite de 8.000 caractères. En effet, pour que les organisateurs puissent suivre le nombre de pétitionnaires, il est recommandé d'utiliser le formulaire de la Fédération internationale des travailleurs de la métallurgie figurant à l'adresse suivante http://www.imfmetal.org/index.cfm?n=759&l=5, en précisant le nom et le prénom de l'expéditeur, son adresse mél et (facultatif) le nom du pays ou de l'organisation.

 

Dear President Lee Myung-bak,

 

 I join with the International Metalworkers' Federation in calling for the Korean government to honour its international commitments and respect workers’ rights.

 

 Repeatedly workers and trade unions in Korea are subject to violations of human and trade union rights. The number of arrests and severity of prison sentences as well as physical violence is increasing.

 

 When Korea joined the Organisation for Economic Co-operation and Development (OECD) in 1996 it was on the proviso that your government would take the necessary measures to bring Korea’s labour law in line with international standards.

 

 Korea has failed to adhere to or ratify ILO conventions no. 87 (right to freedom of association) and no. 98 (right to collective bargaining) and your government has repeatedly refused offers of technical assistance from the International Labour Organisation to bring your legislation into line with international standards.

 

 The Korean Government routinely uses criminal sanctions under Article 314 of the criminal code to arrest and imprison trade unionists for exercising their legitimate right to conduct trade union activities.

 

 The Korean law denies workers in precarious or irregular employment the right to join a trade union and bargain collectively. Employers systematically engage workers on precarious employment contracts specifically to prevent them from forming and joining trade unions.

 

 Public sector workers are subjected to anti-union discrimination and disciplinary measures and their collective agreements are unilaterally cancelled by the Government. Whole categories of Government workers are prevented from organizing through an overly broad definition of “essential services”.

 

 I call on the Korean government to honour your international commitments and respect workers’ rights.

 

Yours,

Traduction par l'AAFC :

 

Monsieur le Président Lee Myung-bak,

 

Je rejoins l'appel de la Fédération internationale des travailleurs de la métallurgie au gouvernement coréen pour qu'il honore ses engagements internationaux et respecte les droits des travailleurs.

 

De manière répétée les travailleurs et les syndicats en Corée ont fait l'objet de violations des droits des personnes et des droits syndicaux. Le nombre d'arrestations et la sévérité des peines de prison, de même que la violence physique, sont en augmentation.

 

Quand la Corée avait rejoint l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) en 1996, c'était sous la condition que votre gouvernement prenne les mesures nécessaires pour amener le droit du travail coréen aux standards internationaux.

 

La Corée n'est parvenue ni à adhérer à, ni à ratifier les conventions OIT n° 87 (droit à la liberté d'association) et n° 98 (droit à l'action collective) et votre gouvernement a refusé de manière continue les offres d'assistance technique de l'OIT pour mettre la législation en conformité avec les standards internationaux. 

 

Le gouvernement coréen a l'habitude d'utiliser les sanctions pénales relevant de l'article 314 du Code pénal pour arrêter et emprisonner des syndicalistes dans l'exercice de leur droit légitime à conduire des activités syndicales.

 

La loi coréenne refuse aux travailleurs en situation illégale ou précaire le droit d'adhérer à un syndicat et d'agir collectivement. Les employeurs recrutent systématiquement les travailleurs sur des contrats précaires pour les empêcher de rejoindre ou de former des syndicats.

 

Les travailleurs du secteur public sont soumis à une discrimination anti-syndicale et des mesures disciplinaires et leurs conventions collectives sont annulées unilatéralement par le gouvernement. Toutes les catégories d'agents publics sont interdits de s'organiser par une définition très extensive des "services essentiels".

 

J'appelle le gouvernement coréen à honorer ses engagements internationaux et à respecter les droits des travailIeurs.

 

Bien à vous,

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 00:10

Suite la fermeture sans concertation ni préavis de leur usine, filiale de Valeo, le 23 octobre 2009, des ouvriers sud-coréens ont décidé de défendre leurs droits en investissant leur usine qui fabriquait des compresseurs d’air conditionné. Poursuivis par la direction de Valeo pour "occupation illégale", les travailleurs coréens de Valeo ont continué leur action jusqu'à l'envoi d'une délégation de syndicalistes en France, laquelle s'est installée devant le siège social de Valeo. De précédentes délégations étaient venues en France en décembre 2009 et en janvier 2010, sans être reçues. L'AAFC est solidaire du combat des ouvriers coréens, demandant aux dirigeants de Valeo de recevoir la délégation et de faire suite à leurs demandes, dans le respect des normes nationales et internationales du droit du travail. L'article reproduit ci-dessous a été publié dans L'Humanité du vendredi 11 juin 2010.

Des Coréens en colère campent devant Valeo

L’équipementier français refuse toujours de négocier avec les salariés de l’une de ses filiales qui ont fait le voyage jusqu’à Paris.
 
 « La France est le pays des droits de l’homme, nous pensions que nous serions écoutés », confie Kim Junghee, membre du syndicat Korean Metal Workers Union. Une délégation de 5 syndicalistes coréens, soutenue, notamment, par la CGT et le NPA, occupe nuit et jour le parvis du siège social de Valeo France. Depuis près d’un mois, ils tentent, en vain, de rencontrer la direction de l’équipementier ­automobile pour exprimer leur ­incompréhension.
 
 Le 23 octobre 2009, la direction de Valeo Cheonan a décidé, du jour au lendemain, sans consultation préalable du comité d’entreprise, ni des représentants du personnel, de fermer son unité de production. Déterminés à défendre leurs droits, les ouvriers de cette entreprise, la seule des 7 filiales coréennes du groupe à disposer d’une structure syndicale, prennent le parti d’investir leur usine. Valeo Corée les traite alors en criminels et parvient à les faire condamner pour occupation illégale. Michel Ducret, responsable CGT métallurgie, confirme la volonté du groupe de briser le mouvement de protestation  : « Depuis le 2 juin, Valeo a coupé l’eau et l’électricité du site pour rendre l’occupation intenable. » Bien décidé à tuer dans l’œuf toute expansion du mouvement social, Valeo met à pied une cinquantaine d’employés d’une unité sœur qui s’étaient mis en grève par solidarité.
 
 Au vu du déni total de la direction locale, les salariés coréens avaient déjà envoyé, en décembre 2009 et en janvier 2010, des représentants en France, qui n’ont pas été reçus par la direction du groupe. Face à cette troisième délégation, le groupe continue à faire preuve d’une indifférence coupable. Dans l’espoir de forcer l’entreprise à entamer de nouvelles négociations avec les travailleurs, une plainte accusant Valeo de négliger sa responsabilité sociale a été déposée le 2 juin auprès du Tuac, instance de coordination des syndicats des pays de l’OCDE.
 
Viviane Clermont et Hugo Castanera
Sources : L'Humanité et leblogauto.com
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