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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 14:22

john_kerry.jpgSi la nomination du sénateur du Massachusetts John Kerry au poste de secrétaire d'Etat doit encore être confirmée par le Sénat, le choix de l'actuel président de la commission des Affaires étrangères de la Haute Assemblée des Etats-Unis signifierait le probable retour à une politique américaine d'engagement vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Sous la première présidence Obama, la désignation d'Hillary Clinton - qui avait la faveur des néoconservateurs - comme secrétaire d'Etat avait en effet, dès l'origine, fortement compromis la possibilité sinon d'un changement de cap, tout au moins d'un infléchissement par rapport à l'administration George W. Bush sur la question coréenne. A l'inverse, John Kerry est un pragmatique qui prône le dialogue direct avec Pyongyang, après avoir pris acte de l'échec de la ligne diplomatique de la première présidence Obama.

Sanctionner - mais sans toutefois aller jusqu'au conflit ouvert - et poser des préalables aux offres répétées de dialogue de Pyongyang, telle a été, pendant quatre ans, la ligne de la diplomatie américaine vis-à-vis de la RPDC, largement influencée par la politique intransigeante du Président conservateur sud-coréen Lee Myung-bak. Le 12 décembre 2012, la réussite de la mise sur orbite du satellite utilitaire Kwangmyongsong-3 par la Corée du Nord a toutefois montré que la politique américano - sud-coréenne n'avait pas empêché les progrès technologiques de la RPDC, contrairement à ce qu'escomptaient les stratèges américains du Pentagone. La Corée du Nord est aujourd'hui l'une des huit puissances nucléaires militaires et l'un des dix Etat capables de mettre sur orbite un satellite artificiel par des technologies qui lui sont propres.

Dans ce contexte, le choix de John Kerry, un pragmatique favorable à plus de réalisme dans les relations internationales, comme futur secrétaire d'Etat américain, ouvre la voie à une possible reprise du dialogue direct entre Pyongyang et Washington - au moment où le Président sud-coréen Lee Myung-bak quittera le pouvoir en février prochain, après avoir été un des principaux obstacles à la relance du dialogue en Asie du Nord-Est. Même si d'autres dossiers seront davantage prioritaires pour l'ancien candidat démocrate à l'élection présidentielle de 2004, vétéran de la guerre du Vietnam aujourd'hui âgé de 69 ans, à commencer par la question syrienne et le nucléaire iranien, John Delury, professeur associé à l'Université sud-coréenne Yonsei, observe que John Kerry est déjà familier de la question coréenne : "Je dois dire qu'il représente un grand choix pour la Corée car il s'est engagé sur cette question au Sénat et il n'est pas un idéologue, mais un pragmatique. Il semble se soucier du sujet et de la recherche de solutions à long terme".

De fait, en 2011, après l'accrochage intercoréen meurtrier sur l'île Yeonpyeong quelques mois plus tôt, John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, avait jugé "inadéquate" la politique américaine dite de "patience stratégique" avec Pyongyang, et il avait prôné un dialogue direct avec la RPDC. Toujours en 2011, lors d'une cérémonie à Los Angeles dans le cadre du soixantième anniversaire de la guerre de Corée, John Kerry avait plaidé pour ne pas seulement prendre en compte les 33.000 victimes américaines du conflit, mais aussi les deux millions de Coréens ayant perdu la vie dans ce qui fut une guerre civile internationalisée. En fixant alors l' "objectif de construire une paix durable", John Kerry rejoignait l'une des préoccupations majeures de l'AAFC : à l'approche des soixante ans de la fin des combats de la guerre de Corée, il est temps de remplacer l'accord d'armistice par un traité de paix dans la péninsule, qui apporterait la paix et la stabilité dans cette région du monde et offrirait des contreparties aux demandes de garanties de sécurité de la RPDC, échaudée par les précédents des interventions américaines en Irak et en Libye. John Kerry souhaite aussi reprendre le dialogue avec Pyongyang sur le rapatriement des corps des soldats américains morts en Corée, interrompu dans un contexte de tensions entretenues par les surenchères du Président Lee Myung-bak qui a poussé à la multiplication et à l'intensification des exercices de guerre conjoints entre Washington et Séoul.

De la décision finale américaine suite à la mise sur orbite du satellite Kwangmyongsong-3, qui incite la représentation américaine aux Nations Unies à de nouvelles sanctions internationales contre la RPDC, à la récente arrestation d'un citoyen américain en Corée du Nord et à la demande sud-coréenne d'augmenter la portée de ses missiles balistiques, les sujets actuels de friction ne manquent toutefois pas entre Washington et Pyongyang. Mais dans un contexte où les dirigeants nord-coréens adoptent pour l'heure une position d'attente prudente vis-à-vis de la nouvelle présidente sud-coréenne Park Geun-hye, il existe une fenêtre pour la reprise du dialogue bilatéral entre les Etats-Unis et la RPD de Corée. John Kerry saura-t-il - et pourra-t-il - saisir cette opportunité, en convainquant le Président Obama ?

Sources : AAFC, The Korea Times (dont photo).

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