Il y a quarante ans, en 1971, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) créait une nouvelle forme d'opéra révolutionnaire, dite "Mer de sang", du nom d'un opéra alors représenté pour la première fois. Puisant son inspiration dans la lutte de libération nationale antijaponaise, l'opéra révolutionnaire Mer de sang, qui conjugue des formes traditionnelles coréennes et des inspirations plus occidentales, est emblématique de la forme actuelle de l'opéra en République populaire démocratique de Corée.
Alors combattant de la lutte de libération antijaponaise, Kim Il-sung, futur fondateur de la République populaire démocratique de Corée en 1948, a créé dans les années 1930 une pièce retraçant les combats de la résistance coréenne, afin d'encourager les Coréens à rejoindre les rangs des combattants. La pièce a inspiré l'opéra révolutionnaire Mer de sang (en coréen, P'ibada ou Phibada) représenté pour la première fois en RPDC en juillet 1971 dans le Grand Théâtre de Pyongyang, en présence du Président Kim Il-sung et du dirigeant Kim Jong-il.
Mer de sang a été le premier d'un ensemble de cinq opéras révolutionnaires majeurs en RPDC, tous composés au début des années 1970 et qui constituent la base des opéras classiques : outre Mer de sang, il s'agit de La Jeune Bouquetière, Dis-le, toi, forêt !, Une véritable fille du Parti et le Chant des monts Kumgang.
L'opéra Mer de sang dépeint la prise de conscience révolutionnaire des masses soumises à l'oppression, d'où naît la lutte de libération nationale. D'un point de vue formel, comme l'a souligné en août 1971 Kim Jong-il à l'origine de l'adaptation de la pièce à l'opéra, Mer de sang a procédé à plusieurs innovations rompant avec la tradition pour répondre à une conception nouvelle basée sur les idées du Juche, correspondant aux besoins de l'époque. Les chants deviennent des couplets. Des chants hors scène (pangchang) sont introduits, tandis qu'une place essentielle est consacrée à la danse. Un orchestre mixte utilise à la fois les instruments traditionnels et coréens. Enfin, la scénographie mobile, en trois dimensions, vise à donner une représentation du cadre de vie aussi conforme que possible à la réalité.
Pour Kim Jong-il, auteur de De l'art de l'opéra, "l'opéra est l'art du chant, l'art de l'action et l'art de la vie".
Quelque 2.000 représentations de Mer de sang, en Corée et à l'étranger, depuis quarante ans ont assuré la renommée de troupes d'opéras coréennes de RPDC, comme Phibada, qui tire son nom même de l'opéra.
L'opéra Mer de sang a aussi inspiré un roman et un film nord-coréens.
Sources :
- La Corée du XXe siècle en 100 points, Editions en Langues étrangères, Pyongyang, 2002, pp. 138-139
- KCNA, "Revolutionary opera 'Sea of Blood' 30 years ago, dépêche du 24 août 2001
- Koryo Tours, Revolutionary opera