Le 25 mars 2014, le Comité central de l'Association générale des Coréens résidant au Japon (nom abrégé coréen : Chongryon) a tenu une conférence de presse pour dénoncer une décision de la cour de justice de Tokyo relative à la vente de son siège dans la capitale nippone, qu'elle juge discriminatoire, et qui constitue le dernier épisode en date d'une pression continue sur la Chongryon et la communauté nord-coréenne au Japon.
Lors de la conférence de presse tenue le 25 mars 2014, Nam Sung-u, vice-président du Comité central de la Chongryon, a dénoncé la décision rendue la veille par la cour de justice de Tokyo, ayant écarté une entreprise mongole - qui avait pourtant formulé l'offre la plus élevée - pour la vente du terrain et du bâtiment du siège de la Chongryon. Le tribunal nippon a ainsi placé en position d'acquéreur l'entreprise immobilière japonaise Marunaka Holdings Co. Ltd. Pour Nam Sung-u, cette décision - dont les motivations sont politiques - est discriminatoire et méconnaît la législation japonaise. La Chongryon a décidé de faire appel, mais reste sous la menace d'une expulsion de ses locaux.
Depuis le premier essai nucléaire auquel a procédé la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en octobre 2006, les Nord-Coréens affiliés à la Chongryon ont été victimes de discriminations croissantes, et les autorités nippones ont utilisé le levier fiscal pour exercer une pression croissante sur la Chongryon : en particulier, la remise en cause du régime d'exonération fiscale des bâtiments de la Chongryon a fragilisé considérablement la situation financière de l'organisation, la contraignant à vendre son siège. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est solidaire du combat de la Chongryon pour pouvoir continuer à exercer ses activités, notamment éducatives, au sein de la communauté coréenne au Japon, et elle plaide pour le respect des droits des Coréens vivant au Japon.
Ce nouveau coup dur pour la Chongryon intervient dans le contexte d'une reprise, au plus haut niveau depuis 2012, des contacts entre le Japon et la RPD de Corée. Selon les médias japonais, la délégation nord-coréenne a vivement dénoncé la décision de justice du 24 mars 2014, et plus généralement la situation des Coréens du Japon, comme un obstacle à l'amélioration des relations bilatérales. Sans se référer directement au contenu des discussions en cours entre Tokyo et Pyongyang, qui se tiennent dans des pays tiers, les médias nord-coréens ont effectivement donné une large publicité aux conditions de vente du siège de la Chongryon, ce qui indique implicitement qu'il s'agit d'un des sujets actuels de négociation. Alors que les Nord-Coréens du Japon ont été les premières victimes de la dégradation des relations nippo - nord-coréennes, il y a lieu d'espérer qu'ils puissent bénéficier d'une amélioration des relations bilatérales.
Sources : Asahi Shimbun, KCNA. Photo : Kyodo News.