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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 19:45

Le 15 juillet 2015 une nouvelle descente de police a été opérée dans les locaux de l'Alliance coréenne, une ONG proche de la tendance Corea 21 du Parti progressiste unifié (PPU) - dissous en décembre 2014 dans des conditions inacceptables au regard des principes démocratiques de base. Après la dissolution du PPU les militants de Corea 21 avaient déjà été les premiers visés par la répression gouvernementale contre les forces progressistes. Les motifs invoqués par la police étant anciens, rien ne justifiait le nouveau coup de poing de ce 15 juillet - si ce n'est la nécessité pour la présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye de montrer qu'elle ne tolèrerait pas l'opposition de gauche, en instaurant un climat de terreur visant à empêcher ses militants de toute action politique. Il est temps que les gouvernements occidentaux cessent de fermer les yeux sur la dérive autoritaire qui s'aggrave chaque jour davantage en Corée du Sud.

Saisie de livres, de disques durs et d'autres documents au siège de l'Alliance coréenne

Saisie de livres, de disques durs et d'autres documents au siège de l'Alliance coréenne

Une descente de police a eu lieu le 15 juillet 2015 au siège de l'Alliance coréenne et dans cinq autres locaux liés à l'organisation (notamment ses trois imprimeries), à partir de 5 heures du matin heure locale selon les informations qui ont été transmises à l'AAFC.

 

Les accusations ne sont pas nouvelles : violation de la "loi de sécurité nationale", qui interdit tout contact entre des Sud-Coréens et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). En l'occurrence, une militante - Mme Hwang Hye Ro - a été indirectement citée (sans être nommée dans les premiers articles de presse rendant compte du raid opéré le 15 juillet à Séoul) et est tout particulièrement visée : elle avait été présente aux obsèques du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il en décembre 2011. Une autre cible, également non directement citée, est l'avocat Jang Kyung-uk, coupable d'avoir participé à une conférence en Allemagne, fin 2013, pour un traité de paix en Corée, où avaient aussi été présents des Nord-Coréens.

 

Une chasse à l'homme a été lancée contre 10 militants de l'Alliance coréenne, dont 8 résident en Corée et 2 à l'étranger. Une personne, Mme Kang, a été arrêtée à son domicile. Neuf autres personnes sont toujours recherchées. Il appartient aux gouvernements étrangers, et d'abord aux gouvernements occidentaux, s'ils sont cohérents avec les principes démocratiques qu'ils entendent défendre, de ne pas donner suite aux mandats d'arrêt lancés par les autorités sud-coréennes, sur la base d'une loi - la loi de sécurité nationale - qui est une violation flagrante de la liberté d'expression. Ainsi que l'a rappelé Byun Jeong-pil, responsable d'Amnesty International en Corée dans un entretien à NK News, "il y a de nombreux cas où cette loi a été appliquée de manière arbitraire, et l'article 7 doit être modifié". L'article 7 a servi encore récemment, en janvier 2015, à l'expulsion de Corée du Sud d'une Coréenne américaine, Shin Eun-mi, dont le crime était de ne pas dépeindre la Corée du Nord comme l'enfer, l'image que s'évertuent à donner du Nord les autorités sud-coréennes et leurs services de renseignement. C'est aussi au nom de la loi de sécurité nationale que le secrétaire général de l'AAFC a été interdit d'entrée en Corée du Sud en février 2015.

 

Mais pourquoi ce regain de violence contre l'Alliance coréenne, alors que les principaux faits incriminés - datant de fin 2011 et fin 2013 - ne sont pas nouveaux ? En fait, le principal grief à l'encontre des membres de l'Alliance coréenne est de continuer à militer pour la paix et la démocratie (comme le souligne le site NK News, l'objectif principal de l'Alliance coréenne est la réunification pacifique de la Corée, et elle avait récemment dénoncé la perspective de déploiement du dispositif américain antimissile THAAD en Corée du Sud), en critiquant ouvertement l'administration conservatrice sud-coréenne de Mme Park Geun-hye : cette dernière, prompte à assimiler toute critique comme une allégeance à la Corée du Nord, veut faire un exemple. Dans ce contexte, l'Alliance coréenne peut lui apparaître comme la cible parfaite, puisque certains de ses membres ont effectivement eu des contacts avec la Corée du Nord. Et elle juge certainement qu'un procès truqué - avec des preuves fabriquées en tant que de besoin, comme dans le cas de l'ancien député Lee Seok-ki - lui apportera les coudées franches, grâce au soutien d'une justice aux ordres.

 

La descente de police est aussi une contre-attaque à l'annonce, faite la veille par l'Alliance coréenne, qu'elle porterait plainte pour les violences commises par la police à son encontre, l'Alliance coréenne observant qu'elle a mené des actions pacifiquement et dans le cadre de la loi sud-coréenne.

 

C'est bien aujourd'hui l'instauration d'un règne de la terreur qui menace tous les militants de gauche sud-coréens, ce qui implique plus que jamais d'être solidaire de tous ceux qui, en République de Corée, militent pour la paix et la démocratie, notamment en s'engageant dans le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud.

 

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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 19:36

Alors qu'on ne recense plus de nouveaux cas de patients atteints du coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers-CoV) en Corée du Sud depuis le 5 juillet 2015, l'heure est bientôt au bilan. Si un membre du bureau présidentiel a annoncé, sous couvert d'anonymat, la prochaine nomination d'un nouveau ministre de la Santé et des Affaires sociales, en remplacement de Moon Hyung-pyo, après le retour à la normale, les dysfonctionnements graves qu'a révélés la gestion de cette crise sanitaire amènent à s'interroger sur ses causes profondes, au-delà du rôle de bouc émissaire que l'administration présidentielle veut faire endosser à Moon Hyung-pyo.

Moon Hyung-pyo, ministre de la Santé et des Affaires sociales

Moon Hyung-pyo, ministre de la Santé et des Affaires sociales

Le nombre de cas de MERS-Cov semble désormais stabilisé à 186, ayant entraîné 36 décès à ce jour. En l'absence de nouveaux cas, la fin de l'épidémie en Corée du Sud pourrait être annoncée le 2 août prochain.

Il n'en reste pas moins que la République de Corée aura été le deuxième pays le plus touché au monde par l'épidémie, après l'Arabie Saoudite. Par ailleurs, la propagation rapide du coronavirus au cours des premières semaines, conjuguée à une sous-estimation initiale de l'épidémie puis à un affolement généralisé témoigne, après la gestion déjà insuffisante de précédentes catastrophes par les pouvoirs publics (notamment suite au naufrage du ferry Sewol), d'une incapacité chronique des autorités sud-coréennes à répondre efficacement aux crises. S'il est pour le moins incertain qu'une autre administration présidentielle aurait apporté une réponse plus appropriée, tant les insuffisances sont structurelles du fait d'une déréglementation libérale qui a supprimé les nécessaires garde-fous, les tentatives du pouvoir actuel pour d'abord minimiser la catastrophe sanitaire (en mobilisant à cette fin les médias sous son contrôle, conservateurs ou à capitaux publics) puis pour protéger la Présidente Park Geun-hye, ont été particulièrement mal perçues dans l'opinion publique.

