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12 mars 2016 6 12 /03 /mars /2016 19:40

Sensation en Corée : en remportant les trois premières manches (qui en compte cinq) du duel qui l'oppose au champion du monde du jeu de go, le Coréen (République de Corée) Lee Se-dol, le programme d'intelligence artificielle AlphaGo, mis au point par DeepMind de Google, est assuré de permettre la victoire de l'ordinateur sur l'homme dans un jeu de réflexion (appelé paduk ou baduk en Corée) très populaire en Asie de l'Est. Mais avant AlphaGo, d'autres programmes d'intelligence artificielle avaient déjà fait merveille dans le domaine du jeu de go - dont l'un, Eunbyul, avait été développé par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), comme l'a rappelé le quotidien français Libération.

Lee Se-dol lors du troisième match qui l'oppose à AlphaGo, à l'hôtel "Four Seasons" de Séoul

Lee Se-dol lors du troisième match qui l'oppose à AlphaGo, à l'hôtel "Four Seasons" de Séoul

Lee Se-dol est un pur produit de l'excellence coréenne en jeu de go : passé professionnel dès l'âge de 12 ans, le champion du monde en titre compte 18 titres internationaux à son actif. Mais il aura été battu par l'ordinateur AlphaGo, la perte de la troisième manche (le jour de son dixième anniversaire de mariage !), le 12 mars 2016, scellant sa défaite lors de ce face-à-face historique - dont le cinquième et dernier match aura lieu le mardi 15 mars 2016.

Dans le domaine du jeu de go, l'intelligence artificielle a toutefois été développée de longue date : c'est en 1968 que l’Américain Alfred Zobrist a mis au point le premier ordinateur capable de battre un débutant.

Longtemps, l'un des meilleurs programmes pour débutants a été Eunbyul (littéralement, "Etoile d'argent"), créé en 1996 par le Centre informatique de Corée à Pyongyang, quelques années seulement après une irruption remarquée de la RPD de Corée dans les compétitions mondiales de jeu de go, à la faveur de sa popularisation par les Coréens originaires du Japon. En 1992, Moon Yong-sam est devenu le premier Nord-Coréen à participer au Championnat du monde amateur - les Nord-Coréens ne comptant pas de joueurs professionnels. Puis, en 2006, un Sud-Coréen en a acheté les droits d’importation pour le commercialiser dans le Sud de la péninsule, à une époque - pas si lointaine - où les échanges économiques et humains entre les deux Corée n'avaient pas encore été bannis par les conservateurs sud-coréens, revenus au pouvoir à Séoul en 2008. 

Actualisation 15 mars 2016 : AlphaGo a remporté le duel sur le score de 4-1.


Sources :

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21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 00:16

Alors qu'une législation antiterroriste est actuellement en discussion en République de Corée (Corée du Sud), il y a maintenant un an, en janvier 2015, que les médias sud-coréens faisaient état du premier ressortissant de la République de Corée à avoir rejoint les rangs de l'Organisation Etat Islamique (OEI). Mais qu'en est-il exactement des djihadistes sud-coréens ?

Ces djihadistes sud-coréens qui choquent la société coréenne

Agé de 18 ans, le premier Sud-Coréen qui aurait rejoint les rangs de Daech - en Syrie, via la Turquie - aurait été tué à l'automne dernier lors d'un bombardement américain.

Mais il ne serait pas le seul Sud-Coréen à avoir choisi la voie du djihad : selon la commission du Parlement sud-coréen chargée du renseignement, ce sont 10 Coréens qui, au Sud de la péninsule, auraient cherché à rejoindre l'OEI ou à entrer en contact avec ses combattants. Ces informations sont toutefois à prendre avec la plus grande précaution, car elles émanent de l'agence nationale de renseignement (NIS) dont la réputation est lourdement entachée par les scandales de corruption et de collusion politique avec les conservateurs, et à la fiabilité mise en doute par son incapacité à disposer d'informations fiables sur la Corée du Nord.

