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5 juin 2018 2 05 /06 /juin /2018 19:16

Dans un contexte de revirements de l'administration américaine sur la tenue ou non sur le sommet du 12 juin 2018 à Singapour entre Donald Trump et Kim Jong-un - qui sera une première entre un président américain en exercice et le dirigeant suprême nord-coréen - Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), est intervenu à ce titre dans plusieurs médias : RT France le 31 mai 2018 puis France 24 (canal francophone et canal anglophone) le 1er juin 2018. Nous rendons compte ci-après de ses interventions sur RT France et sur le canal francophone de France 24. 

La Corée du Nord au centre de tractations diplomatiques. RT France invite le président de l'AAFC dans son journal télévisé du jeudi 31 mai 2018 à 19h. 

Stéphanie de Muru, (SdM) journaliste à RT France après avoir travaillé sur FR3, I-Télé et BFM TV, a posé trois questions à Benoît Quennedey (BQ).

SdM : Ce sommet a été annoncé puis annulé et enfin réannoncé à moitié. Aura-t-il lieu ?

BQ : Je suis un sempiternel optimiste et je pense qu’il aura lieu. Dans cette séquence il y a un temps record pour régler un certain nombre de questions. Des deux côtés on n’entend pas arriver à un accord défavorable. L’agacement nord-coréen suivi de l’épisode de l’annulation du sommet par les Américains a permis le retour dans le jeu de la Corée du Sud avec le deuxième sommet intercoréen tenu à la demande des Nord-Coréens. D’ailleurs le président sud-coréen Moon Jae-in n’a pas exclu un sommet tripartite si l’on devait, en particulier, discuter d’un traité de paix.

SdM : Qu’est ce qui peut sortir de ce sommet qui a un peu mal commencé ?

BQ : On peut arriver soit à un accord global prévoyant la dénucléarisation de la Corée et en contrepartie des garanties de sécurité pour la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) avec différentes étapes de mise en oeuvre, soit rester dans un cadre plus général avec tout un nuancier possible d'accords. Nous assistons actuellement à une multiplication des rencontres diplomatiques marquée dernièrement par la rencontre du ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov et du Président Kim Jong-un. La dénucléarisation de la RPDC que demande Washington doit être complète, vérifiable et irréversible mais les garanties de sécurité qu'apportera Washington doivent elles aussi être complètes, vérifiables et irréversibles - vérifiables par des parties tiers comme la Chine et la Russie. Sergueï Lavrov a mentionné également à Pyongyang la levée des sanctions au cours de ce processus, et pas in fine  comme le veulent certains faucons américains. L'accord sera global ou pas : il s’agit d’assurer non seulement la dénucléarisation mais aussi la paix dans cette région du monde.

SdM : Cette rencontre de Kim Jong-un et de Lavrov est aussi un évènement historique. En quoi peut-elle peser sur ce sommet ?

BQ : Lors des discussions des sanctions au Conseil de sécurité de l’ONU on a pu voir que progressivement la Russie a fait davantage valoir son point de vue. La Russie faisait partie des pourparlers à six. La Russie en dehors de son intérêt politique ne peut pas laisser passer l’occasion d’accords économiques dans les domaines des réseaux gaziers et ferroviaires. La Russie a d'ailleurs été l’une des principales victimes des sanctions sud-coréennes avec la suspension des projets de rétablissement des liaisons ferroviaires intercoréennes en mars 2016.

 

Message de Kim Jong-un à Donald Trump. Le vendredi 1er juin 2018, la chaîne de télévision France 24 (en français) dans son journal de 23h apporte un éclairage sur l'actualité en invitant Benoît Quennedey, président de l'AAFC

Sommet Kim Jong-un - Donald Trump : l'AAFC sur RT France et France 24

Après avoir montré les images de Donald Trump qui, après sa rencontre avec Kim Yong-chol, annonce que le sommet est en bonne voie, la première question a porté sur le sommet à venir entre Washington et Pyongyang.

France 24 : Le sommet est un début. Comment avez-vous réagi à l’annonce de Donald Trump ?

BQ : C’est un grand soulagement, car après des semaines de confrontation le sommet était réellement en danger. L’élément très important est le rôle de la Corée du Sud. Elle a fait tout ce qui était possible pour que ce sommet ait lieu. Kim Yong-chol reçu au Bureau Ovale, c’est déjà tout un symbole. Rappelons qu’il est personnellement sous le coup de sanctions américaines. Il y a 18 ans le processus engagé par l’administration Clinton n’avait pas été mené jusqu’au bout par souci, à la demande des républicains, de ne pas lier les mains de son successeur, à la veille d'une élection présidentielle. Les Nord-Coréens ont su se positionner par rapport à la politique extérieure atypique de Donald Trump et ont compris qu’il y avait une opportunité. Nous avons donc une configuration extrêmement favorable, mais comme l’a dit Donald Trump lui-même, « c’est le début d’un long processus ».

France 24 : Quel est l’intérêt des Coréens du Nord à cette rencontre ? La lettre de Donald Trump à Kim Jong-un était assez dure.