Car fidèle à sa stratégie d'évitement, la Présidente Park Geun-hye a trouvé un bouc émissaire idéal dans le ministre de la Santé et des Affaires sociales Moon Hyung-pyo, désormais en sursis. Mais une majorité de Sud-Coréens n'est pas dupe de la responsabilité qui incombait à la chef de l'Etat dans un tel contexte, sa popularité ayant atteint un nouveau point bas.

 

Dans ce contexte, la démission de Yoo Seung-min de son poste de chef des députés du parti Saenuri (conservateur, au pouvoir), accusé de manque de soutien à Mme Park Geun-hye après l'adoption d'une loi sur le Parlement approuvée au-delà des clivages partisans, a aggravé la crise politique, et manifesté la volonté de la Maison Bleue de faire taire les voix discordantes. Trente-six ans après l'assassinat de son père, le général Park Chung-hee, qui a établi le régime le plus autoritaire qu'ait jamais connu la Corée du Sud, Mme Park Geun-hye, qui s'est entourée d'un cercle étroit de collaborateurs liés à l'ancien régime militaire et souvent corrompus, continue manifestement de gouverner avec des réflexes hérités du passé, après l'interdiction du principal parti de gauche. Dans ce contexte, la défense de la démocratie sud-coréenne implique de se tourner également vers les conservateurs qui, comme Yoo Seong-min, refusent la dérive autoritaire à l'oeuvre à Séoul.

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9 juin 2015 2 09 /06 /juin /2015 12:31

A la date du 9 juin 2015, 95 cas de patients atteints du coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers-CoV) avaient été identifiés en République de Corée (Corée du Sud), où il avaient d’ores et déjà entraîné sept décès, faisant de la Corée du Sud le deuxième pays le plus touché au monde après l’Arabie Saoudite – où plus de 1 000 cas ont été recensés depuis que le virus y est apparu en 2012. Plus que le nombre de cas d’une maladie qui n’a pas atteint à ce jour une dimension pandémique ni muté (ce qui lui permettrait de s’adapter à des changements de climat), c’est la rapide propagation du Mers-CoV – plus forte que ce qui a été observé au Moyen-Orient – qui suscite le plus d’inquiétudes en Corée du Sud où, à peine plus d’un an après le dramatique naufrage du ferry Sewol, les autorités sont une nouvelle fois pointées du doigt pour leur manque de réactivité face à une crise – cette fois d’ordre sanitaire.

Au premier plan, Choi Kyoung-hwan, vice Premier ministre (Premier ministre par intérim), ministre de la Planification et de la Stratégie, et juste derrière lui Moon Hyung-pyo, ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, avant la conférence de presse du 7 juin 2015 annonçant les noms des hôpitaux concernés par le coronavirus

Au premier plan, Choi Kyoung-hwan, vice Premier ministre (Premier ministre par intérim), ministre de la Planification et de la Stratégie, et juste derrière lui Moon Hyung-pyo, ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, avant la conférence de presse du 7 juin 2015 annonçant les noms des hôpitaux concernés par le coronavirus

Se traduisant notamment par une insuffisance rénale aiguë et une pneumonie sévère, ne donnant lieu à aucun traitement approprié à ce jour, le coronavirus est le variant hautement pathogène de cinq autres coronavirus, dont quatre donnent lieu à des rhumes bénins et le cinquième est le virus du SRAS. L’infection proviendrait manifestement de contacts avec les dromadaires, ou serait liée à la consommation de produits issus de camélidés.

 

C’est le 20 mai 2015 que le premier cas du Mers-CoV a été diagnostiqué en Corée, sur un patient hospitalisé dans un centre médical du groupe Samsung après un voyage au Moyen-Orient. Près de la moitié des cas recensés au 9 juin 2015 concernaient l’hôpital Sainte-Marie de Pyeongtaek.

 

Pour empêcher la propagation rapide de la maladie qui avait touché 95 personnes le 9 juin 2015, plus âgés (55 ans) que la moyenne mondiale (48 ans), plusieurs milliers d’établissements scolaires ont fermé provisoirement leurs portes. Alors qu’on estime qu’une personne malade contamine en moyenne 0,7 personne, toujours à la date du 9 juin près de 2 900 personnes avaient été placées en isolement, chez elles ou en hôpital, dont 583 avaient été libérées de cette mesure de quarantaine. S’inquiétant de la rapidité inhabituelle de la diffusion du virus dans la péninsule, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé une coopération avec les experts sud-coréens.

 

La diffusion du coronavirus pourrait également avoir un impact économique dans le contexte d’une reprise fragile essentiellement soutenue par la consommation intérieure, du fait d’effets de panique entraînant une baisse des ventes dans les grandes surfaces et les grands magasins, alors qu’un nombre important de touristes chinois ont décidé d’annuler leur voyage en Corée du Sud.

 

Face à la crise sanitaire, la réponse du gouvernement sud-coréen a été opaque, pour le moins confuse et marquée par une interrogation quant à la volonté d’assumer ses responsabilités. Faisant un choix inverse à celui de plusieurs exécutifs locaux, les autorités nationales sud-coréennes ont d’abord refusé de communiquer la liste des hôpitaux où des patients étaient hospitalisés après avoir été infectés par le coronavirus, avant que Choi Kyoung-hwan, Premier ministre par intérim, n’en donner la liste publique lors d’une conférence de presse le 7 juin 2015… et encore cette liste, inexacte, a-t-elle dû être rectifiée, après que l’opinion publique eut dû attendre le retour de Choi Kyounh-hwan d’un voyage au Royaume-Uni, où il a séjourné du 2 au 6 juin.

 

La Présidente sud-coréenne Park Geun-hye a été fidèle à son habitude d’essayer de se protéger dès qu’une crise survient, en utilisant les membres de son gouvernement comme « fusibles ». Si elle a déclaré que les experts médicaux disposeront de « toute l’autorité » nécessaire, le partage des rôles n’apparaît pas clairement entre les différents intervenants, pouvoirs publics et médecins. Par ailleurs, en déléguant au Premier ministre (par intérim !) la communication sur une question passée au premier plan de l’actualité en Corée du Sud, elle a donné l’impression fâcheuse de ne pas vouloir s’impliquer en personne. Enfin, elle maintient à l’ordre du jour son projet de déplacement aux Etats-Unis, du 14 au 19 juin prochains, pour un sommet avec le Président Obama, alors qu’il est malheureusement à craindre que la situation empire au regard de la propagation rapide du coronavirus en Corée du Sud et du taux de mortalité observé au Moyen-Orient (en moyenne, 37 % des patients contaminés décèdent). Et pour sauver une nouvelle fois la chef de l’Etat du discrédit de l’opinion publique, il n’y aura sans doute pas assez de l’habilité coutumière des médias pro-gouvernementaux sud-coréens (conservateurs ou à capitaux publics) – comme par exemple l’agence Yonhap qui, dans un communiqué en date du 8 juin 2015, soulignait la baisse de 7,8 % à 6,9 % du taux de mortalité en Corée du Sud des patients infectés par Mers-CoV... avant qu'un nouveau décès le lendemain ne remette en cause ces statistiques.