Quoi qu'il en soit, deux Sud-Coréens auraient été par ailleurs appréhendés alors qu'ils cherchaient à rejoindre Daech, et un Indonésien vivant dans le pays était lié à une autre organisation islamique, le Front Al-Nosra.

Si ces ralliements sont marginaux, ils n'en suscitent pas moins une réelle stupeur dans une société sud-coréenne qui tend à se targuer de son homogénéité sociale et culturelle, malgré la présence accrue de travailleurs étrangers originaires, notamment, du sous-continent indien, et le nombre croissant de mariages mixtes.

Source principale :

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 23:41

Ancien journaliste, Chang Kang-myoung a raconté dans son dernier roman devenu un best-seller Pourquoi je déteste la Corée l'histoire d'une jeune fille de 20 ans représentative de la génération "Hell Choseon" (littéralement : la Corée c'est l'enfer) qui exprime le profond malaise d'une jeunesse sud-coréenne contrainte à des sacrifices plus grands que ses aînés, sans perspective d'ascension sociale dans une société restée très hiérarchique et autoritaire. Nous publions ci-après des extraits d'un entretien donné par Chang Kang-myoung au journal Libération.

"Parce que je déteste la Corée" : une description de la génération "Hell Choseon" par Chang Kang-myoung

Dès leur plus jeune âgé, les Coréens sont soumis à des exigences de réussite sociale, scolaire puis professionnelle, dans une société ultra-compétitive qui laisse beaucoup au bord de la route, créant un profond sentiment de découragement. S'ajoute un fossé générationnel avec leurs parents, alors que les jeunes arrivent sur un marché du travail désormais marqué par la perspective du chômage et, plus encore, du travail précaire :

Pour moi qui ai 40 ans, ce n’est ni un paradis ni un enfer. J’aime mon pays. Mais les jeunes, eux, sont découragés, en colère et perdus. Ils ne voient plus la Corée comme une terre d’opportunité. Ils sont confrontés pour la première fois au chômage, à un marché du travail rigide où l’on a, d’un côté, des élites hyperprivilégiées et, de l’autre, des travailleurs irréguliers, mal payés et sans filet de protection sociale. Et comme le pays s’est développé à une allure fulgurante entre les années 60 et 80, le fossé générationnel entre les jeunes et leurs parents est particulièrement prononcé. Non seulement ils ont une situation plus précaire que leurs aînés, mais il y a un décalage assez dur à vivre, pour eux, entre ce qu’on leur fait miroiter pendant leurs études et la réalité de la société sud-coréenne. A l’école, on les encourage à devenir des leaders mondiaux, à apprendre l’anglais et à penser mondialement. Mais quand ils arrivent dans la vie active, ils se heurtent à une société encore très hiérarchisée, conservatrice et, à bien des égards, encore autoritaire.

Un des mérites - et qui n'est pas le moindre - de Chang Kang-myoung n'est pas seulement de décrire les clivages d'une société - entre les plus jeunes, désabusés, et les plus âgés voyant dans l'accélération de la croissance économique la solution à tous les problèmes ; entre des appels à la révolte et des discours a contrario moralisateurs sur la chance qu'auraient les jeunes Sud-Coréens de vivre dans une société de loisirs ; entre les conservateurs qui croient au rôle fondamental des conglomérats, les chaebols, et les progressistes qui vouent aux gémonies ces mêmes chaebols. Chang Kang-myoung propose aussi de revoir des façons de penser qui, comme la langue, touchent à l'identité même des Coréens - alors que, comme il le rappelle, la Corée est un pays complexé par son histoire, où le sentiment de fierté patriotique est ainsi très fort :

Dans les années 90, l’économie se portait toujours bien et nous avions obtenu la démocratie ; c’était probablement la meilleure période de notre histoire récente. Aujourd’hui, l’économie ne croît plus et nous devons l’accepter. Je pense que même sans croissance, nous pourrions régler beaucoup de nos problèmes en instaurant une société moins hiérarchisée et basée sur le respect mutuel.

[question du journaliste] Comment y parvenir ?