BQ : Le président américain nous avait habitué à un style encore moins diplomatique... Sinon, on ne connaît pas le contenu de la lettre de Kim Jong-un à Donald Trump. Ce qui apparaît actuellement en Corée du Nord est un regard différent par rapport aux étrangers, une réelle volonté d’ouverture, avec un intérêt pour les modèles chinois et plus encore vietnamien. Il y a une réelle volonté de développer le pays. Si des garanties de sécurité sont obtenues dans le cadre d’un processus de sécurité collective dont les contours restent à définir, et où la Chine et la Russie auront leur place, si les sanctions sont levées, alors Pyongyang n'aura aucune raison de refuser un processus qui garantirait son développement économique. Pour les Nord-Coréens cela vaut le coup d’essayer.

France 24 : Votre association est parfois jugée un peu trop complaisante à l’égard de la Corée du Nord. Est-ce que pour vous c’est une démocratie ? Est-ce qu’il faut négocier avec elle ?

BQ : C’est un régime né d’une guérilla militaire, avec une grande concentration des pouvoirs qui rappelle celui de la Chine. Il faut aussi tenir compte de l’influence du confucianisme. Le régime politique n’a rien à voir avec une démocratie de type occidental au sens où nous l’entendons ici.

La diplomatie relève d'un autre domaine, l'intérêt des Etats et le réalisme. Quand la France négocie avec l’Arabie Saoudite qui a des principes très éloignés des nôtres on ne pose pas cette question…

La paix en Corée est possible car les deux parties ont des intérêts qui convergent. Kim Jong-un représente une nouvelle génération et la Corée du Nord n’est pas un pays statique.

Les choses évoluent, et si le processus en cours aboutit peut-être verra-t-on un jour à Pyongyang, après des décennies de confrontation, les enfants d'expatriés américains jouer avec les enfants nord-coréens.

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31 mai 2018 4 31 /05 /mai /2018 07:39

Le 22 mai 2018, la chaîne RT France a consacré son magazine L'échiquier mondial à la question de la paix et de la dénucléarisation dans la péninsule coréenne. En fin d'émission, Oleg Shommer (OS) a interrogé Benoît Quennedey (BQ), président de l'AAFC, déjà intervenu à plusieurs reprises sur la chaîne. Nous reproduisons ci-après leur échange.

L’animateur, après avoir présenté la succession rapide des évènements, rencontres et déclarations, demande à son invité si le leader Kim Jong-un est sincère dans son intention de renoncer à son programme nucléaire ou s’il s’agit d’une manoeuvre politique.

BQ - Si demain la Corée du Nord obtient des garanties des Etats-Unis dans le domaine économique, notamment la levée des sanctions, si elle obtient également des garanties dans le domaine de la sécurité, alors oui les conditions sont réunies pour avoir un accord qui fasse avancer la cause de la paix dans la péninsule coréenne.

OS - Au vu des dernières manœuvres militaires les Nord-Coréens peuvent-ils avoir confiance dans la bonne volonté Américaine affichée dans l’agenda?

BQ - La Corée du Nord veut tester la bonne volonté américaine ce qui n’est pas anodin quand on voit que l’accord sur l’Iran a été rayé d’un coup de crayon par les Etats-Unis. Elle attend des gestes concrets en contrepartie de ses efforts, dans le cadre d’un accord diplomatique reposant sur le principe action pour action, chaque partie avançant simultanément

OS- La rencontre entre les deux leaders coréens marque-t-elle le début d’un processus de réunification ?

BQ - La réunification est le serpent de mer des relations intercoréennes depuis la division en 1945. Aujourd’hui il faut recréer les conditions d’un dialogue, combler le fossé économique et culturel entres les deux Corées. Quand Donald Trump parle du possible avenir brillant de la Corée du Nord, il met l’accent sur un écart devenu très important. N’oublions pas que jusque dans les années 1970, la Corée du Nord était plus développée que la Corée du Sud. Déjà, revenir à la politique de dialogue qui a été suivie par le Sud jusqu’en 2008 représente un espoir. Ensuite, créer un processus de réunification est ce que souhaite tout le peuple coréen. Ce sera un processus long dont les modalités seront à définir par les Coréens eux-mêmes. Il est trop tôt pour dire s’il s’agira d’un modèle confédéral ou d’une solution comme entre la Chine et Hong-Kong « un pays deux systèmes  ». En tout cas le rapprochement intercoréen est à nouveau sur les rails.

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21 mai 2018 1 21 /05 /mai /2018 14:18

Les 18, 19 et 20 mai derniers, la fédération du Pas-de-Calais du Parti communiste français (PCF) a organisé l'édition 2018 du Festival de l'Humain d'abord à Avion. Le 20 mai après-midi, un débat sur la Corée a été organisé sous le grand chapiteau, animé par Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), Daniel Rougerie, président du comité Hauts-de-France de l'AAFC, et Aymeric Monville, membre du Comité international pour les libertés démocratiques (CILD) en Corée du Sud, qui revenait de Séoul et a ainsi pu témoigner des évolutions récentes dans la péninsule, quelques semaines après le troisième sommet intercoréen du 27 avril 2018 et avant la rencontre attendue entre les Présidents Kim Jong-un et Donald Trump à Singapour le 12 juin 2018. Pour la bonne organisation de ces échanges, l'AAFC remercie les organisateurs du festival, la section PCF d'Arras, qui avait proposé la tenue de ce débat, ainsi que Marianne Dunlop, membre de l'AAFC dans le Pas-de-Calais, présidente de son comité Espéranto, en contact avec les militants communistes de l'Arrageois.

