Dans un communiqué publié le 4 avril 2013 par l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), le commandement militaire de l'Armée populaire de Corée a déclaré avoir reçu l'approbation de mener des frappes, y compris nucléaires, contre les Etats-Unis. Ces déclarations ont immédiatement été interprétées par les médias occidentaux comme le signe que la RPDC préparerait une attaque. Mais cette interprétation est erronée : la RPD de Corée se place clairement dans une posture de riposte en cas d'agression américaine
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un inspectant les installations militaires côtières (source : KCNA)
Sur la page d'accueil en anglais du site Internet de l'agence KCNA, consulté le jeudi 4 avril 2013 à 21h30, la même dépêche figurait en une et dans la rubrique "La RPDC dans une action totale contre ses ennemis" : cette dépêche est intitulée "La commission [nord-]coréenne pour la paix nationale appelle les bellicistes américains et sud-coréens à cesser leurs actions irréfléchies". Du point de vue nord-coréen, ce sont les Etats-Unis qui ont poussé la situation en Corée "au bord de la guerre", par l'envoi des moyens militaires les plus modernes et les plus sophistiqués au large de la Corée, et les forces armées nord-coréennes se déclarent être prêtes à riposter à ces menaces d'agression par tous les moyens, y compris des frappes nucléaires.
Mais dans la presse occidentale, le point de vue est tout autre : l'agresseur ne serait plus les Etats-Unis mais la RPDC, et les Américains montreraient au contraire leur détermination à répondre à toute attaque nord-coréenne, en renforçant leurs capacités de défense antimissile.
Dans toute escalade militaire, et a fortiori dans tout conflit, on peut discuter à l'infini des responsabilités de chaque partie. Mais la vérité est qu'aucun des acteurs en présence n'agit de façon irrationnelle. N'en déplaise à Alain Frachon qui, dans un article du Monde, se plaît à imaginer que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un ne serait pas "accessible" à l'idée unanimement admise que l'arme nucléaire n'est pas une arme d'attaque, la RPDC a bel et bien développé une doctrine de dissuasion nucléaire, très proche de la doctrine française développée par le général de Gaulle de dissuasion du faible au fort. Cette doctrine a encore été rappelée par S.E. Yun Yong-il, délégué général de la RPDC en France, ambassadeur auprès de l'UNESCO, dans un entretien accordé le 3 avril 2013 au bureau de l'AAFC.
L'AAFC appelle donc à garder la tête froide et à ne pas céder à un esprit de panique qui, en accréditant la thèse d'une dangerosité incontrôlable de la Corée du Nord, ne sert qu'à accréditer l'idée d'une possible intervention américaine. Car aujourd'hui, en Occident, la guerre doit d'abord avoir été rendue légitime aux yeux de l'opinion publique : indépendamment de l'opinion que tout un chacun peut avoir sur la Corée du Nord, ne pas écouter et ne pas lire ce que disent et écrivent les Nord-Coréens conduit à glisser vers l'idée que les Etats-Unis auraient le droit, sinon le devoir, d'intervenir militairement en RPD de Corée. Mais rien, dans le droit international public, ne saurait rendre une guerre juste. Rien ne saurait justifier l'agression d'un Etat souverain par un autre Etat souverain.
Cependant, les risques de dérapage existent et la situation est clairement préoccupante : il est ainsi du devoir de tous les citoyens attachés à la paix de tout mettre en oeuvre pour empêcher qu'une nouvelle guerre de Corée éclate, une guerre qui mettrait aux prises des puissances dotées de l'arme nucléaire et serait un drame non seulement pour des millions de Coréens, mais pour l'humanité tout entière. Il est de notre devoir à nous, Association d'amitié franco-coréenne, de tout faire pour qu'un véritable dialogue s'engage dans la péninsule coréenne et que cessent les bruits de bottes. Il est de notre devoir de permettre que, enfin, le peuple coréen - tout le peuple coréen - accède à son rêve de paix, d'unité et de prospérité.
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