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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 23:22

Du 26 novembre au 2 décembre 2014 un ensemble exceptionnel de manifestations publiques ont eu lieu en France à l'occasion de la visite dans notre pays d'une délégation du Conseil coréen pour les femmes requises pour l’esclavage sexuel militaire japonais (dites "femmes de réconfort"). La délégation était accompagnée, de la présidente du Conseil coréen, Mme Yoon Mee-hyang, et d'une survivante, Mme Kil Won-ok, ainsi que du professeur d'histoire japonais Hirofumi Hayashi et de Mme Yang Jing-ja, Coréenne du Japon, responsable de l'ONG Action au Japon pour la résolution de la question des "femmes de réconfort". A l'occasion de la troisième visite en France depuis un peu plus d'un an d'anciennes "femmes de réconfort" coréennes (les précédents déplacements avaient eu lieu en septembre 2013 et juin 2014), avec l'entier soutien une nouvelle fois de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), la sensibilisation de l'opinion publique internationale apparaît comme un enjeu majeur pour que les autorités japonaises reconnaissent leur responsabilité dans la réduction en esclavage de centaines de milliers de femmes et que, plus jamais, les conflits dans le monde ne s'accompagnent de violations aussi brutales des droits fondamentaux de la personne humaine. La visite de la délégation coréano-japonaise lui a également permis de rencontrer des parlementaires français et des représentants du ministère des Affaires étrangères et de la Ville de Paris, sept ans jour par jour après l'adoption d'une résolution par le Parlement européen, le 3 décembre 2007, visant à rendre justice à toutes les anciennes victimes de l'esclavage sexuel japonais.

Ce 26 novembre, la traditionnelle "manifestation du mercredi", organisée chaque semaine depuis le 8 janvier 1992 pour exiger une reconnaissance officielle par l'Etat japonais des crimes qu'il a commis à l'encontre des "femmes de réconfort", avait eu lieu à Paris, place du Trocadéro, sur le parvis des droits de l'homme. Mme Yoon Mee-hyang a pris la parole en sa qualité de présidente du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort", en présence de Mme Kil Won-ok. Parmi les orateurs, Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, a exprimé la pleine solidarité de l'Association d'amitié franco-coréenne avec le combat pour la justice et la dignité en faveur des anciennes esclaves sexuelles de l'armée impériale japonaise. La manifestation a continué avec une cérémonie aux chandelles, très émouvante, en face de la Tour Eiffel.

A  l'issue d'une visite exceptionnelle à Paris : justice pour les "femmes de réconfort"
Manifestation aux chandelles, le 26 novembre 2014, place du Trocadéro, en présence de Mme Kil Won-ok

Manifestation aux chandelles, le 26 novembre 2014, place du Trocadéro, en présence de Mme Kil Won-ok

Le 27 novembre, une projection au Forum des images, aux Halles, du film Murmures, témoignage poignant des anciennes "femmes de réconfort", a été suivie d'une rencontre et d'un débat avec la délégation internationale en visite en France.

Une conférence de presse a été organisée le vendredi 28 novembre, à la sortie du métro Bir Hakeim. Elle s'est tenue symboliquement à quelques pas du centre culturel japonais. Présents aux côtés d'autres membres de l'AAFC, Benoît Quennedey et Nguyen Dac Nhumai ont exprimé leur soutien au combat des femmes coréennes au micro de la télévision sud-coréenne.

Le 28 novembre 2014, à la sortie du métro Bir Hakeim

Le 28 novembre 2014, à la sortie du métro Bir Hakeim

Un moment clé des manifestations en France a été la tenue de la conférence internationale, pendant une journée, le samedi 29 novembre, dans les locaux de l'Université Paris-Diderot, en présence de plusieurs personnalités. Notamment, Hirofumi Hayashi, professeur d'histoire à l'Université de Kanto Gakuin, au Japon, a fait part de ses travaux sur la question des "femmes de réconfort", lesquels ont permis de révéler que des Françaises ont aussi été victimes des pratiques de l'armée japonaise à la fin de la Seconde Guerre mondiale en Indochine. Après les témoignages et exposés des membres de la délégation coréenne et japonaise, Brigitte van Halder, de la Fondation des anciennes dettes japonaises, a évoqué le cas des Pays-Bas dans les crimes de guerre du Japon et les actions menées pour leur résolution. Patricia Sellers, conseillère spéciale à la Cour pénale internationale et professeur à l'Université d'Oxford, a exposé l'illégalité de l’esclavage sexuel militaire japonais. Enfin, Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France, a dénoncé la permanence des violences sexuelles en temps de guerre et l'exigence de solidarité vis-à-vis des femmes qui en sont victimes. 


Les participants ont signé et fait signer la pétition en vue de réunir 100 millions de signatures pour la reconnaissance par les autorités japonaises du crime de guerre commis à l'égard des victimes d'esclavage sexuel, et pour que ces dernières obtiennent une juste réparation du préjudice qu'elles ont subi.

A  l'issue d'une visite exceptionnelle à Paris : justice pour les "femmes de réconfort"
A  l'issue d'une visite exceptionnelle à Paris : justice pour les "femmes de réconfort"
Conférence internationale, organisée à l'Université Paris Diderot le 29 novembre 2014

Conférence internationale, organisée à l'Université Paris Diderot le 29 novembre 2014

Sur l'initiative du Professeur Jean Salem, une rencontre-débat à l'Université de la Sorbonne, le lundi 1er décembre, a réuni près de 100 personnes. Le témoignage de Mme Kil Won-ok a été écouté avec respect et émotion par l'assistance, souhaitant ardemment garantir que les femmes ne soient plus les victimes d'une exploitation sexuelle indigne en temps de guerre.