De gauche à droite : Aymeric Monville et Benoît Quennedey

De gauche à droite : Aymeric Monville et Benoît Quennedey

A titre liminaire, Benoît Quennedey a rappelé la création de l'AAFC, fondée en 1969, et ses objectifs : encourager la réunification pacifique et indépendante de la Corée par les Coréens eux-mêmes, favoriser les échanges entre la France et l'ensemble de la Corée (en prenant comme exemples récents des coopérations dans le domaine du handicap, la mise en contact d'universitaires ou encore les actions de solidarité, en particulier avec la fédération du Nord du Secours populaire français), faire pièce à une information sur la Corée du Nord trop souvent erronée et/ou donnée en termes systématiquement négatifs, en réunissant dès l'origine des militants venus de divers horizons politiques.

Aymeric Monville a fait état de la situation en Corée du Sud, longtemps dirigée par une junte militaire, et où la mobilisation populaire dans le cadre de la révolution des bougies a chassé du pouvoir, durant l'automne et l'hiver 2016-2017, la très autoritaire présidente Park Geun-hye. Pour autant, des droits politiques et syndicaux restent à conquérir : il y a une interdiction de facto de se syndiquer dans les entreprises et les sous-traitants du conglomérat Samsung, qui représente plus d'un cinquième de l'économie sud-coréenne ; la loi de sécurité nationale interdit non seulement l'expression d'opinions jugées communistes ou pro-Corée du Nord, mais est utilisée pour réprimer les mouvements d'opposition ; l'homologue sud-coréen de Philippe Martinez, le dirigeant de la KCTU Han Sang-gyun, a écopé d'une peine de trois ans de prison, avant d'être libéré en ce mois de mai 2018 sous l'effet, notamment, de la mobilisation internationale - y compris à l'initiative du CILD.

Le nouveau cours diplomatique dans la péninsule coréenne est le fruit de la volonté partagée des Coréens d'oeuvrer pour la réunification de leur pays, divisé après la Seconde guerre mondiale par le jeu des grandes puissances (Etats-Unis en tête) et détruit par les bombes américaines pendant la guerre de Corée (1950-1953), laquelle a causé quelque 3 millions de morts. Le retour au dialogue a aussi été rendu possible par la volonté des autorités nord-coréennes de discuter d'égal à égal avec les Américains, dès lors qu'elles disposent de la dissuasion nucléaire qui a créé une forme de parité stratégique, mais à condition d'avoir des garanties de sécurité et que les sanctions internationales soient levées au fur et à mesure de la dénucléarisation de la Corée du Nord - et non à l'issue d'un processus qui donnera probablement lieu à des discussions longues et difficiles. A cet égard, l'administration américaine ne forme pas un bloc homogène, et des faucons - comme John Bolton - parient sur l'échec des négociations.

Les discussions qui ont suivi ont porté notamment sur le rôle de la Chine, le refus de la France d'établir des relations diplomatiques complètes avec la RPD de Corée, ou encore le caractère du socialisme coréen, qui s'inscrit dans le cadre des luttes de libération nationale.

La Corée en débat au Festival de l'Humain d'abord à Avion
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16 mai 2018 3 16 /05 /mai /2018 19:04

L'Association nationale des communistes (ANC) a été constituée pour regrouper des militants communistes au-delà de leurs engagements partisans respectifs et sans se substituer aux organisations existantes. Le 15 mai 2018, le cercle Manouchian de Paris de l'ANC s'est réuni pour un débat au bistro La Maison, 65 boulevard de la Villette (Paris 10e) sur le thème "La CGT, le syndicalisme et la politique". L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) ayant été invitée, elle a été représentée par son président, Benoît Quennedey, qui a présenté l'AAFC ainsi que les enjeux politiques dans la péninsule coréenne.

Rencontre entre l'AAFC et l'Association nationale des communistes (ANC)

Le très riche débat consacré au rôle des militants communistes dans les luttes politiques et syndicales s'est conclu par un rappel de l'importance de la solidarité internationale dans le mouvement ouvrier, en évoquant la situation palestinienne. Ce thème a permis de faire la transition avec la question coréenne : fondée en 1969 pour favoriser la paix et la réunification dans la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne s'intéresse également de longue date aux combats pour les droits politiques et syndicaux dans le sud de la péninsule.

Les nombreuses questions posées par les participants ont témoigné de la volonté de mieux comprendre les enjeux de la Corée, au-delà des clichés entretenus par les médias : comme l'a observé Francis Arzalier, le spectaculaire rapprochement intercoréen est aussi le fruit d'une situation politique marquée par l'alternance en Corée du Sud après la destitution de la présidente Park Geun-hye, et de l'aspiration de tous les Coréens à la réunification de leur pays.

Ayant lui-même visité la Corée du Sud, et en lien avec les militants politiques et syndicaux sud-coréens en France (rencontrés à l'occasion d'une manifestation à Paris, en décembre 2016, de membres du syndicat - interdit - de Samsung), Charles Hoareau, principal intervenant dans les débats, qui avait été invité par le cercle Manouchian de l'ANC, a mis en exergue le courage des militants coréens dans leur combat pour les libertés démocratiques, qui n'a pas pris fin avec la destitution de l'ancienne présidente Park Geun-hye.

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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 21:25

Le 1er mai 2018, M. Ho Jong-man, président de l'Association générale des résidents coréens au Japon (Chongryon) nous a écrit, en amont de la 24e assemblée générale de la Chongryon, qui s'ouvrira le 24 mai 2018. En réponse, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), a écrit au Président Ho Jong-man, en soulignant à cette occasion la solidarité de l'AAFC avec les luttes de la Chongryon pour les droits des résidents coréens au Japon, et contre les discriminations dont ils sont victimes. Nous reproduisons ce courrier ci-après (rédigé en anglais), ainsi que sa traduction en français. 

