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22 novembre 2017 3 22 /11 /novembre /2017 20:14

L'ensemble des Coréens - qu'ils soient du Nord ou du Sud de la péninsule - accordent une importance primordiale à l'éducation, et les deux pays partagent ainsi des taux d'alphabétisation proches de 100%. Dans ce contexte, entrer à l'université et disposer d'un diplôme universitaire confère un prestige social et constitue un sésame pour l'accès à un emploi qualifié - y compris de par les réseaux de sociabilité qui s'établissent entre diplômés d'une même université. Toutefois, les deux pays qui se partagent la péninsule coréenne diffèrent quant à la sélection effective d'entrée à l'université - même si l'un et l'autre ont mis en place un dispositif d'examen d'entrée ouvert aux titulaires de l'équivalent du baccalauréat.

Des étudiants sud-coréens révisent jusqu'à la dernière minute pour le suneung, l'examen d'entrée à l'université.

Des étudiants sud-coréens révisent jusqu'à la dernière minute pour le suneung, l'examen d'entrée à l'université.

Chaque année, pendant l'examen d'entrée à l'université, la République de Corée (Corée du Sud) retient son souffle : décalage à 10 heures de l'ouverture des administrations ou encore de la Bourse de Séoul, interdiction aux avions de décoller ou d'atterrir en début d'après-midi, pendant une demi heure, au moment où se déroule la principale épreuve d'écoute linguistique... Pourtant, si en France l'objectif est de faire parvenir 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat, en Corée du Sud c'est 80 % d'une classe d'âge qui accède quant à elle à l'université, soit un taux record parmi les pays industrialisés, comme le soulignait l'OCDE :

En 2010 [la République de Corée] avait la plus forte proportion de 25-34 ans disposant au moins d'un niveau d'éducation secondaire parmi les pays membres de l'OCDE. Les jeunes Coréens de 15 ans ont aussi un niveau élevé. L'étudiant moyen atteint le score de 542 en lecture, en mathématiques et en sciences dans le programme PISA de l'OCDE (Programme for International Student Assessment), au-dessus de la moyenne de l'OCDE (497) et aux plus hauts niveaux du classement.

Sauf que l'accès à l'université n'est pas identique selon les résultats à l'examen - en une journée peuvent ainsi se fermer les portes d'accès aux universités les plus prestigieuses. Et il ne faut pas non plus négliger le revers de la médaille d'une très forte proportion de diplômés : des conditions stressantes d'études qui conduisent à un taux anormalement élevé de suicide parmi les étudiants, un mépris social vis-à-vis des non-diplômés et des métiers manuels, un phénomène important de déclassement des diplômés dans une société où le chômage frappe plus fortement les plus jeunes... En outre, le système éducatif sud-coréen est l'un des plus chers au monde, le principe des cours privés étant généralisé pour les enfants des familles aisées : habituellement, une famille sud-coréenne consacre 10 % de ses revenus à l'éducation de ses enfants. Parmi les facteurs amenant des Sud-Coréens à s'établir à l'étranger figure ainsi souvent la volonté de faire échapper leurs enfants à l'enfer des examens.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est pour sa part beaucoup plus sélective dans l'entrée à l'université : déjà ancien, le recensement de la population conduit en 2008 indiquait que seulement un Nord-Coréen sur huit disposait alors d'un diplôme universitaire - la proportion étant toutefois plus élevée aujourd'hui parmi les représentants des jeunes générations, qui ont décroché l'équivalent du baccalauréat.

Etudiants de l'Université de science et de technologie de Pyongyang, principale université privée en Corée du Nord.

Etudiants de l'Université de science et de technologie de Pyongyang, principale université privée en Corée du Nord.

La concurrence est très forte, avec des résultats très disparates suivant les lycées où s'est déjà opéré une importante sélection à l'entrée : l'école secondaire n° 1 de Pyongyang, la plus prestigieuse de la capitale, affiche des taux de réussite supérieurs à 80 %.

Pour les garçons nord-coréens qui échouent à l'examen d'entrée à l'université, le parcours habituel est alors d'accomplir le (long) service militaire (quitte à reprendre des études après le service national) - dont les diplômés sont en revanche exemptés, s'ils le souhaitent. Alors qu'en Corée du Sud, tous les jeunes hommes doivent accomplir le service militaire (avec des possibilités plus importantes de report lorsqu'on étudie à l'étranger, la limite d'âge pour reporter l''incorporation étant sinon de 28 ans), diplômés comme non-diplômés, cette situation propre au Nord de la Corée tend à faire des envieux des envieux parmi les Sud-Coréens lorsqu'ils comparent leur situation avec celle de leurs compatriotes nord-coréens.

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18 novembre 2017 6 18 /11 /novembre /2017 18:56

Hachette Tourisme a publié cette année, dans la collection "Guides bleus", un Petit guide des usages et coutumes consacré à la Corée de James Hoare, traduit de l'anglais. Ce petit ouvrage (170 pages) en format poche a le mérite rare de ne pas tomber dans deux travers habituels des écrits consacrés à la culture et aux coutumes de la Corée : l'européocentrisme (voyant la Corée sous l'angle d'un exotisme de bon aloi, défaut habituel des guides de voyage sur l'Asie), et une approche fragmentaire, tendant à ignorer qu'il existe aujourd'hui deux Etats coréens partageant néanmoins une histoire et une culture communes.

"Le petit guide des usages et coutumes" sur la Corée de James Hoare : une synthèse utile et de qualité

James Edward Hoare, né en 1943, est un diplomate et un universitaire britannique spécialiste de la Chine et de la Corée, qui a notamment été en poste à Séoul (1981-1984), Pékin (1988-1991) et Pyongyang où il a occupé les fonctions de chargé d'affaires en vue de l'ouverture de l'ambassade britannique après l'établissement de relations diplomatiques entre le Royaume-Uni et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en 2000.

Fort de son expérience diplomatique et de son bagage universitaire, c'est en connaissance de cause qu'il apporte une synthèse claire et intelligente de la culture et des coutumes propres à la Corée, abordant successivement le pays et ses habitants (chapitre 1), ses valeurs culturelles (chapitre 2), ses croyances, coutumes et tabous (chapitre 3), les règles sociales (chapitres 4 et 5), les loisirs (chapitre 6), le voyage en Corée (chapitre 7), les règles à suivre dans les affaires (chapitre 8) et la communication (chapitre 9).

