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1 septembre 2018 6 01 /09 /septembre /2018 22:24

Malgré un début de mise en œuvre par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) de ses engagements pris lors du sommet de Singapour le 12 juin 2018, les relations entre Washington et Pyongyang patinent : l'administration américaine a reporté un nouveau déplacement du secrétaire d'Etat Mike Pompeo en RPD de Corée, faute selon elle de progrès suffisants dans la dénucléarisation de la Corée du Nord, tandis que le Président Donald Trump a dû démentir l'hypothèse d'une reprise dans un futur proche des exercices de guerre américano - sud-coréens, dont il avait annoncé lui-même la suspension au lendemain du sommet de Singapour. Décryptage.

Où vont les relations Etats-Unis - Corée du Nord ?

En apparence, les deux Etats regardent dans des directions opposées : les Etats-Unis veulent une dénucléarisation complète et vérifiable de la Corée du Nord avant tout allègement des sanctions, la RPD de Corée veut un début de levée des sanctions et que les Américains précisent enfin le contenu des garanties de sécurité à apporter en contrepartie d'un calendrier de dénucléarisation. Un moyen terme pourrait être de progresser sur la voie de la conclusion d'un traité de paix et de sécurité collective, permettant de clore la situation de ni guerre, ni paix ouverte par l'armistice du 25 juillet 1953. Mais une telle hypothèse donne des poussées d'urticaire aux "faucons" des administrations occidentales, à Washington, Tokyo ou encore Paris, qui n'ont jamais envisagé de négociation avec la Corée du Nord sans préalablement la capitulation de Pyongyang. Seul problème : dans l'histoire diplomatique, aucun Etat n'a jamais accepté de diktat sauf à y être contraint. Mais les "faucons" n'en ont cure, car ils vivent dans un monde où, convaincus de la supériorité et du bon droit de l'Occident, ils estiment que les régimes des autres pays doivent se soumettre ou être démis - comme dans le cas de l'Irak en 2003 et de la Libye en 2011, dont les guerres avec leurs cortèges de morts et d'atrocités sont autant de modèles à suivre et à reproduire pour John Bolton et consorts.

L'échec du cycle de dialogue entre Washington et Pyongyang est-il pour autant gravé dans le marbre ? Non, car aucune des deux parties ne souhaite un échec et un retour à la situation de confrontation ex ante. A Pyongyang, on s'est bien gardé de tout commentaire sur le report de la visite de Mike Pompeo, ou de toute critique du président américain ; mieux, le dirigeant nord-coréen avait adressé quelques semaines plus tôt une lettre personnelle (dont le contenu n'a pas été rendu public) au Président Donald Trump . Et ce dernier se targue de ses excellentes relations personnelles avec le Président Kim Jong-un : en étant le seul chef d'Etat occidental en exercice à avoir rencontré le leader coréen, il joue sur la carte de la proximité d'homme à homme qui a fait ses preuves en d'autres circonstances (par exemple, Tony Blair qui s'était rendu en Russie pour visiter Vladimir Poutine dès le début de l'année 2000) et il envisage ouvertement une nouvelle rencontre au sommet qui pourrait débloquer la situation.

De fait, en fixant seulement les principes du dialogue qui s'ouvrait, la déclaration de Singapour du 12 juin 2018 était avare de détails. Il convient à présent de rentrer dans le vif du sujet, et tel pourrait être l'enjeu d'une nouvelle rencontre entre les présidents américain et nord-coréen.

En outre, le calendrier d'une nouvelle visite de Mike Pompeo fin août / début septembre 2018 était peu favorable : la question nord-coréenne est difficilement dissociable de celle des relations Etats-Unis - Chine, qui connaît un nouveau point bas avec la relance - par Washington - de la guerre commerciale, tandis que Donald Trump met en cause la Chine dans l'application des sanctions contre la RPD de Corée. Au moment où le Président Xi Jinping est attendu à Pyongyang pour la commémoration du 70e anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée, le 9 septembre 2018, il est urgent d'attendre que la situation se décante, Washington n'ayant aucun intérêt à voir la Chine jouer une partition différente de la sienne sur l'application des sanctions contre Pyongyang. En attendant, le resserrement de l'alliance sino - nord-coréenne renforce la position de négociation de la RPD de Corée vis-à-vis de Washington, dont le durcissement de ton ne trouve d'écho ni à Pékin, ni à Séoul.

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