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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 14:25

Deux GIs de l'armée américaine, qui compte toujours 28.500 soldats en Corée du Sud, ont été accusés de viol par des adolescentes sud-coréennes pour des faits distincts datant du 17 et du 24 septembre 2011. Ces affaires très graves - dans un des cas, le Département d'Etat américain a dénoncé le viol, qu'il considère donc comme établi - rappellent l'iniquité du statut juridique des forces américaines stationnées dans la péninsule. Ses soldats bénéficient d'un privilège d'extra-territorialité : conformément à l'accord bilatéral américano-sud-coréen de 1966 sur le statut des forces (Status of Forces Agreement, SOFA), qui détermine les conditions de la présence des troupes des Etats-Unis en Corée du Sud, les militaires américains auteurs de crimes ou délits dans l'exercice de leurs fonctions relèvent de la justice militaire américaine, sans possibilité d'appel ni d'indemnisation par les tribunaux sud-coréens. De tels accords sont les vestiges du droit colonial, quand les puissances impérialistes se réservaient le droit de juger elles-mêmes des contentieux impliquant les citoyens de la métropole pour des crimes commis à l'encontre de ceux qu'elles qualifiaient d' "indigènes", soit dans leurs colonies, soit dans des Etats qui, comme la Chine, étaient dépouillés de la prérogative régalienne de rendre justice sur leur territoire.

 

Jusqu'à quand ? Jusqu'à quand les crimes commis par des soldats américains en Corée du Sud, au Japon ou ailleurs dans le monde resteront-ils soumis à une juridiction d'exception, relevant de la justice militaire américaine, qui trop souvent conduit à ce que des soldats américains décident d'absoudre d'autres soldats américains ?

 

En 1995, une fillette japonaise de 12 ans a été violée par des soldats américains à Okinawa, soulevant dans l'archipel une vague de protestations sans précédent contre la présence militaire US.

 

En juin 2002, deux écolières sud-coréennes, Shin Hyo-sun et Shim Mi-seon, ont été écrasées par un véhicule blindé de l'armée américaine. Quelques mois plus tard, en novembre, le sergent Nino et le sergent Walker étaient acquittés par un tribunal militaire américain, soulevant une vague d'indignation à travers toute la Corée, lors d'une campagne nationale ayant exigé la révision du statut des forces américaines en Corée. Ce statut méconnaît la souveraineté du peuple coréen, dénué du droit de rendre justice pour des crimes commis sur son territoire contre ses propres ressortissants.

 

Funerailles_2002.jpg

 

La plupart des délits commis en Corée du Sud par des soldats américains sont étouffés, grâce notamment à la complicité des médias sud-coréens, conservateurs et pro-américains dans leur écrasante majorité : ainsi, alors que 30 crimes sexuels ont été commis par les troupes américaines en Corée du Sud entre 2007 et juin 2011 selon l'Agence de la police national sud-coréenne, la plupart de ces affaires ont été passées sous silence.  Pourtant, deux accusations de viols d'adolescentes viennent d'éclater coup sur coup.

 

Un soldat américain de 21 ans appartenant à la brigade de communications de la 8e armée américaine - identifié par l'initiale R. - a été interrogé par la police sud-coréenne pour des faits remontant aux premières heures de la journée du 17 septembre : l'enquête porte sur l'agression sexuelle présumée d'une adolescente de 18 ans dans la chambre de cette dernière, à Mapo, au centre de Séoul. Le GI avait d'abord raccompagné la jeune fille chez elle après qu'ils eurent bu ensemble et avec un autre soldat. Il ne nie pas une relation sexuelle, mais prétend que la jeune fille était consentante, tout en reconnaissant lui avoir volé un ordinateur. Des tests ADN sont en cours.

 

Une autre affaire implique un soldat américain et une adolescente sud-coréenne, également âgés de 21 ans et 18 ans, pour des faits datant du 24 septembre, à Dongducheon, au Nord de Séoul, où se trouvent plusieurs camps militaires américains. L'enquête est également en cours.

 

En Corée, quand une personne naît, elle est âgée de 1 an, et elle est considérée comme âgée de 2 ans au 1er janvier de l'année suivante. Une adolescente âgée de 18 ans en Corée a donc 16 ou 17 ans en Occident.

 

Le général de brigade américain David Conboy, responsable de la garnison américaine à Séoul, a publié une déclaration regrettant la "souffrance" causée par les allégations de viol dans l'affaire du 17 septembre. James D. Thurman, commandant des forces américaines en Corée, a déclaré avoir instauré un couvre-feu "compte tenu des incidents qui ont eu lieu ces derniers mois".

 

Le 7 octobre, Kurt Campbell, sous-secrétaire d'Etat américain pour l'Asie de l'Est et le Pacifique, a présenté des excuses pour "un viol tragique et inacceptable qui s'est déroulé il y a environ une semaine", sans préciser clairement à laquelle des deux affaires il faisait allusion. Des manifestations se sont tenues à proximité de l'ambassade américaine à Séoul.

 

Mais les excuses ne suffiront pas si les accusations de viol - un délit qualifié de crime en droit pénal - sont avérées, à l'issue d'enquêtes où les Américains doivent coopérer pleinement et sincèrement avec la police coréenne. Les excuses ne compensent jamais les souffrances à vie endurées par les femmes victimes de viol. En cas de crime, le président Barack Obama doit s'excuser au nom du peuple américain, dont les militaires se rendent justice eux-mêmes dans l'accord inique SOFA. Enfin, les principes de justice et de droit à un procès équitable impliquent la révision du statut SOFA des forces américaines stationnées en Corée du Sud. 

 

Sources : AAFC, China Daily, Yonhap.

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