Alors que l'annonce de dates pour de nouvelles réunions de familles séparées semblait indiquer que les relations intercoréennes pourraient - enfin - être relancées, le maintien par les Etats-Unis de leur calendrier diplomatique et militaire met en danger les chances du dialogue en général, et des échanges Nord-Sud en particulier. Dans ce contexte, l'Association d'amtié franco-coréenne (AAFC) plaide pour que les exercices "Key Resolve" et "Foal Eagle", qui sont prévus du 24 février au 18 avril prochains, n'aient pas lieu : l'histoire des relations américano - coréennes montre en effet que la suspension au début des années 1990 des exercices conjoints américano - sud-coréens avait alors permis d'engranger de réels succès diplomatiques, afin de faire avancer la cause de la paix dans cette partie du monde.
Mais qu'apportent à Séoul les exercices annuels conjoints "Key Resolve" et "Foal Eagle", dénoncés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) comme des exercices de guerre préparant une nouvelle invasion de la péninsule ? Comme l'an dernier, où ils avaient conduit à accroître dangereusement les risques de guerre, l'intransigeance de Washington et de Séoul pourrait bien tuer tout espoir d'un retour au dialogue et à la paix.
Le lendemain de l'annonce d'un accord Nord-Sud pour de nouvelles réunions de familles séparées par la guerre, Pyongyang faisait savoir que les exercices militaires n'étaient pas compatibles avec le dialogue qu'elle appelait de ses voeux, en dénonçant notamment l'engagement de bombardiers sur le théâtre des opérations : en 2013, ce sont en effet non seulement les exercices mais aussi leur ampleur et la nature des moyens militaires déployés (en particulier, les bombardiers américains) qui avaient entraîné une très grave montée des tensions. Las, non seulement Washington et son allié sud-coréen ont déclaré maintenir leur calendrier militaire, mais rien n'indique à ce stade qu'un geste de bonne volonté sera adressé par une diminution des moyens engagés.
En outre, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a confirmé qu'il allait effectuer une tournée diplomatique en Asie de l'Est. Cette décision, qui vise notamment à isoler Pyongyang, a entraîné l'annulation par la RPDC de l'invitation qu'elle avait faite à Robert King, envoyé spécial des Etats-Unis pour les droits de l'homme en Corée du Nord (photo ci-dessous). Ce déplacement aurait notamment permis d'envisager les conditions d'une libération de l'Américain Kenneth Bae (Pae Jun-ho), récemment transféré d'un hôpital à un camp de travail.
Si les tensions sont clairement sur une phase ascendante, rien n'indique toutefois à ce stade que les réunions de familles séparées seront effectivement reportées une nouvelle fois, ni que Kenneth Bae ne sera pas libéré - comme avant lui les Américains condamnés en Corée du Nord pour des actes qualifiés de criminels par la législation du pays. La balle est maintenant dans le camp de Washington et Séoul, pour réaliser un geste qui permettra d'offrir du répondant aux initiatives de Pyongyang pour un retour à la coopération et au dialogue.
Source principale : Channel News Asia.
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