 

Mise à jour le 10 juin 2015 : la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye a annoncé qu'elle reportait sa visite aux Etats-Unis pour lutter contre l'épidémie, alors que le nombre de cas en Corée du Sud s'élève à 108 (dont 9 mortels) le 10 juin 2015.

 

Sources :

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 18:43

Le 14 mai 2015, la Cour suprême de la République de Corée (Corée du Sud) a rejeté l’appel formé par les procureurs contre une décision rendue en première instance, un an plus tôt, qui reconnaissait Kang Ki-hoon non coupable. Ving-quatre ans après le faits, il a été reconnu que l’ancien dirigeant étudiant a été injustement accusé d’avoir rédigé une note manuscrite laissée par un autre leader étudiant, Kim Ki-sul, alors directeur des affaires sociales de l’Union pour un mouvement national démocratique (UMND), qui s’était immolé par le feu en mai 1991. Kang Ki-hoon avait été condamné à trois ans de prison. L’acharnement de l’appareil judiciaire sud-coréen à ne pas reconnaître l’erreur commise en 1991 est symptomatique de ce que, pour les conservateurs sud-coréens revenus au pouvoir à Séoul en 2008, la manifestation de la vérité et la vie d’un homme comptent moins que la défense de l’institution judiciaire – à l’instar de la position des antidreyfusards qui, dans la France d’avant la Première guerre mondiale, entendaient défendre par-dessus tout l’honneur de l’armée, en jetant par ailleurs la suspicion sur des coupables idéals (dans un cas Alfred Dreyfus comme juif, dans l’autre Kang Ki-hoon comme militant étudiant opposé aux militaires au pouvoir à Séoul). Car malgré la décision rendue par la Cour suprême, les juges sud-coréens excluent ouvertement de s’excuser et aucune compensation ou indemnisation ne semble manifestement à l’ordre du jour, tandis qu’une position révisionniste est entretenue par le plus réactionnaire (et le plus lu) des quotidiens sud-coréens, le Chosun Ilbo.

 

Après le suicide de Kim Ki-sul, le bureau des crimes violents de la police judiciaire de Séoul avait ouvert une enquête qui avait conduit à reconnaître l’un des collègues de Kim Ki-sul, Kang Ki-hoon, coupable d’avoir rédigé le message manuscrit laissé par l’ancien dirigeant de l’UMND avant son suicide, selon une analyse graphologique conduite par l’Institut médico-légal (IML).

 

La mobilisation s’organisa contre ce nouveau procès fabriqué par le pouvoir militaire. Lors d’une conférence de presse à la cathédrale Myeongdong, Kang Ki-hoon recopia le message de suicide, apportant la preuve qu’il n’avait pas été rédigé de sa main. Kang Ki-hoon ne fut pas la seule cible de la répression militaire : un autre responsable de l’UMND, Kim Seon-taek, dut se cacher pendant deux ans et demi après avoir été accusé d’être le cerveau de la mort de Kim Ki-sul, car la note laissée lors de son suicide appelait à « faire confiance pour toutes les questions futures à Kim Seon-taek et Seo Jung-sik ».

Kang Ki-hoon, lors de la conférence de presse à la cathédrale Myeongdong

Kang Ki-hoon, lors de la conférence de presse à la cathédrale Myeongdong

Lors de l’appel, le responsable de l’IML pour l’analyse graphologique, par ailleurs condamné pour corruption dans une autre affaire, Kim Hyeong-yeong, déclara avoir donné de faux résultats dans l’affaire Kang Ki-hoon. Mais la Cour suprême décida alors d’écarter le témoignage de Kim Hyeong-yeong, en maintenant la culpabilité de Kang Ki-hoon, condamné à trois ans de prison.

 

A l’instar des autres anciens prisonniers politiques, Kang Ki-hoon a été mis au ban de la société sud-coréenne après sa libération, exerçant différents métiers pour survivre – comme ouvrier du bâtiment payé à la journée.

 

Un fait nouveau devait toutefois conduite à une réouverture du procès. En 2005, un ami de Kim Ki-sul, du nom de Han, transmit à la police des notes manuscrites qu’avait rédigées Kim Ki-sul pour les représentants du Conseil national des étudiants d’université (Jeondaehyeop). Une enquête avait été ouverte par la Commission vérité et réconciliation, qu’avaient mise en place les démocrates - alors au pouvoir à Séoul - pour réexaminer les massacres, les morts suspectes et les faux procès de l’époque des régimes autoritaires.

 

L’IML devait conclure à l’identité de l’écriture des manuscrits laissés par Kim Ki-sul pour Jeondaehyeop et de la note découverte après son suicide, rendant ainsi possible la réouverture du procès de Kang Ki-hoon, à sa demande, en 2008. Après vingt mois d’enquête, la Haute Cour de Séoul avait conclu disposer d’éléments suffisants pour reconnaître Kang non coupable. Les procureurs firent toutefois appel, en soulevant la possibilité que les écrits de Kim Ki-sul pour Jeondaehyeop soient des faux. La Cour suprême ordonna de rejuger Kang Ki-hoon, tout en s’interrogeant sur l’origine des manuscrits pour Jeondaehyeop.

 

Le nouveau procès a alors largement porté sur l’authenticité des manuscrits pour Jeondaehyeop, qui ont été comparés à d’autres écrits de Kim Ki-sul. D’autres obstacles sont apparus : les Archives nationales ont affirmé de ne pas être en mesure de fournir l’original de la note découverte après le suicide ; pour sa part, l’IML a rechigné à comparer les différents manuscrits, au motif que l’écriture des uns était nette et lisible, et pour d’autres rédigée à la hâte, tout en concluant à la possibilité qu’ils soient du même auteur.

 

En février 2014, Kang Ki-hoon a été déclaré non coupable. Aux termes du jugement rendu en février 2014,

L’analyse effectuée par l’Institut médico-légal en 1991 n’est pas fiable, et les autres preuves apportées par les procureurs ne sont pas suffisantes pour conclure que les charges retenues sont établies au-delà d’un doute raisonnable.

Le ministère public fit appel de cette décision. Le 14 mai 2015, après quatorze nouveaux mois de procédure, la Cour suprême a rejeté l’appel, jugeant la décision de février 2014 « appropriée ».

 

Lorsque la Cour suprême a rendu son verdict, le principal intéressé, Kang Ki-hoon, n’était pas dans la salle, après une récente opération pour un cancer du foie. Comme l’a déclaré un de ses médecins à un journaliste du quotidien Hankyoreh (opposition, centre-gauche) Kim Eui-kyum, qui suit l’affaire depuis 1991 depuis sa rencontre avec Kang Ki-hoon en marge de l’enterrement de Kang Kyu-dae (battu à mort par la police lors d’une manifestation en mai 1991), « le stress a affaibli son système immunitaire, ce qui a aggravé sa maladie ». A Kim Eui-kyum, Kang Ki-hoon a seulement déclaré, pour justifier son absence lors du jugement le 14 mai 2015 : « je ne voulais pas jouer les seconds rôles ». Après la décision rendue en 2014, ce qu’attendait Kang Ki-hoon n’était pas une réhabilitation ou une réparation du préjudice subi, mais des excuses des juges pour leur erreur.