L'AAFC écrit à la Chongryon

Paris, le 12 mai 2018


Monsieur le Président,


En mon nom propre et en celui de l'Association d'amitié franco-coréenne, je vous exprime mes plus vives félicitations à l'occasion de la 24e assemblée générale de l'Association générale des résidents coréens au Japon (Chongryon). Nous sommes certains que votre assemblée sera couronnée de succès.

La Chongryon a joué un rôle moteur dans la promotion de la langue et de la culture coréennes au Japon, ainsi que dans le soutien à la réunification de la patrie coréenne. Comme vous, nous avons salué les pas de géant accomplis tant par le Président Kim Jong Un que par le Président Moon Jae In lors de leur récente rencontre à Panmunjom, le 27 avril. Fondée en 1969, l'Association d'amitié franco-coréenne soutient pleinement ces objectifs et poursuivra son combat pour la paix et la réunification, vers la dénucléarisation de toute la péninsule coréenne. Les réunions de familles séparées prévues le 15 août seront la pierre angulaire pour le renouveau des relations Nord-Sud.

Pour nous, construire la paix doit aussi être corrélé à la fin des sanctions économiques, qui ont un impact très négatif sur la situation économique du peuple coréen en République populaire démocratique de Corée.

Parmi nos objectifs figure la défense des droits des citoyens coréens en dehors de la péninsule. En particulier, nous sommes extrêmement inquiets de la poursuite des discriminations contre la communauté coréenne au Japon, comme l'a montré la récente attaque en février du siège de votre organisation par deux individus de droite qui étaient armés. En outre, la récente décision des autorités de la préfecture de Gunma, au Japon, de suspendre le versement des subventions aux écoles coréennes constitue une autre atteinte aux droits fondamentaux des Coréens vivant au Japon. Les autorités japonaises envisagent aujourd'hui un sommet avec le Président Kim Jong Un : la question des droits des citoyens coréens au Japon doit figurer à l'ordre du jour.

Sur ces sujets et d'autres questions d'intérêt mutuel, nous serions ravis d'avoir un large échange de vues, y compris par des visites de délégation dans chacun de nos deux pays.

Avec tous nos voeux à l'Association générale des résidents coréens au Japon,

Benoît Quennedey
Président de l'Association d'amitié franco-coréenne

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30 avril 2018 1 30 /04 /avril /2018 21:20

Sommet historique intercoréen du 27 avril 2018, démantèlement annoncé du site d’essais nucléaires nord-coréen dès le mois de mai, avant le sommet entre les présidents Kim Jong-un et Donald Trump (que ce dernier envisage désormais dans un délai de 3 à 4 semaines)... CNews en parlait le 29 avril 2018, à partir de 21h15, lors d'un débat avec Benoît Quennedey, président de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC), dans l’émission de Harold Hyman « L’Actu à la carte ». Quelques jours plus tôt, le président de l'AAFC avait par ailleurs répondu aux questions de Claire Tervé pour le Huffington Post sur ce qu'un traité de paix changerait dans la péninsule coréenne.

Comprendre le sommet intercoréen : retour sur l'émission « L'Actu à la carte » sur CNews du 29 avril 2018

Sur le plateau pour parler de l’actualité concernant la Corée, après un sujet sur la situation en Arménie, se trouvait également Kim Souya, artiste plasticienne vivant à Paris, et active dans la communauté sud-coréenne en France.

Pendant dix minutes Harold Hyman a donné la parole aux deux intervenants en commençant par l’émotion soulevée par la rencontre entre Moon-Jae-in et Kim Jong-un.

D’abord Kim Souya a déclaré avoir passé une nuit blanche, compte tenu du décalage horaire, pour regarder en direct cette rencontre, et en a été émue au point d’en pleurer et a assuré « ne pas être la seule ». C’est la première fois qu’elle entendait la voix du leader du Nord qu’elle a décrite « avec un petit accent charmant ».

Ensuite Benoît Quennedey a donné son sentiment sur « l’emballement des évènements ». Il a fait le parallèle avec l’année 2017 et le contraste avec la situation d’aujourd’hui, en mettant l’accent sur la prise en mains par les deux parties coréennes de leur destin commun et sur l’importance de la déclaration commune qui va bien au-delà des rencontres au sommet de 2000 et 2007 en abordant à présent la question de la paix. « Cette fois-ci il semble que ce soit la bonne » et « on est peut-être sur une nouvelle ère ».

Harold Hyman a repris l’historique de la question nucléaire dans la péninsule en présentant une illustration récapitulative et a demandé en quoi cette fois-ci cela déboucherait positivement.

Benoît Quennedey a expliqué que la Corée du Nord maintenant possède un armement qui lui permet de discuter sur un pied d’égalité avec les Etats-Unis évoquant la « sérénité des Nord-Coréens » qui veulent désormais passer à un stade de prospérité et de développement économique.

L’animateur s’adressant à Kim Souya lui a demandé si en tant que Sud-Coréenne elle était prête à payer plus d’impôts pour aider ses frères du Nord a obtenu une réponse immédiate « Bien sûr et ce n’est pas seulement moi », puis ajoutant que « ce n’est pas vrai » qu’au Sud on se désintéresse de la situation au Nord. Une séquence d’émotion qui a poussé l’expert de l’Arménie encore présent sur le plateau à s’exprimer « il y a une fierté coréenne qui aujourd’hui est amenée à s’exprimer de manière très forte ».