Plus que les quelques aperçus sur l'histoire et la diplomatie de la Corée, où fleure souvent le point de vue du diplomate britannique (qui n'a pas vocation à être neutre et impartial) mais avec cet art de la nuance et du sous-entendu tellement british, l'ouvrage a cette qualité rare de permettre à l'Occidental en relation avec des Coréens (Nord comme Sud) ou visitant la péninsule coréenne (que ce soit Séoul ou Pyongyang) d'apprendre ce qu'il doit savoir pour éviter les impairs liés aux différences culturelles. Ainsi par exemple James Hoare consacre un paragraphe très juste et précis sur la question importante, dans toute l'Asie de l'Est, des cartes de visite (p. 139-140) :

Après s'être présenté, il est d'usage d'offrir sa carte de visite. On les utilise beaucoup au Sud comme au Nord, et il peut être utile d'en avoir sur vous, même si vous ne restez pas longtemps. Vous pouvez bien sûr les imprimer avant de partir, mais il y a certains avantages à attendre d'être sur place. On vous les fabriquera rapidement, et les imprimeurs coréens pourront ajouter nom, adresse et nom de l'entreprise en coréen. Les cartes doivent être présentées des deux mains, si possible, et si ce n'est pas possible de la main droite. Au moment de recevoir une carte, il est de bon ton de l'étudier un moment avant de la ranger. Un petit portefeuille en cuir ou en peau d'anguille, pour conserver vos cartes et celles que vous aurez reçues, est un bon achat à faire sur place. Vous pouvez aussi acquérir un carnet dans lequel conserver vos cartes et transférer vos cartes à mesure que votre collection grandit. Les cartes sud-coréennes sont souvent très complètes et détaillées et les cartes avec images sont de plus en plus courantes. Les cartes nord-coréennes, au contraire, sont plutôt minimalistes : nom, titre, organisation et adresse, ainsi qu'un numéro de téléphone général. Il est très difficile d'obtenir un numéro personnel en Corée du Nord.
Attachant une grande importance à leur propre hiérarchie, les Coréens s'intéresseront naturellement à la vôtre. Les cartes professionnelles sont très importantes ici, et ce serait une grande erreur que de vouloir s'en passer. Les Coréens s'empareront de la vôtre avec avidité, celle-ci leur conférant, ils l'espèrent, des informations importantes sur vous et vos attributions. Les diplômes peuvent faire impression, surtout s'ils viennent d'établissements prestigieux. N'omettez pas rangs et titres, qui sont aussi très importants. En plus de ce qu'ils pourront apprendre de votre carte, les Coréens vous questionneront parfois à propos de votre passé, de votre éducation et de vos croyances. Tous ces détails ont pour but de vous situer et de voir comment vous pouvez vous insérer dans leur système.

James Hoare aurait pu ajouter que les Coréens vous demandent aussi souvent votre âge, afin de vous positionner dans une hiérarchie où le plus jeune doit le respect au plus ancien. Par ailleurs, il a omis que, au Nord, une adresse email (également générale) figure désormais fréquemment sur les cartes de visite.

Les principales faiblesses de l'ouvrage concernant d'ailleurs la Corée du Nord. Il y a des informations datées (probablement dues au fait que James Hoare était en poste à Pyongyang il y a plus de 15 ans) : aujourd'hui il est par exemple possible de se déplacer seul, au moins dans la capitale, sans ses guides, et suivant des règles fixées au cas par cas, contrairement à ce qui est affirmé. On relève aussi quelques rares erreurs - ainsi, pour se procurer un visa pour la Corée du Nord, la délégation générale de la RPD de Corée rue Asseline (Paris 14e) est l'interlocuteur naturel (et pas l'ambassade de France en Chine ou le consulat général de France à Shenyang). Mais le petit guide de très bonne facture de James Hoare, tout en étant nettement supérieur aux guides de voyage sur la Corée du Nord aujourd'hui disponibles en français, n'entend pas se substituer aux informations à jour figurant sur les sites d'agences de voyage spécialisées (comme Koryo Tours ou Korea Consult). Il constitue, en tout de cause, un livre abordable (7,90 €) riche d'informations de qualité que se doit de connaître toute personne intéressée par la Corée et les Coréens.

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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 21:46

"Chuseok", ou la fête des récoltes, est l'une des principales fêtes traditionnelles coréennes, célébrée chaque année, dans l'ensemble de la péninsule, le quinzième jour du huitième mois lunaire. A cette occasion, les Coréens retournent sur le lieu de leur origine pour rendre hommage à leurs ancêtres. Le 4 octobre 2017, la fête de Chuseok a coïncidé avec le dixième anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007. A cette occasion, l'Association d'amitié franco-coréenne a organisé un dîner dans un restaurant coréen à Paris. 

Réunion de l'AAFC à l'occasion du 10e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007

Il est des anniversaires tristes : 10 ans après le second sommet historique entre le Nord et le Sud de la Corée en octobre 2007, qui aurait dit que l'ensemble des acquis du dialogue et des échanges intercoréens auraient été réduits à néant - ou presque ? 

Mais l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est persévérante : se remémorant la longue période de gel des relations intercoréennes après la percée qu'avait constitué le communiqué conjoint Nord-Sud le 4 juillet 1972, ses adhérents réunis le 4 octobre 2017 ont exprimé leur conviction que les principes ayant fondé la déclaration du 4 octobre 2007 continueront d'inspirer des générations de Coréens et de militants progressistes pour créer les conditions et l'espoir d'une réunification future. Ils avaient d'ailleurs choisi un restaurant tenu par les Coréens de Chine vivant en France pour symboliser que la réunification de la Corée doit être l'oeuvre de tous les Coréens, du Nord, du Sud et de la diaspora.

A cet égard, l'AAFC a montré, lors des débats ouverts lors de ce dîner, qu'elle entend poursuivre ses actions pour favoriser et encourager la coopération franco-coréenne (Nord et Sud) dans les domaines culturel, scientifique et universitaire, pour lesquels la poursuite d'idéaux communs de paix et de solidarité implique de dépasser les différences de systèmes politiques et sociaux.

L'AAFC souhaite d'excellentes fêtes de Chuseok à tous les Coréens.