Enfin, le 2 décembre, les membres de l'Association d'amitié franco-coréenne ont rencontré Mme Kil Won-ok et les membres de la délégation du Conseil coréen pour les femmes requises pour l’esclavage sexuel militaire japonais. Ils ont été touchés par le destin de Mme Kil Won-ok, née à Pyongyang, abandonnée à son sort à la fin de la guerre avant de gagner le port d'Incheon sans jamais pouvoir vivre à nouveau dans sa région natale. N'ayant pas pu avoir d'enfant, Mme Kil Won-ok a adopté un fils, dont elle est fier qu'il soit devenu pasteur. La division de la péninsule a créé un second drame pour les femmes qui, originaires du Nord ou du Sud de la Corée, ont été séparées du reste de leur famille depuis près de sept décennies. Si tous les Coréens sont unis dans le combat pour les "femmes de réconfort", c'est aussi la responsabilité des associations qui, telles que l'AAFC, luttent pour la réunification de la Corée, de permettre que les survivantes restées de l'autre côté de la DMZ puissent nourrir l'espoir de revoir leur pays natal.

A  l'issue d'une visite exceptionnelle à Paris : justice pour les "femmes de réconfort"
A  l'issue d'une visite exceptionnelle à Paris : justice pour les "femmes de réconfort"
Madame Kil Won-ok entourée de la délégation du Conseil coréen et des membres de l'Association d'amitié franco-coréenne, le 2 décembre 2014

Madame Kil Won-ok entourée de la délégation du Conseil coréen et des membres de l'Association d'amitié franco-coréenne, le 2 décembre 2014

Site Internet du Conseil coréen pour les femmes requises pour l'esclavage sexuel militaire japonais ("femmes de réconfort") : www.womenandwar.net (anglais et coréen)

 

Photos :

 

Chronique de l'affaire des "femmes de réconfort"

Janvier 1990

Yun Chung-ok, professeur de l'Université féminine d'Ewha, Corée du Sud, publie un article sur l'affaire des "femmes de réconfort" dans le journal Hankyoreh.

Juin 1990

Un représentant du gouvernement japonais nie à l'Assemblée nationale l'implication de l'Etat dans le système d'esclavage sexuel.

Août 1991

Kim Hak-soon, citoyenne sud-coréenne âgée de 68 ans, déclare publiquement qu'elle a été "femme de réconfort" de l'armée japonaise, pour protester contre les déclarations fallacieuses du gouvernement japonais. De nombreuses survivantes du système d'esclavage sexuel mis en place par l'armée japonaise vont suivre son exemple.

Décembre 1991

Kim Hak-soon et deux autres survivantes coréennes intentent un procès réclamant des excuses et des réparations officielles de la part du gouvernement japonais.

Janvier 1992

Première "manifestation du mercredi" qui se tiendra, dès lors, chaque semaine devant l'ambassade du Japon à Séoul

Découverte à la bibliothèque du ministère de la Défense du Japon de documents prouvant l'implication de l'Etat dans la mise en place et la gestion des bordels militaires de campagne de l'armée japonaise

Le Premier ministre japonais Kiichi Miyazawa présente des excuses officielles à l'occasion d'une visite en Corée du Sud. Néanmoins, le gouvernement japonais maintient sa position quant à la question des indemnisations, déclarant que toutes ces questions ont été définitivement réglées par les traités conclus après la guerre, notamment le traité de 1965 normalisant les relations entre le Japon et la Corée du Sud.

Décembre 1992

Procès des survivantes de Pusan, Corée du Sud, et des membres du Women's Labor Corps

Avril 1993

Procès des survivantes philippines

Procès de Song Shin-do, résidente coréenne au Japon

Août 1993

Le secrétaire général du cabinet japonais, Yohei Kono, admet l'implication des autorités japonaises dans le système des bordels militaires de campagne.

Janvier 1994

Procès des survivantes néerlandaises

Juin 1995

Plutôt que d'assumer ses responsabilités juridiques et de procéder à des réparations officielles, le gouvernement japonais établit un fonds privé, l'Asian Women's Fund, qui allouera de l'argent aux survivantes en guise de réparations.

Août 1995

Procès des survivantes chinoises (1er groupe)

Février 1996

Procès des survivantes chinoises (2eme groupe)

Avril 1996

Le rapport de Radhika Coomarasawamy, rapporteure spéciale chargée de la question de la violence contre les femmes, est adopté par la Commission des droits de l'homme des Nations Unies qui retient la notion de crime contre l'humanité.

Décembre 1997

Décès de Kim Hak-soon qui avait révélé son passé de "femme de réconfort" en aôut 1991.

Avril 1998

Le tribunal de première instance de Shimonoseki, Japon, reconnaît en partie la responsabilité du gouvernement japonais et lui ordonne d'indemniser les plaignantes. Cette seule victoire partielle parmi tous les procès intentés par les survivantes sera rejetée par la Cour suprême. 

Août 1998

La sous-commission pour la promotion et la protection des droits de l'homme de l'ONU adopte le rapport de Gay J. McDougall, rapporteure spéciale, exhortant le gouvernement japonais à indemniser les victimes.

Octobre 1998

Procès des survivantes de Shan-xi, Chine

Mars 1999

Le comité d'experts de l'Organisation internationales du travail (OIT) exhorte le gouvernement japonais à indemniser les victimes, estimant que l'établissement de l'Asian Women's Fundun fonds privé, n'est pas la bonne solution.

Juillet 1999

Procès de survivantes taïwanaises

Décembre 2000

Le "tribunal civil international des femmes contre l'esclavage sexuel de l'armée japonaise" se réunit à Tokyo, à l'initiative d'organisations non gouvernementales de plusieurs pays entendant protester contre l'impunité du crime

Janvier 2001

La chaîne de télévision publique japonaise NHK programme une émission consacrée au "tribunal civil international des femmes contre l'esclavage sexuel de l'armée japonaise". A la veille de sa diffusion, l'émission est largement censurée à la suite de pressions politiques, suscitant de nombreuses protestations contre NHK.

Juillet 2001

Procès des survivantes de l'île de Haïnan, Chine

Décembre 2001

Le "tribunal civil international des femmes contre l'esclavage sexuel de l'armée japonaise" rend son verdict à La Haye.

Mars 2007

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe nie l'implication du gouvernement japonais dans l'enrôlement forcé des "femmes de réconfort".

Juillet 2007

La Chambre des représentants des Etats-Unis adopte une résolution exhortant le Japon à présenter des excuses officielles aux survivantes.

