Dans son discours de Nouvel An, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a utilisé une image très classique pour rappeler que, la République populaire démocratique de Corée disposant désormais d'une force de dissuasion nucléaire, "le bouton nucléaire [était] toujours sur son bureau". Si ses voeux comportaient de (vraies) annonces - comme la proposition de rouvrir le dialogue inter-coréen, laquelle s'est traduite par la réouverture de la ligne téléphonique d'urgence entre les deux Etats coréens - c'est bien évidemment la phrase sur le "bouton nucléaire" qui a fait les gros titres de la presse néo-conservatrice, toujours à l'affût du moindre indice pour justifier une nouvelle guerre américaine, moteur de l'industrie de guerre et facteur de spéculation pour le plus grand profit du "big business" de Wall Street. Sauf que le Président Donald Trump en a fait - une nouvelle fois - des tonnes, au point de susciter interrogations, incrédulité, rires et stupeur. Mais, au fond, qui est vraiment Donald Trump pour s'exprimer ainsi ? (Psych)analyse (de salon).
En déclarant dans un tweet que lui aussi avait un "bouton" nucléaire, mais qu'il était "plus gros", Donald Trump a une nouvelle fois illustré son sens avéré de la nuance, du mot mesuré, de la subtile analyse diplomatique :
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un vient juste de déclarer que “le bouton nucléaire est constamment sur son bureau”. Quelqu'un dans son régime appauvri et affamé pourrait-il l'informer que moi aussi j'ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et puissant que le sien et mon bouton à moi fonctionne !
La référence est évidemment inexacte (il ne s'agit pas d'un bouton nucléaire mais d'une mallette), inappropriée (le principe du dissuasion nucléaire - du faible au fort - ne se mesure pas en nombre d'ogives nucléaires, mais bien dans le fait de disposer d'une capacité de riposte nucléaire) et manifestement erronée (il y a aujourd'hui un consensus parmi les experts que la RPD de Corée dispose de missiles intercontinentaux vecteurs potentiels de têtes nucléaires et qu'elle maîtrise la capacité de miniaturiser des ogives). Mais il y a bien longtemps que les électeurs américains n'attendent plus de leur "commandant suprême" une compétence militaire ou diplomatique - sinon Donald Trump n'aurait jamais été élu.
Ce que révèle surtout ce dernier tweet de Donald Trump - après des précédents illustres, et avant bien d'autres - est un message qui n'a rien de subliminal pour quiconque a un minimum de connaissances en psychanalyse. Alors, s'il est vain de gloser en termes psychiatriques (ce qui, comme toute question médicale, est dépourvu de sens en l'absence d'examen clinique, et constitue une manière bien trop aisée d'évacuer une question politique en la renvoyant dans le champ de l'irrationnel), posons-nous franchement la seule question qui vaille : y a-t-il un psychanalyste à la Maison Blanche, qui permette de comprendre le refoulé et les aspirations d'un homme doté de pouvoirs sans équivalent au monde pour faire la guerre ? A cet égard, le fait que Donald Trump ait réévoqué des propos qu'il aurait tenus en 1994 pour dénoncer l'accord alors conclu par Bill Clinton sur le nucléaire nord-coréen révèle une volonté obsessionnelle de se justifier sans cesse et de se placer au centre de tout. La question psychanalytique n'est pas anodine : il en va de la sécurité du monde contre le risque d'une nouvelle guerre nucléaire. Heureusement, comme le rappellent avec humour certains caricaturistes face à la gravité de la menace, des collaborateurs veillent et retiennent leur Président...
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