Réunion de l'AAFC à l'occasion du 10e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007
Réunion de l'AAFC à l'occasion du 10e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007
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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 23:25

Le Camerounais Abdoulaye Assan - qui a pris le nom coréen de Lee Heuk-san - est devenu champion de Corée du Sud dans la catégorie poids welters (mi-moyens), alors que sa procédure de demande d'asile était en cours d'examen en République de Corée - après un rejet en première instance. 

Un demandeur d'asile camerounais devient champion sud-coréen de boxe (poids welters)

En l'emportant le 27 mai 2017 face à Lee Kyu-won, Lee Heuk-san est devenu champion sud-coréen de boxe dans la catégorie poids welters (mi-moyens). L'information pourrait être secondaire si Lee Heuk-san n'était pas aussi demandeur d'asile.

Le Camerounais, aujourd'hui âgé de 34 ans, était venu en Corée du Sud dans le cadre des championnats du monde militaires. Il a alors demandé l'asile politique.

Après que sa demande d'asile a été rejetée en première instance, elle restait pendante en appel quand il est devenu champion de Corée du Sud : l'ancien militaire espérait que son titre lui permettra d'obtenir une réponse favorable de l'administration sud-coréenne, alors qu'il risque 5 ans d'emprisonnement en cas rejet et de retour au Cameroun.

Lee Heuk-san a finalement reçu le titre de réfugié politique en Corée du Sud.

Source : 

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22 juillet 2017 6 22 /07 /juillet /2017 13:06

Après la disparition tragique de l'étudiant américain Otto Warmbier six jours après sa libération par les autorités nord-coréennes, l'administration Trump a décidé d'interdire à ses ressortissants de visiter la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : la mesure doit entrer en vigueur le 27 juillet 2017 avec une période de tolérance d'un mois ; passé ce délai, les détenteurs d'un passeport américain visitant la RPD de Corée verraient leur passeport invalidé. Si la mesure aura des conséquences importantes sur les agences spécialisées proposant des circuits touristiques en Corée du Nord (comme Koryo Tours, qui aurait accueilli 40 % des 800 touristes américains ayant visité la RPD de Corée en 2016), ce sont les coopérations américano-nord-coréennes - à caractère humanitaire, culturel, sportif, scientifique... - qui seront le plus fortement impactées, comme l'a observé Richard Stone de la revue Science, en citant l'exemple emblématique de l'Université de Science et de Technologie de Pyongyang (Pyongyang University of Science and TechnologyPUST). L'université privée américaine, qui a ouvert ses portes dans la capitale nord-coréenne en 2009 avant d'accueillir la première promotion d'étudiants nord-coréens en 2010, compte une quarantaine d'universitaires et administratifs américains, dont son Président, Yu-taik Chon, et forme des centaines d'étudiants de la RPD de Corée. Bien que particulièrement concernée par les arrestations de citoyens américains en RPD de Corée (sur les trois actuellement emprisonnés, on compte deux enseignants de la PUST : Sang-duk (Tony) Kim et Hak-song Kim), la PUST a déploré la décision de l'administration américaine, par la voix de son chancelier Chan-mo Park, informaticien coréen américain, ancien Président de l'Université Pohang de Science et de Technologie (POSTECH), basée en Corée du Sud. Nous traduisons ci-après de l'anglais l'entretien donné par M. Chan-mo Park à Richard Stone, publié le 21 juillet 2017 dans Science, et qui revient également sur l'impact négatif des sanctions pour les échanges universitaires conduits par la PUST et les fantasmes quant à l'impact de ces échanges sur le développement des programmes militaires nord-coréens.

Chan-mo Park

Chan-mo Park

Question : Si les citoyens américains sont interdits de voyager en Corée du Nord pour enseigner à la PUST, dans quelle mesure votre université sera-t-elle affectée ?

Réponse : Ce serait une très mauvaise nouvelle. Nous devrions trouver des enseignants d'autres pays. Les professeurs nord-coréens peuvent enseigner certaines matières, mais seulement quelques-uns d'entre eux peuvent donner des cours en anglais, et nous sommes partisans que tous les cours à la PUST soient donnés en anglais. Il y aurait donc des conséquences irrémédiables sur les programmes actuels. C'est vraiment décourageant pour moi.

Q. : Quels efforts a faits la PUST en ce qui concerne Tony Kim et Hak-song Kim ? 

R. : Depuis leurs arrestations qui n'étaient pas liées à leur travail à la PUST, les professeurs et les personnes administratifs n'ont rien pu faire d'autre que prier beaucoup pour eux. 

Q. : Comment leur détention a-t-elle affecté la perception de l'Université en dehors de la Corée du Nord ?


R. Beaucoup de personnes, en particulier parmi nos familles et ceux qui nous soutiennent, ont été très surpris et inquiets quant à la sécurité des citoyens américains à la PUST. Toutefois, je vois que la plupart des enseignants des cours d'été [venant des Etats-Unis] sont actuellement sur le campus.

Q. : Les sanctions imposées à la Corée du Nord ont-elles touché la PUST ? 

R. : En raison des sanctions [des Nations unies], il est devenu difficile depuis le début de l'année dernière d'envoyer de l'argent en Chine pour acheter du matériel et des équipements de recherche. Alors que des universitaires sud-coréens viennent enseigner à la PUST, les sanctions imposées par la Corée du Sud interdisent aux ressortissants sud-coréens de visiter la Corée du Nord. Et certains pays - comme l'Allemagne et l'Italie - n'ont pas délivré de visas pour des étudiants de la PUST qui avaient été admis dans des universités pour des formations diplômantes, en particulier à Göttingen, Sannio et Brescia.

Q. : Quelles garanties pouvez-vous apporter que les diplômés de la PUST ne finiront pas par travailler pour des unités cyberterroristes ou d'autres secteurs de l'armée sud-coréenne ?

R. : Je peux vous assurer que la PUST n'aide absolument pas à former des pirates ou des "cybercombattants". Récemment, Thae Yong-ho, un ancien conseiller à l'ambassade nord-coréenne au Royaume-Uni qui a fait défection en Corée du Sud, a déclaré à des journalistes à l'Assemblée nationale sud-coréenne qu'il ne pensait pas que la PUST enseignait le piratage informatique. Il a ajouté qu'en Corée du Nord ils apprennent le piratage à des lycéens sélectionnés qui montrent des capacités en informatique. La plupart de nos diplômés rejoignent le secteur académique comme enseignants ou chercheurs. Certains continuent leurs études pour obtenir des diplômes dans des universités étrangères ou obtiennent des emplois dans des entreprises nord-coréennes travaillant à l'étranger, comme en Chine et en Malaisie. Les incompréhensions et les accusations sans fondement empêchent les progrès de la PUST.
 

