Dans son numéro de septembre 2014, le mensuel Beaux Arts Magazine (qui tire à 50.000 exemplaires) revient sur l'affaire Ahae, dans un article titré "Ahae. Faux artiste et vrai escroc". Revenant sur une "inquiétante dérive du mécénat en France", la journaliste, Françoise-Aline Blain cite l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) en apportant quelques éclairages sur le mécénat de Ahae au musée du Louvre et au château de Versailles.
Observant que se pose la question du financement du mécénat en France, au-delà du drame et du scandale attaché au naufrage du ferry "Sewol" que possédait Yoo Byung-eun par personnes interposées, le mensuel cite l'AAFC :
"Benoît Quennedey, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), la première, en France, à avoir soupçonné le lien existant entre Ahae et Yoo Byung-eun, ne décolère pas : 'La baisse des crédits publics justifie-t-elle de vendre à un inconnu, au talent douteux, une réputation d'artiste ? Justifie-t-elle d'accepter tous les fonds, d'où qu'ils viennent ? A notre avis, les graves manquements à l'éthique dans le financement des musées exigent des réponses de l'administration française' ".
Pour être parfaitement honnête, c'est en France Bernard Hasquenoph, animateur du site Louvre pour tous, qui avait révélé que le photographe Ahae était Yoo Byung-eun. L'AAFC avait ensuite été la première, en France, à faire le lien avec le propriétaire du ferry "Sewol" en mentionnant par ailleurs une ancienne condamnation pour fraude et que son nom avait été mêlé à une affaire de suicide collectif. Ensuite, il est revenu au collectif de Coréens vivant en France Paris Copain le mérite d'avoir permis par leur action l'annulation de la participation de Ahae au festival des forêts de Compiègne, après qu'ils eurent écrit une lettre ouverte à Mme Aurélie Filipetti, alors ministre de la Culture.
Ayant poussé ses investigations, Françoise-Aline Blain n'a guère obtenu de réponse des bénéficiaires des largesses de Ahae, sinon une promesse qu'ils seraient plus vigilants à l'avenir... Mais elle nous apprend que le ministère des Affaires étrangères, sollicité, n'avait rien trouvé à redire à ces "mécénats" intéressants pour leur parrain, et que Tracfin aurait également été interrogé, sans qu'aucune mise en garde ne soit formulée.
En outre, l'AAFC rappelle que Henri Loyrette, ancien président du Louvre et qui avait été l'un des plus grands zélateurs de Ahae, a gagné des liens qu'il a noués dans cette affaire avec les officiels sud-coréens de devenir le commissaire culturel des années croisées France-Corée (2015-2016) ! Au-delà de cette inconvenante récompense, ni les diplomates sud-coréens qui ont "vendu" la marque Ahae, ni les hauts fonctionnaires français qui ont été complices de cette escroquerie n'ont été, à aucun moment, inquiétés ou mis en cause.
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