Kim Souya a repoussé les craintes concernant l’avenir de « la démocratie sud-coréenne » et « l’arrivée d’idées néfastes en provenance du Nord ».

Enfin les deux intervenants ont insisté sur le sentiment d’unité entre les deux parties divisées de la Corée et sur la marche vers la paix et la dénucléarisation.

Conclusion de Harold Hyman « la sincérité sera le mot-clé de l’avenir ».

On peut remarquer que cette émission, pas seulement par ses intervenants, mais aussi par l’attitude presque bienveillante de son animateur témoigne d’un nouveau souffle dans la présentation médiatique en France de la situation dans et autour de la péninsule coréenne.

 

Revoir l'émission « L’Actu à la carte » du 29 avril 2018 (le sujet coréen est évoqué à partir de 11'07") : 

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29 avril 2018 7 29 /04 /avril /2018 21:28

Le troisième sommet intercoréen, qui s'est tenu pour la première fois au sud de la péninsule coréenne, le 27 avril 2018, a conduit à l'adoption d'un communiqué conjoint qui a évoqué non seulement le développement des relations Nord-Sud, mais dressé aussi la perspective de la paix et l'objectif d'une dénucléarisation de la Corée. Le bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), qui a plaidé inlassablement pour un traité de paix, même lorsque la montée des tensions pouvait sembler nous désavouer, a maintenu le cap et tient aujourd'hui à saluer une rencontre historique, en publiant le communiqué que nous reproduisons ci-après. 

Bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne

Paris, le 28 avril 2018

 

La déclaration de Panmunjom a ouvert une ère nouvelle pour la paix et la réunification en Corée

 

Le 27 avril 2018 à Panmunjom, dans la zone démilitarisée séparant la péninsule coréenne en deux, s'est tenue une rencontre riche en émotions et en symboles entre Kim Jong-un, Président de la Commission des Affaires d'État de la République populaire démocratique de Corée, et Moon Jae-in, Président de la République de Corée.

À l'issue de ce sommet inter-coréen, les deux dirigeants ont adopté une déclaration conjointe.

En soulignant qu'il n'y aurait plus jamais de guerre dans la péninsule coréenne et qu'une ère nouvelle de paix avait débuté, ils ont signifié la volonté des Coréens de tourner la page d'un conflit fratricide et de reprendre en main leur destin en exerçant eux-mêmes leur souveraineté, dans le respect des principes du droit international proclamé par la Charte des Nations unies : l'escalade des tensions et des confrontations doit désormais cesser et les sanctions internationales être levées, conformément et concomitamment à la mise en œuvre de l'engagement d'une dénucléarisation de toute la péninsule coréenne.

La déclaration de Panmunjom détaille les moyens de préserver la paix et d'empêcher la survenue des incidents de frontière meurtriers qui ont trop souvent endeuillé la péninsule coréenne : diminution annoncée des armements, transformation de la zone démilitarisée en zone de paix, échanges militaires réguliers, cessation de l'envoi de messages de propagande hostile.

Les Présidents Kim Jong-un et Moon Jae-in ont également relancé les échanges Nord-Sud : reprise des projets de rétablissement des liaisons ferroviaires et terrestres, nouvelles réunions de familles séparées, organisation d'événements conjoints... La voie est donc ouverte pour une institutionnalisation des échanges et des rencontres régulières, avec l'invitation faite au Président Moon Jae-in de visiter le Nord dès cet automne.

L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) salue une déclaration historique, fruit des efforts de tout le peuple coréen, qui jette les bases pour établir une paix durable, promouvoir les échanges et favoriser la réunification entre les deux parties divisées de la péninsule coréenne.

L'AAFC appelle désormais l'ensemble des acteurs de la communauté internationale à favoriser effectivement la mise en place d'un système de sécurité collective, corollaire indispensable à une prévention efficace des conflits, au désarmement et à la démilitarisation.

Militant depuis sa fondation, en 1969, pour la paix et la réunification de la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne a toujours refusé la voie de l'escalade militaire et de l'isolement de la République populaire démocratique de Corée sur la scène internationale. Confortée dans ses choix pour la paix et la réunification de la Corée, elle ne militera que plus activement encore, en réitérant son appel aux autorités françaises pour qu'elles établissent des relations diplomatiques complètes avec la République populaire démocratique de Corée, mais aussi pour qu'elles jouent un rôle positif afin d'appuyer le processus en cours.

 

Contact : M. Benoît Quennedey, président de l'AAFC, 06 87 24 93 00

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22 avril 2018 7 22 /04 /avril /2018 21:52

Après l'annonce par Pyongyang de la suspension de ses essais nucléaires et de missiles balistiques intercontinentaux, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), a donné son point de vue sur la chaîne RT France, le samedi 21 avril 2018, au journal télévisé de 12h, en répondant aux questions de la présentatrice pendant plus de six minutes. 

La fin des essais nucléaires et des tirs de missiles, concrètement cela veut dire quoi ?