Je pense tout d’abord que tout le monde devrait utiliser la forme honorifique pour s’adresser aux autres, peu importe l’âge ou la position sociale [la langue coréenne est codifiée en plusieurs niveaux de formes honorifiques et de politesse en fonction de l’âge et du statut social de l’interlocuteur]. On devrait abandonner ces vieilles manières confucéennes dont nous sommes si fiers.

Certains se demanderont si ces interrogations sont propres à la Corée. Probablement pas, mais elles prennent un relief particulier dans une société dont les valeurs cardinales sont toujours - entre autres - le confucianisme, le respect de l'autorité et l'idée d'une exemplarité nationale (chaque Coréen est dépositaire d'une image de son pays). En ce sens, la difficulté des Sud-Coréens à accepter leurs propres minorités - qu'elles soient politiques, ethniques ou sexuelles - s'inscrit dans un processus qui tend à gommer les différences et, in fine, à privilégier le groupe et à écraser l'individu, et donc à générer du mal-être social.

Lire l'interview complète à cette adresse :

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25 décembre 2015 5 25 /12 /décembre /2015 18:02

Alors qu'une délégation de 150 bouddhistes sud-coréens s'est rendue en novembre 2015 au temple Singyesa, au Nord de la péninsule, des délégations de catholiques sud-coréens ont également visité récemment  la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : après qu'une douzaine de membres de l’Association des prêtres catholiques pour la justice (CPAJ) eurent célébré à Pyongyang, le 23 octobre 2015, une messe pour la réunification des deux Corées, une délégation de quatre évêques et treize prêtres de la République de Corée (Corée du Sud) s'est rendue en RPD de Corée début décembre 2015, ayant abouti à un accord pour que des prêtres sud-coréens puissent célébrer la messe au Nord à l'occasion des grandes fêtes liturgiques.

Le cardinal André Yeom Soo-jung, archevêque de Séoul, est aussi administrateur apostolique de Pyongyang.

Le cardinal André Yeom Soo-jung, archevêque de Séoul, est aussi administrateur apostolique de Pyongyang.

Le cardinal André Yeom Soo-jung a des raisons de se réjouir : la visite en Corée du Nord de quatre évêques et treize prêtres sud-coréens, début décembre 2015, est l'aboutissement de discussions engagées depuis 2000, date du premier sommet intercoréen. Ce déplacement représente une avancée importante en ce sens. Pour le cardinal,

 

Nous avons négocié avec la Corée du Nord pendant plus de dix ans dans l’espoir d’envoyer des prêtres de Séoul s’occuper de la vie religieuse des croyants de Corée du Nord. Nous faisons actuellement de notre mieux pour parvenir à un accord sur la question. J’espère que la récente visite pourra représenter le point de départ d’un nouvel accord.

La délégation catholique en RPD de Corée a célébré la messe dans la cathédrale Changchung, en présence, selon le quotidien La Croix, de 70 laïcs nord-coréens.

Selon Radio Vatican, citant la conférence des évêques catholiques de Corée, un accord a été conclu afin que des prêtres sud-coréens aillent régulièrement RPD de Corée pour célébrer des offices lors des principales fêtes religieuses. La première visite est prévue à l'occasion de Pâques, en mars 2016. Radio Vatican a salué "un signe d'apaisement important".

Une autre question, qui semble en revanche encore en discussion, est que des prêtres sud-coréens puissent aussi administrer les sacrements au Nord de la péninsule, où la communauté catholique est estimée à 3 000 fidèles.

Alors que les rencontres interreligieuses représentent traditionnellement un canal essentiel du dialogue Nord-Sud intercoréen, l'Eglise catholique de Corée du Sud, qui a toujours défendu les partisans de la démocratie, bénéficie d'une image progressiste et est ouverte à la réunification. Lors de sa visite en Corée du Sud en août 2014, le pape François avait appelé au pardon et à l'union entre tous les Coréens.

En mars 2013, l'Association des catholiques de RPD de Corée avait adressé un message de félicitations au pape François - ce qui était un signe que l'élection du nouveau souverain pontife était de nature à favoriser la reprise du dialoque.