Décembre 2007

Le Parlement européen adopte une résolution concernant les anciennes "femmes de réconfort", survivantes de l'esclavage sexuel de l'armée japonaise.

Le combat continue...

 

Médias régionaux français 

logo Eclaireur

"Découvrir la cuisine... coréenne", compte rendu du stage de cuisine coréenne organisé par le foyer rural de Tousson (77)dans l'hebdomadaire L'Eclaireur du Gâtinais et du Centre, 28 février 2013

LePopulaire logo

"Des étudiants sud-coréens face à l'histoire", article paru dans le quotidien régional Le Populaire du Centre, 6 juillet 2012

"Mondial 2010 : le nord, l'autre Corée", entretien avec Benoît Quennedey, président du comité Bourgogne de l'AAFC, dans le quotidien régional Le Bien Public, 5 juin 2010

"300 000 sans abris en Corée du Nord à cause des inondations", entretien avec Benoît Quennedey, AAFC, dans le quotidien régional Le Bien Public, 21 août 2007

"Secours populaire : un pont entre Fives et la Corée du Nord", article paru dans le quotidien régional La Voix du Nord, 26 juin 2008

"Secours populaire : un container part pour la Corée du Nord", article paru dans le quotidien régional Nord Eclair, 26 juin 2008

 
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13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 00:18

Le 13 novembre 2014, plus de 640.000 jeunes Sud-Coréens ayant terminé leurs études secondaires passent le test d'aptitude aux études universitaires (TAEU ; en anglais college scholastic ability test ou CSAT). Il s'agit d'une institution fondamentale du système éducatif en République de Corée (Corée du Sud), puisque son résultat détermine non seulement la capacité à poursuivre ses études à l'université (alors que les Sud-Coréens affichent l'un des taux les plus élevés au monde d'études supérieures, de l'ordre de 90 % d'une classe d'âge), mais aussi la possibilité d'intégrer l'un des plus prestigieux établissements supérieurs du pays. Si cette forme de sélection n'est pas propre à la République de Corée, en revanche les vives critiques qu'elle soulève - notamment de la part de la gauche - amènent à s'interroger sur son bien-fondé.

Pendant une journée, la Corée du Sud vit à l'heure du test d'aptitude aux études universitaires (TAEU) - dont les résultats déterminent le destin scolaire - voire le destin tout court - de centaines de milliers de jeunes hommes et jeunes femmes, dans un pays profondément empreint de culture confucéenne et marquant un attachement fondamental à l'éducation et à une hiérarchie fondée sur le diplôme. Mais si les jeunes (en principe âgés de 17 ans) bachotent, l'inquiétude et l'espoir gagnent aussi leurs parents : en Corée du Sud, il est d'usage qu'un ménage consacre jusqu'à 10 % de ses revenus à l'éducation de ses enfants. Le jour du TAEU, les lieux de culte ne désemplissent pas.

En apparence parfaitement huilé, un tel système produit aussi des effets pervers : car derrière une apparence d'égalité des chances se profile une sélection entre les enfants selon leur origine sociale, et leur capacité ainsi à se préparer au TAEU en suivant des cours privés. Plus encore, la forme de compétitivité qu'induit le test est perçue comme une préparation à la vie en entreprise dans un monde capitaliste, qui n'épargne pas les plus faibles. Le stress et les nombreux cas de suicide (en cas d'échec ou de résultat inférieur aux espérances) sont la face cachée du TAEU, que dénoncent également des adolescents qui refusent un tel système : ceux-ci sont regroupés en associations, comme sur la plateforme Internet hiddenbag.net - dont le nom fait référence au sac de classe empli - ou non - des livres symbolisant les savoirs à acquérir. Et les protestations ne sont pas seulement cybernétiques : elles prennent aussi la forme de manifestations.

En ce jour de TAEU, ayons donc une pensée pour les adolescents qui passent le test, leurs familles et leurs proches. Mais aussi pour tous ceux qui se battent pour qu'un autre système soit possible.

Manifestation en Corée du Sud, en novembre 2013, contre le test d'entrée à l'université

Manifestation en Corée du Sud, en novembre 2013, contre le test d'entrée à l'université

Sources :

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25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 11:27

Du 18 au 24 octobre 2014, à l'issue des Jeux asiatiques, la ville sud-coréenne d'Incheon a accueilli la deuxième édition des Jeux para-asiatiques auxquels ont concouru 4.500 athlètes handicapés de 41 pays, dans 23 disciplines sportives. Parmi eux, 335 Sud-Coréens ont hissé leur pays à la deuxième place dans le tableau des médailles et 9 athlètes nord-coréens étaient également présents. Après la première participation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) aux Jeux paralympiques à Londres en 2012, les personnes en situation de handicap prennent place dans les compétitions sportives internationales - ce qui est le signe d'une attention accrue des autorités nord-coréennes à la question du handicap, comme une délégation de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) avait d'ailleurs pu l'apprécier lors d'une visite au siège de la Fédération (nord-)coréenne des personnes handicapées puis d'une rencontre avec ses responsables, à  Pyongyang en août 2014. En attendant la venue prochaine en France de jeunes artistes handicapés nord-coréens, avec le soutien de l'AAFC, retour sur les résultats des Coréens aux Jeux para-asiatiques d'Incheon.

La cérémonie de clôture des Jeux para-asiatiques d'Incheon, le 24 octobre 2014

La cérémonie de clôture des Jeux para-asiatiques d'Incheon, le 24 octobre 2014

Avec 72 médaille d'or, 62 médaille d'argent et 77 médailles de bronze, soit un total de 211 médailles, la République de Corée (Corée du Sud) a été un brillant deuxième des Jeux para-asiatiques d'Incheon, derrière la Chine (174 médailles d'or et un total de 317 médailles) et loin devant le Japon (38 médailles d'or et un total de 143 médailles).

Parmi les résultats significatifs, chez les femmes Jeon Min-jae a obtenu deux médailles d'or en course (100 mètres et 200 mètres). Cinq médailles d'or ont été raflées en badminton, six autres médailles d'or en cyclisme sur route (dont deux doublés :  Kim Yong-ki pour les hommes et Lee Do-yeon pour les femmes), sept médailles d'or aux boules, huit médailles d'or en tir (dont deux médailles à titre individuel par Jeon Young-Jun), dix médailles d'or en natation, onze médailles d'or en bowling, sept médailles d'or en tennis de table.