Concrètement cet arrêt intervient à une semaine de la rencontre prévue entre les deux dirigeants du Sud et du Nord. Il est probable que Mike Pompeo, ancien directeur de la CIA et actuel secrétaire d'Etat, lors de son récent voyage à Pyongyang, a demandé un geste de bonne volonté explicite, et cette demande a donc été exaucée. Du côté de la RPDC il s’agit d’une décision approuvée par le Comité central du Parti, dans le cadre d'un processus collectif. Ce geste montre que la préparation de la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un avance bien.

Il ne s’agit pas d’un bluff ?

Non, les Nord-Coréens depuis leurs décisions de janvier sont dans une séquence diplomatique. Il ne s’agit certes que de la suspension de leur programme, une suspension mais pas forcément un arrêt définitif. C’est cependant un premier geste qui s’inscrit dans une séquence diplomatique qui est le fait des deux parties de la Corée, comme on l’a vu au moment des Jeux olympiques, avec ces images des athlètes défilant ensemble, et qui reprend en main son destin. Sur une question aussi sensible pour la Corée du Nord, qui considère l’arme nucléaire comme son assurance vie, il y a une volonté d’aller de l’avant.

On parlait jusqu’à présent d’apaisement mais est-ce qu’on se dirige vers une vraie réconciliation ?

Le président Moon-Jae-in en a parlé lors d'une conférence de presse il y a deux jours, donc peu avant la rencontre avec Kim Jong-un. Chaque partie doit faire des efforts et pour le moment c’est le Nord qui en fait. On doit donc espérer des gestes de l’autre partie dans la levée des sanctions et l’établissement de relations diplomatiques avec Washington.

Washington, Séoul, l’Union européenne ont réagi à cette annonce du Nord, mais quelles sont les conséquences pour la péninsule coréenne ?

Le plus important est de revenir à la paix et de permettre la prospérité. La Corée du Nord est soumise à un régime de sanctions draconien sans équivalent au monde. L’UNICEF a déclaré en janvier que 60 000 enfants allaient mourir si les sanctions n’étaient pas levées. Lors de la récente réunion du Comité central du Parti, Kim Jong-un a ainsi mis l’accent sur l’économie.

La Corée du Nord veut donc sortir de son isolement et revenir sur la scène internationale ?

C’est clair et cette volonté s’est déjà manifestée avec la rencontre du leader coréen avec Xi Jinping. Le Nord considère que, ayant atteint ses objectifs de défense qui lui permettent de discuter d’égal à égal avec les Etats-Unis, il n’y a pas de raison de conserver un armement nucléaire si sa sécurité est assurée. Mais la dénucléarisation est un processus long qui nécessitera des étapes, la suspension en étant une. Il y a la question des garanties de sécurité, d’où l’idée d’un traité de paix qui remplacerait enfin l’accord d’armistice de 1953. Enfin, pour la première fois va se dérouler un sommet intercoréen qui va précéder un sommet Etats-Unis et Corée du Nord. Ainsi, les diplomaties sont coordonnées, ce qui n’était pas le cas dans les années 2000 où la diplomatie du Sud ne coïncidait pas toujours avec la diplomatie américaine. On peut espérer un régime de paix permanent et de prospérité.

Vous avez quand même le Japon qui émet beaucoup de réserves. Pourquoi cette méfiance ?

Il y a un très vieil antagonisme entre le Japon et la Corée qui remonte à la colonisation japonaise de 1910 à 1945 et l’enrôlement des Coréens de force dans l’armée impériale japonaise et les Coréennes devenues des esclaves sexuelles. Dans ce contexte le Japon a toujours joué le rôle de « Monsieur plus ». Le Japon ne veut pas être l’oublié et l’abandonné de ces négociations, d'autant qu'il sait qu’en cas de conflit, après les Etats-Unis, la cible nord-coréenne serait le Japon. Ce n’est donc pas très surprenant que le Japon soit dans une situation de surenchère. On verra par la suite si le Japon propose aussi un sommet avec le dirigeant nord-coréen, ce qui a déjà eu lieu avec Junichiro Koizumi dans les années 2000.

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18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 21:19

Le 15 avril 2018, pratiquement 4 ans jour pour jour après le dramatique naufrage du ferry Sewol le 16 avril 2014 qui a coûté la vie à plus de 300 des 476 passagers (majoritairement des lycéens en voyage scolaire), les Coréens de France réunis dans le collectif 416 Global network_Paris (en français : collectif global de Paris pour le 16 avril), et soutenus par les bouddhistes coréens de Paris ou encore le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud, ont réussi une manifestation émouvante place de la République, à Paris, où les témoignages et les prises de parole ont alterné avec des morceaux musicaux et des poèmes. Leurs mots d'ordre ? Ne pas oublier, en exigeant toute la vérité sur les causes du naufrage et le désastre des opérations de sauvetage. Commémorer, en honorant la mémoire des victimes. Parler et agir, pour créer une société qui se soucie du bien-être de ses membres et ne sacrifie pas la sécurité au profit, pour que de tels drames ne se reproduisent plus. 

Naufrage du Sewol : le 15 avril 2018, les manifestants à Paris ont dénoncé "un crime d'Etat"

"Lutter contre le temps, lutter contre les tentatives du gouvernement pour cacher la vérité, contre des médias sous influence du gouvernement" : comme l'ont proclamé les tracts multilingues qui étaient diffusés, la colère le disputait à l'émotion - mais celle-ci restait intacte, quatre ans après le drame, témoignant que l'immense élan de solidarité qui avait emporté le peuple coréen reste encore présent dans les esprits et les coeurs. 