Lire aussi, sur le blog de l'AAFC :

Sources :

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23 décembre 2015 3 23 /12 /décembre /2015 22:42

Depuis le 1er décembre 2015, Kim Bo-mi est présidente des étudiants de l'Université nationale de Séoul. Etudiante en sciences de l'éducation, âgée de 23 ans, la jeune femme a été élue le 19 novembre 2015 avec 86,8 % des voix en s'affichant ouvertement homosexuelle - témoignant des évolutions de la société sud-coréenne où l'homophobie reste toutefois encore fortement présente.

Kim Bo-mi, présidente de l'association des étudiants de l'Université nationale de Séoul

Kim Bo-mi, présidente de l'association des étudiants de l'Université nationale de Séoul

Avec comme slogan "Ensemble progressons vers la diversité", Kim Bo-mi, qui a milité de longue date contre le harcèlement sexuel par les professeurs,  avait mis en avant son orientation sexuelle dans sa déclaration de candidature le 4 novembre 2015 :  

Je veux qu’à l’Université nationale de Séoul chacun puisse avoir confiance en ce qu’il est. Je souhaite un monde où chacun n’ait pas à adhérer à ce qui est considéré comme “normal”, et c’est pourquoi je vous annonce aujourd’hui que je suis lesbienne.

Si l'homosexualité est mieux acceptée aujourd'hui en Corée du Sud, notamment chez les plus jeunes, la pression de certaines églises protestantes pèse encore très fortement dans une société pétrie de culture confucéenne. Ainsi, l'un des favoris du camp démocrate pour l'élection présidentielle de 2017, le maire de Séoul Park Won-soon, a refusé d'adopter, en 2014, un projet de charte sur les droits de l'homme qui incluait un rejet des discriminations contre les personnes homosexuelles - entraînant une manifestation de protestation des associations LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). La décision de Park Won-soon avait été prise sous l'influence des églises chrétiennes.

De même, depuis 2014, le dictionnaire officiel en ligne de la langue coréenne définit désormais l'amour comme un "sentiment d'affection entre un homme et une femme", et plus comme le "sentiment d'affection entre deux personnes"... un changement motivé, là encore, par la position des églises protestantes sud-coréennes. 

 

Kim Bo-mi, homosexuelle revendiquée, élue présidente des étudiants de l'Université nationale de Séoul

Sources :

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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 23:37

Les huit filles du groupe sud-coréen "Oh my girl" ont été refoulées des Etats-Unis, ayant été détenues à l'aéroport de Los Angeles avant de retourner en Corée. Selon leur maison de production WM Entertainment, les douaniers les auraient prises pour des travailleuses du sexe, en raison de leur jeune âge.

Les chanteuses de "Oh my girl" refoulées des Etats-Unis... car soupçonnées d'être des travailleuses du sexe

Elles étaient venues aux Etats-Unis pour faire le shooting de la couverture de leur album. Mais les huit filles du girlsband Oh My Girl n'ont pas été admises sur le territoire américain. Après que leurs habits et leurs accessoires eurent été fouillés, elles ont été détenues pendant quinze heures, ayant été soupçonnées d'être des travailleuses du sexe, selon le communiqué publié par leur agence.

Le groupe devait également se produire, le lendemain de son arrivée, lors d'une soirée de gala.

Si l'attitude des douaniers américains est extrêmement regrettable, elle renvoie aussi à la question de l'emploi de personnes de plus en plus jeunes par les sociétés sud-coréennes productrices de musique K-Pop - avec des mises en scène sexuelles parfois quasi-explicites. Leur exploitation par la société du spectacle mérite pour le moins débat, quant à leurs droits et à leur statut.

Par ailleurs, le groupe venant d'être nouvellement créé, cette publicité imprévue pourrait finalement constituer une aubaine pour WM Entertainement.

