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7 avril 2015 2 07 /04 /avril /2015 13:00

Le 16 avril 2014, le ferry Sewol faisait naufrage au sud-ouest des côtes coréennes, entraînant la mort de 304 personnes, en grande majorité des lycéens. Depuis, les familles des victimes cherchent désespérément à établir la vérité sur les causes du naufrage, y compris pour éviter qu’un tel drame se répète, mais se heurtent aux manœuvres dilatoires des autorités sud-coréennes. A l’approche du premier anniversaire de la tragédie du Sewol, l'International Strategy Center (ISC), de Corée du Sud, mène une campagne internationale pour soutenir les familles des victimes. L’objectif de cette campagne relayée, avec d’autres, par l’Association d’amitié franco-coréenne est d’attirer l'attention de l'opinion internationale sur le fait que le drame du Sewol reste à ce jour largement non-résolu. Vous trouverez ci-dessous la traduction française du texte de cette pétition que vous pouvez signer en ligne en cliquant ici (version en anglais). Comme l'ISC le suggère à la fin de l'appel, vous pouvez également vous prendre en photo en tenant dans vos mains un message reprenant les revendications des familles de victimes et envoyer le résultat par courrier électronique à iscenter2015@gmail.com. Par ailleurs, une manifestation de soutien aux familles des victimes du Sewol est organisée le samedi 18 avril 2015 à 18h à Paris, esplanade du Trocadéro.

Campagne de pétition internationale pour faire toute la lumière sur le drame du naufrage du « Sewol »

« Un an après, faire toute la lumière sur le drame du Sewol, punir les responsables et retrouver les corps des neuf personnes disparues »,

Pétition à destination du gouvernement coréen, initiée par l'International Strategy Center (ISC), Corée du Sud.


À 9 heures le 16 avril 2014, après un virage serré, le ferry Sewol, ses cales surchargées de containers, commençait à sombrer au sud-ouest des côtes de la Corée du Sud. Les premiers bulletins d'informations faisant état d'un sauvetage de l'ensemble de l'équipage suscita l'espoir des familles mais celui-ci fut rapidement brisé par la réalité des faits. Seulement 172 personnes ont pu être évacuées du bateau et secourues tandis que 304 – la plupart des lycéens – restèrent piégées à l'intérieur du navire. Les tâtonnements et les hésitations du gouvernement dans les heures déterminantes qui ont suivi le drame ont transformé les minutes en heures et les jours en mois, faisant fondre comme neige au soleil les espoirs de sauvetage. La colère grandissante des familles fut exacerbée par l'inexactitude des informations relayées par les médias et les tentatives du gouvernement pour masquer son incurie et la lenteur de sa réaction. Cupidité, corruption, dérégulation et incompétence ont fait d'un simple accident le pire désastre maritime coréen de ces 40 dernières années. Cette catastrophe questionne également la légitimité d'un gouvernement obnubilé par la croissance économique mais négligent du bien-être de son peuple.

Aujourd'hui, pratiquement un an après la tragédie, 295 corps ont été repêchés, mais 9 d'entre eux restent introuvables. Un nombre incalculable de manifestations, une pétition réunissant 6 millions de signatures, une occupation de 8 mois de la place Gwanghwamun et une grève de la faim par les membres des familles de victimes ont été menées pour réclamer que la vérité qui réside derrière cette tragédie soit révélée et que les responsables soient punis. Le gouvernement est resté sourd à ces demandes, paralysé par des intérêts particuliers et effrayé par les conséquences que pourraient avoir des révélations compromettantes. Aussi longtemps que des corps seront toujours manquants et que la vérité restera tue, les familles des victimes ne pourront pas refermer leurs plaies et faire dignement leur deuil.

Pour faire la lumière sur le drame et éviter la répétition de ces morts absurdes dans le futur, les familles de victimes ont demandé la création d'un comité disposant de toute l'autorité nécessaire en matière d'enquête et de poursuite. En réponse, le gouvernement a mis en place un timide comité qui n'a toujours pas lancé d'enquête à grande échelle à cause des désaccords ministériels quant au budget à lui accorder. De plus, alors que les familles des victimes encore portées disparues réclament que le Sewol soit repêché pour que l'on puisse récupérer les corps manquants et dévoiler la vérité, le gouvernement rechigne ostensibement en raison du coût d'une telle mission.

La mise en examen des responsables a été lente. Le président directeur général ainsi que cinq autres employés de la compagnie Cheonghaejin Marine, propriétaire du Sewol, sont poursuivis pour négligence dans la conduite de leurs affaires, négligence professionnelle ayant entraîné la mort, et pour violation de la loi sur la sécurité des navires. Ayant remis en circulation un bateau vieux de 20 ans, ils ont illégalement modifié sa structure et amplifié sa cargaison en surchargeant son pont supérieur de containers afin d'augmenter leurs profits.

Alors qu'approche le premier anniversaire de la tragédie du 16 avril, certains disent : « Assez, arrêtons de nous disputer et contentons-nous de commémorer cette tragédie dans le calme. » Pourtant, comment pouvons-nous garantir qu'une telle catastrophe ne se répètera pas ? Comment pouvons-nous soulager les familles des victimes quand la vérité est toujours étouffée, quand les coupables ne sont pas tenus pour responsables et quand neuf corps sont toujours manquants ?

Nous devons lutter contre le temps, contre les tentatives du gouvernement pour cacher la vérité, contre des médias sous influence du gouvernement et contre notre propre inaction pour ne pas oublier. En faisant cela, nous pourrons créer une société qui valorise le bien-être de sa population, qui préfère la sécurité aux profits, et dans laquelle une telle tragédie ne se reproduira pas.

Alors que nous nous approchons du premier anniversaire de la tragédie du Sewol, nous vous prions de bien vouloir prendre quelques minutes pour joindre notre campagne internationale en solidarité avec la lutte des familles des victimes :

Participez à notre campagne de photos, en tenant dans vos mains un message écrit reprenant les trois revendications suivantes et/ou en utilisant le hashtag #thetruthmustnotsinkwithsewol [la vérité ne doit pas couler avec le Sewol] :

- Une enquête complète pour faire la vérité sur le drame du Sewol.