Kang Ki-hoon, après la décision rendue en 2014

Kang Ki-hoon, après la décision rendue en 2014

Mais ceux qui ont détruit la vie et la santé d’un homme n’ont ni regrets, ni remords, et les juges actuels de la Cour suprême, hier les instruments de l’arbitraire de la junte militaire, n’ont pas jugé utile de faire le moindre geste en ce sens. Reflétant cet état d’esprit, un des procureurs qui avait instruit la première fois le procès, Nam Ki-chun, a même osé déclarer au quotidien Kyunghyang Shinmun après le verdict de la Cour suprême :

Je ne pense pas que ce soit le genre de choses qui exige des excuses (…) Si nous appliquons les standards actuels aux décisions du passé, les conclusions seront différentes. Suivant les critères actuels, nous devrions même inverser beaucoup des décisions rendues par le roi Séjong le grand de la dynastie Choson.

De tels propos sont proprement ahurissants : vouloir comparer la justice féodale de celle d’un pays qui se veut démocratique est avoir une bien piètre opinion de l’indépendance de la justice. Par ailleurs, les parties aux procès de la dynastie Choson sont mortes depuis belle lurette… Enfin, écarter d’un revers d’une main toute démarche consistant à reconsidérer le passé reviendrait à accepter la traite négrière ou encore les traités non conformes au droit international d’annexion de la Corée par le Japon, car – n’en déplaise au juge Nam Ki-chun – il existe des crimes imprescriptibles où il n’y a pas seulement la possibilité mais aussi l’obligation de reconsidérer d’anciennes décisions de justice.

 

De même que les antidreyfusards jugèrent sacrée la décision qui condamnait Albert Dreyfus puis mirent en doute la justice lorsqu’elle ne confortait plus leurs opinions particulières, le porte-drapeau des conservateurs, le quotidien Choson Ilbo, s’engage sur un terrain nauséabond où, compte tenu des « opinions » des différents juges, on ne saurait conclure :

Les différentes opinions subjectives des juges sur la façon de considérer les résultats des analyses graphologiques ont abouti à des positions complètement opposées lors du procès. Les jugements sur la fiabilité des preuves peuvent bien sûr différer d’un juge à l’autre. En définitive c’est Kang qui connaît la vérité.

Il s’agit ni plus ni moins d’une position révisionniste, refusant le verdict de la justice, qui appelle par ailleurs à faire parler Kang Ki-hoon, puisque lui seul « connaît la vérité ». Le faire parler ? La justice sud-coréenne a une sinistre réputation d’aveux extorqués sous la torture, dont rend compte l’excellent long métrage Memories of murder. A mots pesés, comme naguère les émigrés d’Ancien régime revenus en France à la Restauration, le Choson Ilbo n’a rien appris et rien oublié.

 

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13 mai 2015 3 13 /05 /mai /2015 11:37

Dans un rapport publié le 13 mai 2015 intitulé "Condamnés à vie : les objecteurs de conscience en Corée du Sud", Amnesty International a appelé les autorités sud-coréennes à immédiatement libérer les centaines de jeunes hommes actuellement emprisonnés pour objection de conscience, en détaillant les discriminations dont ils sont ensuite l'objet leur vie durant. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) partage pleinement les positions d'Amnesty International, alors que la République de Corée (du Sud) est - de très loin - le premier Etat au monde s'agissant du nombre de personnes emprisonnées pour objection de conscience. La République de Corée doit se conformer à ses obligations internationales en matière de droits de l'homme : dans une décision rendue le 23 janvier 2007 (Yeo-bum Yoon et Myung-jin Choi contre République de Corée, CCPR/C/88/D/1321-1322/2004), le Comité des droits de l'homme des Nations Unies avait ainsi jugé que le droit sud-coréen applicable en matière d'objection de conscience violait l'article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par la République de Corée en avril 1990, qui reconnaît le droit à la liberté de religion, de pensée et de conscience.

Manifestation de Témoins de Jéhovah devant la Cour constitutionnelle à Séoul en 2012, dans le cadre d'une campagne de pétition pour reconnaître l'objection de conscience. Les Témoins de Jéhovah représentent un nombre important des objecteurs de conscience emprisonnés en Corée du Sud : selon elle, 613 de ses membres sont emprisonnés à ce titre.

Manifestation de Témoins de Jéhovah devant la Cour constitutionnelle à Séoul en 2012, dans le cadre d'une campagne de pétition pour reconnaître l'objection de conscience. Les Témoins de Jéhovah représentent un nombre important des objecteurs de conscience emprisonnés en Corée du Sud : selon elle, 613 de ses membres sont emprisonnés à ce titre.

Le rapport d'Amnesty international se fonde sur les entretiens menés par l'ONG entre octobre 2014 et janvier 2015 auprès de 10 objecteurs de conscience, de leurs familles, de juristes, d'universitaires et d'organisations civiles et religieuses qui travaillent avec les objecteurs de conscience. La conclusion est sans ambiguïté : au regard des droits de l'homme, les autorités sud-coréennes doivent immédiatement mettre fin à l'emprisonnement inutile de centaines de jeunes refusant la conscription obligatoire pour des raisons philosophiques ou religieuses.

Le chercheur Hiroka Shoji observe que la conscription militaire obligatoire et le refus de l'objection de conscience, qui prend comme argument l'absence de traité de paix avec la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord), n'est pas valide, et conduit à faire d'innocents des criminels dont les droits sont bafoués. Pour Hiroka Shoji,

 

L'emprisonnement des objecteurs de conscience ne rend pas la Corée du Sud plus sûre. Il sert seulement à stigmatiser et à détruire les aspirations de jeunes hommes qui avaient un avenir brillant.

Les récits de morts à l'armée, dans des circonstances témoignant de sévices et de l'incapacité à prendre en compte les troubles psychologiques, commencent à briser la loi du silence : le jour où Amnesty International publiait son rapport, des médias sud-coréens rendaient compte qu'un réserviste en avait tué un autre avant de se suicider en retournant l'arme contre lui. Le service militaire dure deux ans en Corée du Sud. Les anciens conscrits doivent ensuite effectuer des périodes de réserve pendant 8 ans, dans la limite de 160 heures par an.

Si les Témoins de Jéhovah constituent une part importante des objecteurs de conscience emprisonnés, on compte également parmi eux un nombre croissant de pacifistes pour des motifs non religieux. Les peines d'emprisonnement encourues sont d'une durée maximum de trois ans (en pratique, les peines prononcées sont souvent de dix-huit mois). A leur sortie de prison, les objecteurs de conscience, considérés comme des criminels, sont victimes d'une stigmatisation sociale et professionnelle leur vie durant.