Alors que la République populaire démocratique de Corée participait pour la première fois aux Jeux para-asiatiques, et que le Comité paralympique n'a été créé qu'il y a deux ans au Nord de la péninsule, deux des neuf athlètes ayant participé à la compétition ont décroché une médaille de bronze : Sim Sunghyok (en course, sur 100 mètres), et un autre homme, Jon Juhyon, en tennis de table.

Source principale :

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8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 21:58

Le 6 octobre 2014, Mutuma Ruteere, rapporteur spécial de l'Organisation des Nations Unies sur le racisme, a souligné les graves problèmes de "discrimination raciale", d'exploitation et d'abus dont sont victimes les étrangers en République de Corée (Corée du Sud), à l'issue d'une mission d'une semaine menée dans la péninsule. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) rejoint pleinement les préoccupations du rapporteur spécial et appuie ses préconisations pour la mise en place, notamment, d'une législation anti-discriminations : alors que la société coréenne étaient jusqu'à une date récente extrêmement homogène, le racisme dont sont victimes les étrangers de plus en plus nombreux dans la péninsule constitue l'une des questions les plus brûlantes pour le respect des droits de l'homme en Corée du Sud.

Mutuma Ruteere

Mutuma Ruteere

Depuis 2006, la population étrangère en Corée du Sud a augmenté de 500.000 à 1,57 million de personnes (y compris les étudiants internationaux et les conjoints de Coréens), représentant aujourd'hui plus de 3 % de la population du pays. Pendant la même période, le nombre d'enfants issus de mariages mixtes, souvent victimes de discriminations, a augmenté de 44.000 à près de 200.000.

Malgré ces évolutions, la société sud-coréenne reste profondément raciste, comme Mutuma Ruteere, rapporteur de l'ONU, en a dressé le triste constat à l'issue d'une visite d'une semaine dans le pays. Dans la conférence de presse qu'il a donnée le dernier jour de son séjour, il a souligné les problèmes qui se posent et déploré le peu d'attention des autorités gouvernementales, alors qu'il n'a pu rencontrer, malgré ses demandes, aucun des membres du Gouvernement.

Les discriminations prennent différentes formes. En particulier, aux préjugés racistes contre les épouses des Coréens, souvent originaires des pays d'Asie du Sud-Est, dans un pays soumis à un grave défi de dénatalité et de déséquilibre du sex ratio, s'ajoute leur manque de protection en cas de divorce ou de séparation, surtout si elles n'ont pas d'enfants. Un autre problème majeur réside dans les salaires inférieurs et les plus longues journées de travail des étrangers employés dans le secteur de la pêche et de l'agriculture, alors que le système discriminatoire de permis de travail mis en place en 2007 les empêche en pratique de devenir des résidents permanents ou de rester dans le pays sur le long terme.

Dans ce contexte, Mutuma Ruteere a appelé à agir sur le plan législatif, en adoptant une législation anti-discrimination dans le domaine du droit du travail, ainsi qu'en bannissant les stéréotypes raciaux et xénophobes dans les médias. De tels changements sont non seulement nécessaires : ils sont urgents pour changer les mentalités.

Sources :

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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 16:00

Le lundi 18 août 2014, au terme d'une visite de cinq jours en Corée du Sud, le Pape François a appelé les deux Corée à se pardonner et à s'unir. L'appel du Pape coïncidait avec le début de l'exercice annuel conjoint Ulji Freedom Guardian des armées américaine et sud-coréenne, dirigé contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). A l'instar des manœuvres annuelles Key Resolve et Foal Eagle du mois du mars, Ulji Freedom Guardian est une source récurrente de tensions dans la péninsule coréenne.

Le Pape François célèbre la messe spéciale pour la paix et la réconciliation à la cathédrale de Myeongdong, à Séoul, le 18 août 2014

Le Pape François célèbre la messe spéciale pour la paix et la réconciliation à la cathédrale de Myeongdong, à Séoul, le 18 août 2014

Commencée le 14 août, la visite du Pape François en Corée du Sud s'est achevée par une messe spéciale pour la paix et la réconciliation sur la péninsule coréenne, célébrée le 18 août à la cathédrale de Myeongdong, à Séoul, devant mille personnes. C'était un des principaux événements de la visite papale, avec les messes de béatification de 124 martyrs coréens et de clôture de la Journée de la jeunesse asiatique.


D'après le compte rendu de Radio Vatican, le Pape a demandé aux Coréens d’accueillir « la grâce réconciliatrice » dans leurs cœurs et de la partager avec les autres. Une invitation claire au dialogue entre Coréens du Nord et du Sud, « frères et sœurs, membres d’une unique famille et d’un unique peuple ».

Le Pape François a aussi appelé chacun à « réfléchir sur la façon » dont il témoigne comme individu et comme communauté, d’un engagement évangélique pour les défavorisés, pour les marginalisés, pour ceux qui n’ont pas de travail ou « sont exclus de la prospérité de beaucoup ». Le Pape en a profité pour fustiger une nouvelle fois la « mentalité fondée sur la suspicion, sur l’antagonisme et sur la compétition, et appelé à favoriser plutôt une culture façonnée par l’enseignement de l’Evangile et par les plus nobles valeurs traditionnelles du peuple coréen ».

La réconciliation n’est toutefois possible que quand la porte du pardon est ouverte. C’est pourquoi le Pape a demandé aux Coréens de « rendre un témoignage convaincant au message réconciliateur du Christ », dans les maisons, les communautés et dans tous les domaines de la vie nationale. Ce témoignage doit être étendu « dans un esprit d’amitié et de coopération avec les autres chrétiens, avec les adeptes des autres religions et avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté qui ont à cœur l’avenir de la société coréenne ».

Au début de la messe, juste avant de rejoindre l’autel, le Pape avait salué sept « femmes de réconfort », victimes de l'esclavage sexuel de l'armée japonaise durant la Seconde Guerre mondiale, présentes dans l'assistance, dont Mme Kim Bok-dong que l'Association d'amitié franco-coréenne avait longuement rencontrée en septembre 2013.