- Une sanction pénale des responsables de la tragédie.

- Repêchage du Sewol et des neuf corps encore manquants.

Envoyez-nous une copie de votre photo à iscenter2015@gmail.com
L'ISC publiera les photos dans son Rapport mensuel d'informations mondiales du mois d'Avril et les remettra aux familles des victimes en signe de solidarité (de même que la pétition que vous pouvez signer ici).

Encouragez vos amis à participer à cette campagne.

Merci.

 

 

Source :

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18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 22:05

Le 16 septembre 2014, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a appelé à l'adoption rapide par le Parlement de la dernière version du projet de loi visant à créer une commission spéciale pour enquêter sur les causes du dramatique naufrage du ferry Sewol en avril dernier - qui a causé 304 victimes, en majorité des adolescents qui étaient en voyage scolaire. Cette réaction d'autorité est vivement dénoncée comme autoritaire par l'opposition et les familles des victimes, lesquelles ont engagé un mouvement de protestation pour exiger que la commission créée par la loi spéciale sur le Sewol ait non seulement des pouvoirs d'enquête, mais également d'accusation. Par ailleurs, l'implication in fine de la chef de l'Etat - qui avait initialement jugé que cette question relevait de la compétence du Parlement - apparaît comme un revirement de position, difficilement explicable autrement que par l'irritation de Mme Park Geun-hye face à la colère des familles des victimes - aisément compréhensible, mais qu'elle perçoit comme une mise en cause de sa propre autorité. Au final, son brutal rappel à l'ordre pour que cessent les discussions parlementaires n'est-elle pas un aveu de faiblesse ?  

La montagne parlementaire va-t-elle accoucher d'une souris ? Le doute est permis au regard du refus du parti Saenuri (conservateur, au pouvoir) d'accepter de prendre en compte les demandes des familles des victimes pour l'adoption de la loi spéciale suite au naufrage du Sewol - comme le propose l'opposition démocrate, qui a menacé de boycotter les travaux parlementaires tant qu'un compromis acceptable ne serait pas trouvé.

Au coeur du débat figure l'étendue des pouvoirs de la commission d'enquête indépendante qui serait créée sur le naufrage du ferry Sewol : à des pouvoirs d'enquête les familles des victimes demandent que s'ajoutent des pouvoirs de mise en accusation. La présidente sud-coréenne a répondu "non", en estimant qu'il y aurait là une confusion des pouvoirs et un non-respect de l'indépendance de la justice. Ses détracteurs rétorquent que la commission d'enquête telle qu'elle est proposée risque de ne pas avoir les moyens de conduire des travaux qui lui permettent de faire toute la vérité sur cette tragédie, ni d'éviter qu'une telle situation se reproduise à l'avenir.

Pour se faire entendre, des membres des familles des victimes - ensuite rejointes par des représentants de groupes civiques, d'églises et de partis politiques - ont établi des tentes à proximité de la Maison bleue, siège de la présidence de la République, et engagé un mouvement de grève de la faim. Parmi eux, Kim Young-oh, père d'une des jeunes filles disparues lors de la catastrophe, a conduit une grève de la faim pendant 46 jours. Lorsqu'il a mis fin à sa grève de la fin, le 28 août, des centaines de Coréens ont alors suivi son exemple en décidant à leur tour de ne pas manger.

Kim Young-oh, père d'une des victimes du naufrage du "Sewol", en discussion avec Park Young-sun, représentante du comité de l'opposition démocrate

Kim Young-oh, père d'une des victimes du naufrage du "Sewol", en discussion avec Park Young-sun, représentante du comité de l'opposition démocrate

Plusieurs leçons sont à tirer de ce bras-de-fer courageux et opiniâtre, qui rappelle l'engagement jusqu'à la mort de ceux qui, naguère, luttèrent contre le régime militaire et pour la démocratie au Sud de la péninsule.

 

Le jusqu'au-boutisme de la Présidente de la République, qui refuse une nouvelle fois le compromis, est une source majeure de tensions dans la société coréenne. De surcroît, en assimilant toute opposition à des manoeuvres subversives où elle croit déceler la main de l'opposition, Mme Park se trompe de cible : l'émotion créée par la catastrophe nécessite de dépasser les clivages partisans et de cesser de rejeter par principe les propositions de l'opposition démocrate - dont les précédents compromis avaient toutefois été très mal reçus par les familles des victimes. Si la loi est adoptée par égard aux victimes et à leurs familles, ne doit-on pas parvenir à une forme de consensus avec ces dernières ?

Enfin, derrière les postures, se pose une question fondamentale : les autorités sud-coréennes entendent-elles revenir sur une déréglementation qui a rendu possible le drame du Sewol, et promet de nouvelles catastrophes similaires à l'avenir si rien ne change ?


Sources :

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 23:17

Dans son numéro de septembre 2014, le mensuel Beaux Arts Magazine (qui tire à 50.000 exemplaires) revient sur l'affaire Ahae, dans un article titré "Ahae. Faux artiste et vrai escroc". Revenant sur une "inquiétante dérive du mécénat en France", la journaliste, Françoise-Aline Blain cite l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) en apportant quelques éclairages sur le mécénat de Ahae au musée du Louvre et au château de Versailles.

 

Observant que se pose la question du financement du mécénat en France, au-delà du drame et du scandale attaché au naufrage du ferry "Sewol" que possédait Yoo Byung-eun par personnes interposées, le mensuel cite l'AAFC :

"Benoît Quennedey, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), la première, en France, à avoir soupçonné le lien existant entre Ahae et Yoo Byung-eun, ne décolère pas : 'La baisse des crédits publics justifie-t-elle de vendre à un inconnu, au talent douteux, une réputation d'artiste ? Justifie-t-elle d'accepter tous les fonds, d'où qu'ils viennent ? A notre avis, les graves manquements à l'éthique dans le financement des musées exigent des réponses de l'administration française' ".