Agé de 25 ans et Témoin de Jéhovah, ayant engagé une action juridique pour ne pas effectuer le service militaire obligatoire, Song In-ho, qui travaille dans l'entreprise de nettoyage de ses parents, a déclaré qu'il était condamné dès sa naissance à ne pas avoir de perspectives sociales ou professionnelles élevées :

 

Je ne pouvais pas trouver d'emploi. C'était à cause de mon refus du service militaire (...) Trouver un emploi dans une entreprise réputée est pratiquement impossible car la discrimination et le préjudice sont trop forts (...) Je suis né criminel. J'ai eu le sentiment pendant toute ma vie d'être comme un prisonnier parce que je savais que je serais envoyé en prison (...) J'étais [dès ma naissance] un futur criminel.

Egalement cité dans le rapport d'Amnesty International, Kim Sung-min, pacifiste, a observé que la conscription obligatoire est aussi utilisée comme un outil de militarisation de la société :

Pour moi, l'objection de conscience n'est pas seulement un refus comme acte militant, mais c'est aussi un combat contre l'esprit militaire profondément enraciné dans la vie quotidienne.

Si le ministère sud-coréen de la Défense avait envisagé en 2007 l'introduction de formes alternatives de service civil pour les objecteurs de conscience, le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul, dès 2008, a ensuite enterré tout projet en ce sens.

Le ministère de la Défense, de concert avec la Cour constitutionnelle (dans des décisions rendues en 2004 et 2011) et la Cour suprême (en 2004 et 2007), campent sur des positions de conformité selon eux à la Constitution sud-coréenne et d'obligation de respecter la loi. Si des tribunaux, en première instance, ont reconnu à plusieurs reprises des objecteurs de conscience non coupables (en particulier, le 12 mai 2015 une cour de disctrict à Gwangju s'est prononcée en ce sens), ces décisions n'ont jamais été confirmées en appel, et un sort identique est attendue quant au jugement rendu à Gwangju le 12 mai.

Les conservateurs, qui détiennent les pouvoirs politique, médiatique et judiciaire, affirment que la société n'acceptent pas l'objection de conscience. Des arguments comparables avaient déjà été servis pour criminaliser l'adultère, pendant des décennies, au Sud de la péninsule. Plus prosaïquement, ils ont fait de la menace venue du Nord un principe d'action politique et ils comptent dans leurs rangs les héritiers de la junte militaire (la Présidente sud-coréenne est elle-même la fille du général Park Chung-hee, qui a établi le régime le plus autoritaire qu'ait connu la Corée jusqu'à son assassinat en 1979). Dans ce cadre, la conscription militaire obligatoire est pour eux un instrument privilégié du contrôle social et idéologique de la population, à laquelle ils refusent de faire la moindre entorse.

Sources :

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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 16:20

Le 20 avril 2015, Lee Wan-koo, Premier ministre de la République de Corée (Corée du Sud), a remis sa démission, à peine plus de deux mois après son investiture, le 17 février 2015. Lee Wan-koo était sous le feu des critiques - notamment de l'opposition démocrate de la Nouvelle alliance politique pour la démocratie (NAPD), le dirigeant du NAPD Moon Jae-in avait exigé son départ - après avoir été cité dans un scandale de corruption : le 9 avril, Sung Wan-jong, PDG de l’entreprise de construction Keangnam, s'était suicidé en laissant derrière lui une liste de personnes auxquelles il aurait versé des pots-de-vin, parmi lesquelles Lee Wan-koo et d'autres proches de la présidente sud-coréenne, Mme Park Geun-hye. Cette dernière est elle-même sévèrement mise en cause par l'opinion publique, étant en voyage en Amérique latine un an après le naufrage du ferry Sewol ayant entraîné 304 morts : non seulement la Présidente Park est absente de Séoul à la date anniversaire de ce drame, mais les familles des victimes accusent le pouvoir sud-coréen de faire obstruction à la recherche de la vérité sur le Sewol. Alors que la colère grandit, l'attitude des autorités sud-coréennes à l'encontre de manifestations essentiellement pacifiques a suscité une vive réaction d'Amnesty International qui a dénoncé une répression "totalement injustifiée et inutile", constituant "une insulte aux victimes".

Lee Wan-koo, Premier ministre démissionnaire

Lee Wan-koo, Premier ministre démissionnaire

La crise s'approfondit chaque jour un peu plus en Corée du Sud, dans un climat de décomposition morale et politique marqué par la démission des autorités sud-coréennes et le raidissement de l'administration Park Geun-hye contre toute manifestation d'opposition. Après la condamnation de l'ancien chef des services de renseignement (NIS) du fait de l'implication du NIS dans l'élection présidentielle de 2012 ayant vu la victoire de Mme Park (mais qui conserve toute sa confiance au NIS, puisqu'elle a nommé leur directeur au poste de chef de son cabinet), puis la parodie de justice constitutionnelle ayant conduit à l'interdiction du Parti progressiste unifié (opposition de gauche) en décembre 2014, le pouvoir continue de criminaliser ses adversaires en annonçant des poursuites contre des éléments stigmatisés comme "violents", auxquels il cherche à assimiler coûte que coûte les manifestants pacifiques qui ont défilé à Séoul le 18 avril, un an après le naufrage du Sewol.

La remise de sa démission par le Premier ministre Lee Wan-koo, dont il est attendu qu'elle soit acceptée par la chef de l'Etat dès son retour de voyage en Amérique latine, n'est lui-même que l'énième épisode d'un feuilleton politique autour de la nomination du Premier ministre. Le précédent titulaire du poste, Chung Hong-won, entré en fonctions le 26 février 2013, avait remis sa démission le 27 avril 2014, après la catastrophique gestion du naufrage du ferry Sewol, survenu onze jours plus tôt. Le candidat pressenti pour remplacer Chung Hong-won, l'ancien juge de la Cour suprême Ahn Dae-hee, avait dû renoncer six jours seulement après sa désignation, étant impliqué dans une affaire de jeongwanyewu, terme coréen désignant la corruption sous forme de collusion entre les anciens juges et leurs collègues toujours en fonctions : les premiers deviennent avocats et usent de leurs réseaux d'influence auprès des seconds. La Présidente Park Geun-hye avait finalement choisi de réinvestir Chung Hong-won.

Collusion entre le big business et les conservateurs au pouvoir, corruption de l'administration dans ses différentes composantes, politisation d'un appareil de renseignement surdimensionné sous le prétexte de la menace nord-coréenne, répression violente des opposants soumis à des procès iniques : il y a un air de déjà-vu dans la dérive autoritaire en cours en Corée du Sud. Il appartient à tous les partisans de la démocratie de se tenir aux côtés des Sud-Coréens qui luttent pour la liberté, afin que demain ne ressemble pas à hier. Car entre 1961 et 1987 des milliers de Coréens ont été tués par la junte militaire qui faisait alors régner la terreur à Séoul, suite au coup d'Etat ourdi par le général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente sud-coréenne.