Sources : 

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11 juin 2017 7 11 /06 /juin /2017 12:40

En mai 2017, le logiciel malveillant de type rançongiciel WannaCry a été utilisé lors d'une vaste cyberattaque ayant touché plus de 300 000 ordinateurs dans 150 pays, ayant conduit au plus grand piratage à rançon de l'histoire d'Internet. Si la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a été une fois encore hâtivement mise en cause par certains médias, les experts en informatique ont montré qu'en réalité les hackers étaient probablement chinois - comme l'explique un article de The Telegraph traduit ci-après de l'anglais.

"Les pirates informatiques de WannaCry liés à la Chine et pas à la Corée du Nord, selon les experts" (The Telegraph)

La cyberattaque WannaCry qui a touché 150 pays pourrait avoir été l’œuvre de hackers parlant chinois, indiquent de nouvelles recherches.

 

Des enquêteurs de chez Flashpoint ont rejeté les rapports arguant que des pirates nord-coréens seraient derrière le rançongiciel après avoir trouvé des preuves que le message avait été traduit à partir d’une langue tierce vers le coréen.

 

Leurs investigations montrent que des locuteurs chinois pourraient être à l’origine de l’attaque WannaCry, qui a pris pour cible des centaines de milliers d’ordinateurs au sein d’organisations telles que la caisse d’assurance maladie de Grande-Bretagne mais qui a également touché des grandes entreprises comme Nissan ou Telefonica.

 

« Flashpoint évalue avec un grand degré de certitude que les auteurs des messages affichés chez les personnes infectées par Wannacry écrivent couramment chinois », avance un chercheur. « Le langage utilisé s’apparente à celui du sud de la Chine, de Hong Kong, Taiwan ou Singapour. »

 

Les spécialistes ont analysé les 28 différentes langues du message de rançon apparu sur les ordinateurs touchés par l’attaque demandant le payement de 300 dollars américains.

 

Ils se sont aperçus que les messages écrits en chinois et en anglais sont les seuls semblant avoir été rédigés par un être humain. Le message en coréen contenait des erreurs grammaticales et de ponctuation qui indiquent une traduction depuis l’anglais.

 

« Les analyses révèlent que presque tous les messages de rançon ont été traduit par le biais de Google Translate et qu’uniquement les versions anglaise et chinoise semblent avoir été traduites par une personne plutôt que par une machine », ajoute Flashpoint

 

Les chercheurs indiquent que seuls les messages en chinois semblent avoir été écrits par un natif du pays, ce qui pourrait signifier que les auteurs seraient d’origine chinoise.

 

« Les deux messages de rançon chinois diffèrent substantiellement des autres par leur contenu, leur format et leur ton », nous précise Flashpoint. La version chinoise possède du contenu absent des autres langues, alors qu’aucun texte ne présente des phrases n’apparaissant pas dans la version chinoise.

 

« La relative familiarité présente dans le texte chinois par rapport aux autres versions suggère que les auteurs parleraient couramment la langue – peut-être avec suffisamment d'aisance pour y rédiger le message initial. »

 

Ces découvertes apparaissent après qu’une autre enquête a incriminé le groupe de hackers nord-coréens dénommé Lazarus Group. Ce dernier, qui selon les experts serait lié à l’Etat nord-coréen, serait derrière le piratage de Sony Pictures Entertainment en 2014 et responsable de l’attaque ayant mené au vol de 81 millions de dollars à la Banque centrale du Bangladesh. [NdT : la responsabilité de la RPD de Corée, tant dans le piratage de la Banque centrale du Bangladesh que de Sony Pictures, apparaît fabriquée.]

 

Le texte anglais de WannaCry, à l’inverse de la version chinoise, contient une erreur grammaticale majeure indiquant l’improbabilité que son auteur parle couramment la langue.

 

Les analyses révèlent que les messages dans les autres langues ont été traduits depuis le texte anglais.

 

Flashpoint a également comparé les messages de WannaCry avec ceux des rançongiciels précédents mais n’y a pas trouvé de liens significatifs.


 

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1 mai 2017 1 01 /05 /mai /2017 14:12

La société coréenne traditionnelle, empreinte de confucianisme, est conservatrice sur les questions de société, tendant ainsi souvent à considérer que l'homosexualité n'existerait pas en Corée du Sud. Dans les faits, des mentions de l'homosexualité figurent bien dans le droit sud-coréen pour établir des règles répressives, ainsi dans le code pénal militaire, une chasse à l'homme étant en cours sur cette base dans l'armée, au mépris des engagements internationaux de la République de Corée en matière de droits de l'homme. Dans la période récente, l'émergence de mouvements religieux homophobes militants a favorisé un climat d'intolérance, y compris dans les rangs des progressistes qui militaient naguère pour la démocratie et les libertés publiques au Sud de la péninsule coréenne. Alors que le scrutin du 9 mai 2017 désignera un nouveau chef de l’État en Corée du Sud, les militants LGBT ont décidé de renforcer leurs actions en interpellant les candidats – comme en rend compte un article du quotidien progressiste Hankyoreh, publié le 24 avril 2017, intitulé « Les candidats à la présidentielle évasifs sur la question des droits LGBT », et dont nous publions ci-après une traduction de l'anglais.

Des membres de « Solidarité universitaire pour les minorités sexuelles », qui fédère 108 groupes d'étudiants, a tenu une conférence de presse le 20 avril place Gwanghwamun au centre de Séoul, avec comme mot d'ordre « Notre génération est différente », en appelant à l'adoption d'une législation anti-discriminations (photographie : Kim Kyung-ho)

Des membres de « Solidarité universitaire pour les minorités sexuelles », qui fédère 108 groupes d'étudiants, a tenu une conférence de presse le 20 avril place Gwanghwamun au centre de Séoul, avec comme mot d'ordre « Notre génération est différente », en appelant à l'adoption d'une législation anti-discriminations (photographie : Kim Kyung-ho)

Apparemment désireux de ne pas s'aliéner les chrétiens conservateurs, les candidats ne s'engagent pas sur une législation anti-discriminations.