Pour être parfaitement honnête, c'est en France Bernard Hasquenoph, animateur du site Louvre pour tous, qui avait révélé que le photographe Ahae était Yoo Byung-eun. L'AAFC avait ensuite été la première, en France, à faire le lien avec le propriétaire du ferry "Sewol" en mentionnant par ailleurs une ancienne condamnation pour fraude et que son nom avait été mêlé à une affaire de suicide collectif. Ensuite, il est revenu au collectif de Coréens vivant en France Paris Copain le mérite d'avoir permis par leur action l'annulation de la participation de Ahae au festival des forêts de Compiègne, après qu'ils eurent écrit une lettre ouverte à Mme Aurélie Filipetti, alors ministre de la Culture.

 

Ayant poussé ses investigations, Françoise-Aline Blain n'a guère obtenu de réponse des bénéficiaires des largesses de Ahae, sinon une promesse qu'ils seraient plus vigilants à l'avenir... Mais elle nous apprend que le ministère des Affaires étrangères, sollicité, n'avait rien trouvé à redire à ces "mécénats" intéressants pour leur parrain, et que Tracfin aurait également été interrogé, sans qu'aucune mise en garde ne soit formulée.

En outre, l'AAFC rappelle que Henri Loyrette, ancien président du Louvre et qui avait été l'un des plus grands zélateurs de Ahae, a gagné des liens qu'il a noués dans cette affaire avec les officiels sud-coréens de devenir le commissaire culturel des années croisées France-Corée (2015-2016) ! Au-delà de cette inconvenante récompense, ni les diplomates sud-coréens qui ont "vendu" la marque Ahae, ni les hauts fonctionnaires français qui ont été complices de cette escroquerie n'ont été, à aucun moment, inquiétés ou mis en cause.

Affaire Ahae : "Beaux Arts Magazine" cite l'AAFC et revient sur les dérives du mécénat
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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 23:36

Deux événements dramatiques ont récemment frappé la Corée : le 16 avril, le naufrage du ferry Sewol, au large des côtes sud-coréennes, a entraîné la mort ou la disparition de 302 personnes, majoritairement des lycéens ; le 15 mai, l'effondrement d'un immeuble dans le quartier de Pyongchon, à Pyongyang, aurait causé des centaines de morts. Solidaire de tout le peuple coréen, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a immédiatement présenté ses condoléances aux familles des victimes dans les comptes rendus de ces événements tragiques publiés sur son site Internet. Elle a également envoyé des messages de condoléances, signés de son Président, André Aubry, que nous reproduisons ci-après. La lettre au proviseur du lycée Danwon, à Ansan, où étaient scolarisés nombre des victimes du naufrage du Sewol, lui a été directement adressée et a été traduite en coréen. La lettre à M. Cha Hui-rim, président du Comité populaire de la ville de Pyongyang, a été transmise par l'intermédiaire de nos homologues de l'Association d'amitié Corée-France, en partie francophones, et n'a donc pas été traduite en coréen.

Messages de condoléances de l'AAFC après le naufrage du Sewol et l'effondrement d'un immeuble à Pyongchon
Messages de condoléances de l'AAFC après le naufrage du Sewol et l'effondrement d'un immeuble à Pyongchon

André AUBRY                                                                            Paris, le 5 mai 2014
Président de l’Association d’amitié franco-coréenne
c/o Maison des associations du 16ème arrondissement
14, avenue René Boylesve
75016 Paris
France

 

                                                                                   Proviseur du lycée Danwon
                                                                                   55, Danwon-Ro
                                                                                   Danwon-gu
                                                                                   Ville d’Ansan
                                                                                   Gyung-Gi Do
                                                                                         République de Corée
                                                                                                                                                                      



Madame, Monsieur



L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) milite depuis quarante ans pour la paix et la réunification en Corée. A ce titre, nous avons toujours été aux côtés du peuple coréen, y compris dans les moments les plus douloureux de son histoire.


Dès la nouvelle de la tragédie du naufrage "Sewol", survenue le 16 avril dernier, nous avons informé et sensibilisé l'opinion publique française. Nous avons présenté nos condoléances, tout en continuant à espérer que les personnes disparues pourraient être sauvées. Par respect dû à la mémoire des victimes, nous formons le voeu que toute la lumière soit faite sur les causes de cette catastrophe, pour que plus jamais de telles tragédies ne se reproduisent. Lors de notre réunion du 29 avril, les membres du bureau de l'AAFC ont décidé d'exprimer aussi leur solidarité par la lettre que vous avez sous les yeux.


Ce naufrage représente un drame terrible pour les familles des 302 victimes, mortes ou disparues. Il s'agissait majoritairement de lycéens, arrachés trop tôt à l'affection des leurs, disparus dans des circonstances épouvantables sans avoir pu être secourus, et c’est pourquoi nous avons choisi de vous adresser cette lettre. Les messages poignants qui ont été adressés, à leurs familles et à leurs proches, resteront à jamais gravés dans nos mémoires.

Nous vous exprimons, à vous et à leurs familles, nos plus sincères condoléances, dans ces circonstances extrêmement douloureuses.



Le Président de l’Association d’amitié franco-coréenne,

                                                                                             André AUBRY

2014년 5월 5일 파리에서 드립니다.

 

앙드레 오브리

프랑스-코리아 친선 협회 이사회장

파리 16구 협회 주소지

르네 보아르스베 길 14번지

프랑스

 

                                                                          단원고등학교 귀하

                                                                          대한민국 경기도 안산시 단원구 단원로 55

 

세월호 참사로 인한 깊은 슬픔 속에 계시는 학교 관계자 여러분께


저희 프랑스-코리아 친선 협회는 지난 40년 이상 한반도의 평화와 통일을 위해 일해온 단체입니다.

저희는 그 시간 동안, 특히 고통스러운 많은 역사들의 한 순간 한 순간을 포함해서 한반도 민중들의 입장에 서 왔습니다.

지난 4월 16일 일어난 세월호 침몰의 비극을 접하고 나서, 저희 단체는 프랑스인들에게 이 참사의 소식을 전하고 프랑스인들로 하여금 이 참사가 무엇을 의미하는지 알게 하도록 노력하였습니다.

저희는 깊은 슬픔에 빠졌으며, 또한 실종자 분들의 구조를 진심으로 기원했습니다.

희생자 여러분을 영원히 잊지 않기 위해서, 또한 이러한 참극이 다시는 일어나지 않기 위해서, 저희는 이 참사의 진상이 제대로 규명되기를 바랍니다.