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19 avril 2015 7 19 /04 /avril /2015 17:15

Le samedi 18 avril 2015, place du Trocadéro, s'est tenu l'un des 18 rassemblements organisés dans le monde pour exiger la vérité sur le naufrage du ferry Sewol qui, il y a un an, le 16 avril 2014, a causé la mort de 304 personnes, majoritairement des lycéens. A l'initiative de Coréens de France, réunis notamment dans le collectif Paris Copain, la manifestation de Paris a réuni 300 participants qui, unanimement, ont exigé du gouvernement sud-coréen de "renflouer le ferry Sewol, renflouer la vérité", en dénonçant "un crime d'Etat" sur lequel toute la lumière doit être faite. En effet, le pouvoir a multiplié les entraves à la conduite d'une enquête indépendante par une commission qui ne dispose pas, à ce jour, des moyens financiers et juridiques nécessaires, étant dépourvue de pouvoirs d'enquête policière et de moyens d'action pénale. La loi spéciale sur le Sewol, réclamée par 6 millions de citoyens sud-coréens, a ainsi été vidée de son contenu. Enfin, le rétablissement d'une législation protectrice de la sécurité des Coréens répond plus que jamais à un besoin urgent, le drame du Sewol étant aussi celui d'une déréglementation libérale qui, le 16 avril 2014, a sacrifié 304 vies sur l'autel du profit.

300 manifestants à Paris pour exiger la vérité sur le naufrage du "Sewol"

Emus et dignes, les participants ont tout d'abord observé une minute de silence, en hommage aux victimes disparues. La manifestation a ensuite alterné programme musical, interventions et témoignages, en français et en coréen. Les extraits musicaux retenus, interprétés par des artistes coréens qui ont tenu à exprimer leur solidarité avec les victimes et les participants au rassemblement, ont rappelé que les victimes étaient, dans leur majorité, des lycéens partis en voyage scolaire. Aucun des passagers ayant répondu aux ordres de l'équipage de ne pas quitter les cabines n'a survécu, pendant que le capitaine et ses hommes, eux, fuyaient le navire. S'ils ont été ensuite lourdement condamnés, les circonstances du drame restent entourées de trop nombreuses zones d'ombre.

La colère l'a disputé à l'émotion quant a été rappelée la chronologie du drame, marqué par la désinformation des médias sud-coréens, les insuffisances des opérations de secours, le refus des autorités gouvernementales d'endosser leurs responsabilités tout en chargeant le propriétaire du navire, lui-même lié de longue date au parti au pouvoir. Les mêmes médias pro-gouvernementaux, qu'ils soient à capitaux publics ou acquis à la cause des conservateurs, avaient d'ailleurs choisi d'ignorer la plus importante manifestation jamais organisée à ce jour par les Coréens de France. La censure veille et, dans une Corée du Sud où les méthodes autoritaires sont de retour, le pouvoir a choisi de longue date de multiplier les opérations d'intimidation et les arrestations : le même jour à Séoul, le 18 avril, il a annoncé que des poursuites seraient engagées contre "les manifestants violents", à l'issue d'accrochages avec la police, ayant conduit, selon cette dernière, à ce que 71 agents de police soient légèrement blessées et 3 grièvement - le nombre de victimes parmi les manifestants étant, lui, passé sous silence.

Dans son intervention, Benoît Quennedey, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) chargé des actions de coopération, a insisté sur le devoir, pour les autorités françaises, de rappeler les exigences des familles des victimes et de l'opinion publique sud-coréenne, alors que commencera en septembre 2015 l'année croisée France-Corée, et que le Président de la République François Hollande a annoncé qu'il visiterait la Corée du Sud cette année.

Le 3 avril 2015, 52 survivants du Sewol et parents de victimes se sont rasé la tête pour exiger du Gouvernement qu'il annule le projet de décret d'application, qui réduit encore la portée déjà limitée de la loi spéciale sur le Sewol. Ils ont aussi demandé que soit renfloué le navire. La colère a encore grandi quand les autorités sud-coréennes ont proposé aux familles, le 5 avril, de renoncer à leurs demandes concernant l'enquête sur la vérité du naufrage, en contrepartie d'une indemnisation qui serait en partie versée par l'Etat.

L'onde de choc qui secoue la société et le pouvoir au Sud de la Corée a maintenant gagné le monde entier, à l'initiative d'expatriés sud-coréens indignés. Demain comme hier, l'AAFC soutient résolument toutes celles et tous ceux qui combattent pour faire triompher la liberté et la justice en Corée du Sud, en refusant qu'une chape de plomb étouffe l'exigence de vérité et l'expression de la liberté.

300 manifestants à Paris pour exiger la vérité sur le naufrage du "Sewol"
300 manifestants à Paris pour exiger la vérité sur le naufrage du "Sewol"
300 manifestants à Paris pour exiger la vérité sur le naufrage du "Sewol"
300 manifestants à Paris pour exiger la vérité sur le naufrage du "Sewol"

 

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16 avril 2015 4 16 /04 /avril /2015 22:43

Un an après le dramatique naufrage du Sewol en Corée du Sud, le 16 avril 2014, qui a causé 304 morts, la colère gronde : les familles des victimes, soutenues par l'opinion publique, exigent que toute la lumière soit faite sur ce tragique événement et que le Gouvernement assume pleinement ses responsabilités. Dans ce contexte, la visite en Amérique latine, au premier anniversaire de la tragédie, de la Présidente Park Geun-hye est perçue comme une provocation. C'est pourquoi des militants de Jeunes de gauche (Youth Left) ont décidé de lâcher des tracts devant l'Assemblée nationale et le centre commercial COEX, ainsi rédigés : "Avis de faillite au gouvernement de la République de Corée. Nous déclarons la faillite morale et politique de la République de Corée. Bon voyage en Amérique latine ! Vous n'avez pas besoin de revenir." La réaction policière ne s'est pas faite attendre : deux militants de Jeunes de gauche ont été arrêtés pour 48 heures. Partageant l'indignation légitime de Jeunes de gauche, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) appelle à la libération immédiate des militants arrêtés, à l'abandon des poursuites et au respect de la liberté d'expression qui, nous l'affirmons une nouvelle fois, ne saurait justifier un quelconque crime de lèse-majesté en Corée du Sud.

Libération des militants de Jeunes de gauche emprisonnés ! Liberté d'expression !
Libération des militants de Jeunes de gauche emprisonnés ! Liberté d'expression !

Dans un communiqué publié sur son site Internet, y compris en anglais, intitulée "Déclaration de faillite", Jeunes de gauche a dénoncé la "fuite" de la présidente sud-coréenne, la répression par le Gouvernement des manifestations organisées par les familles des victimes et la corruption ayant entouré la tragédie du Sewol :

La Présidente a fui. Elle est partie pour l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud un an après la tragédie du ferry "Sewol", laissant derrière elle la controverse concernant les lois spéciales sur le ferry "Sewol" et le scandale de la liste Sung Wan-jong. On ne peut pas s'empêcher de se rappeler le 19 mai dernier, lorsqu'elle a enfermé 200 civils qui exigeaient que les responsabilités politiques soient assumées concernant la tragédie du "Sewol" et qu'elle était partie vendre des centrales nucléaires aux Emirats Arabes Unis. Cela a pris plus d'un mois pour obtenir une confession relevant pourtant de l'évidence, à savoir que le commandant en chef de la nation est politiquement responsable de la tragédie du ferry "Sewol" dans laquelle plus de 300 personnes ont trouvé la mort. Le fait que plus de 300 personnes aient été jetées en prison alors qu'elles demandaient à la Présidente d'assumer ses responsabilités politiques, ce n'est que du bonus. Dans ses excuses la Présidente avait promis une législation spécifique suite au "Sewol", mais cette proposition est déjà en miettes du fait de l'obstruction du Gouvernement et du parti au pouvoir [...]