« Je rêve d'un jour où nous pourrons nous aimer et qu'on ne nous crée pas d'histoires. Mais la réalité aujourd'hui est que nous sommes arrêtés parce que nous nous aimons. »

Ces vers du poème de Hwang In-chan Une forêt de figuiers ont été cités sur une affiche diffusée le 20 avril sur le campus de l'Université Sogang. « Arrêtez-moi aussi », a écrit un étudiant qui s'est défini comme un homme gay n'ayant pas effectué son service militaire obligatoire. D'autres affiches ont été diffusées dans l'école par des étudiants se revendiquant de « Gay KATUSA » et des « Réservistes gay. Cette campagne est menée pour protester contre l'arrestation d'un capitaine gay pour avoir violé l'article 92-6 du Code pénal militaire en ayant commis des actes homosexuels.

Parmi les voix qui regrettent la « criminalisation de l'amour », d'aucuns accusent également certains des principaux candidats à l'élection présidentielle de se taire sur les droits des personnes LGBT tout en se définissant eux-mêmes comme défendant les « droits de l'homme » ou comme « féministes ». Les observateurs relèvent que même si les démonstrations aux bougies ont fait des droits des personnes LGBT un sujet plus important que lors des précédentes élections présidentielles, les favoris sont trop préoccupés d'apaiser les conservateurs chrétiens homophobes pour se prononcer.

Les groupes LGBT sont beaucoup plus impliqués dans cette élection qu'ils ne l'ont jamais été auparavant. Le 15 avril, le groupe pour les droits des gays Chingu Sai a organisé le premier « sommet gay » de l'histoire de la Corée, en ayant réuni environ 100 dirigeants de la communauté gay qui ont publié une liste des « demandes de la communauté gay pour l'élection présidentielle de 2017 ». Les dirigeants ont fixé au 1er mai la réponse des candidats à leurs demandes, lesquelles comprennent l'adoption d'une législation anti-discriminations, la légalisation du mariage pour les personnes de même sexe, des garanties quant à l'établissement des différents types de famille et l'abolition de l'article 92-6 du Code pénal militaire. Une liste de 10 tâches politiques pour l'égalité des droits des personnes LGBT avait été annoncée en mars par Rainbow Action, un groupe qui s'oppose aux discriminations contre les personnes LGBT. Des demandes spécifiques portent sur l'adoption d'une législation spécifique facilitant la chirurgie pour un changement de sexe et une interdiction de louer les bâtiments publics à des personnes affirmant que les personnes LGBT doivent être « soignées ».

Les positions de candidats sur les droits LGBT peuvent se ramener à la question de savoir s'ils envisagent d'adopter une législation anti-discriminations, qui comprendrait des mesures interdisant les discriminations contre une personne sur la base de son identité ou de son orientation sexuelle. Le 20 avril, la section sud-coréenne d'Amnesty International a publié des réponses à huit questions relatives aux droits de l'homme que lui ont faites Moon Jae-in, Ahn Cheol-soo, Hong Joon-pyo, Sim Sang-jung et Yoo Seong-min. Parmi les cinq candidates, seule Sim Sang-jung du Parti de la justice, marqué à gauche, a fait part de son intention de « mettre en œuvre » une législation anti-discriminations. Le candidat du Parti de la liberté de la Corée (conservateur) Hong a dit qu'il ne « pourrait pas » la mettre en œuvre, tandis que les autres trois candidats ont évité de donné une réponse claire.

Moon, candidat du Parti Minjoo de la Corée (libéral), et Ahn, candidat modéré du Parti du peuple (modéré), qui se classent respectivement premier et deuxième dans les intentions de vote, ont fait part de leur opposition aux discriminations mais ont souligné la nécessité d'un consensus au sein de la société. Yoo, candidat du Parti Bareun (conservateur), n'a pas répondu.

Une affiche à l'Université Sogang de Séoul, où l'on peut lire « Arrêtez-moi aussi » (source : Twitter)

Une affiche à l'Université Sogang de Séoul, où l'on peut lire « Arrêtez-moi aussi » (source : Twitter)

Le 20 mars, des représentants des candidats Moon, Hong, Ahn et Yoo ont tous affirmé leur opposition à l'établissement d'une législation anti-discriminations alors qu'ils assistaient à la Présentation de la politique du public chrétien pour la 19e élection présidentielle, organisée par la Sainte Conférence pour l’Évangélisation des 80 millions de Coréens et la Conférence politique du public chrétien. Dans un entretien récent sur YTN, Hong a fait des déclarations homophobes sur les droits LGBT, en disant qu'il « détestait ces trucs ». Parmi les candidats en lice pour le scrutin, seulement deux – Sin et Kim Seon-dong, candidat du parti de l'Unité populaire – ont fait figurer les droits des personnes LGBT dans leurs engagements, y compris l'adoption d'une législation anti-discriminations et l'abolition de l'article 92-6.

Les observateurs disent que les réticences et les évitements des candidats sur les droits des personnes LGBT montrent leur incapacité à prendre en compte les évolutions de la situation en Corée du Sud. Dans les universités, les positions anti-LGBT ont suffisamment reflué pour que plusieurs étudiants ayant fait leur coming out deviennent présidents des conseils étudiants, depuis que la lesbienne Kim Bo-mi a été élue à ce poste à l'Université de Séoul en 2015 – et pourtant, les critiques pointent l'incapacité des candidats à avoir activement pris en compte cette évolution. Les mêmes voix critiques ont aussi incité les candidats à ne pas se dérober à leur devoir de protéger les droits des personnes LGBT au profit d'efforts à courte vue pour gagner des voix, mais à s'affirmer comme des hommes et des femmes politiques qui n'ont pas être gênés devant l'histoire.

« Les partis établis parlent tous de 'réforme' et de 'mettre fin aux crimes du passé', mais ils ne disent jamais un mot sur une législation anti-discriminations ou sur les questions LGBT », a déclaré Na Ra, secrétaire général de Solidarité pour les droits de l'homme des personnes LGBT en Corée.

« Cela montre avec évidence leur approche des droits de l'homme. »

Par Park Su-ji, journaliste.