La présidente sud-coréenne Park Geun-hye assistait également à la messe. Au moment même où le Pape appelait à la réconciliation, rappelant que les Coréens ne forment qu’un seul peuple et une seule famille, l'exercice militaire conjoint annuel américano-sud-coréen Ulji Freedom Guardian débutait dans la péninsule coréenne.

Présenté comme défensif par les armées américaine et sud-coréenne, l'exercice Ulji Freedom Guardian s'étale cette année sur 12 jours jusqu'au 29 août et mobilise pas moins de 50 000 soldats sud-coréens et 30 000 soldats américains, dont 3.000 venant de bases à l'étranger.

Lors de cet exercice, les forces sud-coréennes et américaines adopteront pour la première fois une « stratégie de dissuasion sur mesure » contre la Corée du Nord. Lors de la 45eme Réunion consultative sur la sécurité entre Séoul et Washington, en octobre 2013, les chefs des défenses sud-coréenne et américaine s'étaient accordés sur cette stratégie prescrivant des mesures de réponse selon les niveaux des crises liées aux armes de destruction massive du Nord, en temps de guerre comme en temps de paix.

Par un communiqué du porte-parole de l'état-major de l'Armée populaire de Corée, la République populaire démocratique de Corée a dénoncé les manœuvres conjointes américano-sud-coréenne comme une répétition de guerre contre elle, prévenant qu'elle se tient prête à lancer « des attaques préventives au moment voulu ».

Comme l'a souligné Radio Vatican, la concordance de calendrier entre l'appel du Pape pour la paix en Corée et le début des manœuvres militaires américano-sud-coréennes, « révèle combien la réconciliation sera difficile et fruit d’un long parcours ». Engagée depuis 45 ans pour la paix et la réunification de la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne ne peut que partager cette analyse du Saint-Siège.


sources :

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17 juillet 2014 4 17 /07 /juillet /2014 07:48

122 anciennes « femmes de réconfort » ont porté plainte le mercredi 25 juin 2014 auprès de la chambre du district central de Séoul contre le gouvernement sud-coréen pour avoir été forcées à avoir des relations sexuelles avec des soldats américains dans des « zones spéciales » mises en place et gérées par le Gouvernement dans les années 1950-1960. Ces pratiques gouvernementales violant les droits des femmes font écho aux pratiques d’esclavage sexuel pratiquées par les Japonais pendant la Seconde guerre mondiale, pour lesquelles les victimes demandent une reconnaissance de ces crimes par les autorités japonaises ainsi qu'une compensation.

Le général Park Chung-hee, après le coup d'Etat de 1961, avec le général Guy S. Meloy. Le général Park a exclu la prostitution pour l'armée américaine du champ d'application des lois contre la prostitution en Corée.

Le général Park Chung-hee, après le coup d'Etat de 1961, avec le général Guy S. Meloy. Le général Park a exclu la prostitution pour l'armée américaine du champ d'application des lois contre la prostitution en Corée.

L’histoire contemporaine de la Corée est marquée à ses origines par une série de drames majeurs pour la péninsule jusqu’alors sous suzeraineté chinoise. En premier lieu, l’annexion par le Japon en 1910 ouvre la voie à 35 ans de colonisation brutale et d’exploitation des ressources comme des habitants pour alimenter l’empire et la machine de guerre nippons. Si les hommes sont réquisitionnés pour le travail forcé ou le service militaire, les femmes subissent également le joug de l’occupant qui cherche des distractions « sécurisées » pour ses troupes et ses travailleurs. Plusieurs centaines de milliers de jeunes femmes de toute l’Asie de l’Est ont été prostituées à disposition des soldats japonais pendant la Seconde guerre mondiale, et c’est la péninsule coréenne qui a le plus souffert de cet esclavage.


La reddition du Japon en août 1945 voit les armées soviétique et américaine avancer jusqu’au 38ème parallèle, contribuant ainsi à diviser durablement la Corée jusqu’à la guerre civile de 1950 à 1953 qui entérine cette séparation. Dans les années 1950 – 1960, la jeune République de Corée (du Sud) cherche à divertir les troupes américaines et onusiennes pendant la guerre puis de garder les G.I.s sur son territoire pour sa protection avec le problème majeur d’occuper des soldats inactifs. Pendant la guerre de Corée, l'armée sud-coréenne met en place de manière structurée des bordels militaires à destination de l’armée américaine en enrôlant, souvent de manière trompeuse, de jeunes femmes. Même après la fin des hostilités, près de 60% des prostituées travaillent encore à proximité des camps américains. En 1960, deux membres de l’Assemblée nationale sud-coréenne font même une demande officielle auprès du Gouvernement pour la constitution d’un approvisionnement en prostituées aux troupes alliées afin d’empêcher celles-ci d’aller dépenser leur argent au Japon.


Le 25 juin 2014, 122 femmes ayant travaillé dans ces bordels militaires pour soldats américains - mis en place par l’administration Syngman Rhee pendant la guerre de Corée (1950 – 1953) - ont porté plainte collectivement contre le Gouvernement auprès de chambre du district central de Séoul pour esclavage sexuel et viol des droits de l’homme. Elles ont été forcées par les autorités à fournir des services sexuels dans des conditions dégradantes aux militaires dans les « zones spéciales » situées près des camps américains dès 1957. Toutes décrivent un système très organisé avec des visites médicales obligatoires et clament l’existence de camps géré par l’Etat destinés à accueillir celles d’entre-elles atteintes par des maladies sexuellement transmissibles (MST). Les plaignantes demandent  10 millions de won (9850$ / 7280€) à titre de compensation, une enquête publique pour dévoiler la vérité sur cet esclavage sexuel ainsi que des excuses officielles de la part du Gouvernement. Elles estiment avoir été sacrifiées pour permettre le décollage économique post-guerre de la Corée du Sud, alors que selon certaines estimations les activités générées par les camps américains - y compris la prostitution - auraient représenté jusqu'à 25 % du PIB sud-coréen dans les années 1960.


