Le 15 avril 2012, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) célèbre le centième anniversaire de la naissance de son fondateur, le Président Kim Il-sung. Du 7 au 17 avril 2012, une délégation de l'Association d'amitié franco-coréenne sera en Corée à l'occasion des manifestations du centenaire de ce grand acteur de l'histoire du vingtième siècle.
Né le 15 avril 1912 à Mangyongdae, près de Pyongyang (actuelle capitale de la RPDC), Kim Song-ju prend le nom de Kim Il-sung avant de s'engager dans le combat contre la colonisation japonaise de la Corée (1910-1945).
En 1925, après l'arrestation de son père par la police japonaise, le jeune Kim Il-sung part en Chine. Il y fonde en 1926, année du décès de son père, l'Union pour abattre l'impérialisme, laquelle devient en 1927 l'Union de la jeunesse anti-impérialiste.
Le 25 avril 1932, Kim Il-sung crée les forces permanentes de l’Armée de guérilla populaire antijaponaise, devenues par la suite l'Armée révolutionnaire populaire coréenne (ARPC). Parmi les grands faits d'armes de l'ARPC figure la bataille de Pochonbo (nord-est de la Corée), le 4 juin 1937. Poursuivis par l'armée japonaise, Kim Il-sung et ses partisans continuent la lutte jusqu'en Mandchourie.
Le 15 août 1945, après 35 ans d'occupation coloniale par le Japon, la Corée est libérée, moins d'une semaine après le début de l'offensive générale lancée par l'ARPC dirigée par Kim Il-sung.
Mais la joie de la libération s'accompagne du drame de la division : la Corée est séparée de manière arbitraire de part et d'autre du 38ème parallèle par des grandes puissances profondément ignorantes des réalités coréennes. La partie nord, dotée de ressources minérales et énergétiques, accueille l'armée soviétique en août 1945 ; la partie sud, beaucoup mieux pourvue sur le plan agricole, est occupée un mois plus tard par l'armée américaine.
Au sud du 38ème parallèle, la politique américaine est fondée sur le maintien et l'utilisation des autorités japonaises existantes et, évidemment, de leurs collaborateurs coréens. Cette politique réduit à néant le programme des forces de la résistance coréenne, unanimement désireuses de démontrer que le peuple coréen est apte à se gouverner lui-même, prévoyant la création d'une « République populaire » s'appuyant sur les comités populaires issus de la Résistance.
Au nord, Kim Il-sung crée le Comité organisationnel central du Parti communiste de Corée du Nord et proclame la fondation du Parti communiste le 10 octobre 1945. Le 8 février 1946, est créé le Comité populaire provisoire de Corée du Nord et Kim Il-sung en devient le président. En août 1946, le Parti communiste de Corée fusionne avec le Parti néo-démocratique pour donner naissance au Parti du travail de Corée.
Alors que des élections séparées sont organisées en Corée du Sud le 10 mai 1948, Kim Il-sung se rapproche des opposants à Syngman Rhee, à la tête du régime autoritaire du Sud, pour fonder la République populaire démocratique de Corée le 9 septembre 1948. Kim Il-sung est élu Président du Conseil des ministres de la RPD de Corée. En décembre 1972, en vertu d'une nouvelle constitution, Kim Il-sung devient Président de la République.
La fondation de la République populaire démocratique de Corée représente, en Corée, l'abolition de la féodalité, la réforme agraire, la santé et l'éducation gratuites pour tous et, à l'étranger, la solidarité avec les peuples du Tiers Monde.
Quand la Guerre de Corée, appelée en RPDC « Guerre de libération de la Patrie », éclate le 25 juin 1950, Kim Il-sung dirige l'Armée populaire de Corée. Les Américains et leurs alliés sont refoulés au sud du 38ème parallèle. Le 27 juillet 1953, un armistice met fin aux combats. Néanmoins, aucun traité de paix n'est signé entre les belligérants. Depuis, la RPDC n'a de cesse de demander la négociation d'un tel traité mais se heurte au refus persistant des Etats-Unis.
Après cette guerre qui marque durablement la mémoire coréenne, la politique suivie par la RPDC sous la direction de Kim Il-sung obéit strictement aux principes d'indépendance nationale dans le domaine économique et d'auto-défense dans le domaine militaire. Le pays se reconstruit « à la vitesse de Chollima », le cheval ailé des légendes coréennes, capable de parcourir 1.000 ri (400 km) par jour. La République populaire démocratique de Corée devient un des pays les plus développés d'Asie orientale, ses résultats économiques dépassant ceux de la Corée du Sud, malgré le soutien qu'apportent les Etats-Unis à cette dernière. Dans le même temps, la RPDC suit une politique équilibrée et indépendante vis-à-vis de ses deux puissants voisins, la République populaire de Chine et l'Union soviétique.
Le Président Kim Il-sung est aussi l'inspirateur de grands principes, acceptés tant au Nord qu'au Sud, devant faciliter la réunification de la péninsule coréenne.
Le 4 juillet 1972, dix-neuf ans après l’armistice de la guerre de Corée, le Nord et le Sud signent un premier communiqué commun reprenant les principes énoncés quelques mois plus tôt par le Président Kim Il-sung :
- indépendance, la réunification devant être l’œuvre des Coréens eux-mêmes, sans ingérence extérieure d’un autre pays ou d’une organisation internationale ;
- paix, la réunification devant être réalisée de manière pacifique, sans recours aux armes ;
- grande union nationale, chacun des deux Etats coréens s’engageant à respecter les différences de systèmes politique, économique et social de l’autre partie.
En octobre 1980, lors du sixième Congrès du Parti du travail de Corée, le Président Kim Il-sung propose la fondation d’une République fédérale démocratique du Koryo caractérisée, notamment, par : un comité permanent fédéral dirigeant l’Etat fédéral et devant conduire des projets communs au Nord et au Sud ; une seule assemblée formée à parité de représentants du Nord et du Sud, ainsi que de représentants des Coréens d’outre-mer ; une seule armée réduite à 100.000 hommes.
La République fédérale démocratique du Koryo serait un Etat neutre, indépendant des blocs politiques et militaires (ce qui suppose le retrait des troupes américaines du Sud), respectant l’autonomie des gouvernements régionaux du Nord et du Sud.
Le Président Kim Il-sung décède le 8 juillet 1994.
Dans l'avant-propos de ses Mémoires publiés en 1992, il écrit : « Ma vie n'a rien de spécial sinon que j'ai tâché de la mettre au service de ma patrie en unissant mon destin à celui du peuple. Cela m'a suffi et j'en tire joie et satisfaction. »
Le centième anniversaire de la naissance du Président Kim Il-sung est l'occasion de saluer la mémoire d'un patriote qui a incarné la résistance de son peuple face à deux impérialismes, d'un progressiste qui a permis l'accession des classes opprimées sur le devant de la scène historique, d'un homme d'Etat qui a lutté pour l'indépendance et la réunification de son pays.
Lire les Mémoires du Président Kim Il-sung, A travers le siècle