Il est donc plus que jamais urgent de participer et faire participer à la manifestation de solidarité qui sera organisée place du Trocadéro, ce samedi 18 avril 2015, à partir de 18h, pour que nous disions tous "Assez !"

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20 mars 2015 5 20 /03 /mars /2015 23:58

Un parfum de crime de lèse-majesté règne en République de Corée (Corée du Sud) depuis l'accession au pouvoir de la très autoritaire Mme Park Geun-hye. Parmi les cibles du pouvoir, l'artiste Lee Ha a été arrêté à plusieurs reprises pour ses images satiriques - qui visent juste - du personnel politique sud-coréen. Pour que la liberté d'expression ne soit pas étouffée, pour faire reculer la peur, nous appelons à diffuser et rediffuser le plus largement ses caricatures, dont deux sont analysées ci-après.  Car, dans d'autres pays, les dessins de Lee Ha auraient pu lui valoir des prix pour leur créativité. Mais pas en Corée du Sud.

Nous sommes tous Lee Ha !

Sur cette image, Park Geun-hye porte l'uniforme militaire de son père, le général Park Chung-hee, un des principaux auteurs du coup d'Etat militaire de 1961, qui a établi le régime le plus autoritaire qu'ait connu la Corée du Sud - jusqu'à être assassiné par son propre chef des services de renseignement. La casquette que porte Mme Park est revêtue du symbole du mouvement Saemaeul (Nouveau village), également lancé par son père en vue de moderniser les campagnes sud-coréennes. En arrière plan, le mot "commentaire" fait référence aux multiples messages postés anonymement par des agents de l'Agence nationale de renseignement (National intelligence service, NIS) pendant la campagne présidentielle afin de favoriser l'élection de Mme Park Geun-hye - et qui ont valu au directeur du NIS d'être condamné.

Nous sommes tous Lee Ha !

Portant la robe coréenne traditionnelle, la Présidente Mme Park Geun-hye se trouve devant un bateau en papier. L'esquif en arrière-plan fait allusion au dramatique naufrage du Sewol, qui a vu la mort en avril 2014 de 300 passagers - majoritairement des lycéens - à l'issue d'opérations de sauvetage mal menées ayant conduit à une vive critique des autorités sud-coréennes, et dans le contexte d'une déréglementation initiée par le pouvoir conservateur.

La diffusion d'un autocollant diffusant cette image avait valu à un photographe indépendant, Ham Su-won, d'être arrêté le 22 mai 2014, officiellement pour publicité non autorisée sur des éléments de mobilier urbain (des lampadaires).

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14 mars 2015 6 14 /03 /mars /2015 23:45

Le 14 mars 2015, l'Alliance coréenne et l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) ont organisé une journée d'études et de débats dans le cadre de la quatrième conférence internationale de Paris sur la Corée. Alors que les atteintes de plus en plus graves aux droits de l'homme et aux libertés publiques en République de Corée (Corée du Sud) exigent une mobilisation internationale d'ampleur pour sauver la démocratie sud-coréenne, c'est dans une ambiance de lutte que les participants, français et coréens (dont une délégation de Coréens d'Allemagne), ont échangé sur les moyens nécessaires à la victoire dans le combat pour la paix, la réunification et les droits de l'homme dans la péninsule coréenne.

En ouverture de la conférence, Stephen Cho, directeur de l'Institut de recherches coréennes du XXIe siècle, a rappelé la gravité de la situation en Corée du Sud : après l'interdiction en décembre 2014 du Parti progressiste unifié, dont il était membre, les perquisitions au siège et aux domiciles de plusieurs membres de l'Alliance coréenne, co-organisatrice du colloque, témoignent d'un climat nouveau de répression dans la Corée du Sud de Mme Park Geun-hye, fille du général Park Chung-hee ayant dirigé la junte militaire au pouvoir à Séoul après le coup d'Etat qu'il avait fomenté en 1961 avec l'appui des troupes américaines présentes au sud de la péninsule. La récente agression de l'ambassadeur américain Mark Lippert, dans un contexte de manoeuvres américano-sud-coréennes faisant courir un risque de guerre dans la péninsule, sert ainsi de prétexte à un renforcement annoncé de l'appareil répressif policier-militaire au nom de la lutte contre le "terrorisme", utile fourre-tout pour réprimer les mouvements d'opposition.

Animateur des débats, Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération, a souligné le tribut versé par les militants pour la paix et la réunification en Corée - Stephen Cho ayant lui-même été emprisonné pendant sept ans de 1992 à 1999. Il a aussi rappelé le combat constant de l'AAFC pour la démocratie en Corée du Sud, et la nécessité d'organiser la solidarité en France et à l'étranger : tel est le rôle du Comité d'initiative contre la répression politique en Corée du Sud, constitué le 22 janvier 2015. Plus le comité s'élargira, plus il pourra peser pour la défense des droits politiques et sociaux en Corée du Sud.

L'économiste Samir Amin a resitué la question coréenne dans le contexte de l'évolution du système mondial depuis 1945 : il y a soixante ans, la conférence de Bandung, en avril 1955, a marqué l'émergence d'un monde multipolaire après la libération des peuples d'Asie et d'Afrique, en vue de compléter l'indépendance politique par l'indépendance économique. Des projets nouveaux ont été mis en place dans les différents pays non alignés : dirigés par des bourgeoisies à vocation nationale, ces projets ont été nationaux, mais pas démocratiques, dans le sens où il n'ont pas impliqué de participation active et autonome des classes populaires. Malgré ces limites, ils n'en ont pas moins permis des progrès économiques et sociaux significatifs, avant un reflux au lendemain de la conférence de Cancun, en 1981, qui a vu le retour des puissances impérialistes états-unienne et européennes. Mais les récentes insurrections populaires, comme en Egypte, ont marqué une volonté de reconquérir la souveraineté nationale, tout en amorçant des formes nouvelles de solidarité économique - au sein du groupe de Shanghaï, de l'ALBA ou du projet de banque des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

Colloque sur la Corée : un parfum de luttes pour gagner les batailles de la démocratie et de la paix