Source :

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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 16:39

Dans des données publiées le 5 mars 2015, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) a détaillé quels sont les pays étrangers visités chaque année par les citoyens de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord, hors Chongryon) entre 1995 et 2014 (ou 2013 pour certains Etats). Il faut tenir compte des traditionnelles réserves méthodologiques sur les statistiques propres à la RPD de Corée : ainsi, une absence de chiffre pour un pays et une année donnée ne signifie pas nécessairement qu'il n'y aucune entrée de Nord-Coréen dans ce pays pour l'année considérée, mais seulement que les données manquent, rendant ainsi non pertinente toute consolidation au niveau mondial ; par ailleurs, selon toutes apparences les sources proviennent principalement des Etats tiers à la RPDC, et pas de la RPDC elle-même ; les statistiques sont disponibles plus tardivement que pour d'autres pays, et comportent des lacunes par Etat (en particulier, la France, le Royaume-Uni et la Corée du Sud sont absentes) ; enfin, les données agrégées sont susceptibles de comptabiliser pour la RPDC des chiffres relevant en réalité de la République de Corée (Corée du Sud), ce qui pourrait expliquer certaines anomalies dans les séries statistiques par pays (par exemple, le nombre de 10 717 Nord-Coréens ayant visité la Tanzanie en 2012 correspond-il à une exception, et si oui comment l'expliquer, ou à erreur ?). En outre, certains biais méthodologiques sont propres à la nature des données elles-mêmes : alors que les voyages à l'étranger des Nord-Coréens s'effectuent à notre connaissance principalement par train, puis par avion (le détail par mode de transport n'étant pas disponible pour les données consultées) , la République populaire de Chine est le principal pays de transit (loin devant la Fédération de Russie) vers d'autres destinations à l'étranger, et il n'est pas certain que les données de l'OMT distinguent les cas où la Chine est la destination finale, de ceux pour lesquels elle n'est qu'un pays de transit. Sous ces importantes réserves, les statistiques de l'OMT offrent un panorama utile des pays avec lesquels la RPD de Corée a des échanges de personnes - dans le sens des visites effectuées par les Nord-Coréens à l'étranger.

Le siège de l'Organisation mondiale du tourisme, à Madrid

Le siège de l'Organisation mondiale du tourisme, à Madrid

Sans surprise, le voisin chinois est le pays qui reçoit - de loin, et de manière croissante - le plus grand nombre annuel de visiteurs nord-coréens par an : 60.000 à 70.000 entre 1995 et 1999, 70.000 à 80.000 de 2000 à 2003, 100.000 à 120.000 entre 2003 et 2010, plus de 150.000 en 2011, 181.000 en 2012 et 207.000 en 2013, les données pour 2014 n'étant pas disponibles. Cette augmentation suit celle des échanges de marchandises, ainsi que des investissements chinois en RPDC, mais alors que les données économiques connaissent parfois des à-coups brutaux (partiellement liés à l'application des sanctions internationales par la Chine), le nombre de visiteurs nord-coréens en Chine croît régulièrement, par paliers jusqu'en 2010, puis suivant une croissance annuelle comprise entre 15 % et 25 % en 2011, 2012 et 2013. Ces données conforteront les analystes qui pointent un risque de dépendance de la Corée du Nord vis-à-vis de la Chine. Par ailleurs, les visites à Hong Kong sont faibles (quelques centaines par an), bien qu'il s'agisse d'une des principales portes d'entrée commerciale sur la Chine, et à peine supérieures dans le cas de Macao (1 000 à 2 000 par an).

La Russie est un lointain second, accueillant chaque année entre 9.000 et 24.000 Nord-Coréens. La tendance est à la hausse, mais beaucoup moins rapidement et nettement que pour la Chine, confirmant que la politique d'équilibre suivie par Pyongyang entre Moscou et Pékin du temps de la guerre froide appartient à l'histoire - même si la Russie tente aujourd'hui d'accroître ses liens avec la RPDC, dans le cadre notamment de l'année croisée Russie-Corée.