Merci d'envoyer directement vos questions ou vos commentaires à [english@hani.co.kr] (NdT : écrire en anglais)

Source :

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20 avril 2017 4 20 /04 /avril /2017 18:49

Les membres du bureau du comité Espéranto de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC) – Marianne Dunlop, présidente du comité, professeure de russe et de chinois, Nathalie Kesler, professeure de lettres classiques et d’histoire-géographie, et François Lo Jacomo, membre de l’Académie internationale d’Espéranto, professeur de mathématiques et linguiste,) – ont visité pendant 9 jours la République populaire démocratique de Corée, du 4 au 12 avril 2017, avant d’achever leur périple par la visite du club d’Espéranto de Dandong (situé à la frontière sino-coréenne, lieu chargé d’histoire avec le fleuve Yalu où nombre de Chinois sont morts pour repousser les assaillants américains de leurs frontières pendant la guerre de Corée), où Zhang Wei rêve de marcher sur les pas de son prédécesseur chinois qui organisait des voyages en RPDC autrefois. Leur voyage fut beaucoup plus fructueux qu’ils ne le pensaient initialement, et ponctué de rebondissements très intéressants pour le développement de l’Espéranto. Un premier compte rendu du voyage a eu lieu au château de Grésillon, maison culturelle de l’Espéranto, le 16 avril 2017.

Des espérantistes invités à Pyongyang…

Les membres du comité Espéranto de l’AAFC avaient été fort surpris de savoir que des traces de militantisme pour faire connaître cette langue avaient pu être décelés en évoquant une initiative intéressante à initier en Corée dans le cadre du prochain congrès d’Espéranto en Juillet prochain qui aura lieu à Séoul, au Sud de la péninsule.

L’action a donc été amorcée grâce au dictionnaire Espéranto-coréen retrouvé entre les mains d’un linguiste nord-coréen reconnu comme très célèbre (en Corée du sud !) du nom de Jong Sun Gi, et à présent d’un âge respectable. Il a confié aux membres de la délégation de l’AAFC avoir été invité lors d’un congrès de linguistes sur l’analyse de la langue coréenne qui a évolué de manière très différente entre le Nord et le Sud (le lexique au Sud étant empli d’anglicismes quasi-inexistants au Nord). Avec étonnement les participants ont également appris qu’il avait pu effectuer des rencontres dans le Sud grâce à cette association de linguistes.

Voici la réponse d’un correspondant sud-coréen aux participants au voyage en RPDC à leur proposition d’invitation d’une délégation nord-coréenne au congrès universel d’Espéranto à Séoul en juillet 2017 :

1. inviti delegacion de lingivistoj. d-ro Jong Sun Gi estas la membro de ‘Kun-eldona Asocio de Granda Vortaro de Koreio Sud- kaj Nord-, financata de ambaŭ registaro. ĝi fondiĝis en 2006, kaj havas apartan oficejon kun 30 labarantoj en Seulo(en Nordo la Insutucio). notindas, ke la asocio publike dungis novan oficiston en 2016, kio signifas, ke la asocio ankoraŭ bonege funkcias, kvankam momente la libera iroreveno haltis pro la politika kialo. jen, ni vidas, ke ni ne povas havi apartan pli valoran eventon, per kiu esperantistoj povas kontribui ion por la lingva problemo de ambaŭ koreioj, ili nun uzas gigantan budĝeton de la ambaŭ ŝtatoj. sola ebleco estas inviti delegacion de esperantistoj. unue mi volas diri du eventojn de ambaŭ Koreioj. en la 6a de aprilo, antaŭ 11 tagoj okazis la matĉo de glacihokeo en Suda Koreio, en kiu Norda teamo partoprenis, kaj en la 7a de aprilo, antaŭ 10 tagoj okazis la matĉo de virina piedpilko en Norda Koreio, en kiu Suda teamo partoprenis.

(Le docteur Jong Sun Gi est membre de l’association du Grand Dictionnaire des deux Corée Sud et Nord, financée par les deux parties, fondée en 2006 et qui possède son propre bureau qui fonctionne à l’aide de 30 salariés à Séoul, et une institution au Nord). À noter que l’association a employé une nouvelle recrue en 2016, ce qui signifie que l’association fonctionne encore très bien, bien que les aller-retour ont cessé pour l’instant à cause de la situation politique. Voilà, nous constatons donc qu’il serait difficile de concurrencer un tel événement et que les espérantistes ne pourraient guère contribuer mieux à faire avancer la cause linguistique de la langue entre les deux Corée. De plus ils disposent d’un budget très conséquent déjà.
Une meilleure idée serait donc d’inviter une délégation d’espérantistes nord-coréens. En premier lieu il faut préciser que deux événements récents réunissant les deux Corée ont pu avoir lieu récemment, le 6 avril [2017], le match de hockey sur glace au sud, où une équipe nord-coréenne a pu participer et le 7 avril [2017], le match de football féminin a eu lieu à Pyongyang, avec la participation d’une équipe du Sud.)

Jong Sun Gi nous a donné une version différente de celle des participants issue d’un blog espérantiste « libera folio », qui annonçait que c’est un ancien ministre qui avait fondé le groupe Espéranto en RPDC, avant de subir une répression politique. Au contraire, le linguiste leur a affirmé que le groupe avait été fondé par de très grandes figures intellectuelles de l’époque, en 1951, tous étudiants en langues européennes (allemand, espagnol, anglais, russe…), avec un président en études de médecine qui avait dû quitter l’université à la suite d’une promotion l’ayant conduit à déménager dans une autre ville, et le second principal protagoniste qui était décédé d’une maladie par la suite. C’est donc selon lui le départ de ces deux éminentes figures, qui portaient le mouvement, qui est à l’origine de la fin de la dynamique Espérantiste en RPDC.

En outre, il a ajouté six noms d’autres personnes profondément impliquées dans le mouvement, Yang Hyong Man, Kim Hui Chol, Ri Yong Nam, Hwang Kyong Ae, Kim Su Gyong, et a évoqué ses souvenirs concernant les premières affiches qu’il avait pu lire au sein de l’université, vantant les mérites de la langue universelle.

En tant que linguiste il trouvait que la structure même de présentation du dictionnaire Espéranto-coréen n’était pas dénuée d’intérêt.