저희가 4월 29일에 가졌던 회의에서, 저희 프랑스-코리아 친선 협회의 이사회는 저희의 슬픔을 담아 위로와 연대를 전하기로 결정하였습니다.

총 302명의 희생자들이 실종되거나 돌아가신 이 참극은 유가족들에 끔찍한 고통과도 같을 것입니다.

대다수의 희생자들이 고등학생이었고, 평생을 함께 해 온 소중한 가족을 잃는, 뿌리채 뽑혀져 나가는 커다란 슬픔을 겪고, 구조될 것이라는 기약도 없는 그 끔찍한 고통을 짐작하기 힘듭니다.

이런 마음에서, 저희는 이렇게 편지로 마음을 전해 드리기로 하였습니다.

침몰된 배 안에서 구조를 바라는 희생자들의 절규, 가족들과 친구들과 가까웠던 사람들에게 전하는 그 가슴이 미어지도록 슬픈 절규를 떠올리면서 저희는 결코 희생된 분들을 잊을 수 없을 것입니다.

저희는 유가족 분들과 학교 관계자 여러분들께 저희의 가장 깊은 슬픔과 고통의 마음을 담아 진심으로 위로를 전합니다.

 

 

                                                                       프랑스-코리아 친선 협회 이사회장

                                                                                      앙드레 오브리

Messages de condoléances de l'AAFC après le naufrage du Sewol et l'effondrement d'un immeuble à Pyongchon

André AUBRY                                                                                Paris, le 22 mai 2014
Président de l’Association d’amitié franco-coréenne
c/o Maison des associations du 16ème arrondissement
14, avenue René Boylesve
75016 Paris
France

 

                                                             M. Cha Hui-rim
                                                             Président du Comité populaire
                                                             de la ville de Pyongyang
                                                             République populaire démocratique de Corée

 

                                  
Monsieur le Président,


L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) milite depuis quarante ans pour la paix et la réunification en Corée. A ce titre, nous avons toujours été aux côtés du peuple coréen, y compris dans les moments les plus douloureux de son histoire.


Dès qu’a été rendu public l’effondrement d’un immeuble dans le quartier de Pyongchon, à Pyongyang, nous avons immédiatement rendu compte de cette terrible nouvelle sur notre site Internet, ainsi que des excuses présentées par plusieurs responsables, dont vous-même, devant les familles des victimes, en comprenant quelle douleur a été la vôtre – ayant moi-même été maire d’une ville française pendant sept ans. En mon nom propre comme en celui de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC) que je préside, nous vous adressons nos plus sincères condoléances.


Cette catastrophe me touche au plus profond de mon cœur : je pense aux familles, aux hommes, aux femmes et aux enfants trop tôt disparus, ainsi qu’à l’affliction des leurs - parents, amis, voisins ou collègues. J’imagine leurs visages en me remémorant les Coréens que j’ai connus, ici en France et lors de mes voyages dans la péninsule.  Celles et ceux qui ont disparu ont pour moi des noms, des visages, qui resteront à jamais gravés dans nos mémoires.

 

Nous avons confiance dans la capacité du peuple coréen à se relever après cette catastrophe, étant certains que toutes les mesures seront prises, en termes de sécurité de la construction, pour que plus jamais de telles tragédies ne se reproduisent.

 

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en mon entière compassion et vous prie d'accepter mes sincères sentiments d’amitié.



                                             Le Président de l’Association d’amitié franco-coréenne,
                                                  André AUBRY

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14 mai 2014 3 14 /05 /mai /2014 00:14

La calamiteuse gestion par l'administration sud-coréenne du dramatique naufrage du ferry Sewol atteint la présidente sud-coréenne elle-même, Mme Park Geun-hye, qui avait fait d'une société plus sûre l'une de ses promesses de campagne. Le 9 mai 2014, alors que les familles des victimes ont demandé à être reçues par la chef de l'Etat, celle-ci n'a envoyé que des représentants de l'administration présidentielle - tandis que le camp conservateur fustigeait la présence d'éléments à ses yeux "subversifs" dans les manifestations. Cette réaction est une nouvelle manifestation du tournant autoritaire en Corée du Sud qui vise à discréditer les forces d'opposition, en tendant ainsi à remettre en question la liberté d'expression et le droit de manifester.

Emmenés par les familles des victimes, les manifestants se sont vus bloquer l'accès à la Maison Bleue par les forces de l'ordre, le 9 mai 2014.

Emmenés par les familles des victimes, les manifestants se sont vus bloquer l'accès à la Maison Bleue par les forces de l'ordre, le 9 mai 2014.

Pour exprimer leur colère et être reçues par la Présidente Park Geun-hye, les familles des victimes étaient arrivées à proximité de la Maison Bleue - du nom du siège de l'administration présidentielle - à 4h du matin ce vendredi 9 mai. Mais il leur a fallu attendre cinq heures et demie pour qu'une délégation des familles soit reçue au niveau seulement de membres de l'administration présidentielle.

Car l'affolement a gagné les rangs du camp conservateur. Min Kyung-wook, porte-parole de la présidence de la République, a suscité l'indignation en déclarant qu'il n'était pas possible de négocier avec des personnes qui n'étaient pas les représentants des familles endeuillées. Doit-on comprendre que seules ces dernières sont autorisées à s'exprimer sur une question majeure de politique publique ?

Mme Park Geun-hye, ancienne première dame de son père, le général Park Chung-hee - qui a mis en place le régime le plus autoritaire qu'ait jamais connu la Corée du Sud - a manifestement gardé le goût d'un refus de la contestation (qualifiée par la droite sud-coréenne de "subversion"), sous le prétexte d'une plus grande efficacité de l'économie libérale, tout en menaçant de nouvelles atteintes à la liberté de la presse sous couvert de "désinformation". Les propos que la chef de l'Etat a tenus sont ahurissants au regard de la responsabilité de l'administration dans la gestion du désastre. Comment Mme Park Geun-hye ose-t-elle exploiter une telle situation de tragédie pour faire taire les voix discordantes ? 