Pour les autres pays, les évolutions sont très souvent heurtées, à l'image des relations commerciales de la RPDC avec d'autres pays que la Chine ; l'Inde a accordé annuellement des visas à 5.000 à 8.000 Nord-Coréens par an entre 1995 et 1997, puis ce nombre a spectaculairement baissé (jusqu'à 4 en 2009) avant de remonter légèrement en restant faible (332 en 2013). Pour la Malaisie, ce nombre a dépassé 10.000 par an entre 2003 et 2004, avant de tomber à environ 1.000 par an ces dernières années. Le Pérou a accueilli chaque année, entre 2004 et 2006, 5.000 à 8.000 Nord-Coréens, les données n'étant plus disponibles depuis 2007.

Certains Etats accueillent toutefois régulièrement un nombre relativement élevé de Nord-Coréens : la Belgique (plus de 4.000 par an, sans doute en partie partiellement du fait d'échanges avec les institutions de l'Union européenne), la Finlande (1.000 à 2.000 par an depuis 2008), le Honduras (plus de 4.000 en 2012 et en 2013), la Pologne (15.000 en 2010, 4.000 en 2013).

Au final, ces chiffres sont à l'mage de la volonté de diversification de ses échanges avec l'étranger de la Corée du Nord, en dehors des partenaires traditionnels que sont la Chine et, dans une moindre mesure, la Russie.

Source :

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19 octobre 2015 1 19 /10 /octobre /2015 23:20

Le 7 octobre 2015, le gouvernement conservateur sud-coréen a annoncé son intention de revenir à des manuels d'histoire d'Etat dans les établissements secondaires, suivant la pratique en vigueur entre 1973 et 2009 - et non plus à un choix entre des manuels édités par huit maisons d'édition habilitées par un comité d'experts. L'opposition démocrate est vent debout contre cette tentative de la droite sud-coréenne d'imposer sa vision de l'histoire - de fait, les conservateurs ont clairement annoncé la couleur : mettre fin à la conception selon eux "gauchiste", trop favorable à la Corée du Nord, enseignée dans les actuels manuels scolaires, et réhabiliter le régime militaire, et tout particulièrement celui très autoritaire établi par le général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente Park Geun-hye, en mettant notamment l'accent sur ses réalisations économiques.

Manuels scolaires : les conservateurs sud-coréens veulent imposer leur vision de l'histoire

Imposer une vision unique de l'histoire, notamment dans l'enseignement, a toujours été une préoccupation des régimes autoritaires dans leur volonté de révisionnisme historique : en voie de fascisation, la Corée du Sud de Mme Park Geun-hye a donc franchi allègrement ce pas en annonçant que, à compter de 2017, une conception selon elle "correcte" et "équilibrée" de l'histoire serait enseignée dans le secondaire à travers des manuels d'Etat dûment estampillés par les autorités gouvernementales.

Experts dans l'art de faire passer des réformes antidémocratiques pour une défense des libertés, ayant déjà interdit le principal parti de gauche au nom d'une soi-disant défense de la démocratie mais en forgeant un procès de toutes pièces, les conservateurs sud-coréens, héritiers du régime militaire à l'origine de milliers d'assassinats politiques en Corée du Sud pendant trente ans, osent prétendre que la vérité naîtra de la fin du débat contradictoire et de l'étouffement des voix discordantes.

Pour justifier sa contre-réforme, la droite conservatrice invoque une demande de l'opinion publique ; en fait, le parti Saenuri au pouvoir a lui-même créé de toutes pièces un mouvement d'opinion réactionnaire pour le révisionnisme historique dans les manuels scolaires.

L'opposition démocrate sud-coréenne réunie au sein de l'Alliance de la nouvelle politique pour la démocratie a exigé l'établissement d'un vrai consensus sur cette question, et demandé la constitution d'une commission d'enquête parlementaire.

Des inquiétudes se sont exprimées non seulement en Corée du Sud, mais aussi à l'étranger, notamment au Japon où les opposants au révisionnisme historique du gouvernement Shinzo Abe craignent non seulement une exacerbation des tensions Corée-Japon, mais aussi que les autorités de droite japonaises prennent prétexte du précédent sud-coréen pour aller plus loin encore dans leur dérive autoritaire. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient les démocrates opposés à la réforme des manuels scolaires, que veut une nouvelle fois imposer au forceps une administration conservatrice aux abois, affolée par la perspective de pouvoir être désavouée aux législatives du printemps 2016 et à l'élection présidentielle de décembre 2017.