Le professeur de philosophie Jean Salem a ensuite resitué ces enjeux internationaux pour la péninsule coréenne, en s'appuyant sur un article à paraître de Rémy Herrera, qui n'a pu être présent à la conférence. Si la Corée du Sud a accompli d'indéniables progrès économiques depuis 1960, les louanges sur la Corée du Sud de certains "ravis de la crèche" ignorent les failles grandissantes de la démocratie sud-coréenne. L'absence de participation populaire et les atteintes aux droits des travailleurs représentent des tares fondamentales, alors que la Corée du Sud reste un pays dominé économiquement, politiquement et militairement, la présence de près de 30 000 soldats américains se doublant du versement de 900 millions de dollars annuels par la Corée du Sud aux troupes d'occupation. Néanmoins, le puissant mouvement étudiant a créé les conditions d'un changement de perception des problèmes politiques et sociaux, qui a permis une démocratisation après 1987. Depuis l'élection controversée de la candidate conservatrice Mme Park Geun--hye en 2012, les symptômes d'une dérive autoritaire font courir un danger de mort clinique à la démocratie sud-coréenne conquise de haute lutte par les militants progressistes : interdiction du Parti progressiste unifié, représenté au Parlement, dans des conditions ignorant les standards démocratiques internationaux ; ingérence politique de l'agence nationale de renseignement (NIS) sanctionnée par la condamnation à une peine de prison ferme, en février 2015, de son ancien directeur ; atteintes au droit syndical et à la liberté d'expression. La solidarité internationale n'en apparaît ainsi que plus nécessaire.


L'avocat Roland Weyl, fondateur de l'Association internationale des juristes démocrates, a souligné la nécessité de rendre possible l'exercice par les Coréens de leur droit à la souveraineté nationale, bafoué par la division du pays en 1948. Ce combat doit s'inscrire dans le cadre du droit international public, et des principes consacrés par la Charte des Nations Unies en 1945 et trop souvent bafoués par les Nations Unies elles-mêmes. L'Etat n'est que l'instrument de l'exercice par les peuples de leur souveraineté. La réunification doit s'envisager en prenant en compte les moyens d'expression des deux parties du peuple coréen, pour qu'il recouvre son unité et sa souveraineté, alors que la guerre de Corée s'est soldée par un accord d'armistice dont l'article 4, inappliqué depuis plus de 60 ans, prévoyait la tenue d'une conférence sur la Corée dans un délai de trois mois.

Le professeur Robert Charvin, ancien doyen de la faculté de droit de l'Université de Nice, a mis en exergue la nécessité constante de dépasser les approches caricaturales qui continuent de prévaloir sur la Corée : ignorance des conséquences de l'embargo sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ; illusion tenace, entretenue par les médias, que la Corée du Sud du régime militaire aurait été un pays "en voie de démocratisation", comme s'évertuait à le faire croire un grand quotidien du soir. Au-delà des faux prétextes du nucléaire et des droits de l'homme, utilisés comme des arguments à géométrie variable par les diplomaties occidentales, la péninsule coréenne a souffert de sa position géopolitique, qui l'a placée au coeur des rivalités d'intérêts entre les grandes puissances. Mais la coréanité traduit un attachement à la souveraineté nationale et un refus de l'uniformité qui est un facteur puissant d'essor et de développement pour le peuple coréen, que l'on retrouve tant dans l'unité monolithique du Nord, vilipendée par occidentalo-centrisme, que dans les luttes sociales et politiques des militants progressistes au Sud.

Colloque sur la Corée : un parfum de luttes pour gagner les batailles de la démocratie et de la paix

Récemment interdit d'entrée en Corée du Sud, Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, a mis en exergue l'orchestration de la répression par les forces gouvernementales sud-coréennes, lesquelles suivent la "partition" d'une législation répressive anti-démocratique, la loi de sécurité nationale, adoptée en 1948 au lendemain du soulèvement dans l'île de Jeju, orchestrée par un appareil répressif surdimensionné, instrumentalisé à des fins politiques par les conservateurs qui ont dominé la scène politique sud-coréenne pendant six des sept décennies de l'après-1945 : l'actuelle agence nationale de renseignement (National Intelligence Service, NIS), est l'héritière d'une agence impliquée dans les enlèvements de citoyens sud-coréens à l'étranger, la torture et les meurtres d'opposants, tout au long d'une répression politique qui a conduit à l'élimination de milliers de militants, progressistes ou libéraux, pour la seule année 1980. Son programme d'action est inspiré de ses devanciers américains, le FBI et la CIA de la Guerre froide : propagande, contre-espionnage, rumeurs et désinformations, assassinats de dirigeants. Les opposants sud-coréens à l'étranger, comme les militants étrangers pour la réunification et la démocratie sociale et politique, sont, aujourd'hui comme hier, ses cibles privilégiées. La constitution à Paris du Comité d'initiative contre la répression politique en Corée du Sud a été la réponse nécessaire au danger accru que fait peser l'actuel gouvernement sud-coréen sur la démocratie et les libertés, sur le sol de la péninsule coréenne et dans le monde, et qui exige l'alliance la plus large de tous ceux qui refusent l'ingérence étrangère. 

Intervenant au nom de l'Alliance coréenne, Stephen Cho a souligné que l'interdiction soudaine du Parti progressiste unifiée ne correspondait à aucun changement de ligne politique dans la gauche sud-coréenne, constituée en parti depuis 2000 (le Parti démocratique du travail, très lié au syndicat indépendant KCTU), et qui avait toujours respecté les limites imposées à la liberté d'expression par la loi de sécurité nationale. La chute de popularité de la présidente sud-coréenne, confrontée à une colère grandissante après la gestion désastreuse du naufrage du ferry Sewol le 16 avril 2014, et les scandales dans son entourage immédiat ont requis de détourner l'attention de l'opinion publique en ciblant l'opposition radicale. La décision d'interdiction du Parti progressiste unifié n'a reposé ni sur des bases juridiques solides, ni sur des faits matériels avérés, en l'absence de preuves quant à la prétendue existence de l'organisation révolutionnaire qu'aurait constituée un des députés du parti, déchu de son mandat et condamné pour complot contre l'Etat, Lee Seok-ki. Elle a révélé l'absence d'indépendance du pouvoir judiciaire et de l'exécutif, et a été le point d'orgue d'une répression commencée à Séoul dès l'accession au pouvoir du conservateur Lee Myung-bak, avec des condamnations de journalistes, un recours accru à la loi de sécurité nationale et l'interdiction de syndicats. La grève que lancera la KCTU, et les manifestations prévues prochainement un an après le naufrage du Sewol, témoignent néanmoins de la résistance du peuple sud-coréen face à l'arbitraire.

Tout au long d'un débat très riche, des discussions ayant ponctué les interventions des conférenciers, les participants ont souligné la nécessité de faire converger les luttes sociales et politiques, en Corée, en France et dans le monde. Ils ont aussi exprimé leur intention de peser sur les institutions nationales françaises, pour que ne soit plus ignorée l'inquiétante dérive autoritaire de la Corée du Sud, au moment où le Président François Hollande a annoncé son prochain déplacement à Séoul. Les années croisées France-Corée (septembre 2015 - décembre 2016), en mettant en lumière les relations franco-coréennes, constitueront une occasion privilégiée de mettre en exergue la dérive autoritaire à Séoul, de même que l'approche des Jeux olympiques de Séoul en 1988 avait conduit les autorités sud-coréennes à lâcher du lest alors que leurs violations des droits de l'homme avaient été ainsi mises sous les feux de la rampe.

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