"Les comportements qui entraînent de l'agitation sociale et de la division ont un effet négatif sur notre économie (...). Il y a des fausses rumeurs et des informations déformées qui circulent, et j'espère que tous ici vous travaillez dur pour y arriver, favoriser la compréhension, et redonner espoir dans notre société. Je ne sais pas ce qu'il adviendra de notre pays si les choses continuent ainsi".

Ces propos interviennent moins de deux semaines après des consignes données aux administrations que les fonctionnaires ne devaient pas se joindre aux manifestations du 1er mai, qui ont pris en compte le drame du Sewol - alors que le naufrage est la conséquence d'une déréglementation libérale assumée, que la fête des travailleurs est l'occasion de dénoncer dans tous les pays du monde, mais visiblement pas en Corée du Sud.

 

Le programme développé par Mme Park, appuyée par les médias conservateurs qui sont la caisse de résonance du Parti Saenuri au pouvoir, entonne, un refrain connu : promotion des "bons" médias, refus de la contestation syndicale et politique, appel à l'unité autour du dirigeant dans une négation des différences de classes et d'intérêts... Il s'agit d'une résurgence des idéaux politiques du père de Park Geun-hye, le général Park Chung-hee. Si les forces de sécurité, les médias publics et de droite et les Eglises évangélistes conservatrices sont engagées dans un marathon de longue haleine pour consolider  le pouvoir du parti Saenuri, les élections locales du 4 juin prochain peuvent encore permettre aux Coréens de donner un coup d'arrêt à l'actuelle dérive de la démocratie sud-coréenne. Rarement des élections locales auront-elles été aussi lourdes de sens et d'implications sur l'avenir politique du pays.

Sources :

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27 avril 2014 7 27 /04 /avril /2014 13:18

Suite au dramatique naufrage du ferry Sewol (302 morts et disparus, et des chances désormais très faibles de retrouver vivants les disparus), les dirigeants administratifs et politiques sud-coréens - au premier rang desquels la présidente Park Geun-hye - ont fui leurs responsabilités en chargeant l'équipage du navire, effectivement coupable de graves erreurs, mais sans s'interroger sur les conséquences des choix politiques opérés : la dérégulation mise en œuvre par les administrations Lee Myung-bak et Park Geun-hye a non seulement permis à des compagnies douteuses, comme l'entreprise Chonghaejin qui était propriétaire du ferry, de sacrifier la sécurité des passagers sur l'autel des profits des actionnaires, mais a aussi conduit à une désorganisation des services de secours au nom d'une croyance toute libérale dans la supériorité du modèle des agences. Alors que le Premier ministre Chung Hong-won a présenté sa démission le 27 avril 2014 pour, selon ses mots, "avoir mal géré un tas de problèmes, des mesures préventives avant l'accident jusqu'aux réponses initiales et mesures de suivi du Gouvernement après l'accident", l'heure est à revoir la gestion des crises, ce qui relève de la responsabilité directe de la chef de l'Etat - qui a déclaré qu'elle accepterait la démission du Premier ministre quand les opérations de sauvetage auront été achevées et qu'auront été "gérées" (sic) les "conséquences de l'accident". Mais c'était Mme Park Geun-hye qui s'était faite élire sur la promesse de faire de la sécurité de ses concitoyens l'une de ses priorités, et pas le Premier ministre Chung Hon-won.

Chung Hong-won

Chung Hong-won

"La société coréenne s'est uniquement focalisée sur le développement rapide, considérant les règles de sécurité comme des entraves". Ce constat lacunaire et sans appel, au lendemain de la gestion catastrophique du drame du ferry Sewol, n'est pas celui d'une officine d'opposition, mais du très conservateur quotidien sud-coréen Chosun Ilbo. De fait, les observateurs sont unanimes : ayant fait le choix de la déréglementation libérale, la Corée du Sud est devenue incapable de gérer de façon optimale des catastrophes majeures, et "le pays est aujourd'hui en tête du classement des pays de l'OCDE en termes de décès par accident", comme l'a observé le journaliste du Monde Philippe Mesmer.

 

S'il existe bien en Corée du Sud des règles de sécurité maritime, les manquements ne sont pas sanctionnés, ce qui équivaut à une absence de règles pour les entreprises. Sous ce régime réglementaire ultralibéral, le ferry Sewol est un cas d'école : surcharge du navire, absence d'exercices de sécurité, statut précaire du capitaine du navire (68 ans) et d'une dizaine de membres d'équipage - qui ont donné des consignes de sécurité contraires à celles qu'aurait commandé la bonne gestion de l'accident... Tous les membres d'équipage ont, depuis la catastrophe, été mis en examen.

 

Alors que dans tous les pays du monde, l'Etat au plus haut niveau est le premier sollicité en cas de catastrophe majeure touchant à la sécurité des citoyens, le chef de la sécurité nationale de la présidence sud-coréenne, Kim Jang-soo, et son porte-parole, Min Kyung-wook, ont répondu que leur service "n'était pas une tour de contrôle pour les réponses aux désastres". Comme l'a observé le quotidien d'opposition Hankyoreh, ils n'ont même pas reconnu le problème que posait en soi l'absence de "tour de contrôle" - en étant d'abord soucieux de "sauver leur peau" (et accessoirement, celle de la Présidente) en cherchant à évacuer la question de leur responsabilité.

 

Le drame du Sewol vient de loin. Car il existait, sous l'administration Roh Moo-hyun (2003-2008), un Conseil de sécurité nationale chargé des réponses en cas de crise. Le Président Lee Myung-bak avait choisi, suivi en cela par l'actuelle chef de l'Etat Mme Park Geun-hye, de confier ces missions à un ensemble d'agences qui se sont ensuite renvoyées la responsabilité d'une mauvaise gestion de la récente catastrophe - tout en obéissant scrupuleusement aux consignes du Gouvernement, qui a cherché à accréditer l'idée (par médias conservateurs et/ou à capitaux publics interposés) que tout était mis en oeuvre pour sauver les victimes. Pour sa part, ne s'impliquant pas directement elle-même, la Présidente Mme Park semblait ailleurs qu'à suivre, heure par heure, l'une des pires tragédies maritimes de l'histoire récente de la Corée, cherchant à blâmer les responsables de la compagnie propriétaire du ferry, certes eux-mêmes impliqués dans des affaires douteuses. Mais l'existence même de telles sociétés, bénéficiant de protections au plus haut niveau de l'Etat, n'est-elle pas le symbolisme de la faillite du modèle capitaliste sud-coréen - marqué par des catastrophes en série, depuis le naufrage - déjà - d'un ferry (le Seohae) le 10 octobre 1993 (292 morts), l'effondrement du grand magasin Sampoong le 29 juin 1995 (502 morts), suite au non-respect des normes de construction, et l'incendie du métro de Daegu le 18 février 2003 (198 morts) ? 