Principales sources :

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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 19:36

Alors qu'on ne recense plus de nouveaux cas de patients atteints du coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers-CoV) en Corée du Sud depuis le 5 juillet 2015, l'heure est bientôt au bilan. Si un membre du bureau présidentiel a annoncé, sous couvert d'anonymat, la prochaine nomination d'un nouveau ministre de la Santé et des Affaires sociales, en remplacement de Moon Hyung-pyo, après le retour à la normale, les dysfonctionnements graves qu'a révélés la gestion de cette crise sanitaire amènent à s'interroger sur ses causes profondes, au-delà du rôle de bouc émissaire que l'administration présidentielle veut faire endosser à Moon Hyung-pyo.

Moon Hyung-pyo, ministre de la Santé et des Affaires sociales

Moon Hyung-pyo, ministre de la Santé et des Affaires sociales

Le nombre de cas de MERS-Cov semble désormais stabilisé à 186, ayant entraîné 36 décès à ce jour. En l'absence de nouveaux cas, la fin de l'épidémie en Corée du Sud pourrait être annoncée le 2 août prochain.

Il n'en reste pas moins que la République de Corée aura été le deuxième pays le plus touché au monde par l'épidémie, après l'Arabie Saoudite. Par ailleurs, la propagation rapide du coronavirus au cours des premières semaines, conjuguée à une sous-estimation initiale de l'épidémie puis à un affolement généralisé témoigne, après la gestion déjà insuffisante de précédentes catastrophes par les pouvoirs publics (notamment suite au naufrage du ferry Sewol), d'une incapacité chronique des autorités sud-coréennes à répondre efficacement aux crises. S'il est pour le moins incertain qu'une autre administration présidentielle aurait apporté une réponse plus appropriée, tant les insuffisances sont structurelles du fait d'une déréglementation libérale qui a supprimé les nécessaires garde-fous, les tentatives du pouvoir actuel pour d'abord minimiser la catastrophe sanitaire (en mobilisant à cette fin les médias sous son contrôle, conservateurs ou à capitaux publics) puis pour protéger la Présidente Park Geun-hye, ont été particulièrement mal perçues dans l'opinion publique.

Car fidèle à sa stratégie d'évitement, la Présidente Park Geun-hye a trouvé un bouc émissaire idéal dans le ministre de la Santé et des Affaires sociales Moon Hyung-pyo, désormais en sursis. Mais une majorité de Sud-Coréens n'est pas dupe de la responsabilité qui incombait à la chef de l'Etat dans un tel contexte, sa popularité ayant atteint un nouveau point bas.

 

Dans ce contexte, la démission de Yoo Seung-min de son poste de chef des députés du parti Saenuri (conservateur, au pouvoir), accusé de manque de soutien à Mme Park Geun-hye après l'adoption d'une loi sur le Parlement approuvée au-delà des clivages partisans, a aggravé la crise politique, et manifesté la volonté de la Maison Bleue de faire taire les voix discordantes. Trente-six ans après l'assassinat de son père, le général Park Chung-hee, qui a établi le régime le plus autoritaire qu'ait jamais connu la Corée du Sud, Mme Park Geun-hye, qui s'est entourée d'un cercle étroit de collaborateurs liés à l'ancien régime militaire et souvent corrompus, continue manifestement de gouverner avec des réflexes hérités du passé, après l'interdiction du principal parti de gauche. Dans ce contexte, la défense de la démocratie sud-coréenne implique de se tourner également vers les conservateurs qui, comme Yoo Seong-min, refusent la dérive autoritaire à l'oeuvre à Séoul.