Des espérantistes invités à Pyongyang…

Par ailleurs, les participants ont été très heureux de constater l’ouverture d’esprit affichée par leurs interlocuteurs lors de leurs diverses rencontres, avec des représentants des départements des sciences sociales de trois grandes universités (Université Kim il Sung, Université des langues étrangères de Pyongyang et Pyongyang University of Science and Technology, PUST). Un autre professeur a confirmé que l’Espéranto était une langue connue chez les Nord-Coréens. Redynamiser cette langue est donc un objectif qui a semblé séduire au vu de l’accueil très chaleureux et privilégié reçu par les membres de la délégation de l’AAFC.

Par-contre, ceux-ci n’ont pu visiter (à cause du match de foot auquel ils ont assisté mais qui a désorganisé le programme) qu’à la fin seulement de leur séjour les studios de cinéma de Pyongyang, alors que cette visite était prévue à l’origine au début du séjour, et le mystère du nom de l’association des cinéastes et autres artistes coréens « korea artista proleta federacio » n’est ainsi toujours pas levé à ce jour.

Ils ont pu revoir en revanche une seconde fois le linguiste qui était en possession du dictionnaire d’Espéranto, toujours accompagné du nouveau directeur des sciences sociales d’une des universités,(docteur Pang Jong Ho) preuve de la volonté de tenter de renouer avec cette langue. Ils ont alors longuement discuté du rôle de l’association universelle d’Espéranto dont le fonctionnement a intéressé les Nord-Coréens, puis des documents remis lors de leur première entrevue (le « fundamento » : livre écrit par le fondateur de la langue (Zamenhof), avec les règles qu’il a lui-même édictées sur l’Espéranto). Entretemps le linguiste Jong Sung Gi a pu effectuer quelques recherches en bibliothèque et leur a confié avoir retrouvé un exemplaire du « fundamento » dans une bibliothèque de Pyongyang. Il était intrigué par l’aspect deux fois plus volumineux de l’exemplaire que les membres de la délégation venaient de lui offrir. En effet ce dernier a été augmenté par cinq traductions en différentes langues, tout simplement. De manière logique, c’est le dictionnaire de référence qui fut sollicité par les linguistes et nous avons regretté de ne pas avoir emmené de PIV, le grand dictionnaire unilingue de l’Espéranto.

En conclusion, les participants remercient leur guide féminine, jeune et l’esprit vif, qui a réussi à absorber en huit jours les règles essentielles de l’Espéranto, et le second guide, moins motivé en début de séjour par la langue universelle mais qui était conquis à leur départ, très motivé pour apprendre la langue en comprenant ses enjeux (langue propédeutique, facile à assimiler, aux réseaux déjà creusés dans le monde entier.) Les participants sont donc très confiants pour la dynamique de création peut-être extrêmement rapide d’un nouveau club d’Espéranto en RPDC.

Enfin, des professeurs de toutes origines sont sollicités, pour lesquels seul le billet d’avion devrait être la plus grosse dépense car les professeurs qui seraient volontaires pour donner des cours dans les universités pourraient bénéficier des mêmes avantages que les Coréens. (logement, nourriture, énergie et transports quasi gratuits…).

Les participants espèrent que les tensions politiques n’entravent pas des relations si bien amorcées pour l’avenir de l’Espéranto en RPDC.

Des espérantistes invités à Pyongyang…
Des espérantistes invités à Pyongyang…
Des espérantistes invités à Pyongyang…
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2 avril 2017 7 02 /04 /avril /2017 18:02

Le 30 mars 2017, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé que le Maréchal Kim Jong-un avait envoyé une couronne de fleurs après la disparition, la veille à Pyongyang, de Kim Ki-ryong. Figure moins médiatisée que d'autres dirigeants nord-coréens, occasionnellement cité dans les dépêches de KCNA, Kim Ki-ryong avait néanmoins joué un rôle clé dans le monde de l'information en RPDC pendant plus de deux décennies, ayant occupé toutes les fonctions majeures en ce domaine (notamment, président de l'agence KCNA, rédacteur en chef du Rodong Sinmun, quotidien du Parti du travail de Corée, président du Comité de l'information publique), et aussi initié des coopérations intercoréennes et internationales. L'Association d'amitié franco-coréenne revient sur son parcours, en présentant ses condoléances à sa famille et à ses proches.

Disparition de Kim Ki-ryong, un géant des médias en Corée du Nord

Kim Ki-ryong était né dans la province de Ryanggang en 1940, sous l'occupation japonaise. Diplômé de la prestigieuse Université Kim Il-sung, il avait commencé à travailler comme journaliste au Rodong Sinmun en 1965, grimpant dans la hiérarchie du quotidien jusqu'à assumer des responsabilités de rédacteur en chef en 1985.

Les fonctions qu'il exerça alors successivement témoignent qu'il était devenu une des personnalités les plus influences des médias en RPD de Corée : en 1988, il est nommé directeur du Bureau d'orientation des publications (organisme qui veille à leur ligne éditoriale, conformément à la politique du Parti du travail) ; en 1989, il devient président de l'agence KCNA (jusqu'en 1996, et à nouveau de 2000 à 2010) et parallèlement président du Comité de l'information publique, fonction équivalente à celle, en Occident, de ministre de l'Information. Kim Ki-ryong est aussi devenu député de l'Assemblée populaire suprême (en 1990), membre (suppléant, en 1991, puis titulaire, en 1992) du Comité central du Parti du travail de Corée (PTC). Lors de sa disparition en 2017, il appartenait toujours au Comité central du PTC.

En 2010, il avait abandonné la présidence de l'agence KCNA pour redevenir rédacteur en chef du Rodong Sinmun, avant d'être remplacé à ce poste en 2013 par Yun U-chol et faire valoir ses droits à la retraite à la faveur d'un changement de génération après la disparition du Dirigeant Kim Jong-il, en décembre 2011. Quarante-troisième dans l'ordre protocolaire lors des funérailles de l'ancien Président de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée, Kim Ki-ryong a été parmi les premiers récipiendaires, en février 2012, de l'Ordre de Kim Jong-il. La dépêche de KCNA ayant annoncé que le Maréchal Kim Jong-un adressait une couronne de fleurs et présentait ses condoléances à la famille du défunt a d'ailleurs fait mention, non de ses fonctions passées comme homme des médias ni comme homme politique (membre du Comité central du Parti), mais de sa double qualité de titulaire de l'Ordre de Kim Il-sung et de l'Ordre de Kim Jong-il - soulignant ainsi qu'il avait été un des grands serviteurs de l'Etat.