Si, depuis 2008, des ONG locales et régionales s’emploient à rassembler les témoignages de ces femmes abusées par les autorités qui prétendaient à l’époque recruter des « patriotes » et des « diplomates civiles », il s’agit cependant de la toute première plainte officielle en Corée du Sud concernant les bordels militaires à destination des alliés. Une situation extrêmement délicate pour les autorités sud-coréennes qui considèrent cette question des « femmes de réconfort » comme de la responsabilité unique du Japon de la Deuxième guerre mondiale et font des compensations ainsi que de la reconnaissance de ces crimes contre l’humanité un sujet primordial du dialogue bilatéral.

L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient pleinement les démarches des victimes des soldats américains, qui ont dû se prostituer dans un cadre mis en place avec et par les autorités sud-coréennes, en considérant que rien ne saurait justifier de telles atteintes aux droits fondamentaux des personnes.

Sources :

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 00:18

Il y a soixante-dix ans, des centaines de milliers de femmes asiatiques, coréennes, chinoises ou originaires d'autres pays d'Asie envahis par le Japon, ont été réduites en esclavage sexuel par le gouvernement japonais dans les bordels militaires de l'armée nippone. La venue en France et en Europe de l'une des anciennes "femmes de réconfort", Mme Kil Won-ok, avec la présidente du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort", Mme Yun Mi-hyang, a donné lieu à un ensemble de manifestations à Paris pour exiger que le Japon reconnaisse les crimes de guerre qu'il a commis et apporte une juste indemnisation aux victimes de l'esclavage sexuel - car le combat en faveur des "femmes de réconfort" a une portée universelle, afin que plus jamais les femmes ne soient des armes de guerre. Comme en septembre 2013 à l'occasion de la visite en France de Mme Kim Bok-dong, puis lors des actions conduites en janvier et en avril 2014 à Paris dans le cadre de la campagne de pétition internationale, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a pleinement soutenu les initiatives menées par le Conseil coréen des femmes de réconfort, en relayant l'information auprès de ses contacts, en aidant matériellement à l'organisation de manifestations - c'est sous l'égide de l'AAFC qu'une salle a été mise à disposition à Paris le 24 juin 2014 - et en continuant à sensibiliser l'opinion publique. Pour les droits des femmes et pour que justice soit enfin rendue aux anciennes victimes de l'esclavage sexuel japonais, poursuivons le combat jusqu'à la victoire !

Mme Kil Won-ok, ancienne "femme de réconfort" victime de l'esclavage sexuel par l'armée japonaise, le 25 juin 2014 place du Trocadéro à Paris

Mme Kil Won-ok, ancienne "femme de réconfort" victime de l'esclavage sexuel par l'armée japonaise, le 25 juin 2014 place du Trocadéro à Paris

Kil Won-ok n'avait que 12 ans quand elle est devenue, en 1940, une esclave sexuelle de l'armée japonaise. Soixante-dix ans plus tard, la blessure est toujours vive, à l'instar de ces centaines de milliers de femmes dont la vie a été défintivement brisée. Mais dans les témoignages qu'elle donne, la gravité le dispute aussi à une capacité à prendre de la distance : sans doute est-ce aussi cette forme d'optimisme indéfectible qui lui a permis de tenir bon, pendant toutes ces années, puis de surmonter l'opprobre pendant les décennies au cours desquelles on préférait, en Corée, taire le crime qui avait été commis à l'encontre des "femmes de réconfort" - avant que le Conseil coréen pour les "femmes de réconfort" ne rende pleinement compte, depuis 1992, de cette violation inacceptable des droits humains fondamentaux.

La visite en Europe de Mme Kil Won-ok, accompagnée de Mme Yun Mi-hyang, président du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort" a donné lieu à un ensemble de manifestations à Paris qu'a soutenues l'AAFC et auxquelles nous avons participé.


Un premier témoignage a eu lieu le lundi 23 juin à la Sorbonne, à l'invitation du professeur Jean Salem, en présence de quelque 70 invités, coréens, français mais aussi japonais, chinois, originaires d'autres pays asiatiques, arabes ou africains, tant la question de l'esclavage sexuel des femmes reste d'une brûlante actualité, trop souvent liée aux crimes de guerre commis dans les zones en conflit.

Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"

Le mardi 24 juin, une rencontre très émouvante a eu lieu avec, notamment, des jeunes Sud-Coréens en visite en France et en Europe dans le cadre de la campagne pour la paix "Papillons de l'espoir" - coïncidant avec le centième anniversaire du début de la Première guerre mondiale.

Le mercredi 25 juin, Mme Kil Won-ok a livré son témoignage à la Maison du barreau, en présence de et grâce à Roland Weyl, de l'Association internationale des juristes démocrates. En effet, refuser la guerre et les crimes commis sous le prétexte des conflits exige de porter un regard lucide sur l'histoire : telle est l'une des missions qui incombent aux juristes, et qui justifient que les militants coréens ont porté la question des "femmes de réconfort" aux Nations Unies, pour obtenir une reconnaissance par le Japon.

A cette fin, la visite de Mme Kil Won-ok a aussi été l'occasion de rencontres avec des personnalités françaises, notamment la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin, présidente de la délégation du Sénat aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, et la sénatrice Mme Michèle André, ancienne ministre des droits des femmes. Le dépôt, la discussion et l'adoption en France d'une résolution parlementaire relative aux "femmes de réconfort", à l'instar des démarches accomplies par les Parlements d'autres pays, permettraient de faire reculer les violences ainsi faites aux femmes, par la reconnaissance officielle du préjudice subi par les anciennes esclaves sexuelles de l'armée japonaise. Une des questions abordées a aussi été la création d'un monument commémoratif, en France, pour ne pas oublier ce qui s'est passé.

Enfin, l'un des points d'orgue des manifestations a été le rassemblement place du Trocadéro, sur le parvis des droits de l'homme, le 25 juin 2014. Il coïncidait avec les manifestations du mercredi, organisées chaque semaine par les anciennes victimes de l'esclavage sexuel. Mme Kil Won-ok et Mme Yun Mi-hyang y ont pris la parole, de même que, parmi d'autres orateurs, Benoît Quennedey et Patrick Kuentzmann, respectivement vice-président chargé des actions de coopération et secrétaire général de l'AAFC. 