L'exigence de vérité est aujourd'hui fondamentale, alors que les commissions spéciales qui se sont mises en place depuis 2015 n'ont ni permis de changer fondamentalement la législation et la réglementation, ni conduit à faire éclater la vérité - toute la vérité. Quels intérêts liaient les conservateurs alors au pouvoir et le propriétaire réel du navire, Yoo Byung-eun, artiste douteux et escroc notoire, devenu le trop facile bouc émissaire du désastre ? Cette question fondamentale doit permettre de comprendre comment le naufrage a été aussi mal géré... Des enfants, répondant aux ordres d'attendre les secours, ont en réalité attendu la mort dans le navire, laissant avec leurs téléphones de derniers messages d'adieux déchirants à leurs familles, à leurs amis, à leurs proches.

Président de l'Association d'amitié franco-coréenne, qui avait envoyé un message de condoléances après la catastrophe, Benoît Quennedey a souligné la nécessité de la solidarité internationale, alors que cette tragédie a révélé les défaillances d'une société où des vies ont été sacrifiées sur l'autel du profit, ainsi que les lacunes de la démocratie sud-coréenne : limites du travail d'enquête parlementaire, inaction des moyens de secours dont disposaient les forces militaires, opacité sur les liens entre Yoo Byung-eun et le monde du renseignement, manipulation de l'information par les autorités faisant croire que tout était mis en oeuvre pour sauver des vies et répression des militants pour la vérité...

Le combat et la solidarité doivent se poursuivre, jusqu'à la victoire !

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10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 22:21

Le 10 avril 2018, le site en ligne du mensuel L'Incorrect a publié un entretien avec Benoît Quennedey : président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), auteur de La Corée du Nord, cette inconnue (Delga, 2018), il a répondu aux questions de Jérôme Besnard, dans un article intitulé "Le mystère de la Corée du Nord", que nous reproduisons ci-après - et qui revient sur des questions récurrentes, notamment en qui concerne l'idéologie directrice de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ou les évolutions diplomatiques récentes.

L'AAFC dans "L'Incorrect", pour lever le voile de mystère sur la Corée du Nord

Comment jugez-vous l’évolution de la situation géopolitique dans la péninsule coréenne ces dernières semaines et ces derniers mois ?

Le 7 septembre 2017, dans l’émission « On n’est pas forcément d’accord » sur RTL, Eric Zemmour disait que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un avait fait la meilleure analyse de la situation internationale depuis 10 ans : l’acquisition d’une force de dissuasion nucléaire lui a permis de ne pas connaître le sort des dirigeants irakien Saddam Hussein et libyen Mouammar Kadhafi. On ne négocie pas avec les Etats-Unis un désarmement unilatéral et inconditionnel : on ne vient à la table des négociations qu’en position de force, ce qui est le cas à présent pour Pyongyang. La question n’est donc pas tant de savoir pourquoi la Corée du Nord a proposé une rencontre au sommet à Donald Trump, après la rencontre qui a eu lieu avec le dirigeant chinois Xi Jinping et celle prévue avec le Sud-Coréen Moon Jae-in le 27 avril – puisque la Corée du Nord a tout à gagner d’un dialogue avec les Etats-Unis : garanties de sécurité, contreparties économiques, levée des sanctions, reconnaissance diplomatique… – mais pourquoi le Président Donald Trump a dit « oui ». Il y a deux raisons fondamentales : le constat que la politique des administrations démocrates, dite de « patience stratégique », n’avait en aucun cas empêché la Corée du Nord de se doter d’une force de dissuasion nucléaire, et qu’il était donc temps de changer de logiciel d’analyse ; la réalité stratégique, à savoir que les villes américaines sont désormais à portée des têtes nucléaires nord-coréennes, comme l’a observé le nouveau conseiller à la stratégie du Président, John Bolton, sur Fox News. Et c’est un expert qui parle : John Bolton a justifié, et justifie, encore la guerre en Irak en 2003.

D’autres facteurs jouent bien évidemment un rôle, comme l’impact des sanctions internationales sur l’économie nord-coréenne – alors que le président nord-coréen a fait de l’élévation du niveau de vie de la population une priorité.