 

Face aux défaillances des pouvoirs publics, ce sont des plongeurs volontaires - et pas les gardes-côtes ou des marins professionnels - qui ont récupéré les premiers corps. L'armée, qui dispose de moyens qui lui sont propres, n'a pas engagé le Tongyeong, son principal navire de sauvetage en mer, livré en 2012 et qui aura coûté la bagatelle de 110 millions d'euros. Ce sont ces erreurs multiples qui ont conduit le Premier ministre à la démission, mais n'est-il pas temps de remettre en place un authentique service public de secours et une réglementation de la sécurité maritime digne de ce nom ?

 

Sources :

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24 avril 2014 4 24 /04 /avril /2014 07:31

Les opérations de recherche des victimes du naufrage du ferry Sewol se poursuivent. Au neuvième jour des opérations, on comptait 171 morts et 131 personnes toujours disparues, sur fond de polémique concernant les responsabilités de la compagnie maritime et l'efficacité des secours : comme l'a observé Philippe Mesmer, correspondant du Monde à Tokyo, le naufrage est aussi "celui d'une administration négligente et d'un gouvernement qui avait fait de la protection des citoyens une priorité de son action", alors que "l'armée n'a [pas] pu utiliser le Tongyeong, premier navire sud-coréen de sauvetage en mer, terminé en 2012 et ayant coûté 159 milliards de wons (110 millions d'euros)" et que "les différents services impliqués n'ont jamais su se coordonner ni répondre efficacement à l'urgence de la situation" - plaçant ainsi la Corée du Sud à la première place des pays industralisés de l'OCDE pour le nombre de décès par habitant. Dans ce contexte dramatique, de nombreux messages de condoléances sont parvenus du monde entier - y compris de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

Lorsqu'ils avaient d'abord rendu compte du dramatique naufrage du ferry Sewol en Corée du Sud, le 18 avril 2014, les médias nord-coréens avaient insisté sur la colère des familles tout en s'interrogeant sur l'efficacité des secours, à l'instar d'autres médias sud-coréens. Alors que les recherches des disparus toujours en cours laissaient alors de plus grands espoirs de retrouver des survivants, la RPD de Corée estimait que l'heure n'était pas encore à l'expression officielle de condoléances. Ce choix avait suscité des réactions d'indignation des médias conservateurs, historiquement hostiles vis-à-vis de la RPDC et à l'égard des politiques de coopération Nord-Sud conduites par les administrations démocrates au pouvoir à Séoul (1998-2008).

reunion_north_korea_koreas_family_reunions_sel804_11635063.jpgUn message de sympathies et de condoléances aux victimes a été adressé le 23 avril 2014 par la Croix-Rouge de la RPD de Corée - habituel canal de dialogue humanitaire, notamment entre les deux Corée (y compris pour les réunions de familles séparées par la division du pays, photo à gauche) - par exemple lors des inondations de 1984 au Sud de la péninsule à l'issue desquelles une aide humanitaire d'urgence avait été apportée par la Corée du Nord.

Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, le message destiné à la Croix-Rouge sud-coréenne a exprimé de "profondes condoléances concernant le naufrage du ferry Sewol dans les eaux au large de l'île de Jin, dans la province du Cheolla du Sud, le 16 avril, ayant entraîné de nombreuses victimes, notamment parmi des jeunes écoliers, et ayant causé la disparition de nombreuses personnes".

Source principale : KCNA (dépêche du 23 avril 2014)

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21 avril 2014 1 21 /04 /avril /2014 21:15

Alors que le bilan du dramatique naufrage du ferry Sewol (plus de 300 morts et disparus) s’alourdit au fur et à mesure que sont retrouvés les corps des victimes, les graves négligences commises par l’équipage ont conduit à l’arrestation non seulement du capitaine (qualifié de « meurtrier » par la présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye) et de plusieurs autres membres d’équipage, mais aussi à la mise en cause de la compagnie maritime Chonghaejin propriétaire du navire. Les premiers actionnaires de Chonghaejin ne sont autres que les deux fils du photographe et homme d’affaires Ahae, qui a fait irruption au premier plan des expositions publiques parisiennes en mai 2012 à coups de millions, par ailleurs pasteur évangélique et membre d’un groupe religieux dont 33 membres sont morts dans des conditions non élucidées en 1987.

Lorsque les propriétaires de la compagnie Chonghaejin sont apparus dans les médias au lendemain du naufrage du Sewol, ils se sont excusés non seulement pour avoir commis une faute gravissime, mais aussi pour avoir « péché ». Le ton était donné : la compagnie maritime fait partie de l’empire économique du protestant évangéliste Yoo Byeong-eon, Sud-Coréen né au Japon en 1941 et qui est également le photographe Ahae – apparu soudainement sur la scène artistique parisienne en autofinançant la mise en scène de son talent, contesté, au sein d’institutions aussi prestigieuses que le musée du Louvre et le château de Versailles.