 L'AAFC a souligné que le rassemblement coïncidait avec le 64ème anniversaire du début de la guerre de Corée, et montrait la nécessité de la signature d'un traité de paix dans la péninsule coréenne, le conflit s'étant terminé par un simple accord d'armistice. Enfin, la question de l'esclavage sexuel et le combat pour la paix sont liés, les guerres coïncidant avec les pires violences perpétrées contre les femmes. Cette situation de "ni guerre ni paix" conduit à une militarisation de la société coréenne tout entière ; la reconnaissance, qu'exigent les militants pacifistes sud-coréens, de l'objection de conscience et de formes civiles de service national s'inscrivent dans le combat pour les droits de l'homme que mène l'AAFC avec les militants sud-coréens.

Les jeunes Coréens en visite en Europe dans le cadre de la campagne 2014 pour la paix ont pris une place très active dans le rassemblement au Trocadéro ce 25 juin 2014. Le spectacle dansé qu'ils ont donné, révélant une synchronisation parfaite, a retenu l'attention de la foule. Des chants et les banderoles déployées ont donné une ambiance festive à cette "manifestation du mercredi" d'un genre inédit, tandis que les papillons dessinés sur une toile posée à même le sol ont symbolisé l'espoir d'une envolée vers la paix : les jeunes militants pacifistes poursuivent à présent  vers d'autres contrées européennes leur rêve des papillons pour un monde sans guerre.

Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"

Photos Alain Noguès

 

Site du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort" : www.womenandwar.net

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 10:39

Alors que les révélations suite au dramatique naufrage du ferry Sewol ont mis en évidence les liens entre certains milieux culturels français et l'évangéliste Yoo Byeong-eon, connu sous son nom de photographe Ahae, il existe d'authentiques artistes coréens contemporains, qui auraient mérité mille fois davantage d'être mis en lumière par les institutions publiques françaises. Portraits croisés d'un artiste reconnu, Lee Ufan, actuellement à l'honneur au château de Versailles, et d'un affairiste habile, Ahae, tombé en disgrâce, mais dont les soutiens intéressés n'ont pas quitté le devant le scène artistique parisienne.

Né en République de Corée (du Sud) en 1936, Lee Ufan a été en 1969 l'un des fondateurs, avec Nobuo Sekine, du mouvement artistique Mono-Ha - souvent traduit par "école des choses". L'accent porté sur la pureté des choses existantes à partir du matériau brut, dans une présence physique et sensible, n'est pas sans évoquer le minimalisme - contemporain de Mono-Ha. Mono-Ha a été représenté à la Biennale de Paris en 1971, et a été actif jusqu'au milieu des années 1970.

Peintre, Lee Ufan a ensuite mis en lumière la puissance évocatrice des monochromes. En tant que créateur d'installations, il choisit d'abord de s'imprégner du lieu pour - à la manière des architectes - créer un champ de perceptions nouvelles, par un travail approfondi sur le point et la ligne. Comme il l'a déclaré dans un entretien au quotidien Le Monde, "mon propos n'est pas d'installer des objets fabriqués par moi, mais d'inviter à regarder le lieu, le ciel, la nature". Dans les installations de Lee Ufan qui sont aujourd'hui à voir à Versailles (neuf dans le parc, une dans le château), du 17 juin au 2 novembre 2014, la tombe de Le Nôtre, à l'origine de l'aménagement du lieu et de la création du jardin à partir de 1662, ne se découvre qu'à proximité immédiate - en une grosse pierre noire, symbolisant et concentrant le temps. Mais l'oeuvre la plus spectaculaire et la plus emblématique est l'Arche qui, selon l'angle où se situe le spectateur, se fond ou non dans le ciel et absorbe la lumière. Car Lee Ufan n'est pas seulement artiste ou écrivain, comme philosophe, il donne à voir et à comprendre le monde.

Lee Ufan et l'arche installée dans le château de Versailles

Lee Ufan et l'arche installée dans le château de Versailles

Travailler sur la sensation et la perception, c'est aussi ce qu'a voulu faire Yoo Byeong-eon, dans une approche subliminale de Dieu (le pasteur Yoo vend beaucoup de livres) qui n'avait rien de très original, tant sur la forme que sur le principe. Au demeurant, les photos de Ahae ne sont pas le résultat d'une réflexion artistique : il s'agit plutôt des aimables clichés léchés d'un amateur, qui en a profité pour les vendre fort chers et développer des produits dérivés, à sa gloire et à celui de sa petite entreprise. Contre toutes les pratiques établies, Yoo Byeong-eon, malgré son absence de passé artistique, s'était vu catapulter dans des expositions au château de Versailles et au jardin des Tuileries (qui dépend du Louvre), entre autres expositions à New York et à Prague. Lors de la clôture de son exposition le 8 septembre 2013 à l'Orangerie, une fête somptueuse n'a-t-elle pas été l'occasion pour le compositeur Michael Nyman d'interpréter la Symphonie n° 6 "Ahae" ? Car l'homme a un épais carnet de chèques : n'a-t-il pas versé 1,1 million d'euros au Louvre ? Et n'est-il pas un des mécènes de Versailles ?

Après une demande d'asile politique en France, rejetée, Yoo Byeong-eon est traqué par la police sud-coréenne pour son implication dans le naufrage du ferry Sewol et des accusations de détournements de fonds : 50.000 policiers sont aux trousses de l'homme, introuvable, que l'on dit protégé par les membres de l'église qu'il dirige et qui compterait 20.000 adeptes. Sa fille, Yoo Somena, a été interpelée le 27 mai 2014 à Paris.

Au-delà de l'affaire Yoo Byeong-eon, des questions se posent sur le choix des artistes, d'une part, et le financement de la culture en France d'autre part : ne relève-t-il pas de la charte éthique du musée du Louvre de refuser les dons d'origine douteuse ? Si la Philharmonie de Paris a annulé les événements organisés autour de Ahae à l'occasion des années croisées France-Corée (2015-2016), le commissaire de l'année culturelle France-Corée est Henri Loyrette, ancien président du Louvre, qui a couvert de louanges Ahae, rejoint par Catherine Pégard, présidente de l'établissement public du château de Versailles. 