D’autres facteurs jouent bien évidemment un rôle, comme l’impact des sanctions internationales sur l’économie nord-coréenne – alors que le président nord-coréen a fait de l’élévation du niveau de vie de la population une priorité. C’est d’ailleurs sur cet aspect qu’insiste Donald Trump, pour justifier son acceptation de rencontrer Kim Jong-un. Le contexte reste toutefois très incertain, et un retour à l’escalade des tensions n’est pas à exclure, avec des risques de conflit : le lieu, la date et les modalités de la rencontre Trump-Kim ne sont pas encore fixés. Par ailleurs, les Nord-Coréens placeront la barre haut : ils n’abandonneront pas l’arme nucléaire sans de sérieuses garanties, tant en termes de sécurité qu’économiques. Le sommet – le premier avec un président américain en exercice – ne serait alors que le début d’un processus de dialogue, et non son point d’achèvement.
La Corée du Nord est-elle selon vos informations devenue une puissance nucléaire capable de rivaliser, à son niveau, avec les autres pays détenteurs de l’arme atomique ?
Elle dispose d’une force de dissuasion nucléaire, même si la précision de ses tirs fait encore l’objet d’interrogations, de même que la capacité de rentrée de ses missiles dans l’atmosphère. L’essentiel est donc atteint, indépendamment de la taille des arsenaux nucléaires (les Américains disposent d’au moins 100 fois plus de têtes nucléaires que les Nord-Coréens) : pouvoir dissuader tout ennemi d’une attaque par une capacité de représailles que ce dernier ne peut accepter. C’était la doctrine nucléaire française définie par le Général de Gaulle. C’est aujourd’hui celle du Maréchal Kim Jong-un.
La France est un des rares pays à ne pas entretenir de relations diplomatiques normalisées avec la RPDC, comment expliquer la pérennisation de cette situation ? Est-elle dommageable ?
Le Général de Gaulle avait décidé, en 1968, d’établir des relations diplomatiques au niveau de bureaux commerciaux – comme avec la République populaire de Chine à Taïwan. Sa décision relevait d’un principe de réalisme : la diplomatie se fonde sur des rapports de force tenant compte de l’existant. Au début des années 2000, tous les pays européens sauf deux (la France et l’Estonie) ont établi des relations diplomatiques complètes avec la Corée du Nord, ce qui permet de disposer d’un levier d’influence – dont a refusé de se doter notre pays. Par ailleurs, si l’on veut favoriser la francophonie dans toute la péninsule coréenne, mettre en place des investissements dans un pays doté des deuxièmes réserves au monde de terres rares, il est utile d’avoir une diplomatie d’influence… La France a fait le choix d’avoir en Corée du Nord une politique de puissance de second rang, renonçant à son statut de grande puissance. C’est évidemment dommage, mais comment pourrait-il en être autrement dans un contexte de désintérêt pour les questions coréennes au plus haut niveau de l’Etat, et de démission des prétendus experts du Quai d’Orsay pour un sujet qu’ils ne veulent pas connaître ?

La France a fait le choix d’avoir en Corée du Nord une politique de puissance de second rang, renonçant à son statut de grande puissance.

Les mêmes experts n’ont-ils pas armé Daech en prétendant soutenir l’opposition dite démocratique au gouvernement syrien (il est vrai que dans le même temps la Corée du Nord soutient politiquement et militairement Bachar El Assad par rejet fondamental de l’intégrisme islamiste de Daech, ce qui ne peut qu’évidemment la rendre suspecte aux yeux de ceux pour qui le régime syrien est l’ennemi principal…) ? Les mêmes experts ne continuent-ils pas, contre nos intérêts, à mener une politique de sanctions contre la Russie ? L’impuissance française sur le dossier coréen renvoie à d’autres démissions de l’exécutif français… le dernier chef de l’Etat français à avoir compris l’enjeu coréen était Nicolas Sarkozy, qui avait décidé l’ouverture d’une représentation diplomatique française à Pyongyang à l’automne 2011. Depuis, notre pays n’a brillé ni par sa capacité d’anticipation, ni par sa puissance d’analyse sur la question coréenne.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les deux grandes doctrines politiques en Corée du Nord, le Juche et le Songun ? En quoi se différencient-elles de la caricature de « dictature communiste » trop souvent véhiculée par la presse française et occidentale à propos du régime de Pyongyang ?


Au moment du schisme sino-soviétique, la Corée du Nord, foncièrement nationaliste, a refusé de s’aligner sur l’un ou l’autre de ces deux pays : elle a alors développé les idées du Juche suivant le principe d’une autonomie dans tous les domaines, économique, politique et militaire. Au plan individuel, les idées du Juche signifient que l’homme doit être maître de son destin. Dans le domaine international, les idées du Juche préconisent la souveraineté des nations comme base de l’ordre international. A l’ère de la globalisation, on devine ce que de telles théories peuvent avoir d’inacceptable pour les partisans de l’effacement des nations – et qui décriront, à force de mauvaise foi et de fausses informations fabriquées par le renseignement américain et/ou sud-coréen, la Corée du Nord comme un Etat « stalinien », alors qu’il n’y a plus le moindre portrait de Marx et Lénine… Certes, la Corée du Nord développe un socialisme à la coréenne, mais ce choix ne lui est pas propre : de nombreux Etats arabes se sont revendiqués à la fois du socialisme et de l’idée nationale… Du reste, comment accuser un pays divisé, victime pendant 35 ans d’une brutale colonisation japonaise, d’être attachée à l’idée de nation ? Ce serait comme accuser les résistants au nazisme pendant la Seconde guerre mondiale de faire preuve de nationalisme…

La politique de Songun est un développement des idées du Juche dans les années 1990 : dans un contexte d’effondrement des institutions et de l’économie, la priorité est donnée à l’armée d’abord, pour assurer la continuité de l’Etat et maintenir l’économie. Mais la Corée du Nord n’est pas un Etat militaire pour autant, plutôt un Etat guérilla pour reprendre l’expression du journaliste Philippe Pons. La Corée du Nord est née de la guérilla antijaponaise, et ses dirigeants ont conservé une mentalité de guérilla face à une adversité qui ne baisse pas la garde. Les précédents irakien de 2003 et libyen de 2011 montrent toute la cohérence de ce mode d’organisation, qu’on l’approuve ou non. L’objectif n’est pas de satisfaire des présupposés idéalistes, mais bien de partir de l’existant pour tendre vers un but commun : empêcher l’holocauste d’une guerre nucléaire entre la Corée du Nord et les Etats-Unis et leurs alliés.

Essayiste - Jérôme Besnard, jbesnard@lincorrect.org

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