Sources :

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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 18:37

Le 1er juillet 2015, place du Trocadéro, a eu lieu à Paris un rassemblement identique à ceux organisés tous les mercredi, dans la péninsule coréenne, par le Conseil coréen pour les femmes requises pour l'esclavage sexuel militaire du Japon (dites "femmes de réconfort"). Constitué en 1990, le Conseil coréen milite pour la reconnaissance par le Japon du crime commis contre les femmes asiatiques forcées de se prostituer pour l'armée impériale japonaise - du début des années 1930 à 1945 - et en vue de leur indemnisation, en organisant à cette fin une campagne visant à la collecte de 100 millions de signatures. Plus largement, il dénonce les violences sexuelles faites aux femmes dans tous les conflits. La 1185ème Manifestation du mercredi qui a eu lieu exceptionnellement à Paris était co-organisée par l'association "Papillons de l'espoir" qui, pour la troisième année consécutive, organise, du 25 juin au 14 juillet 2015, un voyage pour la paix en Europe de jeunes Coréens, lequel coïncide cette année avec le soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale. L'exigence d'un monde de paix et de prospérité, en Asie du Nord-Est et dans le monde, est plus que jamais d'actualité.

Rassemblement à Paris contre l'esclavage sexuel des "femmes de réconfort"

Des orateurs japonais ont pris la parole pour exprimer leur solidarité avec le combat du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort", témoignant qu'il s'agit d'une question de principe qui transcende les clivages nationaux, et déplorant le nationalisme et le révisionnisme du Gouvernement Abe. Gérard Halie a pris la parole au titre du Mouvement de la paix et Patrick Kuentzmann au nom de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC). L'AAFC est pleinement solidaire du combat en faveur des "femmes de réconfort", depuis septembre 2013 et la visite en France de l'une des survivantes, Mme Kim Bok-dong, puis à l'occasion des actions menées en janvier 2014 et en avril 2014 dans le cadre de la campagne de pétition internationale, et enfin lors de la visite en France, en juin 2014, d'une autre survivante, Mme Kil Won-ok. Il convient de poursuivre la sensibilisation de l'opinion publique internationale, ainsi que des décideurs politiques, pour que plus jamais de tels crimes ne se reproduisent.

A l'occasion du rassemblement organisé à Paris le 1er juillet 2015, les jeunes pacifistes de l'association "Papillons de l'espoir" ont adopté une déclaration pour la résolution de la question de l'esclavage sexuel militaire japonais :

Nous sommes venus en Europe pour la paix et pour l'espoir. 2015 marque à la fois le soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale et de la libération de la Corée. Nous, participants du voyage en Europe pour la paix, nous sommes lancés dans ce voyage afin d'exprimer notre opposition à la guerre, tout en espérant la résolution du problème de l'esclavage sexuel par l'armée japonaise pendant la Seconde guerre mondiale. Les blessures de la Seconde guerre mondiale ne pourront être cicatrisées tant qu'il ne sera pas mis fin au problème de l'exploitation sexuelle (...)

Nous, jeunes amoureux de la paix, nous adressons aux Européens et à tous dans le monde entier. Avançons ensemble contre la guerre. Accomplissons ensemble des pas sur le chemin de la paix. Nous avons besoin d'être soutenus pour que le problème de l'esclavage sexuel par l'armée japonaise - problème jamais abordé depuis la fin de la guerre - soir résolu et qu'un système garantissant la paix se construise dans la péninsule coréenne. Que les papillons qui volent à tire-d'aile ici et maintenant deviennent de véritables messagers de la paix pour tous les hommes du monde.

- Nous exigeons du gouvernement japonais qu'il reconnaisse la vérité sur les crimes sexuels de guerre des militaires japonais, qui sont un crime contre l'humanité violant le droit international !
- Nous exigeons du gouvernement japonais qu'il présente des excuses sincères aux victimes de l'esclavage sexuel et qu'il les dédommage !
- Nous sommes contre toutes les guerres et contre les violences sexuelles dans le monde !

Rassemblement à Paris contre l'esclavage sexuel des "femmes de réconfort"

Photos : Conseil coréen pour les femmes requises pour l'esclavage sexuel militaire du Japon.

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