Sa longévité dans le monde des médias nord-coréens en avait fait une personnalité de confiance du centre du Parti, impliquée dans les échanges non seulement avec ses homologues étrangers (en mai 2004, il avait rencontré à Pyongyang le vice-président de l'agence chinoise Xinhua, Xu Xian, se félicitant de la coopération entre leurs deux agences), mais aussi dans la promotion des relations intercoréennes. En août 2000, il avait rencontré l'ancien ministre sud-coréen de la Culture et du Tourisme Park Jie-won, et exprimé le souhait d'accueillir son homologue de l'agence Yonhap de la République de Corée (du Sud). Ce sera chose faite le 12 octobre 2007, à Pyongyang, comme l'a relevé Aidan Foster-Carter de l'Université britannique de Leeds, dans un article consacré aux relations Nord-Sud :

Les chefs des agences d'information des deux Corée se sont rencontrés pour la première fois à Pyongyang. Kim Ki-seo, président de l'agence Yonhap de la République de Corée, propose des "échanges actifs" ; Kim Ki-ryong de KCNA a dit que "nous l'étudions sérieusement", ce que Yonhap a interprété comme un geste tiède. L'un et l'autre ont co-organisé une exposition de photos des peintures murales du royaume de Koguryo avec l'agence japonaise Kyodo News Service, qui a été inaugurée le 11 octobre.

https://csis-prod.s3.amazonaws.com/s3fs-public/legacy_files/files/media/csis/pubs/0704qnk_sk.pdf

En fait, la fin de la politique du "rayon de soleil" à partir de 2008 allait ruiner les progrès du dialogue intercoréen, alors que, comme nous l'avons vu, Kim Ki-ryong avait été initiateur d'échanges Nord-Sud - dès 2000 - qui auraient également pu concerner les sujets sensibles des médias et de l'échange d'informations si la politique du "rayon de soleil" s'était poursuivie.

Avec la disparition de Kim Ki-ryong, les Coréens, du Nord, du Sud et de la diaspora, perdent aussi un homme qui était sincèrement attaché à la réunification.

Source principale :

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28 février 2017 2 28 /02 /février /2017 14:15

L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient la diffusion du film documentaire de Jero Yun Madame B., histoire d'une Nord-Coréenne - qui raconte la vie d'une réfugiée nord-coréenne et de sa famille, sorti en salles le 22 février 2017 en France. Le film a donné lieu à des avant-premières, à l'initiative notamment de membres de l'AAFC, à Tousson et à Pithiviers le 18 février 2017, en présence du réalisateur Jero Yun. Le cinéma d'art et d'essai "Les 3 Luxembourg", à Paris, a projeté deux séances suivies de rencontres-débats : le 22 février avec Jero Yun, et le 27 février avec Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération. Nous revenons sur la séance-débat du 27 février. 

"Madame B. histoire d'une Nord-Coréenne" : projection-débat avec l'AAFC au cinéma "Les 3 Luxembourg"

Madame B. histoire d'une Nord-Coréenne est un film d'accès apparemment difficile : filmé dans un style dépouillé, parfois brut, à mille lieues des clichés sur les réfugiés nord-coréens véhiculés par des stars (ou supposées telles) ayant des besoins de reconnaissance et/ou financiers, le long métrage invite les spectateurs à se forger leur propre opinion et ne délivre pas d'autre message que celle de l'humanité d'une femme, Mme B., qui, comme des dizaines de milliers de Nord-Coréens, a quitté son pays à la recherche d'une vie économique meilleure. Son récit devient, par extension, celui de nombreux réfugiés de par le monde. Comme l'observe Isabelle Regnier du quotidien Le Monde,

La force du film tient à la tension qu’il instaure entre le tableau cataclysmique des conditions de vie de ces migrants d’Asie extrême et la personnalité fascinante de son personnage, bloc de volonté qui oppose aux coups de massue du destin un désir de vivre dévorant, et une capacité de résilience qui laisse pantois.

http://www.lemonde.fr/cinema/article/2017/02/21/madame-b-le-periple-d-une-battante-entre-les-deux-corees_5082797_3476.html#g45ZObYMiz8lUArg.99

Animé par Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC, le très riche débat qui a suivi la projection, en présence de Coréens et de spécialistes de la Corée, a permis d'aborder de multiples autres questions qui touchent à la société coréenne dans son ensemble, Nord comme Sud : les représentations réciproques entre Coréens du Nord et du Sud ; l'intégration (ou non) des Nord-Coréens en Corée du Sud, confrontés à l'anticommunisme viscéral d'une société où ils souffrent de l'absence de réseaux, essentiels pour réussir au Pays du Matin Calme ; la question des femmes dans la société coréenne, marquée par une culture patriarcale d'origine néo-confucéenne... Car Mme B. traduit aussi l'émancipation de millions de femmes (nord-)coréennes, à la faveur de l'ouverture économique du pays, à la mesure des positions privilégiées qu'elles occupent souvent dans les activités commerciales privées, légales ou non, qui permettent aujourd'hui à la RPD de Corée de poursuivre son développement économique et social.

Jero Yun a réussi le tour de force d'accepter que parle, sous l'oeil de sa caméra, toute une famille de réfugiés nord-coréens - alors que les réfugiés coréens, qu'ils soient du Nord ou du Sud, sont le plus souvent réservés à témoigner. Par la force de sa volonté, Mme B. a d'ailleurs aujourd'hui réussi à ouvrir un café en Corée du Sud, tandis que son fils aîné enchaîne tous les travaux, ne rechignant pas devant les tâches les plus difficiles, et que son fils cadet est engagé dans des études pour devenir acteur - ce qui répond en partie aux interrogations qui se font jour à la fin du film.

A travers un récit individuel, c'est aussi une certaine histoire de la Corée que nous raconte la vie de Mme B. - et qui fait plus que jamais ressortir la nécessité de réunifier un pays divisé depuis sept décennies. Quant à lui, Jero Yun a pour sa part exprimé sa reconnaissance envers les réfugiés nord-coréens qui l'ont soutenu, lorsqu'il les accompagnait lors de leur périple express (cinq jours !) de la Chine du Nord-Est jusqu'en Thaïlande, lui qui était blessé, découragé parfois, mais avait promis à Mme B. de transcrire dans un film l'histoire d'une vie peu banale. 

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