Il est temps de tirer toutes les conséquences de ce naufrage culturel et que les responsables impliqués rendent compte. C'est le sens de l'appel lancé par des Coréens en France dans une lettre ouverte à Mme Aurélie Filipetti, ministre de la culture, reproduite sur le site Louvre pour Tous - qui a été le premier à dénoncer, dans notre pays, l'imposture artistique qu'est Ahae.

Sources :

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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 08:21

Au risque de décevoir les tintinophiles, le Migouk (qui peut aussi être orthographié Miguk) n'a rien à voir avec le Yéti - ou Migou. "Migouk" est le nom sous lequel les Coréens désignent les Etats-Unis depuis le 19ème siècle.  Retour sur l'origine du mot.

A la fin du XVIIIème siècle, le catholicisme tente de s'introduire en Extrême-Orient. Les lettrés confucéens orthodoxes, qui dominaient alors culturellement le royaume de Corée (Choson), s'opposèrent à cette influence. Ils lui assimilèrent les expéditions conduites par les puissances impérialistes européennes et américaine pour forcer la Corée à s'ouvrir au commerce extérieur, voire coloniser la péninsule, tout en pillant au passage certains trésors du pays - et qu'ils tentaient de justifier notamment par la condamnation à mort de prêtres catholiques entrées illégalement et secrètement en Corée.

Les Etats-Unis ne furent pas inactifs sur ce terrain. En 1853, une canonnière américaine, l'USS South America, resta dix jours à Pusan. Un des incidents le plus connu est celui du General Sherman, en 1866, du nom d'un navire de la compagnie commerciale britannique Meadows and Co., et qui - contrairement à l'expédition de 1853 - se solda par la mort de l'équipage, tué par les habitants de Pyongyang - dont le grand-père paternel du Président Kim Il-sung, Kim Un-u, selon l'historiographie nord-coréenne. Ce dénouement servit de prétexte à l'expédition américaine en Corée en 1871, qui conduisit à la mort de 300 Coréens. En 1882, le royaume de Choson dut signer un traité commercial avec les Etats-Unis.

La Corée, qui avait choisi une politique diplomatique isolationniste, se tourna vers la puissance suzeraine chinoise pour savoir qui étaient les nouveaux venus en Extrême-Orient. Les Chinois désignèrent les Américains comme venant du pays nommé "America" qui, par transformations phonétiques successives et l'utilisation du mot "guk" (pays ou Etat en coréen), devint - et demeura - "Miguk".

Timbre édité en 1964 en RPD de Corée, commémorant l'attaque du "General Sherman" (1866)

Timbre édité en 1964 en RPD de Corée, commémorant l'attaque du "General Sherman" (1866)

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 22:51

Le 28 mai 2014, Ahn Dae-hee a présenté sa démission comme Premier ministre six jours seulement après avoir été choisi par la présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye, avant même son audition par le Parlement. Ce retrait est la conséquence de l'aveu implicite de l'impétrant qu'il avait perpétué la détestable tradition sud-coréenne du jeongwanyewu, un système de collusion des hauts magistrats auquel la Présidente Park avait promis de s'attaquer.

Le Premier ministre qui n'était resté que six jours en fonctions

Le jeongwanyewu est un terme coréen - qui peut être traduit par "traitement honorable des prédécesseurs" - désignant la corruption sous forme de collusion entre les anciens juges et leurs collègues toujours en fonctions : les premiers deviennent avocats et usent de leurs réseaux d'influence auprès des seconds.

Le Premier ministre Ah Dae-hee avait été choisi il y a six jours par la présidente sud-coréenne pour insuffler de nouvelles pratiques après ce qu'avait révélé comme dysfonctionnements le dramatique naufrage du ferry Sewol.

Mais avant même son audition par les parlementaires Ahn Dae-hee a remis sa démission, suite aux soupçons pesant sur cet ancien juge à la Cour suprême qu'il avait perpétué la pratique inacceptable du jeongwanyewu. Ahn Dae-hee n'a d'ailleurs pas démenti ces mises en cause, en déclarant qu'il était "désolé d'avoir déçu le peuple avec le jeongwaenyewu et d'autres suspicions".


Ahn Dae-hee aurait touché 1,6 milliard de won (soit 1,56 million d'euros) moins de six mois après avoir ouvert son cabinet d'avocats, en juillet 2013, en tirant notamment profité du jeongwanyewu - ce qui avait soulevé un tollé de protestations de l'Alliance de la nouvelle politique pour la démocratie (ANPD, principal parti d'opposition, centriste). Ahn Dae-hee avait tenté de désamorcer les critiques en annonçant qu'il ferait don de 1,1 milliard de won à des oeuvres caritatives. Après son retrait, l'ex-Premier ministre n'avait pas précisé s'il maintiendrait sa promesse.

Ce dernier épisode reflétant la corruption au sein de l'élite administrative et politique sud-coréenne est un nouveau coup dur pour la Présidente Mme Park Geun-hye, à la veille d'élections locales - le 4 juin prochain - qui se présentent sous un jour défavorable après qu'elle eut été mise en cause pour la gestion catastrophique du naufrage du Sewol : en effet, le scandale Ahn Dae-hee - alors que le Premier ministre avait une réputation d'intégrité - éclaire à nouveau l'oubli à ce jour des promesses de campagne de la candidate, qu'il s'agissait de la sécurité des personnes - en l'espèce, pour le transport de voyageurs - ou de la lutte contre la corruption.

Le même jour, la faiblesse du réseau de services publics a été révélée par un incendie à l'hôpital Hyosarang, dans le comté de Jangseong, qui a causé la mort d'au moins 21 personnes. N'est-il pas temps pour la Corée du Sud de tourner enfin le dos à une déréglementation libérale qui n'a tué que trop de victimes innocentes ? N'est-il pas temps d'insuffler des principes de justice et d'équité dans une société gangrénée par la corruption et le clientélisme, qui ont partie liée avec l'insuffisance des services publics, comme en a témoigné le naufrage du Sewol ?

Sources :

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