Le premier actionnaire (via différentes sociétés) de Chonghaejin (à hauteur de 39 % au total, répartis à parts égales) sont les frères Yoo (l’aîné Yoo Dae-kyun et le cadet Yoo Hyuk-ki), suivis du président de la compagnie Kim Han-sik (11,6 %, photo ci-dessous). Alors que l’enquête est en cours, ils sont interdits de sortie du territoire coréen. Des documents et des contenus informatiques ont été saisis au siège de la compagnie, qui avait affiché récemment des pertes sur la liaison Incheon-Jeju où a eu lieu le naufrage.


kim-han-sik_sewol_chonghaejin_president.jpg
Les frères Yoo sont les fils de Yoo Byeong-eon (dont la femme, Kim Hye-kyung, possède par ailleurs 6 % du capital de la société), décrit par le journal sud-coréen de langue anglaise The Korea Herald comme « le prêtre d’un culte religieux souterrain ayant des liens étroits avec l’ancien président Chun Doo-hwan [NdT : général ayant dirigé la junte au pouvoir à Séoul entre 1980 et 1988], et qui a dirigé une compagnie de ferrys sur le fleuve Han avant sa banqueroute » en 1987. Par ailleurs, « Yoo était l’un des principaux suspects interrogés dans le cadre d’un incident survenu en 1987, suite à la découverte des corps sans vie de plus de 30 personnes appartenant à un groupe religieux auquel appartenait Yoo » (plus exactement, 33 personnes, retrouvées dans une usine de Yongin, dans la province de Gyeonggi, à près de 80 km au sud de Séoul, et dont il n’a jamais été éclairci si elles s’étaient suicidées ou s’il s’agissait d’un meurtre). Dans le cadre de l’enquête qui avait suivi, Yoo Byeong-eon avait été condamné en 1992 à quatre ans de prison pour fraude, concernant des prêts « liés principalement à des activités illégales relevant du crime organisé », selon The Korea Herald.

 Yoo Byeong-eon est déjà connu du public français, mais sous son nom d’artiste Ahae, comme l’a indiqué – après d’autres médias coréens – le site « Louvre pour tous » : l’homme, qui a été exposé aux Tuileries et à Versailles pour avoir photographié la nature depuis sa fenêtre (2,6 millions d’images en 4 ans !), ne donne aucun entretien et ne se laisse pas voir par quiconque, mais donne des éléments de biographie (inventeur, hommes d’affaires...) qui ne laissent guère de doutes sur sa véritable identité. Les écrits religieux de Yoo Byeong-eon sont, eux, commercialisés par Evangelical Media Group, qui a son siège new yorkais dans le même bâtiment qu’Ahae Press. Yoo Byeong-on préside le conseil d’administration (CA) de Highland Springs Resort (dont dépend 123 Farm, dont le président du CA est Ahae) et qui possède une maison d’édition, un hôtel et un centre de conférences… Dans l’évangélisme baptiste dont se revendique le pasteur Yoo, business et religion font bon ménage. Et son œuvre photographique exposée en France ne permet-elle pas de « célébre[r] Dieu le créateur », comme l’a clamé son exposant Milan Knizak ? Si l’homme n’était pas un milliardaire, il y a de forts doutes que ses clichés jugés conventionnels n’auraient guère attiré l’intérêt des plus prestigieuses institutions publiques françaises, apparemment ignorantes ou sinon peu gênées de savoir qui est Ahae et d’où provient son argent – car Ahae a aussi fait gagner de l’argent à des communicants, des scénographes de renom (Guy Oliver, Charles Matz), des musiciens (Michael Nyman)…

 Un mois avant la première exposition publique Ahae à Paris, la société Ahae Press Inc. avait acheté aux enchères – pour 520.000 euros – le hameau de Courbefy, en Haute-Vienne, qui était abandonné, en vue officiellement d’y mener un projet « environnemental, artistique et culturel » (photo ci-dessous). Ahae ne s’était jamais rendu sur place. Après l’exposition au jardin des Tuileries (qui dépend administrativement du Louvre), Ahae fit un don de 1,1 million d’euros à l’établissement public du Louvre. Puis ce fut la location d’espaces au château de Versailles, à un prix non rendu public…mais le mécénat d'Ahae pour la recréation du Théâtre-d’Eau a un coût qui lui est connu, et qui s’élève à 1,4 million d’euros.


courbefy_haute-vienne_ahae_coree.jpg

 

La communication de ces opérations – et donnant lieu à de nombreux produits dérivés – a été largement assurée par son fils Yoo Hyuk-ki (nom anglais : Keith H. Yoo) qui, toujours selon l’article de Bernard Hasquenoph publié le 29 août 2013 sur le site « Louvre pour tous », se serait installé à Paris… après avoir organisé la première exposition Ahae à New York, en 2011, sous couvert d’un organisme de recherche scientifique qu’il préside faisant la promotion du thé vert (une des autres affaires de l’empire Yoo Byeong-on, qui se revendique aussi philanthrope et écologiste, est la marque « Tea of teas »).

 

Faut-il le rappeler : Yoo Hyuk-ki est l’un des actionnaires de Chonghaejin, aujourd’hui interdit de sortie du territoire coréen suite au drame du Sewol. Dans la mesure où les largesses du groupe ont financé et continuent de financer de prestigieux établissements culturels français, il y a lieu de s’interroger sur le bien-fondé de tels financements et de leur poursuite, après le désastre survenu aux larges des côtes coréennes. Car imagine-t-on qu’une société responsable du drame de Furiani(18 orts et 2357 blessés suite à l'effondrement d'une tribune en Corse, en 1992) soit l’un des mécènes du château de Versailles ?

 

 

Sources : AAFC, Korea JoongAng Daily (article de Kim Jung-yoon : « Offices of Sewol owner searched »), The Korea Herald (article de Park Hyong-ki : « Key suspects revealed in deadly Sewol sinking »), site Louvre pour tous (Bernard Hasquenoph, « Ahae à Versailles : le privilège de l’argent »).

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19 avril 2014 6 19 /04 /avril /2014 18:17

Après le dramatique naufrage du ferry Sewol, le 16 avril 2014, la République de Corée (Corée du Sud) a décrété un deuil national. Alors que le bilan provisoire fait état de 33 morts, les difficiles conditions dans lesquelles se poursuivent les opérations de sauvetage font craindre le pire pour les 269 passagers toujours portés disparus. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) présente ses condoléances aux familles des victimes, dans un contexte où la douleur le dispute à la colère après l'arrestation du capitaine du navire - qui avait fui le navire - et de deux autres membres de l'équipage. Par son ampleur, le drame du Sewol n'aurait-il pas dû - n'aurait-il pas pu - être évité ?

seeking sewol ferry korea

 

Depuis le naufrage du Sewol mercredi, la Corée du Sud observe un deuil à la hauteur du drame vécu par les victimes, majoritairement des lycéens du lycée d'Anwon à Ansan, et leurs familles : les manifestations festives ont été annulées, à la télévision des images de la tragédie ont remplacé les émissions de divertissement et la campagne des élections locales a été suspendue.Tout un pays retient son souffle, dans l'espoir de retrouver des survivants. Certains naufragés n'ont-ils pas adressé des SMS à leurs familles et à leurs proches, pour dire qu'ils se sont réfugiés dans les pièces étanches les plus larges du navire ?

Au choc de la douleur s'ajoute la colère : au moment du naufrage, le capitaine, Lee Joon-seok, n'était pas à la barre. L'ordre alors donné aux passagers de rester immobiles était manifestement une erreur, les témoignages des survivants indiquant que ce sont ceux qui ont désobéi qui ont pu quitter le ferry, quand les autres  passagers se sont retrouvés pris au piège avant que le bateau ne se retourne. Le capitaine et les membres d'équipage, eux, ont fui rapidement. Lee Joon-seok et autres deux membres d'équipage ont été arrêtés.

Le capitaine a déclaré que l'absence d'autres embarcations à proximité, les courants violents et l'eau froide faisaient alors craindre des risques accrus en cas d'évacuation en désordre, sans gilet de sauvetage... L'enquête s'annonce difficile, les causes même du naufrage n'étant pas claires : y a-t-il eu une erreur de navigation ? Le ferry de la compagnie Chonghaejin avait 20 ans.

Les conditions de sauvetage font également débat : comment la Corée du Sud, 4e pays au monde pour le nombre de brevets, membre de l'OCDE et du G20, n'est-elle apparemment pas en mesure de mettre en oeuvre un dispositif de secours optimal ? Les autres grands pays industrialisés disposent de plans de secours pour parer à de telles catastrophes. A la décharge des équipes de secours, les conditions météo très difficiles et une visibilité quasi-nulle ont empêché les équipes de plongeurs de pénétrer dans l'épave. Ses membres ont insufflé de l'air dans certaines parties du bateau.
   
Les survivants, rescapés dans les premières heures ayant suivi le drame, sont en état de choc. Parmi eux, Kang Min-kyu, proviseur adjoint du lycée d'Anwon a été retrouvé pendu vendredi. Selon les médias coréens, il aurait indiqué, dans une lettre retrouvé dans son portefeuille : "Survivre seul est trop difficile... J'endosse toute la responsabilité."


Dans un dévouement héroïque, plusieurs enseignants du lycée d'Anwon ont aidé les élèves qu'ils accompagnaient à s'extraire du navire, au péril de leur propre vie. Nam Yun-cheol, Ko Chang-seok, Lee Hae-bong... sont aujourd'hui portés disparus. Leur courage et leur sacrifice, qui se fondent sur la culture coréenne dans laquelle les plus forts et les plus âgés doivent secourir les plus faibles et les plus jeunes, force le respect. Ne les oublions jamais.

Sources :

Hankyoreh, Kim Ki-seong et Hong Seok-jae, "Students saved by their taechers, who are now missing", 18 avril 2014

Le Monde, service international : "La Corée du Sud en état de choc après le naufrage du ferry Sewol ", article publié dans l'édition des dimanche 20 avril et lundi 21 avril 2014, p. 3

RFI, "Naufrage du Sewol : la Corée du Sud pleure ses morts et ses disparus", 19 avril 2014

Shanghai Daily, 19 avril 2014.

 

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16 avril 2014 3 16 /04 /avril /2014 08:04

Le mercredi 16 avril 2014 au matin, le ferry Sewol, qui était parti d'Incheon pour l'île de Jeju, a fait naufrage au Sud des côtes coréennes. Alors que les opérations de sauvetage, toujours en cours, avaient permis de secourir une partie seulement des 476 passagers et personnels d'équipage - pour la plupart lycéens - on déplorait 4 morts et 298 autres passagers restaient portés disparus, selon un bilan provisoire. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) exprime son entière solidarité avec les naufragés et leurs familles, au lendemain de l'une des pires catastrophes maritimes de l'histoire récente du pays.

Les images du navire de 6.825 tonnes sont spectaculaires : sur les unes, le ferry est penché à un angle de 45 degrés, le nez dans l'eau, surmonté par des hélicoptères ; sur d'autres, il a pratiquement entièrement sombré, seule la partie arrière restant visible. Le Sewol comptait à son bord 476 passagers, dont 325 lycéens du lycée Danwon, à Ansan, au sud de Séoul. Le Sewol avait envoyé un signal de détresse à 9 h heure locale (1 h heure française). Les autorités sud-coréennes ont mobilisé pour les secours au moins 8 hélicoptères et 34 navires, marchands ou militaires, ainsi que les équipes de gardes-côtes.

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Selon les premiers témoignages des rescapés, alors que les opérations de sauvetage restaient en cours à l'heure où nous publiions cet article, un grand choc (de collision avec les fonds sous-marins ?) a été entendu et des consignes ont été données aux passages de rester assis ou de s'agripper à quelque chose - alors que le navire commençait à tanguer.

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Le bilan provisoire de ce dramatique naufrage (4 morts) pourrait encore s'alourdir, puisqu'une partie des passagers auraient pu ne pas quitter la cafétéria et les salles de jeux, situées dans la partie basse du ferry. Une femmes de l'équipage, âgée de 27 ans, a été retrouvée morte dans l'eau. Une autre victime, de sexe masculin, est décédée à lors de son traitement à l'hôpital.

Les lycées d'Ansan à bord du Sewol devaient arriver dans la splendide île naturelle de Jeju le mercredi, pour y rester quatre jours. Le départ d'Incheon, le mardi soir, avait été retardé de deux heures à cause du brouillard. Le ferry transportait par ailleurs 150 voitures et camions.

Sources : AFP (sur le site du Figaro), et Choe Sang-hun (article du New York Times, dont photos).

Mise à jour le 17 avril à 00:05 : nous avons modifié les données initiales de cet article concernant le nombre de passagers, de victimes et de personnes portées disparues, ces premières informations - reprises dans la presse coréenne et internationale - s'étant avérées erronées. Nous présentons toutes nos excuses à nos lecteurs pour avoir ces erreurs qui dressaient un bilan provisoire hélas moins dramatique. Sur les dernières données, source : Yonhap.

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